Interview du Parisien :
Citation
Que connaissez-vous du PSG ?
THOMAS TUCHEL. Tout le monde connaît Paris. C’est la ville de l’amour (sourires), des lumières, une ville romantique. Les joueurs sont fantastiques, avec un talent incroyable. Mon plus grand souhait est d’adapter notre style de jeu à la ville et que les supporteurs tombent amoureux de cette équipe.
L’un des joueurs, c’est Neymar. Sera-t-il au cœur de la construction de votre équipe ?
Je l’ai rencontré la semaine dernière. On a super bien échangé. J’ai eu un bon feeling. C’est un joueur super important pour moi, l’un des meilleurs au monde. Ce genre de joueur est très rare. Pour moi, c’est un artiste et on doit le considérer, le traiter comme un artiste. Cela veut dire qu’il a sa propre créativité, un sens du jeu qui ne s’apprend pas. Il est un élément hyper excitant du succès du PSG. Il faut trouver une structure qui lui permette d’exprimer tout son talent.
Est-il le projet du PSG ?
Non, je ne dirais pas ça. Il n’est pas le projet, mais possède une part considérable dans le projet. C’est un joueur clé. Mais le projet, c’est l’équipe. Il s’agit de la rendre plus forte. C’est notre défi et notre ambition de faire sentir à tout le monde cet état d’esprit, de construire une structure et qu’on en prenne soin. A la fin, si on adopte le bon comportement, on est plus fort. Mais c’est un effort que doit produire toute l’équipe.
Est-ce compliqué de construire cette équipe avec des ego comme ceux qui peuplent le vestiaire parisien ?
Tout le monde croit que les grands joueurs sont dotés de grands ego. Au contraire, ce sont ceux qui travaillent le plus, c’est pour cela qu’ils sont les plus faciles à gérer. Le plus souvent, ils sont très humbles. Ils ne le paraissent pas à cause de leur style de vie. Mais avant d’en arriver là, ils étaient tous des enfants qui ont tenu un ballon sous le bras à 5 ou 6 ans. Ils viennent de là. Ce sont des amoureux du jeu. Je sais ce dont ils ont besoin et j’ai confiance en eux.
Votre palmarès se limite à une Coupe d’Allemagne. Aurez-vous un problème de légitimité face à toutes ces stars ?
Je n’ai pas peur des stars. Je n’ai gagné qu’un titre, mais le PSG m’a fait comprendre qu’il ne cherchait pas le plus gros palmarès mais un style de jeu. Il cherchait un leader avec une vision.
Si des joueurs arrivent en retard lors de la reprise hivernale, quelle sera votre réaction ?
(Il rigole.) Mon plus grand souhait, c’est de créer une atmosphère. Cela tombe sous le sens que personne ne doit être en retard. Mais si nous n’arrivons pas à cet état d’esprit dès Noël, alors des joueurs reviendront peut-être en retard de vacances. En tout cas, ce n’est pas moi qui dirai : « Vous n’êtes pas autorisés à revenir en retard », mais c’est cet état esprit qui fera en sorte que chacun se sente concerné. On en reparlera cet hiver, ok ?
Mais vous êtes connu pour avoir un gros caractère. Est-ce que cela peut-être un handicap dans un club comme le PSG ?
Vous pensez ça ? Les gens m’ont choisi pour diriger cette équipe lors des deux prochaines années et j’ai la faiblesse de croire qu’ils ont mis beaucoup de soins à prendre cette décision et à observer comment j’ai coaché mes dernières équipes et mes joueurs.
De combien de nouveaux joueurs avez-vous besoin et à quels postes ?
Je sais ce que nous avons ici au PSG et j’aime ces joueurs. Mon premier message consiste à faire confiance à ceux qui sont là. C’est une équipe de talent, qui a déjà réussi. J’ai envie de rencontrer les joueurs, de les connaître un à un et de commencer à travailler avec eux. Ce sera plus facile pour voir ce qui manque éventuellement et décider s’il faut se renforcer. Mais peut-être avons-nous déjà tout ce qu’il faut et c’est à l’intérieur de cet effectif qu’il faut s’améliorer. Avec de la patience, l’équipe parfois grandit plus vite.
Mais Thiago Motta arrête sa carrière. Vous avez sans doute besoin d’un milieu défensif, non ?
Cela aurait du sens puisque Thiago Motta était un joueur clé et l’un des meilleurs à son poste. Nous avons notre idée pour le remplacer mais je répète que nous devons d’abord bien connaître ce groupe.
Souhaitez-vous conserver trois défenseurs centraux ou en ajouter un quatrième ?
Si j’ai la garantie qu’il n’y aura aucune blessure, trois défenseurs centraux pour deux places, c’est un parfait assemblage. Avoir trois défenseurs de haut niveau pour deux places, c’est vraiment la meilleure solution. Ensuite, on peut avoir un quatrième défenseur qu’on va aider à grandir, à franchir les étapes, qui apprendra des trois autres.
Areola va rester le numéro un au poste de gardien ?
Aujourd’hui, il n’y a pas de raisons que ça change. Mais je dois mieux le connaître, et il devra se battre pour sa place comme n’importe quel autre joueur de l’effectif. Et il y aura quelqu’un qui voudra prendre sa place. Il n’y a pas de problème de gardien au PSG, je l’aime bien (NDLR : Areola).
Buffon va-t-il rejoindre votre équipe ?
Je ne peux pas répondre en détail. Je ne vais pas commencer à spéculer. J’ai du mal à imaginer la Juventus sans Buffon. C’est une personnalité incroyable, un joueur à la carrière exceptionnelle. Je ne le connais pas personnellement. Je dois d’abord me faire à l’idée d’une Juve sans Buffon.
Pouvez-vous nous décrire votre philosophie ?
(Il rigole.) C’est très facile : attaquer, attaquer et attaquer !
Il n’y a pas de place pour la défense ?
Mais c’est la meilleure manière de défendre. J’aime le jeu à haute intensité et que mon équipe ait le contrôle du ballon, mais pas seulement pour le contrôler. Est-ce que nous contrôlons le ballon lors des gros matchs, sachant qu’on peut offrir la possibilité à notre adversaire de contre-attaquer ? Cela dépend aussi de l’organisation que nous mettons en place. J’adore ça l’organisation, je suis Allemand. Nous devons laisser nos joueurs offensifs attaquer librement, ils ne doivent pas se soucier de ce qui se passe dans leur dos. Mais pour cela il faut assurer une organisation.
Avez-vous constitué votre staff ?
J’ai rencontré Papus (Camara) la semaine dernière, il sera dans le staff. J’ai vu Maxwell également. On veut s’adapter à la culture de la L1 et du PSG.
Considérez-vous le PSG loin d’une victoire en Ligue des champions ?
C’est trop tôt pour en parler. Il faut d’abord créer une atmosphère où l’on aura la même attitude contre les équipes de Coupe ou de Ligue 2 que face à celles engagées en Ligue des champions. Là, on pourra atteindre tous les objectifs. Au printemps, je vous dirai si nous en sommes capables.
Vous pourriez travailler avec Wenger ?
Mais Arsène Wenger n’est pas au PSG non ? Je dois avouer que c’est un des plus grands managers du monde et qu’il a longtemps été une de mes idoles. J’étais joueur en 3e Division, et je percevais qu’il y avait quelque chose de différent dans sa façon de coacher et dans le style de son équipe. Il y avait tellement de joie sur le terrain. Il a eu une carrière formidable. Je sais ce que vous voulez entendre de moi mais je n’ai eu aucune conversation avec Arsène Wenger. Donc la question de travailler avec lui ne se pose pas.
Avez-vous parlé avec Emery ?
Non et c’est ce qui passe habituellement. Mais il a fait un travail extraordinaire à Séville, et il a laissé son empreinte.