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Droits TV : ce qu'il s'est passé
Conclusions du comité de pilotage de la LNR, offre bonus de Canal Plus, vote "à l'unanimité" du comité directeur de la Ligue, influence des rumeurs publiées lundi, diffuseur unique ou package de matches : nous levons un coin de voile.
Max Guazzini, personnalité indépendante associée au comité directeur de la Ligue, et Paul Goze, président de la LNR, tous deux anciens patrons de club de Top 14, veulent ouvrir les négociations pour revaloriser les droits télé du Championnat pro. (L'Equipe)
Le comité directeur de la LNR attaque ce mardi, 10h, la deuxième partie de son ordre du jour, et devrait convoquer une conférence de presse, aujourd’hui, en début d’après-midi pour expliquer, par la voix de son président, Paul Goze, son choix de dénoncer le contrat Canal Plus. En effet, lundi soir, la LNR a diffusé par voie électronique un communiqué annonçant qu’elle se déliait de Canal +, partenaire historique, pour la diffusion des droits télé du Top 14 et de la ProD2.
A la surprise générale. «Surprise générale pas vraiment,» précise un membre de la LNR, «car un comité de pilotage des droits télé avait travaillé depuis plusieurs mois et que ce comité (présidé cette année par Alain Tingaud (Agen) avec entre autres membres Jacky Lorenzetti (Racing-Métro), René Bouscatel (Toulouse), Mourad Boudjellal (Toulon) et Max Guazzini) avait son mot à dire et ses conclusions à faire partager. » Rien n’était donc acté, contrairement à ce que propageait la rumeur, hier lundi.
Choix technique, pas émotionnel
«Nous n'écartons rien. Le champ des possibles est large, avec un certain nombre de paquets de matches qui pourraient être achetés par différents diffuseurs», dont BeIN Sport. Le comité directeur ne s’était jamais prononcé de façon formelle et définitive avant lundi soir, tenaient à préciser plusieurs membres de cet aréopage et «des informations diffusées et publiées dans la presse, notamment dans Midi Olympique, informations dont on ne sait pas trop d’où elles sortent, ont apporté un sentiment de confusion, hier lundi,» reconnaît un dirigeant de Ligue. «A l’unanimité», donc, lundi après-midi, le comité directeur de la LNR a décidé de résilier le contrat Canal, ouvrant ainsi le dossier d’appel d’offres après avoir lu les conclusions des experts indépendants mandatés. «Le choix à faire était beaucoup plus technique qu’émotionnel», note cet autre participant à la réunion.
La LNR profite donc de la fenêtre de résiliation légale et contractuelle après avoir négocié, en amont et depuis deux mois, avec Canal +. Mais la nouvelle offre officielle de la chaîne cryptée (soit environ 58 millions d’euros annuels sur 5 ans, au lieu des 32 actuels) n’a pas été jugée suffisante par le comité directeur de la LNR pour éviter l’appel d’offre. Du coup, les portes sont ouvertes. «Avec le souhait de rester sur une exclusivité, ne serait-ce que pour le confort des téléspectateurs. Car le Championnat a tout à gagner à être exposé sur une seule chaîne», comme c’est plus ou moins le cas (Eurosports et France Télévisions ont acheté des rencontres de ProD2) aujourd’hui. «Mais nous n’écartons rien. Le champ des possibles est large, avec un certain nombre de paquets de matches qui pourraient être achetés par différents diffuseurs», dont BeIN Sport. Du côté de Canal +, les dirigeants impliqués dans les négociations avec la LNR ne décolèrent pas mais restent muets sur le sujet.
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La LNR joue avec le feu
En décidant à l’unanimité, de casser son contrat avec Canal+ et de procéder à un nouvel appel d’offre pour les quatre prochaines saisons, le comité directeur de la LNR a semé le trouble lundi soir. Inutile de dire qu’à Canal+, mardi matin, malgré un refus légitime de communiquer, ça fulminait sévère dans les couloirs. Avec comme un fort sentiment pour certains d’avoir été piégés. La LNR aurait attendu la dernière offre de Canal+, dans des négociations menées par le président du groupe en personne, Bertrand Méheut, avant de faire fuiter la somme dans la presse pour en informer indirectement la concurrence, principalement beIN Sport.
La Ligue de Rugby privilégie une exclusivité du championnat sur une chaîne, pour une meilleure visibilité. Tout ce qu’offre Canal+ pour 60 millions. beIN, la seule à en avoir les moyens, proposera-t-elle plus ? C’est toute la question.
La LNR va donc reproduire le coup tenté il y a peu par la FFT avec Roland-Garros : proposer le championnat à la découpe pour faire monter les prix. On a vu ce que ça a donné pour le tournoi du Grand Chelem qui n’a trouvé aucun repreneur, pour le moment.
Bien sûr, le rugby a une autre portée et génère des abonnements. Mais imaginez que les prix de réserve des différents lots, que fixera sans doute la LNR (une conférence de presse se tiendra dans l'après-midi, ndlr), ne soient pas atteints ? Il faudrait alors négocier une nouvelle fois de « gré à gré », ce qui redonnerait la main aux diffuseurs. La LNR s’est déjà assez plaint des propositions de Canal alors qu’il était le seul diffuseur intéressé lors du dernier contrat. Canal+ pourrait alors lui faire payer son infidélité. Imaginez enfin, à une période où la chaîne qatarie est attaquée pour concurrence déloyale par son concurrent, qu’elle n’ait finalement pas envie de déclencher de nouvelles hostilités en signant un chèque inconsidéré. La partie de poker débute.
En gros on va avoir du Rugby sur C+ et bein...