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Averell
QUOTE (sukercop @ 02/05/2018 22:24) *
Je viens de laisse tomber, j'aime bien l'auteur mais j'y arrive plus.
Du coup, je pris un polar, la daronne, c'est visiblement bon, ça va me reposer après Houellebecq.

Au moins je suis pas le seul. Commencé la carte et le territoire du coup, ça se lit super vite. Deja 125 pages depuis hier soir.
Averell
Vraiment très agréable à lire La carte et le territoire. Peut etre celui qui se lit le plus vite. Quel talent implosion du tibia.gif
Averell
"Nietzsche avait vu juste, avec son flair de vieille pétasse, le christianisme était au fond une religion féminine." Houellebecq

neokill@h.gif

Merci d'avoir parlé de ce mec, il est imbattable laugh.gif
Averell
Bon j'ai fini Soumission ce midi au resto et que dire.... Gros bouquin encore une fois. Je ne sais même pas comment ce livre a pu être présenté comme Islamophobe dans les média français. A moins de lire a l'envers.

C'est pas au niveau des particules élémentaires mais j'ai bien aimé, j'ai même trouvé que c'est son livre le plus enjoué, le moins dark. Comme si ces personnages trouvaient une paix dans la soumission à l'islam. Peut être pas une paix mais un repos. Je ne le vois pas du tout comme un brûlot anti Musulman. J'ai lu un article du nouvel obs que le livre une fois refermé donnait envie de voter Sarkozy. Le seul truc que j'ai refermé c'est surtout le nouvel obs du coup.

Bref Houellebecq c'est top 1, je vais lire le bouquin dont je parlais l'autre fois (un truc avec la haut dans le titre) et ensuite je pense attaquer Céline.
Yessod
Citation (Averell @ 13/05/2018 21:50) *
Bon j'ai fini Soumission ce midi au resto et que dire.... Gros bouquin encore une fois. Je ne sais même pas comment ce livre a pu être présenté comme Islamophobe dans les média français. A moins de lire a l'envers.

C'est pas au niveau des particules élémentaires mais j'ai bien aimé, j'ai même trouvé que c'est son livre le plus enjoué, le moins dark. Comme si ces personnages trouvaient une paix dans la soumission à l'islam. Peut être pas une paix mais un repos. Je ne le vois pas du tout comme un brûlot anti Musulman. J'ai lu un article du nouvel obs que le livre une fois refermé donnait envie de voter Sarkozy. Le seul truc que j'ai refermé c'est surtout le nouvel obs du coup.

Bref Houellebecq c'est top 1, je vais lire le bouquin dont je parlais l'autre fois (un truc avec la haut dans le titre) et ensuite je pense attaquer Céline.

Au revoir la haut.
Averell
Yes merci!

Céline je fais ça en ordre chronologique aussi ?
Boulick
Citation (Averell @ 14/05/2018 12:12) *
Yes merci!

Céline je fais ça en ordre chronologique aussi ?

J'ai lu 60 pages de Mort à crédit, son 2eme, dans toutes les phrases t'as de l'argot qui se parle plus depuis 100 ans, perso je comprenais rien j'ai lâché l'affaire.
Averell
QUOTE (Boulick @ 14/05/2018 12:29) *
J'ai lu 60 pages de Mort à crédit, son 2eme, dans toutes les phrases t'as de l'argot qui se parle plus depuis 100 ans, perso je comprenais rien j'ai lâché l'affaire.

Ah, j'avais pas pensé à ça neokill@h.gif
Aphasie
Lis le Voyage au bout de la nuit déjà. Après celui-là, le style devient particulier (et pour beaucoup, imbitable)... Mort à Crédit j'avais laissé tomber (la description de ses hallucinations sur 20 pages...) même si j'y reviendrai sûrement un jour.

Tu peux lire la trilogie allemande après le Voyage (Nord, D'un château l'autre, Rigodon). Parce même si ça reste le style mitraillette trois points, l'histoire est plus prenante/intéressante, avec sa fuite à travers l'empire allemand qui s'effondre. Et c'est toujours drôle.

Sinon j'ai adoré le style de Bagatelles (hormis les petits opéras au milieu, insupportable). Mais niveau contenu, c'est radioactif. ph34r.gif
Averell
Okay merci.
NumeroStar
Mort à Crédit est un grand roman, indéniablement. Voyage au bout de la nuit, son chef d’œuvre absolu. D'un château l'autre est très chiant à lire, comme dit plus haut, la syntaxe avec les ... est insupportable, rendant la lecture pénible et répétitive. Le reste je n'ai pas lu. Après tu peux toujours lire aussi ses pamphlets pleins de logorrhée, mais on s'éloigne du romanesque
Averell
Dès que j'ai fini le Pierre Lemaitre je prends Voyage au bout de la nuit et mort à crédit.
stromboli
Faut être fini à la pisse pour lire plus de qques pages d'un pamphlet de Céline.
Mais ses romans sont sublimes.
Averell
Tu me tentes quand tu parles comme ça.
stromboli
Citation (Averell @ 15/05/2018 00:50) *
Tu me tentes quand tu parles comme ça.


De ta part c'est le moins qu'on puisse attendre.
Averell
C'est hardcore le Pierre Lemaitre wacko.gif
Averell
Après Céline, vous conseillez quoi parmis ca :

Solzhenitsyn
Kafka
Tolstoi
Pierrot
Je viens de lire les frères Karamazov, premier Dostoïevski pour moi. Chef d'oeuvre. Pas le courage d'en faire une critique mais lecture indispensable pour moi.

Je ne peux que conseiller également la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell, lu il y a une dizaine d'années je m'y suis replongé . Le livre qui m'a de loin le plus marqué, gravé dans la tête des semaines, des mois après l'avoir fini.

Du coup je cherche une lecture un peu plus légère, un bon vieux polar. J'ai plus ou moins lu l'intégralité des série de Connelly (Harry Boch/Mich Haller ) et de Laurence Block ( Matt scuder/ Bernie Rhodenbarr) je cherche une autre série vers laquelle me diriger.

Lagoaparaiso
Pour se vider la tete après un pavé, rien de tel qu'un Frédéric Dard.
Les pisse-vinaigre en parleront avec une pince sur le nez sans jamais en avoir lu un, mais le style de Dard, qui oscille entre Céline et Rabelais, atteint pour certains volumes des niveaux littéraires que je souhaite à beaucoup d'intellos, et les histoires font passer un bon moment sans se prendre la tete.
sukercop
Citation (Averell @ 19/05/2018 20:33) *
Après Céline, vous conseillez quoi parmis ca :

Solzhenitsyn
Kafka
Tolstoi


Fais-toi un petit polar détente entre toutes ces grosses lectures. J'ai terminé la daronne. Sympa petit polar noir bien écrit, style incisif et plutôt drôle, tout est passé au vitriole, c'est court et percutant, ça s'avale vite, comme un shot de Téquila.
Averell
QUOTE (sukercop @ 20/05/2018 09:59) *
Fais-toi un petit polar détente entre toutes ces grosses lectures. J'ai terminé la daronne. Sympa petit polar noir bien écrit, style incisif et plutôt drôle, tout est passé au vitriole, c'est court et percutant, ça s'avale vite, comme un shot de Téquila.

Bon ben je vais me référer au post de Lagoaparaiso du dessus alors.
sukercop
Sinon, j'ai aussi terminé les tueurs de la République sur les assassinats commandités par notre chère Patrie. Eh bah en plus de réhabiliter l'autorité de la France, on observe que celui qu'on appelait benoîtement flamby était sûrement le plus sociopathe des Présidents de la 5ème, passionné par l'armée et les forces secrètes de son appareil, il s'est amusé comme un fou et avec la plus extrême sévérité à piloter des opérations sans jamais hésiter. Bien entouré c'est vrai, et la sensation que les pouvoirs de la France sont très très forts en dehors de nos frontières alors que la molesse et la résignation prévalent sur notre territoire.
Averell
C'est vraiment intéressant ?
sukercop
Bah j'ai trouvé ça passionnant, c'est truffé d'anecdotes depuis la guerre d'Algérie en passant par l'ex-Yougoslavie et les pays arabes jusqu'au terrorisme d'aujourd'hui, mais je découvrais un peu le sujet et je suis incapable de dire si le journaliste est crédible.

Je veux bien que Lago confirme du coup, c'est lui le spécialiste. ph34r.gif
NumeroStar
Citation (Pierrot @ 19/05/2018 23:37) *
.

Je ne peux que conseiller également la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell, lu il y a une dizaine d'années je m'y suis replongé . Le livre qui m'a de loin le plus marqué, gravé dans la tête des semaines, des mois après l'avoir fini.


Enorme + 1 sur les bienveillantes. C'est une lecture exigeante, parfois rébarbative mais une fois dedans c'est vraiment hors du commun. Une claque dans la tronchetta ce livre. La chose incroyable c'est que c'est un premier roman, tout comme d'ailleurs Celine avec Voyage.
Tourista-chan
Citation (Lagoaparaiso @ 20/05/2018 08:14) *
Pour se vider la tete après un pavé, rien de tel qu'un Frédéric Dard.
Les pisse-vinaigre en parleront avec une pince sur le nez sans jamais en avoir lu un, mais le style de Dard, qui oscille entre Céline et Rabelais, atteint pour certains volumes des niveaux littéraires que je souhaite à beaucoup d'intellos, et les histoires font passer un bon moment sans se prendre la tete.


Si tu ne veux rien louper de tous les calembours, c'est vachement prise de tête ph34r.gif
Aphasie
Citation (Pierrot @ 19/05/2018 23:37) *
Je viens de lire les frères Karamazov, premier Dostoïevski pour moi. Chef d'oeuvre. Pas le courage d'en faire une critique mais lecture indispensable pour moi.

Je ne peux que conseiller également la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell, lu il y a une dizaine d'années je m'y suis replongé . Le livre qui m'a de loin le plus marqué, gravé dans la tête des semaines, des mois après l'avoir fini.

Du coup je cherche une lecture un peu plus légère, un bon vieux polar. J'ai plus ou moins lu l'intégralité des série de Connelly (Harry Boch/Mich Haller ) et de Laurence Block ( Matt scuder/ Bernie Rhodenbarr) je cherche une autre série vers laquelle me diriger.


La Légende du Grand Inquisiteur est un joyau irisé de génie (dans le genre "morceau sacré" de Dostoievski, j'avais aussi kiffé la Confession de Stavroguine) mais les Frères Karamazov est quand même trop "fresque" pour moi. Un moment j'avais les mêmes trous d'air d'ennuis que dans des chapitres de Guerre et Paix. Dieu sait que je suis pas un apologète du 150 pages police 16 que les sous-Renaudot d'étagères FNAC nous infligent, mais un moment y'a des limites de format pour maintenir en continu un intérêt. C'est comme une peinture de génie de 20 mètres de long, ok c'est impressionnant, mais ça serait mentir que d'affirmer qu'on y prend un plaisir sans essoufflement ou désintérêt. Sûrement pour ça que mes préférés de Dostoïevski sont Crime et Châtiment et les Possédés. 200 pages ça peut faire la différence.

Sinon avant d'entamer un cycle de lecture hard-core, je m'amuse un peu avec des petits romans. Là je lis Théorème de Pasolini, un bonhomme entre dans une famille grande bourgeoise et ils les baisent tous avant de se casser, jouissif. En plus Pasolini a une écriture qui, sans la fluidité d'un grande maître, a une dureté salope et venimeuse dans le détail. Il ne ment pas dans sa haine. J'essayerais de me taper son ciné' un jour, même si j'suis pas un cultureux du grand écran.
Lagoaparaiso
Scruton dans le Figaro du jour kratos77.gif

Citation
C’était un beau jour de mai 1968, il y a tout juste cinquante ans, en plein Quartier latin. L’histoire est en marche. D’un grenier de la rue Descartes, Roger Scruton, 24 ans, observe de sa fenêtre, comme Hegel à Iéna, passer l’âme du monde. Elle a le visage de jeunes bourgeois qui caillassent des policiers en exultant de joie et traitent de « fasciste » le gouvernement gaulliste. « C’est comme ça que je suis devenu conservateur », avoue-t-il. Les pavés de Paris furent son chemin de Damas et, tandis que d’autres embrassaient la révolte, lui se convertissait à la philosophie de l’attachement et devint « un méta-rebelle, en rébellion contre la rébellion elle-même ». Il faut dire qu’à cette époque ce n’est pas pour Foucault, Althusser et les structuralistes que Scruton est à Paris, mais pour Baudelaire, Rimbaud et Céline. Il lit Les Mémoires de guerre de De Gaulle et note avec satisfaction que l’incipit - « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France » - possède le même rythme que le « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » proustien, « bien qu’allant dans une direction opposée ». Pour Roger Scruton, la France est le paradis de la haute culture et les « voyous intellectuels » qui crachent sur un tel héritage sont des ­« petits cons ». « Pour moi, la France, c’était une libération, notamment de mes origines prolétaires misérables. J’étais en train de lire les grands écrivains, je buvais du bon vin. Et je les voyais dans la rue, en train de réclamer la destruction de ce que je trouvais merveilleux. Ils m’ont donné l’envie d’être l’opposé », raconte-t-il.

C’est donc aux révoltés de Mai 68 que nous devons la conversion de Roger Scruton, devenu l’un des théoriciens les plus brillants et les plus influents du conservatisme. Cheveux blond cendré hirsutes, visage tanné, vieux pull et pieds nus, il nous reçoit dans sa chambre de bonne encombrée de livres, à deux pas de Piccadilly Circus, dans un Londres pavoisant pour le royal wedding. À 74 ans, il a plus l’air d’un gentleman-farmer que d’un bourgeois victorien. Scruton, « sir Roger » désormais, puisqu’il a été adoubé chevalier par le prince de Galles il y a deux ans, vient d’un milieu modeste. Il est né en pleine Seconde Guerre mondiale, époque où l’Angleterre envoyait ses enfants dans des fermes car les villes étaient sous les bombes. Ses parents se sont rencontrés dans l’armée de l’air. Son père, qui venait de la classe ouvrière de Manchester, n’aimait ni la bourgeoisie, ni l’église, ni la monarchie. De gauche, républicain et patriote, il avait horreur pourtant des communistes et de leur internationalisme pacifiste.

Soutien à la dissidence tchèque

Malgré une sensibilité socialiste (« Il ressemblait, physiquement et intellectuellement à Jeremy Corbyn », sourit Roger Scruton), il éduque son fils à la beauté, notamment de l’architecture locale. « Il n’y avait aucun sens pour mon père au combat pour la justice sociale si les ouvriers obtenaient pour finir un appartement fonctionnel dans une tour en béton surplombant le bruit des autoroutes. Ils avaient droit à leur part d’enchantement », écrit-il dans De l’urgence d’être conservateur. « C’est la beauté qui m’a guidé vers le conservatisme », rappelle-t-il constamment. Étudiant les sciences naturelles à Cambridge, il s’est progressivement tourné vers la philosophie, en particulier l’esthétique. En 1965, il obtient un poste de lecteur à l’université de Pau et découvre la France. Il habite une petite maison sur les coteaux de Jurançon qu’il dévale sur le dos de sa Lambretta. Il explore les églises des petits villages béarnais : « En ce temps-là, elles n’étaient jamais fermées. La première chose que vous voyiez était une vieille veuve agenouillée sur un prie-Dieu, marmonnant sur son chapelet. Sa voix était la voix de l’endroit - la voix d’un amour qui refusait de mourir avec son objet. » De la France, il ramènera l’amour du bon vin et une femme, Danielle, qu’il épousera en 1974, pour divorcer en 1979… « Ça n’a pas marché », dit-il sobrement.

En 1980, alors que Margaret Thatcher vient d’arriver au pouvoir, il publie The Meaning of Conservatism, un pamphlet rappelant les conservateurs britanniques à leur doctrine traditionnelle, qui ne doit pas être confondue, d’après lui, avec le libéralisme. Ses critiques envers le libre-échange s’atténueront à la fréquentation des dissidents d’Europe centrale. À partir de 1979 et pendant une décennie il donne en effet régulièrement des cours de philosophie dans un appartement privé à Prague, après avoir fondé l’Association pour maintenir l’éducation et la culture en Tchécoslovaquie. Avec des amis, ils créent une université souterraine à Prague, Brno et Bratislava. Pour se donner des rendez-vous sans être écoutés par la police, ils écrivent des messages sur le papier des couches pour bébés, cousus ensuite dans la doublure des costumes. Le président tchèque et philosophe Vaclav Havel, qui faisait partie du réseau, lui remettra un prix en 1998 pour son soutien à la dissidence.

Dissident, il l’est devenu lui-même dans un Occident multiculturaliste et repentant. Marginalisé dans les années 1980 par l’intelligentsia britannique après avoir satirisé l’antiracisme dans les colonnes du ­Times, il n’a pas été promu comme il aurait dû l’être à l’université. Mais il s’en fiche. Auteur d’une trentaine de livres, devenu « sir », père de deux enfants brillants, il savoure la vie depuis sa ferme du Wilt­shire, comté du sud-ouest de l’Angleterre. Il y pratique son hobby, qui est aussi celui du parfait conservateur : la chasse à courre. C’est d’ailleurs en chassant qu’il a rencontré sa seconde femme, Sophie, de trente ans sa cadette, qui est « master of foxhound» , rôle extrêmement prisé qui désigne la personne guidant la meute pendant la chasse au renard. Le Hunting Act, voté par le Labour en 2004, qui interdit cette tradition ancestrale au Royaume-Uni, est sans doute la mesure de gauche qui l’a le plus mis hors de lui. Comme beaucoup de membres de la gentry, il continue à chasser, profitant du flou juridique entourant la loi. « Le gouvernement travailliste a mis en œuvre cette mesure pour attaquer un symbole de la lutte des classes, mais ils n’ont pas pu persuader les juges que les chiens étaient membres de la classe aristocratique », dit-il avec un sourire malicieux et une ironie so british. La chasse, le vin, la musique et l’amour. Scruton goûte à tous les plaisirs de la vie. « Je bois donc je suis. J’aime le vin pour des raisons spirituelles plus que sensorielles. J’aime les conversations qu’il engage, la convivialité qu’il crée, l’histoire dont il témoigne », déclare-t-il, un verre de bourgogne blanc à la main. Serait-il un hédoniste conservateur ? « Je suis plutôt romantique qu’hédoniste. Je préfère le bonheur au plaisir. »

Il tient la politique à distance

C’est peut-être ce qui différencie le conservatisme de tradition britannique, décomplexé, souple et empirique, d’un conservatisme français parfois honteux, rigide et rationaliste. Il est vrai qu’il est plus facile de se dire conservateur au Royaume-Uni qu’en terre jacobine. Un pays qui n’a connu ni la Révolution de 1789 ni Vichy et où le penseur majeur de la pensée contre-révolutionnaire, Edmund Burke, était membre du Parlement. « Notre parti politique le plus populaire s’appelle d’ailleurs le Parti conservateur », rappelle Scruton.

« Le conservateur britannique est serein parce qu’il sait qu’il a sa place, il est reconnu dans l’histoire politique de son pays, ancré dans une géographie, dans une philosophie qui peut dire son nom », résume l’essayiste Laetitia Strauch-Bonart, auteur de Vous avez dit conservateur ? (Éditions du Cerf), qui a été l’assistante de Scruton et reste profondément marquée par son œuvre. D’après elle, le conservatisme français ferait bien de s’inspirer de la tradition britannique : « Le conservatisme britannique est une pensée positive, une pensée qui dit oui, là où le conservatisme français préfère dire non. » C’est exactement ce que pense sir Roger, qui n’apprécie pas le réalisme brutal et la critique du romantisme d’un Charles Maurras : « Sans le romantisme, le conservatisme ne vaut rien. Il ne faut pas seulement préserver mais réenchanter. Pas parce que l’ordre est nécessaire mais parce qu’il est beau et bon. »

Le conservatisme de Scruton est joyeux, teinté d’un flegme anglais opposé à l’obsession du déclin qui hante certains intellectuels français. Aussi, il dit beaucoup apprécier Alain Finkielkraut, mais trouve que « c’est un Atlas qui porte la misère de l’Occident moderne sur ses épaules ». Lui se verrait plutôt en Ganymède, l’échanson des dieux. Les conservateurs français, qui sont si en vogue en ce moment, le lisent-ils ? « Pour moi, c’est le plus grand philosophe vivant en philosophie politique. On ne se rend pas compte du monument qu’il est. Il a été de toutes les grandes batailles idéologiques de son temps. Sa pensée est limpide », souligne Laetitia Strauch-Bonart. On l’entend sur France Culture, on le lit dans les colonnes du Point, du Monde ou de Valeurs actuelles, deux de ses livres - De l’urgence d’être conservateur (Le Toucan) et Conservatisme (Albin Michel) - ont été récemment traduits en français. Même les responsables politiques ont tenté de lui mettre la main dessus.

En octobre 2017, il avait répondu oui à la Journée de la France silencieuse, organisée par Sens commun, mais celle-ci avait été annulée après les propos fracassants tenus par son président, Christophe Billan, qui avait admis la possibilité d’une alliance avec Marion Maréchal-Le Pen. Bruno Retailleau, leader de Force républicaine, le lit assidûment. Laurent Wauquiez confie aimer sa vision de Mai 68 : « Sa réaction spontanée face à Mai 68, quand il dit : “J’ai compris que je préférais conserver les choses que les détruire.” Au fond, tout est dit, et ça a fondé beaucoup de mon approche politique. »

Roger Scruton, lui, a une vision toute particulière de la politique. Disons qu’il la tient à distance. Certes, en Angleterre, une jeune génération de tories le lit et il est très ami avec Michael Gove, ex-secrétaire d’État à la Justice sous Cameron, conservateur pro-Brexit, mais lorsqu’on lui demande quel est le premier ministre britannique qu’il admire le plus il répond : lord Salisbury. Ce nom ne vous dit rien ? Normal, ce premier ministre conservateur de la fin du XIXe siècle n’a pratiquement rien fait de marquant. « Voilà un vrai conservateur. Ne rien faire, mais donner l’impression qu’il n’y a rien à faire, c’est un but très difficile en politique », remarque Scruton. Le vrai conservateur, n’est-ce pas celui qui aime et décrit le monde tel qu’il est plutôt que de vouloir le changer ? Au fond, sir Roger, qui a aussi écrit deux opéras et cinq romans, est un artiste. Commentant sa dernière interview dans Le Figaro, il nous confiait : « Le dessin était assez flatteur : j’ai même l’aspect détaché et songeur d’un écrivain français. Trop tard maintenant, mais ça aurait été ma carrière préférée. »
Lagoaparaiso
Citation (sukercop @ 20/05/2018 16:10) *
Bah j'ai trouvé ça passionnant, c'est truffé d'anecdotes depuis la guerre d'Algérie en passant par l'ex-Yougoslavie et les pays arabes jusqu'au terrorisme d'aujourd'hui, mais je découvrais un peu le sujet et je suis incapable de dire si le journaliste est crédible.

Je veux bien que Lago confirme du coup, c'est lui le spécialiste. ph34r.gif

Pas spécialiste du tout, les "grandes oreilles" que je connais sont presque tous des analystes, les rares anciens du service Action que je connais bien ne parlent de leurs missions passées qu'en termes généraux, sans même les localiser précisément, je me méfie donc des bouquins qui racontent tout avec force detail.

Les seuls à la DGSE qui ne sont jamais foutus de fermer leurs grandes gueules sont les diplomates qui y sont détachés et y gardent leur sale manie de vouloir briller comme des pimps à chaque fois qu'ils croisent un baveux.

Pauvres espions d'ailleurs, leur nouveau DG est le plus pourri des pourritures du Quai, ils sont degs de chez degs chiracsad.gif
sukercop
Ah bah je l'avais pas fini, du coup tu m'as mis le doute, c'est vrai que c'est très très détaillé. Tu m'as cassé le trip, je vais arrêter.
NewYorkSup
Citation (sukercop @ 25/05/2018 14:32) *
Ah bah je l'avais pas fini, du coup tu m'as mis le doute, c'est vrai que c'est très très détaillé. Tu m'as cassé le trip, je vais arrêter.

Quand ca concerne les serives secrets et d'espionnage, les seuls trucs valables a mon avis ce sont les enquetes faites a partir de dossiers rendus publics par les agences elles-meme a cause du temps passe depuis les faits. Des trucs qui se passent en ce moment, y a quand meme peu de chance que ca puisse etre correct si c'est tres detaille.
guiclay
Citation (NewYorkSup @ 25/05/2018 20:39) *
Quand ca concerne les serives secrets et d'espionnage, les seuls trucs valables a mon avis ce sont les enquetes faites a partir de dossiers rendus publics par les agences elles-meme a cause du temps passe depuis les faits. Des trucs qui se passent en ce moment, y a quand meme peu de chance que ca puisse etre correct si c'est tres detaille.

De toute façon les vraies infos sont classifiés et la partie la plus intéressante ne sera sûrement jamais déclassiffiée. Il doit y avoir trop de choses inavouables, notamment entre alliés, pour que ça devienne publique un jour.
NewYorkSup
Citation (guiclay @ 25/05/2018 14:45) *
De toute façon les vraies infos sont classifiés et la partie la plus intéressante ne sera sûrement jamais déclassiffiée. Il doit y avoir trop de choses inavouables, notamment entre alliés, pour que ça devienne publique un jour.

Absolument. Mais bon, au lieu de 0.1% pour le present, on a peut etre acces a 20% 50 ans plus tard, c'est deja ca.
Lagoaparaiso
Il y a secret et secret, et de mes quelques experiences en la matière, 99% des documents confidentiels sont des paperasses administratives classées ainsi du fait de leur nature (le déplacement de munitions est un gros pourvoyeur de docs confidentiels bidons...), et du 1 % restant, pratiquement tout se retrouve dans la presse quelques jours ou semaines plus tard.

Les "vrais" secrets sont donc tres rares, et rarement palpitants. Le detail de négociations d'un traité de cooperation militaire, faut vraiment être du sérail pour en lire plus de 10 lignes.

Je ne sais pas grand chose des activités du service Action (et ce que je sais je vais bien me garder d'en parler ph34r.gif ), mais leurs operations n'ont pas d'existence légale, je ne pense donc meme pas qu'elles fassent l'objet de notes confidentielles. Pour la peine je romance sur un truc dont j'ignore tout, mais la logique voudrait que les documents relatifs aux operations soient systématiquement détruits après la fin de celles-ci.

Par contre, la declassification des documents est programmée par la loi, il n'y a aucune catégorie de document confidentiel "pour toujours", en tout cas pas en France.
guiclay
Citation (Lagoaparaiso @ 26/05/2018 10:31) *
Il y a secret et secret, et de mes quelques experiences en la matière, 99% des documents confidentiels sont des paperasses administratives classées ainsi du fait de leur nature (le déplacement de munitions est un gros pourvoyeur de docs confidentiels bidons...), et du 1 % restant, pratiquement tout se retrouve dans la presse quelques jours ou semaines plus tard.

Les "vrais" secrets sont donc tres rares, et rarement palpitants. Le detail de négociations d'un traité de cooperation militaire, faut vraiment être du sérail pour en lire plus de 10 lignes.

Je ne sais pas grand chose des activités du service Action (et ce que je sais je vais bien me garder d'en parler ph34r.gif ), mais leurs operations n'ont pas d'existence légale, je ne pense donc meme pas qu'elles fassent l'objet de notes confidentielles. Pour la peine je romance sur un truc dont j'ignore tout, mais la logique voudrait que les documents relatifs aux operations soient systématiquement détruits après la fin de celles-ci.

Par contre, la declassification des documents est programmée par la loi, il n'y a aucune catégorie de document confidentiel "pour toujours", en tout cas pas en France.

Je ne suis pas d'accord avec ton dernier paragraphe et ce n'est pas ce qu'indique le site du SGDSN
http://www.sgdsn.gouv.fr/missions/proteger...rite-nationale/
En théorie il faut une commission de declassification pour sortir les documents, il n'y a pas de declassification automatique. En pratique dans les entreprises personnes ne s'en soucis donc les docs restent classifiés ad vitam aeternam
VNR
Et Trump qui promettait de déclassifier les histoires d'aliens de la zone 51 wub.gif neokill@h.gif
Lagoaparaiso
Citation (guiclay @ 26/05/2018 03:49) *
Je ne suis pas d'accord avec ton dernier paragraphe et ce n'est pas ce qu'indique le site du SGDSN
http://www.sgdsn.gouv.fr/missions/proteger...rite-nationale/
En théorie il faut une commission de declassification pour sortir les documents, il n'y a pas de declassification automatique. En pratique dans les entreprises personnes ne s'en soucis donc les docs restent classifiés ad vitam aeternam

Les classifications des entreprises sont hors cadre "Defense", je ne crois pas qu'ils soient tenus par les délais de communicabilité.
Mais en effet, il y a un incommunicabilité sans limite pour les documents techniques relatifs aux armes de destruction massives (chimiques, nucléaires), pour éviter que des pays étrangers ou des groupes terroriste viennent y mettre leurs nez. Ca fait sens mais je l'ignorais.
Par contre dans les faits la declassification est automatique au bout de 100 ans maximum, il faut justifier du maintien du niveau de classification pour aller au dela et de l'aveu d'un ancien HFD c'est tellement la croix et la bannière pour de vieux trucs dont tout le monde se branle que ce n'est jamais activé.

Par contre, il y a des perles qui restent non communiquées par negligence ou parce qu'elles sont égarées, un Conservateur m'avait montré des documents relatifs aux accords de Mytilene que tout le monde croyait paumés et qui étaient en fait restés dans des cartons d'un grenier d'une ambassade...
Miracle Rogue
En polar léger et drôle tout en étant au top de la qualité y a Donald Westlake.
bloblo
J'ai dégusté La Horde du Contrevent, j'attaque Gagner la Guerre, je cherche donc une "suite", vous conseillez plutôt Hyperion ou l'échiquier du mal ou même un autre livre?

Merci
sukercop
L'échiquier du mal, c'est vraiment stylé. Au niveau des meilleurs Stephen King.
Yessod
Hyperion est plus vaste, plus épique, c'est vraiment une saga. L'echiquier du mal est plus digeste.
De toute façon il faut lire les deux cosmoschtroumpf.gif
Rjay
+1 avec Yessod.

Mais si je devais en (re)lire qu'un ce serait Hyperion.

Tu peux lire tout Simmons tu ne vas pas te tromper beaucoup, voire jamais.
bloblo
Si je me lance dans la saga, je dois lire les 8, Hyperion, Chute d'Hyperion, Endymion et l'Eveil d'Endymion?
Rjay
Citation (bloblo @ 02/06/2018 11:22) *
Si je me lance dans la saga, je dois lire les 8, Hyperion, Chute d'Hyperion, Endymion et l'Eveil d'Endymion?

Tu ne devras pas lire les 8. Tu voudras lire les 8.
Yessod
Citation (Rjay @ 02/06/2018 12:26) *
Tu ne devras pas lire les 8. Tu voudras lire les 8.

Trop rapide pour moi mais oui c'est ça.

Tu vas commencer gentiment mais tu voudras enchainer après.

Après, il y anpas mal de temps entre les 4 premiers et les 4 suivants dans l'écriture. Et ce sobt deux histoires qui sont liés mais on peut tres bien en rester aux 4 premiers qui se suffisent à eux même.

Bon Endymion c'est wub.gif donc tu liras les 8.
Averell
C'est quel auteur dont il est question ?
Rjay
Citation (Averell @ 03/06/2018 00:58) *
C'est quel auteur dont il est question ?

Dan Simmons wub.gif

Bon je vais ressortir Hyperion. kratos77.gif
Lask
Hyperion c'est culte. Le seul bouquin de SF que ma mère qui a été prof de français et bibliothécaire avec des goûts beaucoup trop exigeants m'a foutu dans les mains ados.

J'ai adoré mais j'ai oublié pas mal de trucs... Je me rappelle juste que le Gritch ou je sais plus le nom de la bête en acier m'emmerdait. Le cœur du bouquin c'était l'infinitude de mondes ouverts. La planète aux îles tirées par des dauphins wub.gif

Le symbole du bouquin qui t'emmène plus loin qu'un film sur l'imagination.

Endymion j'ai essayé et j'avais pas poussé plus loin. Je m'y remettrais bien mais ça fait des années là.

Sinon l'échequier du mal c'est un sommet du thriller fantastique, ça enterre King dans le style.
Juan Pablo Sauron
Citation (sukercop @ 25/05/2018 20:32) *
Ah bah je l'avais pas fini, du coup tu m'as mis le doute, c'est vrai que c'est très très détaillé. Tu m'as cassé le trip, je vais arrêter.


C'est co-écrit avec ParisUnited ?
Tourista-chan
A propos de classiques SF, je me suis relu Fahrenheit 451 de Bradbury. C'est terrible comme ce roman écrit en 1953 est furieusement d'actualité. Il balaye des thèmes régulièrement abordés ici, comme le nivellement de la culture par le bas, l'abrutissement médiatique et la tyrannie du plus grand nombre, le bonheur factice imposé par la société de consommation de masse, le respect de toutes les minorités amenant à l'édulcoration, etc...

Averell, si tu ne l'as pas lu, je pense que ça te plairait.

Je me suis aussi relu Je suis une légende de Matheson qui reste une bonne lecture. Vraiment dommage que le film avec Will Smith n'ait pas voulu reprendre le propos du bouquin. La fin est juste parfaite.
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