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Clément Chantôme, la caution
Pur produit de la formation parisienne, Clément Chantôme, millésime 1987, ne fait pas de bruit alors qu'il réalise une solide saison dans ce Paris-SG ultra-concurrentiel. Même s'il ne sait pas encore de quoi demain sera fait, Biactol – son petit surnom à ses débuts – à su se rendre indispensable tout en restant invisible. 8
Mai 2010, le Paris-SG remporte la Coupe de France contre l'AS Monaco (1-0). C'est le dernier titre en date du club. Pourtant, cette victoire est sans aucun doute le pire souvenir de la carrière de Clément Chantôme. Ce soir-là, le milieu de terrain est en tribunes. Ils regardent ses copains soulever la coupe. Lui, il n'a pas été retenu dans le groupe. Il ronge son frein et ne fait pas de déclarations fracassantes dans la presse. Il encaisse. Pourtant, près de trois ans plus tard, le numéro 20 de la capitale est encore dans le secteur. Toujours aussi droit dans ses pompes. Formé au club, il a commencé par valider son cursus sportif par un titre de champion de France des moins de 18 ans avec ses potes Mulumbu, N'Goyi, Arnaud and co. Natif de Sens dans l'Yonne, le petit Chantôme a été repéré par un certain Jean-Pierre Dogliani, putain de caution technique.
Le coup de bluff de l'agent
Dès le départ, on a su que le petit avait quelque chose en plus. Pourtant, à bientôt 26 ans, difficile de savoir ce que c'est précisément. Clément, c'est le genre de joueur qui fait tout bien sans vraiment réussir à mettre en avant une qualité extraordinaire dans son jeu. Alors qu'en début de saison il était voué à cirer le banc de touche compte tenu de la concurrence (Matuidi, Verratti, Motta, Sissoko, Bodmer), le milieu de terrain s'est fait une place au soleil (20 matches de Ligue 1, 30 toutes compétitions confondues).
Récemment, il a été aligné au poste de milieu droit, surtout pour protéger David Beckham. D'aucuns auraient pu s'en offusquer d'être ainsi utiliser comme garde du corps. Pas lui. "Milieu droit ? Ce n’est pas mon poste naturel mais je ne vais pas me plaindre, j’ai du temps de jeu et je peux aider l’équipe" a-t-il lâché en conférence de presse en milieu de semaine. Preuve que le lascar sait d'où il revient. Il y a un an, il ne jouait pas. Ou presque. A Noël, son agent avait même tenté un coup de bluff en affirmant qu'en fonction du temps de jeu du joueur, un départ au mercato d'hiver était envisageable. Carlo Ancelotti et le staff parisien n'ont pas bronché. Chantôme non plus. "Cette année, je joue pas mal, la saison se passe bien. A moi de continuer dans ces deux mois les plus importants de la saison. La saison prochaine ? Je ne me suis pas posé la question, on verra" conclut-il, lucide. En même temps, entre moins d'un an, la donne a changé. Chantôme est devenu international (une cape, contre le Japon à l'hiver) et s'inscrit dans la rotation d'une équipe qualifiée en quart de finale de Ligue des Champions. Signe d'un mec qui se porte bien et qui enquille les matchs.
Darren Fletcher du 89
Lors de sa convocation en équipe de France même Didier Deschamps avait salué le coffre du Parisien : "C’est un joueur qui a un gros volume de jeu. C’est un bon footballeur, il est capable de bien utiliser le ballon. Il a de bonnes aptitudes à utiliser le ballon. Il doit répéter ce qu'il fait de bien avec son club sur le plan international. Même si l’on ne parle pas énormément de lui, il a une forte concurrence à Paris mais il est là. Il a subi des blessures il y a un petit moment mais là, il enchaîne les matches. C’est un milieu de terrain assez complet, il est dans une bonne période avec le PSG." Les propos n'ont pas besoin d'être actualisés. Rien n'a changé pour celui qui est capable de joueur à tous les postes du milieu sans aucun problème.
A choisir, on le préfère quand même dans l'axe. Là où son coffre et sa qualité de passe peuvent servir. Sur un côté, il est moins utile, moins performant, moins à l'aise. De toute façon, en bon gamin, il a des idoles très classiques : Steven Gerrard et Andrès Iniesta. Alors qu'au fond, il se rapproche plus d'un Darren Fletcher. Un mec utile mais sans aucun impact médiatique. Personne ne parle de Chantôme. Jamais. Ou presque. Mais au PSG, on essaie de conserver le joueur qui est sous contrat jusqu'en 2015. Et ce, pour plusieurs raisons. D'une, parce qu'il est bon. De deux, parce qu'en tant que joueur formé au club, il est indispensable pour l'inscription à la Ligue des Champions où chaque club doit avoir au moins quatre mecs formés à la maison (Sakho, Areola, Rabiot et Chantôme pour l'exercice actuel). Dans ce cas, difficile de laisser partir sa pépite en dépit de nombreuses sollicitations (Arsenal il fut un temps, Lyon dernièrement).
Et puis Clem', c'est avant tout un mec amoureux de son club. Un type capable de balancer son point de vue sur le conflit entre Boulogne et Auteuil, les boutons encore mûrs sur les joues, lors d'une émission de radio à peine la vingtaine sonnée. Des propos que même les anciens du club n'avaient jamais osé tenir. Lui, la jeunesse aidante, n'a pas hésité à sortir de sa réserve. On le lui a reproché au sein du club mais également dans certaines franges radicales du monde des tribunes. Il est comme ça, Chantôme. Entier et direct. On l'oublie souvent, mais il appartient à l'histoire du club. On parle d'un mec qui a joué son premier match officiel avec l'ignoble maillot Louis Vuitton avec Sammy Traoré comme arrière droit. Il peut fanfaronner autant qu'il veut, Zlatan. Avant lui, le PSG avait Clément Chantôme.
par Mathieu Faure pour So Foot