Le «coup» de Peillon contre le débat sur l'identité nationale Invité de l'émission «À vous de juger» sur France 2, le responsable socialiste a annoncé in extremis son refus de cautionner ce qu'il qualifie de «dérive indigne». Un incident prémédité qui a suscité la colère de la chaîne. L'UMP parle de «fuite».L'eurodéputé socialiste Vincent Peillon devait participer jeudi soir à un débat avec Eric Besson, invité principal de l'émission de France 2 «À vous de juger», consacrée à l'identité nationale. Pourtant, il n'est jamais venu.
Dans un communiqué adressé à l'Agence France-Presse et publié sur son blog, diffusé à 21 heures, alors que l'émission était en cours, il s'est insurgé contre l'organisation de ce programme.
Il a demandé le départ d'Arlette Chabot, animatrice de l'émission, directrice générale adjointe de France 2 chargée de l'information, ainsi que des «dirigeants de France 2 qui ont autorisé cette opération».
Il a déploré que la chaîne n'ait «pas trouvé mieux» que «de consacrer la seule émission politique de début de soirée à Eric Besson et de le faire dialoguer avec Marine Le Pen», vice-présidente du Front national. Le débat Besson-Le Pen a bien eu lieu en première partie d'émission.
La chaîne «prend ainsi en otage le service public et les personnels qui y travaillent», a accusé le responsable PS. «C'est indigne et c'est inacceptable. Jamais une telle dérive ne s'était produite». «Pour habiller le tout, on m'a demandé, en tant que responsable socialiste, de venir cautionner cet exercice d'abaissement national en voulant bien jouer les idiots utiles en deuxième partie de soirée», a argumenté Peillon.
Interrogé sur le site Internet Rue89, il ajoute : «
J'avais pris ma décision depuis plusieurs jours. C'était préparé avec quelques uns. Je voulais qu'il y ait un incident. Il fallait que ça fasse un peu scandale». Sur RMC, il a ajouté : «Je crois que si on n'attire pas fortement l'attention sur les choses, les choses ne se font pas.
Si j'avais annoncé plus tôt ma décision (...), alors on aurait peut-être trouvé un remplaçant, il y en a toujours un pour venir à la télévision, et on aurait refait l'émission autrement».
Jeudi matin pourtant, sur Radio Classique, il confirmait son intention de se rendre à l'émission de France 2.
Vincent Peillon a également déclaré à Rue89 avoir appris officiellement le jour même qu'il allait passer en deuxième partie d'émission, après le débat Besson-Le Pen. Ce qu'a réfuté vendredi matin Marine Le Pen. La vice-présidente du FN, interrogée sur RMC, a indiqué que c'est Peillon lui-même qui avait choisi de passer en second. Sur le site du Point, la rédactrice en chef de l'émission, Nathalie Saint-Cricq, confirme.
«Méthode de voyou»
Cette défection a suscité étonnement et indignation chez France 2. Peu après la diffusion du communiqué,
Nathalie Saint-Cricq a qualifié de «méthode de voyou» le retrait in extremis de l'eurodéputé, exprimant son «immense étonnement qu'il n'ait pas pris la peine de téléphoner». Réagissant en direct à l'antenne,
Arlette Chabot a dénoncé un «coup d'éclat regrettable». «Ce n'est pas lui qui est piégé, c'est nous», selon la journaliste, pour qui l'émission a été préparée «dans la plus totale transparence». Elle a déploré de ne pas avoir été avertie en amont car «M. Peillon n'est pas le seul socialiste» et a dit s'être entretenue avec lui mercredi et jeudi. L'eurodéputé cherchait précisément l'effet de surprise pour éviter d'être remplacé au pied levé.
«Un acte politique de résistance»
Marine Le Pen a d'abord ironisé sur cette absence, assurant qu'Eric Besson, transfuge du PS lors de la dernière élection présidentielle, pouvait jouer le rôle à la fois «du socialiste et du responsable de l'UMP». Puis, vendredi matin, elle a évoqué «des méthodes scandaleuses». «Le problème, a poursuivi la vice-présidente du FN, c'est que ces gens ne sont pas des démocrates. En réalité, ils considèrent qu'on doit imposer au peuple ce qu'il doit penser et que, surtout, on ne doit pas lui donner les moyens de se faire une opinion» et Peillon «en a donné une belle démonstration hier soir».
Aussitôt, la défection du responsable socialiste a suscité des commentaires au sein de la classe politique. «La fuite de M. Peillon le jour même où le PS a déposé sa proposition de loi sur le droit de vote des étrangers en dit long sur sa difficulté à assumer publiquement devant des millions de Francais la manipulation qu'il a montée pour séduire l'extrême gauche et exciter l'extrême droite», a ainsi déclaré le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, accusant le PS de «fuir le débat».
Au contraire, le socialiste Patrick Mennucci (PS), qui fait partie du même courant que Vincent Peillon au PS, l'a «félicité» pour son attitude, «un acte politique de résistance à l'abaissement de la République par des politiciens prêts à tout pour conforter leur pouvoir». Vendredi matin, sur le blog de Vincent Peillon, l'ensemble des commentaires des internautes soutenaient la démarche de l'eurodéputé.
Mercredi, les journalistes CGT de France 2 avaient demandé la déprogrammation du débat qualifiant de «totalement inadmissible qu'un tel spectacle ait lieu sur les antennes du service public» qui «servira encore mieux à flatter les mauvais instincts».
lefigaro.fr
Ouais moche, petit bras sur ce coup-là le Peillon, fidèle à l'image du PS en même temps. Débat pourri sinon, sauf l'entrée en matière et les amabilités en guise de bonjour.
Ouais, ce débat a plus tourné à un affrontement qu'a une confrontation d'idées.