ça me rappelle cet interview mythique de Nouma quand il jouait au Qatar après son passage à Besiktas
De la fureur de Besiktas au calme de Doha, quel contraste ! Les dirigeants sont obligés de faire des tombolas pour faire venir le
public. Il nous arrive de jouer dans des stades de 35.000 places avec
dix supporters.
En Turquie, j´étais le numéro 1 dans mon club. J´étais
le roi. Si vous demandez aux gens quel est le meilleur joueur étranger
de toute l´histoire du championnat turc, on va vous dire Nouma. Une
fois, j´ai traîné un mec sur le capot de mon Range Rover pendant un
kilomètre. Il voulait juste m´embrasser. Je me suis arrêté, je lui ai
tendu la joue, il m´ a pris par la main et l’a baisé. Il m´a dit que
c´était le plus beau jour de sa vie.
Vous avez aussi fait de la garde à vue à Istanbul, après une bagarre
avec quatre journalistes en août 2000.J´étais aussi aimé pour ça. J´étais fou, comme les Turcs. C´était la
première fois qu´un subissait des pressions pareilles. Celles de la
police, des médias...
J´étais en cellule avec un mec, on était deux pour
un lit en béton. Comme il était arrivé avant moi, il m´a fait comprendre
que je devais dormir par terre. Je me suis dit: " Si je veux dormir
tranquillement, il faut que je le frappe." Je l´ai frappé. Après, je lui
ai proposé de venir s´asseoir. Il m´a répondu : " Non. Le lit, c´est le
tien." Le lendemain, je suis chez le juge, pour la confrontation. A un
moment, il fait sortir tout le monde et me lance : " Ecoute, je suis fan
du Besiktas, mais la procédure est lancée, je ne peux rien faire. Voilà
ce que je te propose: si tu marques au prochain match, l´affaire est
classée. Sinon..." On part jouer à Adanaspor, on prend un but après deux
minutes. J´ai regardé le ciel, je me suis dit: " Après le match, je pars
en prison." Et là j’ai marqué à la 94ème minute! Dans le vestiaire, le
manager a reçu un coup de fil du Juge. L’affaire était classée. Voilà
comment Ça se passe en Turquie. Sinon, on m´aurait emmené à la prison de
Bayram Pacha ! Je préférais me tuer.Etes-vous toujours aussi amoureux de ce pays?J´étais prêt à y vivre jusqu´au bout de ma carrière. Des sponsors
m’appellent encore aujourd´hui pour tourner des spots de pub. Pour eux,
je représente la Turquie. J’ai été rayé de la carte car j’étais devenu
gênant pour la popularité de mon président. C’est le chef de la police
d’Istanbul qui a demandé que je parte ( près sa suspension de sept mois).
Il m’a envoyé deux flics chez moi : ils se sont excusés en ma passant
les menottes. On a même pris une photo ensemble ( il montre le cliché
archivé sur son portable). On a résilié mon contrat, et on m’a expulsé
du pays.
Vous voudriez revenir au Besiktas ? Oui, comme président. Ou manager général. Je veux y retourner par
vengeance personnelle. Avec les gens de mon " parti", on s’arrangerait
pour me mettre dans un bureau tranquille. Manager général en Turquie,
c’est pas dur : aller au bureau, passer trois coups de fil, s’asseoir
sur le banc et parler à l’arbitre, ça, je peux le faire pendant 25 ans