Isidore Partouche: "Si je n'obtiens pas le nom du stade de Lille, j'arrête tout!"
Propos recueillis par Jacques Trentesaux, publié le 17/10/2012 à 11:55

Avare de confidences à la presse, le patriarche du groupe Partouche a accepté de recevoir L'Express. Dans l'attente d'obtenir le naming du stade de Lille, il livre ses quatre vérités sur le monde du football.
Est-il vrai que vous avez fait une offre ferme à 2,5 millions d'euros annuels pour obtenir le nom de baptême du grand stade de Lille?Oui, mais on n'a pas voulu de nous! J'ai écrit en recommandé à la communauté urbaine de Lille, mais je n'ai jamais reçu de réponse. Alors, je préviens: si on ne me donne pas une bonne raison expliquant pourquoi nous n'avons pas été retenus, le groupe Partouche arrêtera le mécénat du Losc dans très peu de temps: le maillot, la pub, tout!
Mais 2,5 millions d'euros, c'est beaucoup moins que les 3,3 à 3,8 millions encore espérés par Martine Aubry avec ce contrat de naming...Ils ne peuvent pas trouver à ce prix. Il y a une cohérence à ce que le namer soit aussi le mécène principal du club comme l'est Partouche. Or le contrat n'offre pas de clause d'exclusivité à l'entreprise qui se montrerait intéressée.
Michel Seydoux dispose d'un droit de veto si l'appellation du stade est contraire à l'intérêt d'un autre mécène. Cela n'a donc aucun intérêt. Alors, je dis: attention! Un véritable appel d'offres est nécessaire. Et si la communauté urbaine retient une autre entreprise que nous, il faudra qu'elle prouve que l'argent lui a bien été versé.
Pourquoi avez-vous investi dans le football?Parce que c'est une passion! En Algérie, déjà, je présidais un club. On est venu me chercher pour aider le Losc dans les années 1990. A l'époque, l'équipe était en deuxième division. J'ai fait don, à titre personnel, de deux millions de francs pour sauver le club. Un an plus tard, le Losc montait en première division et, l'année suivante, il était qualifié pour la Champions League. J'avais prévu de quitter le club au bout de quelques années, mais Michel Seydoux m'a demandé de rester.
Vous possédez personnellement 40% du Losc et le groupe Michel Seydoux 60%. Comment se fonctionne votre duo?Très bien. Michel gère très habilement le club, et j'ai toujours dit que je ne m'intéresserais pas à la gestion.
Que faut-il pour réussir dans le football?Etre très riche ou très puissant. J'entends, politiquement. Autrement, vous vous cassez la figure un jour ou l'autre. Regardez Francis Decourrière à Valenciennes. C'est un grand monsieur qui a connu une réussite exceptionnelle parce qu'il avait des moyens autres que l'argent. En fait, tant qu'on n'a pas touché à un club, on ne peut pas comprendre. Les droits télévisuels, la fréquentation... Il y a tellement de choses qu'on ne maîtrise pas!
Article issu d'un dossier Régions "Lille Lens Valenciennes: Révélations sur les réseaux du foot" en vente à partir du mercredi 17 octobre dans le Nord-Pas-de-Calais.