Le président de l’OL se confie avant le choc face au PSG dimanche soir. Il affirme avoir beaucoup d’estime pour Nasser Al-Khelaïfi, mais combat avec fermeté le modèle qu’il représente.
Trente ans à la tête de l’OL, 68 ans, et toujours la même foi. Avant le choc face à Paris dans son Groupama Stadium, dimanche soir, Jean-Michel Aulas répète que le modèle lyonnais est le bon, quitte à égratigner celui du PSG.Vous avez été très critique en 2017 vis-à-vis du PSG, au point de froisser fortement Nasser Al-Khelaïfi. Vous n’avez pas le sentiment d’être parfois allé trop loin ?Jean-Michel Aulas. J’adore Nasser, c’est une personnalité attachante. Il a plein de qualités. Maintenant, le modèle qu’il représente, je le trouve dangereux pour le football français et en l’occurrence pour Lyon, Marseille, Bordeaux ou Saint-Etienne, qui sont dans une économie réelle. On n’arrive pas à avoir des informations précises mais un budget annuel de l’ordre de 800 M€, c’est beaucoup et dangereux pour les clubs à taille humaine.
Mais vous comprenez qu’il puisse être agacé quand vous « tapez » sur son club ?Franchement, il y a des moments où on s’entend très bien. Je sais qu’il a horreur que je dise ce que j’aime dire, c’est-à-dire que le PSG crée dans la bulle du football une inflation dangereuse en France. Mais l’homme est attachant. On peut dissocier le système qu’il représente et l’homme. Et il n’est pas en cause. Ce qui est en cause, ce sont les structures du football français qui légitiment cet état de fait. Je n’en veux pas à Nasser, je combats le système qu’il représente. Ça n’enlève rien à l’estime que j’ai pour lui. L’homme n’est absolument pas en cause. Si j’avais trente ans de moins, j’aimerais bien lui ressembler. Il est intelligent, élégant, à l’aise. Et puis il n’a pas de problèmes économiques (rires).
En tant que président de l’OL, vous avez l’impression de ne pas lutter à armes égales ?Ce n’est pas qu’une impression. C’est un manque d’équité. Il y a le sujet des moyens sans limites, le sujet des conflits d’intérêts (être président de BeIN et président de club), il y a le sujet général du respect des règles du fair-play financier. Neymar, par exemple, je ne sais pas s’il est salarié à 100 % du PSG ou salarié en partie du Qatar pour la Coupe du monde. Le PSG, en tant que vitrine du foot français à l’international, c’est magnifique. Quand le PSG gagnera la Ligue des champions, le foot français en bénéficiera. Je ne suis pas négatif à 100 %, j’essaye de faire une analyse objective. Je ne veux pas être taxé d’antiparisianisme, anti-PSG ou anti-Nasser. Je dis les choses, comme souvent, un peu plus tôt que les autres et sans avoir peur de me faire tirer les oreilles.
Mais les prix sont en train d’exploser, comme le prouve le transfert de Coutinho au Barça. Le PSG n’est-il pas obligé de se mettre à ce niveau-là pour gagner la Ligue des champions ?C’est le paradoxe de l’œuf et la poule. On est dans un environnement où le PSG veut gagner pour des raisons géopolitiques la Ligue des champions. Et à une époque où le foot anglais a su se structurer non pas avec un seul club mais avec cinq ou six clubs qui ont généré des droits TV largement supérieurs aux autres, en France, on n’a pas su équilibrer et contrôler les ressources du PSG, mais on a su complètement bloquer l’élitisme des clubs comme Marseille, Bordeaux ou Lyon en favorisant la Ligue 2. L’inflation générée en France par le PSG est une inflation artificielle car les fonds utilisés sont les sous d’un Etat. Le PSG essaye de rattraper et de dépasser les clubs les plus puissants, mais ce sont des clubs qui génèrent leurs propres ressources.
L’ambition de l’OL, c’est toujours de dépasser le PSG ?Sur la durée, je pense que c’est possible à travers les investissements qui ont été faits. Car d’un côté, nous, on va grandir avec nos propres ressources et,
de l’autre côté, la régulation, qu’elle soit européenne ou française, permettra de rendre plus équitable la compétition. J’espère que, d’ici 2023, il y aura eu une régulation et que les investissements très importants qu’on a faits pourront nous permettre de
nous retrouver là où on devait être.En janvier 2017, vous avez ouvert 20 % de votre capital à un fonds d’investissement chinois. Cette part pourrait-elle s’accroître à court ou moyen terme ?Le fonds d’investissement chinois est entré chez nous pour diminuer l’endettement lié au stade, continuer à investir dans les infrastructures et aussi faire des investissements en Chine, notamment dans la formation. On fait parfois le rapprochement entre le Qatar à Paris et la Chine à Lyon. Mais c’est totalement différent. C’est exactement l’inverse : ce sont des fonds qui sont utilisés pour développer le football français en Chine. C’est de l’exportation. C’est à comparer avec Airbus. C’est le contraire de la technique qui consiste à faire venir des fonds pour utiliser des technologies en France. Et il n’est pas prévu du tout que les investissements chinois aillent au-delà de 20 %.
Un président chinois à l’OL à moyen terme, c’est exclu ?C’est impossible.
L’OM, le PSG et Monaco ont des propriétaires étrangers. Désormais, même les dirigeants de Saint-Etienne envisagent de vendre à des investisseurs étrangers…Ce qui se passe dans le foot français, c’est ce que je dénonce depuis deux ou trois ans. Les dirigeants stéphanois ne sont pas devenus idiots. Si aujourd’hui ils sont obligés de vendre, c’est la conséquence de la surinflation en France à cause du PSG et un peu de Monaco. Si on a un jour 20 clubs détenus par des étrangers, tout le monde comprendra ce que je dis depuis deux ans. Je défends un tout autre modèle, où les fonds propres sont français en priorité.
Comment faites-vous pour être toujours aussi motivé et offensif après trente ans à la tête de l’OL ?Il y a le sens des responsabilités. Et puis quand je vais à Marseille et que les supporteurs marseillais me disent : « Ce que vous faites, c’est formidable et c’est vous qu’on aurait aimé avoir à l’OM », ou quand je vais supporter l’équipe féminine et que les gens sont enchantés de tout ce qu’on a fait pour le foot féminin, ça donne de l’énergie. C’est le côté populaire du foot. Vous savez, les gens critiquent ma communication sur Twitter. Sur Twitter, il peut avoir quelques mots qui dépassent ma pensée. Mais 99 % des échanges, ce sont des échanges populaires.
Vous n’avez jamais envisagé de passer la main ?Il y a eu des moments de grande déception, mais non, j’ai un modèle, je vais préparer ma succession. Il y a aujourd’hui au conseil d’administration quatre ou cinq personnes qui sont susceptibles de la prendre. J’aurais peut-être envie à un moment donné d’avoir d’autres responsabilités dans les organisations françaises et internationales de foot. Mais aujourd’hui, je suis un homme heureux à l’OL. Je suis heureux dans mon bureau du Groupama Stadium. C’est une immense satisfaction. On a créé sur le site plus de 700 emplois. Dimanche, contre le PSG, il y aura 2700 personnes pour servir dans les meilleures conditions les 60 000 spectateurs, puisqu’on va battre le record d’affluence. Et là, je suis objectif, c’est aussi grâce à Neymar, Mbappé et Nasser qu’on va battre le record de recettes du Groupama Stadium (rires).
Source :
http://www.leparisien.fr/sports/foot...=AD-1481423553 Il avoue oeuvrer contre le PSG sans honte, quitte à buter son propre championnat.
3 jours, déjà 3 interviews mordantes. Qu'on lui pète les dents à ce roquet.
Et je ne comprends pas ce mythe lyonnais (sur leur forum c'est abusé la secte) , mythe du stade qui apporterait l'autosuffisance à son club pour regner dans le futur.
Au delà du fait que Lille ou Nice ont vu leur stade générer des surcouts d'exploitation, c'est une vision économique archaïque, vu que les recettes de stade ne sont plus la ressource n°1 des clubs.
Alors que nous on vise à augmenter les recettes sponsoring, qui sont plus interessantes à long terme et budgetairement. (et droits télé egalement pour que cette vielle pain au chocolat en profite)