Il y avait un petit article sur le whisky à Tokyo avec quelques adresses ce we dans Le Monde le magazine , je sais pas si ça peut intéresser si certains y vont bientôt :
Le Japon se donne du malt
Pour dénicher le bar Campbelltoun Loch, il faut - comme souvent à Tokyo - apprendre à se perdre. Située sous un building où s'entassent karaokés et restaurants, l'entrée de cette institution ouverte il y a quinze ans se fait plus que discrète. Après avoir descendu quelques marches d'un escalier raide, on arrive dans la tanière de Nobuyuki Nakamura. Un bar en bois, dix tabourets et trois cent cinquante bouteilles de whisky. On vient chez Nakamura pour communier et se prosterner devant les dieux single malt (issu d'une seule distillerie) et blend (issu de plusieurs). Les clients solitaires commandent des half-shots - des demi-verres - pour faire durer le plaisir de la dégustation. Comme un mélomane visite régulièrement son disquaire favori, on s'arrime au Campbelltoun Loch - une variation orthographique de la baie de Campbeltown située sur une presqu'île à l'ouest de Glasgow - pour approfondir ses connaissances et ne rien manquer des nouveautés.

UN GÉANT DE L'ALCOOL CUIVRÉ AUX 50 DEGRÉS
L'Ecosse est largement représentée dans ce repaire de puristes, mais l'alcool made in Japan est aussi en majesté. En quinze ans, l'Archipel est devenu un géant de l'alcool cuivré aux 50 degrés. Et si la France est le pays qui consomme le plus de whisky au monde, devant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (étude Vinexpo, 2013), le Japon a intégré le cercle des plus grands producteurs, en occupant la quatrième place derrière l'Ecosse, l'Irlande et les Etats-Unis. Depuis une dizaine d'années, les deux groupes Nikka et Suntory se partagent la production locale mais aussi les récompenses dans les concours internationaux. En France, les consommateurs commencent souvent leur apprentissage avec le Nikka from the Barrel, reconnaissable à sa bouteille cubique, vintage et minimaliste.
Pour beaucoup, l'idée du whisky japonais a germé avec Lost in Translation- le film de Sofia Coppola (2003) dans lequel Bill Murray noie son spleen au New York Bar du Park Hyatt Tokyo, au bras de Scarlett Johansson, entre deux prises d'une publicité pour Suntory. Si la visite nocturne de ceskybar fait toujours partie des incontournables des touristes, la "culture whisky" des locaux se pratique davantage dans les établissements cachés et enfumés (il est autorisé de fumer dans les bars, alors que c'est interdit dans la plupart des rues de Tokyo, en dehors de zones prévues à cet effet), situés dans les entrailles de la cité tentaculaire. L'amateur peut ainsi emprunter les marches du Talisker, un bar situé dans un sous-sol d'un immeuble de Ginza, le quartier des boutiques de luxe de Tokyo. Il y appréciera notamment le savoir encyclopédique du patron pour le guider dans son choix, parmi les 800 bouteilles référencées, et pourra le savourer ensuite dans des alcôves propices à la dégustation.
AU ZOETROPE, TROIS CENTS BOUTEILLES DE TOUT L'ARCHIPEL
Au Zoetrope, spiritueux et cinéma sont les deux marottes du patron. A l'ombre des colosses de verre du quartier d'affaires de Nishi-Shinjuku, ce shot bar tenu par Atsushi Horigami, un ex-producteur de jeux vidéo, ne propose que des flacons nippons. C'est un ancien collectionneur. Sur sa carte : trois cents bouteilles de tout l'Archipel, dont une bonne partie provient de distilleries oubliées ou fermées depuis belle lurette. Des pépites qui excitent les plus exigeants des amateurs auxquels le propriétaire déconseille certaines bouteilles d'avant 1989, date jusqu'à laquelle il était possible, et fréquent, de vendre au Japon sous l'appellation "whisky" un mélange douteux contenant moins de 15 % de whisky.
Si l'Empire s'est parfois un peu "cherché" en matière de single malt, c'est que son histoire date des années 1920. Un âge de poupon face aux cinq siècles de production des Highlands. Le père du whisky japonais ? Masataka Taketsuru, qui après avoir étudié en 1919 les techniques de fabrication du scotch à l'université de Glasgow puis dans les distilleries de Longmorn (toujours en activité), de Bo'ness et d'Hazelburn (fermées depuis 1925), revient dans son pays avec les secrets de fabrication en poche et la volonté de retrouver les mêmes conditions pour la distillation. Aidé dans sa quête par son épouse écossaise, Masataka participe à la construction de la première distillerie japonaise en 1923 pour la firme Suntory puis, dix ans après, pour le compte de Nikka, pose ses alambics sur l'île d'Hokkaido, face à la mer du Japon. Si la tour de l'entrée a des faux airs de Balmoral (le manoir préféré de la reine d'Angleterre), l'Ecosse semble lointaine. Pourtant, le whisky japonais puise si profondément ses racines au pays du tartan qu'il est désormais difficile de les différencier.
LES WHISKYS JAPONAIS, NOUVEAUX SNOBISMES OCCIDENTAUX
Tadashi Sakuma, 53 ans, est le chief blender de Nikka, chargé de"maintenir le niveau de qualité existant, créer de nouveaux produits et avoir une vision à long terme". A la manière d'un nez en parfumerie, il joue avec la multitude de whiskys produits dans les distilleries du groupe. Accoudé au comptoir du Nikka's Blender Bar, l'établissement officiel de la marque à Tokyo, Tadashi Sakuma esquive la question des spécificités du goût du whisky nippon. "Nos méthodes de production sont très similaires à celles du whisky écossais, c'est donc difficile de les différencier. A part quelques produits très spécifiques, je ne me risquerai pas à un test à l'aveugle", s'amuse-t-il. Une proximité en termes de méthodes de production et d'arômes qui ont permis aux whiskys japonais de se faire une place dans les nouveaux snobismes occidentaux. Pour pousser le bouchon de la dégustation "à la japonaise", reste à adopter les coutumes locales. Le highball - mélange d'une dose de whisky pour deux doses d'eau gazeuse - est devenu un classique des bars et dîners chics. Mais le comble de l'esthétisme reste le whisky ice ball. Seuls quelques maîtres barmans manient le pic à glace avec suffisamment de dextérité pour façonner une sphère parfaite, permettant au liquide qui l'entoure de conserver au mieux la fraîcheur sans se diluer.
Le Bon Marché
Belle sélection de whiskys japonais à l'exposition « Le Japon Rive gauche » jusqu'au 18 octobre. www.lebonmarche.fr
A TOKYO
Campbelltoun Loch
Sous-sol du Matsui
Building, 1-6-8
Yurakucho, Chiyoda-ku
Zoetrope
Gaia Building #4,
7-10-14 Nishi-Shinjuku,
Shinjuku-ku
Nikka's Blender Bar
Nikka Whisky Building,
5-4-3 Minami-Aoyama,
Minato-ku
Talisker
Fujihira Building,
7-5-12 Ginza, Chuo-ku
A SAPPORO
The Nikka Bar
Green Building,
Minami 4 Nishi 3,
Chuo-ku