Diantre, ça parle de fantasy et j'ai loupé ça

Vais devoir rattraper ça (mais juste au passage, L'épée de vérité, c'est une pure daube

)
Le traditionnel retour des lectures estivales :
J'ai déjà parlé de
Pierre Pevel et de sa (très bonne) trilogie de Wielstadt ci dessous :
Citation (Touriste @ 18/08/2014 14:59)

Au tour de son cycle
Haut Royaume, actuellement constitué de deux tomes : Le Chevalier et L'héritier (on notera le bel effort d'imagination pour les titres

).
Le petit pitch :
Un homme, un royaume, un destin.
Il avait nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d’autres qu’il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés.
Le Haut-Royaume connaît sa période la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn de ses geôles et le nomme Chevalier du Trône d’Onyx, chargé de protéger l’autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d’espoir pour le peuple, mais il poursuit également un but secret : retrouver ceux qui l’ont maintenu en captivité, les uns après les autres… et leur faire sentir le goût de la vengeance.Et les couvertures que je trouve très classes :
Bon déjà, je me suis fait avoir, pensant avoir affaire à un cycle complet, or, ce n'est visiblement pas le cas (et si c'est le cas, l'auteur s'est bien foutu de notre gueule).
Quoiqu'il en soit, les deux tomes racontent une histoire "complète" mais il y a tellement de pistes en cours et les deux se terminant par des twists sympathiques, qu'on peut réellement les considérer comme le début d'un cycle.
Pevel abandonne ses uchronies et univers inspirés de notre propre histoire pour développer son propre monde de fantasy qui, s'il ne brille pas par son originalité, semble disposer d'un solide background qui semble plutôt intéressant.
On a affaire à du médiéval fantastique assez classique, plutôt dans l'esprit du Trône de Fer. La magie est présente mais plutôt très discrète, semblant être l'apanage d'un seul pays qui n'est quasiment pas abordé dans les deux tomes. Pour faire bref, ce monde a été marqué par une guerre dévastatrice il y a 500 ans, guerre qui a opposé les Dragons d'Ombre et d'Obscurité aux humains soutenus par d'autres Dragons. Visiblement, les Dragons étaient les seigneurs de ce monde, bienveillant ou malveillant. Aujourd'hui, il ne semble n'en rester plus qu'un seul en activité (méchant bien sûr) et qui continue à diriger l'un des royaumes protagonistes. De cette guerre, est issue le Haut Royaume, fondé par le héros qui a vaincu le Dragon de la Destruction et fondateur de la dynastie en cours.
L'histoire s'attache au destin de Lorn, un chevalier, ami d'enfance, voire frère de lait, de l'un des héritiers du trône. Promis à un beau destin et à un beau mariage, il est accusé de trahison et envoyé en prison. L'histoire révèlera au compte-goutte les détails de cet évènement. La prison est imbibée de l'
Obscure, une sorte de substance maléfique, peut-être les "restes" de l'un des Dragons tués pendant la guerre, qui prendra une importance grandissante au cours de l’histoire (ce concept d’ Obscure constitue d’ailleurs une des originalités du récit). Lorn sera marqué par cette substance en plus d'être bien abîmé psychologiquement.
Trois ans plus tard, le Haut Roi, à l'agonie et se transformant peu à peu en cadavre ambulant, le fait sortir, l'innocente et le nomme Premier Chevalier du royaume, titre qui n'a pas été donné depuis longtemps et qui, en gros, en fait le représentant du Haut Roi. Et voilà notre chevalier qui repart de quasi rien qui doit se refaire sa place dans le game, game dominé par la reine qui n'est pas sans rappeler Cersei du TdF.
Le premier tome est intéressant mais peut-être un poil long à démarrer.
Le personnage de Lorn apparaît un peu fadasse, effacé mais révèlera son caractère progressivement. Il faut dire qu'il a été marqué dans tous les sens du terme par son passage en prison. On découvre un personnage aigri, tourmenté, parfois cruel et insensible, voire carrément psychopathe mais aussi guidé par un certain honneur et bonnes intentions.
Pevel distille des informations au compte-goutte, ouvre de nombreuses pistes intrigantes mais, et c'est certainement un défaut, ne nous fournit que peu de révélations. Bref, on reste sur notre faim bien qu'habilement appâtés par un menu qui semble alléchant.
Les seconds rôles sont plutôt bien brossés même si on pourra reprocher le classicisme de certains (le forgeron bourru et ivrogne, le prince charismatique et drogué, le vétéran, etc...). Pevel réussit toutefois à leur donner une certaine ampleur et une certaine classe. D'ailleurs l'auteur ne se prive pas au niveau des effets spéciaux et décors grandioses (une sacrée forteresse, un palais flottant, etc...).
Au niveau de l'histoire, l'auteur prend son temps. Trop peut-être même si la création de la Garde d'Onyx est plutôt bien réjouissante. Et puis tout s'accélère d'un coup pour aboutir à un final éblouissant et à une très belle scène, bien cinématographique. Et alors qu’on croyait le « final » passé, ce premier tome s’achève par un épilogue livrant une révélation assez étonnante et un cliffhanger sympathique (même si relativement cousu de fil blanc, il n’en est pas moins solidement construit puisque le fin mot de l’histoire n’apparaîtra qu’à la fin du second tome).
Je vais faire bref sur le second tome pour ne pas spoiler. Je l’ai trouvé un poil en-dessous du premier même si les enjeux progressent de manière dramatique et que les pistes ouvertes sont alléchantes. L’évolution des persos s’avère aussi être un point fort, tout comme l’univers qui s’étoffe progressivement pour acquérir sa propre identité.
La principale critique résidera dans le rythme, avec un début laborieux, une multiplication de points de vue, dont certains peu passionnants. L’ensemble évolue sur une sorte de faux rythme un peu laborieux jusqu’au dernier tiers qui, une fois de plus s’emballe pour proposer une succession de scènes épiques, de révélations, de dénouements et de scènes tragiques. Là encore, la fin est particulièrement alléchante.
Au niveau de l’écriture, le style est fluide, de qualité sans pour autant atteindre des sommets. L’auteur semble relativement à l’aise dans tous les types de scènes, des dialogues aux combats.
En conclusion, malgré quelques problèmes de rythme et une mise en place un peu laborieuse de l’intrigue et de l’univers, je trouve que ces deux premiers tomes sont très prometteurs. Je me suis un peu renseigné et il semble que l’auteur a l’intention de se lancer dans un cycle au long cours. En termes d’intrigues, je m’en réjouis car Pével a déjà démontré sa capacité à produire d’excellents scénarios. En revanche, pour l’heure, le potentiel de son univers me paraît limité même s’il reste beaucoup de choses non exploitées.
Bref, je vous le conseille, ça reste une bonne lecture et c’est du français, faut donc en manger
Sinon, j'ai continué ma relecture de Gemmell, avec Waylander et Le Lion de Macédoine. Je vous en ferai un petit retour ce tantôt.