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C'est Noël Le Graët qui dit ça. Pour Didier Deschamps, votre absence reste un choix sportif...
Mon « taf » est d'être bon et performant sur le terrain. Les faits sont là dans ce domaine. Mais on ressort des choses qui n'ont rien à voir avec l'essentiel pour se justifier. Tout cela ne tient plus, au bout d'un moment. On exhume un tas de choses au fur et à mesure pour justifier ce non-retour. Il n'y a plus de cohérence entre ce qui se passe pour expliquer la situation et ce qui se passe autour. C'est pour ça que j'ai demandé des explications au sélectionneur. Ça peut durer deux minutes, une explication. Ce n'est pas compliqué, une explication.
Vous n'avez donc toujours pas eu Didier Deschamps ?
Je n'ai eu ou vu personne.
Recevez-vous quand même des préconvocations ?
Rien du tout ! Ça veut donc dire que... (Il réfléchit.) Je ne suis même pas dans les quarante ou cinquante joueurs sélectionnables. Je ne suis peut-être même pas dans les cent...
Quand avez-vous reçu votre ultime présélection ?
Contre l'Arménie pour mon dernier match. Depuis, plus rien. Si c'était vraiment un choix sportif, je serais au moins dans la présélection. Et on m'éliminerait au dernier moment parce que je n'ai pas le niveau...
Pensez-vous que votre mise à l'écart soit venue de plus haut, juste avant l'Euro ?
C'est possible... Quand ton nom est cité par le Premier ministre (Manuel Valls), puis par le président de la République (François Hollande), ça devient compliqué. J'ai l'impression qu'on prend mon nom, qu'on le manipule dans tous les sens pour d'autres raisons que le foot et qu'on me fait passer pour quelqu'un que je ne suis pas. C'est difficile quand même ! Il faut résister. Ce sont des moments durs. Mais j'ai déjà connu des passages comme ça, où rien n'a été facile pour moi. Mais, après, quand on veut t'abattre...
Pensez-vous que le fait que l'Euro 2016 se soit disputé en France, avec l'affaire du chantage à la sextape comme une menace au-dessus des Bleus, votre mise en examen ou un contexte particulier ont renforcé la sanction à votre égard ?
Je sais surtout que, pour moi, cette absence pour une aussi grande compétition, dans mon pays, a été une terrible déception. Je sortais en plus d'une très grande saison au Real. L'Euro en France, c'était beaucoup pour moi.
Vous avez fait un tweet très réactif pour saluer l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. Vous espérez qu'il influe sur votre situation ?
(Il sourit.) Ça n'a rien à voir avec ça ! C'est tout simplement parce que je le connais.
D'où ?
De Madrid, de Lyon même. Je l'ai déjà vu trois ou quatre fois. On a mangé ensemble. C'est un fan de foot. On a échangé. On est ensuite restés un peu en contact par messages. Je l'ai rencontré la première fois grâce à une connaissance commune à Lyon. Je l'ai connu avant qu'il se lance. Mais on ne va pas commencer à en faire des tonnes là-dessus ! Je ne veux pas jouer sur ce terrain-là. Je n'attends rien de lui. Mais ses phrases sur moi seront peut-être meilleures... Reste que la personne qui fait des choix pour l'équipe de France, c'est uniquement le sélectionneur. C'est de sa part que j'attends des réponses. Pas du président de la République, du Premier ministre, ni même du président de la FFF.
Croyez-vous encore possible une discussion avec Didier Deschamps ?
On a déjà eu par le passé, lui et moi, de vraies discussions qui ne sont pas sorties. Il le sait. C'est toujours resté entre nous. Je le connais bien, quand même. Mais il y a un manque de cohérence dans ses propos. Il ne peut pas dire – il y a un an – que « tous les pays nous envient Benzema » et, quelques semaines plus tard, changer de discours et d'option. Il connaît le foot. Je ne le comprends pas. Ça ne tient pas debout. C'est pour ça que je ne veux d'explications de personne, de personne, de personne d'autre (il martèle) à part le sélectionneur. Les autres disent que je suis sélectionnable, sauf lui. Si le sélectionneur me dit droit dans les yeux que ce n'est qu'à cause du foot, eh bien, je continuerai à travailler... Si c'est pour autre chose, qu'il me le dise en face, et c'est fini avec lui.
Finalement, comment qualifieriez-vous votre situation actuelle autour des Bleus et à travers cette affaire de sextape ?
C'est une grande mascarade ! Tout le monde s'en mêle, y compris des gens qui n'y connaissent rien. Tout le monde écoute, on demande presque l'avis du public, on fait des sondages... On condamne les gens avant l'heure. Tout cela m'écœure.
Vous en voulez toujours à Mathieu Valbuena ?
Tout est parti de son histoire. On ne sait pas la vérité. En plus, quand je l'entends dire maintenant qu'il est prêt à rejouer avec moi, qu'il ne m'en veut pas... Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas chez lui !
Pourquoi ?
À l'entendre au départ, je suis une racaille, je l'ai menacé, je lui ai fait peur, tout ce que tu peux inventer... Et, là, il veut rejouer avec moi ! Il dit qu'il n'aurait pas porté plainte s'il avait su que j'étais mêlé à cette histoire. Mais il se fout de la gueule du monde ! Il a pété les plombs ou quoi ! En fait, lui, c'est comme ça. (Il claque des doigts.) Moi, ça fait plus d'un an et demi que je suis son pire ennemi, un mauvais exemple, un voyou, que je dois me faire sanctionner, qu'on me traîne dans la boue, qu'on salit mon nom et ma famille. Ça fait presque deux ans qu'on m'interdit de voir mon meilleur ami (Karim Zenati), sinon on va en prison, et lui, c'est tranquille. Il la ramène, dit qu'on peut rejouer ensemble... Mais il faut qu'il arrête ses conneries ! Et je ne sais pas pourquoi il continue de parler de moi, déjà. Je suis son ennemi, j'ai voulu lui prendre de l'argent... Il faut vraiment qu'il arrête d'inventer. Il me rend fou à continuer de mentir ! Tout ça vient de lui, cette affaire de sextape. Il avait juste à dire la vérité sur ce qui s'est vraiment passé. Derrière, il n'y aurait pas eu tout ça. Il continue à jouer sur plusieurs tableaux. Et n'arrête pas de parler de moi dans toutes ses interviews, comme s'il était mal.
L'avez-vous déjà revu depuis le déclenchement de cette histoire ?
Non.
Pourquoi cette affaire traîne-t-elle autant en longueur ?
Mais personne n'arrivera à me mettre à bas. Ils ne vont pas réussir. Je ne sais pas quand ça va se terminer, mais ce qui est certain, c'est que je serai libre quand ça sera vraiment fini.
Par le passé, vous aviez déjà été mis en cause dans une autre affaire (Zahia) avec d'autres joueurs, comme Franck Ribéry. Admettez que l'on puisse avoir des doutes à votre sujet...
(Il coupe.) On sait comment ça s'est terminé. On a été relaxés, blanchis. Mais ç'a quand même duré quatre ans.
Que pense Zinédine Zidane de votre situation en équipe de France ?
On en a discuté. C'est entre nous. Je n'aime pas impliquer publiquement des gens dans ma situation. C'est comme les joueurs qui ont pu me soutenir. Je sais que certains sont pour mon retour. Je ne veux pas parler des autres. Je sais ce que certaines personnes pensent.
«Je me suis battu comme tous les autres pour ce maillot »
Vous arrive-t-il encore de douter ?
De moins en moins. Quand c'est le cas, je repense à mes débuts. Ils n'étaient pas si faciles que ça, à Lyon, entre treize et quinze ans. J'ai été ballotté, à la limite, mais ces difficultés m'ont permis de devenir plus fort, d'être tout de suite dans le combat. Je pense également à ma famille. Je repense aussi aux bons moments en équipe de France.
Lesquels ?
L'Ukraine au retour reste un instant exceptionnel (3). Ce 3-0 était magique au Stade de France. (Ironique.) Mais c'est vrai que je n'ai jamais rien fait pour l'équipe de France... C'est bien moi qui mets le deuxième but ? On m'en refuse aussi un autre juste avant qui était valable. Je me suis battu comme tous les autres pour ce maillot, vivre ce moment fabuleux et aller au Brésil. Je crois que j'étais remplaçant à l'aller. Il y avait bien eu 2-0 pour l'Ukraine ? Mais je me suis battu quand je suis entré sur la pelouse à Kiev (à la 70e minute). Et je me suis encore plus battu pour l'exploit au retour quand le sélectionneur m'a fait à nouveau confiance. Je voulais aller à cette Coupe du monde. Elle était capitale pour le foot français, pour l'avenir de certaines personnes. C'était mission impossible pour beaucoup, mais on a réalisé la première remontada du foot français. J'y étais comme d'autres, qui ont dû oublier...
Avez-vous quand même en tête la prochaine Coupe du monde en Russie ?
On verra l'évolution des événements. Mais j'y pense. Je suis un compétiteur. Il faut déjà que je revienne en sélection.
Avez-vous regardé la finale de l'Euro 2016 ?
Bien sûr. J'étais en famille dans le sud de la France.
Et vous l'aviez vécue comment ?
C'était tendu. Une bonne finale. Chacun a eu son moment. Mais la France a quand même eu beaucoup plus d'occasions. »
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