Quelques retours des lectures estivales :
Les Crépusculaires (Souffre-Jour, Les Danseurs de Lorgol et Agone), de
Mathieu Gaborit :
“Le baron de Rochronde n’est plus. Et, selon la coutume, son fils Agone doit lui succéder. Or, peu enclin à suivre les traces de son père, guerrier sanguinaire impitoyable, celui-ci se destine à une vie d’érudit itinérant. Agone accepte néanmoins la dernière requête du défunt : passer une semaine au collège occulte du Souffre-Jour, où d’éminents maîtres d’armes et de magie initient aux arcanes de puissants pouvoirs. Là, il va découvrir le sens de sa destinée…”Cette trilogie est une véritable mine de concepts intéressants mais, malheureusement, peu exploités et mis en valeur par le scénario et l'écriture. On retrouve dans ce bouquin tous les défauts du jeune auteur de fantasy issu du monde du Jeu de rôle. Les idées sont clairement là, très bonnes et originales, mais la mise en oeuvre laisse à désirer tant dans la construction du roman, la caractérisation des personnages et l'écriture (le style est bon mais avec pas mal de maladresses).
Néanmoins une lecture agréable et intéressante mais qui me laisse un petit sentiment de gachis. Mais pour un premier roman, c'est quand même du costaud.
La trilogie de Wielstadt (Les ombres de Wielstadt, Les masques de Wielstadt, Le chevalier de Wielstadt), de
Pierre Pevel (un ancien collaborateur du truculent Croc, bien connu des rôlistes).
Hiver 1620 : le Saint Empire Romain Germanique est dévoré par les premiers feux de la Guerre de Trente Ans. Après s’être acquitté d’une délicate mission pour les Templiers, le Chevalier Kantz revient à Wielstadt, une cité allemande protégée depuis toujours par un mystérieux dragon. Chasseur de démons initié aux arts secrets de la Kabbale, l’homme est un exorciste en armes qui mène contre le Mal une croisade solitaire et implacable. Rapière au poing, il va devoir traquer une insaisissable meute de goules qui répand la terreur dans la ville. Bientôt, il découvre que celles-ci sont sous l’emprise d’un sorcier revenu des limbes pour se venger des membres de la Sainte-Vehme qui le firent autrefois assassiner. Inquiète de voir Kantz s’intéresser à ses intrigues passées et présentes, la redoutable société secrète lance des tueurs à ses trousses. Mais le chevalier a aussi des amis et des alliés, à la cour des miracles comme chez les faunes ou les fées, et rien ne saurait le freiner dans sa quête de la vérité. Il éliminera les goules, déjouera les complots de la Sainte-Vehme et affrontera seul, au cours d’un combat désespéré, le spectre du sorcier dément.Il s'agit là d'une uchronie qui introduit le bestiaire fantasy classique dans notre monde et notre histoire ainsi que la magie, magie qui d'ailleurs relève de la sorcellerie et du mysticisme. L'auteur s'appuie sur de solides connaissances historiques qu'il malmène avec talent ainsi que sur une bonne connaissance de tout ce qui concerne l'occultisme.
Le résultat est un livre qui emprunte avec talent la fougue du roman de cape et d'épée (Les Trois Mousquetaires) et le combo sociétés secrètes/occultisme à la Da Vinci Code.
A côté de ça, le scénario est en béton armé avec une fin de trilogie particulièrement soignée et le style vieillot est bien maîtrisé, moins flamboyant qu'un Jaworski mais tout aussi agréable.
Le personnage central, Kantz, est très intéressant et sacrément badass. Il demeure mystérieux tout au long de la trilogie avant que l'indispensable dernier tome ne donne enfin les clés de compréhension.
Tout cela fait de cette trilogie une lecture vraiment très agréable que je conseille aux amateurs de Cape et d'épée et d'occultisme. Globalement, c'est une production sacrément solide à tous les points de vue.

Dans les (maigres) points négatifs, je pourrai citer la fin du premier tome qui fait un peu trop deus ex machina et le côté badass, justement, de Kantz qui est parfois un peu too much (même si justifié).
Je vous ferai aussi un retour sur le
Cycle de Rigante de
Gemmell et surtout sur
Perdido Street Station de
China Miéville qui m'a laissé une vive impression mais néanmoins mitigée.
Citation (Lask @ 31/07/2014 11:34)

Fini la Zone du Dehors de Alain Damasio, l'auteur de la Horde du Contrevent que j'avais découvert ici.
C'est moins fort que son chef d'oeuvre mais reste encore hyper ambitieux, on se perd parfois dans un style qui peut être lourd mais les prouesses sémantiques, les envolées politiques directement tirées de Foucault et Deleuze font oublier un scénario qui s'envole mais un peu faiblard.
Curieux des avis si certains l'ont lu, vraiment davantage un traité politique de l'anticonformisme qu'un simple bouquin de SF qui prend prétexte d'une social-démocratie placée sur un satellite saturnien pour chier à la gueule de la facilité et la gestion.
Au final les lourdeurs et des passages entiers où tu as l'impression de lire un ersatz de Surveiller et punir mais un bouquin dont on se rappelle à mon avis

Je suis en train de le lire, je te donnerai mon avis.
Citation (ikki @ 31/07/2014 12:23)

Damasio c'est clairement pour moi le meilleur français en SF et au delà il a une écriture que tu qualifie d'ambitieuse et ça me vas parfaitement.
Il est encore jeune et a une production assez maigre pour le moment. Perso, vu son style et son exigence, je doute qu'il puisse beaucoup se renouveler, à moins d'explorer des genres différents. Mais en effet, il est à suivre de près.
Si tu kiffes la SF "engagée" je te conseille vivement Ayerdhal (mais je crois que je radote

).