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Paris et le feu vert de Rooney
En quête d’un attaquant de classe mondiale, le PSG approfondit désormais la piste menant à l’anglais. Ce dernier s’est montré attiré par le projet parisien.
EN CE MOIS DE MAI grisâtre à Paris, il n’y a donc pas que des gens qui souhaitent quitter le PSG. Comme nous le révélions, hier, sur lequipe.fr, Wayne Rooney, lui, est très tenté de rejoindre le club de la capitale. C’est le message clair qu’il vient de délivrer aux dirigeants parisiens, en quête d’un deuxième buteur haut de gamme, un an après avoir recruté Zlatan Ibrahimovic. L’attaquant international anglais (81 sélections, 35 buts) s’est même montré « énormément intéressé » , affirmait-on, hier, dans les coulisses de ce dossier.
Sans même attendre des garanties sur le nom de celui qui entraînera le PSG, la saison prochaine, la star de Manchester United a donc décidé d’envoyer un signal positif à ses interlocuteurs parisiens. Comme un feu vert pour accélérer le transfert. Tandis que les médias anglais continuent d’évoquer un intérêt de Chelsea pour Rooney, sous contrat à MU jusqu’en 2015, l’opération semble devoir se situer autour de 30 millions d’euros pour ce joueur de vingt-sept ans.
Le 9 mai, le club champion d’Angleterre avait affirmé que son international anglais n’était « pas à vendre ». Trois jours plus tard, par la voix de sir Alex Ferguson, MU avait admis que le joueur avait demandé à « être placé sur la liste des transferts ». Éclipsé par l’éclat immédiat de Robin Van Persie, arrivé l’été dernier d’Arsenal, mais surtout marqué par la profonde détérioration de sa relation avec Ferguson, Rooney a laissé germer l’hypothèse d’un départ. Même la retraite du manager écossais ne semble pas affecter cette tendance à une rupture avec le maillot rouge qu’il a porté pendant neuf saisons. En octobre 2010, le natif de Liverpool avait brandi la menace de quitter MU avant de prolonger son contrat avec un salaire revalorisé à 11,5 millions d’euros nets d’impôts par an. À Paris, il pourrait se voir offrir la perspective d’approcher les 15 millions d’euros net annuels.
Les dernières avancées du PSG sur le dossier Rooney pourraient entraîner l’abandon de deux pistes offensives majeures. 1. La plus approfondie à ce jour, celle d’Edinson Cavani (26 ans) : si Paris se retirait, l’attaquant uruguayen, sous contrat à Naples jusqu’en 2017, pourrait atterrir à Manchester City ou au Real Madrid. 2. Le cas Cristiano Ronaldo : à l’instar d’Arsène Wenger pour le costume d’entraîneur, le Madrilène est un vieux rêve que Qatar Sports Investments entend réaliser un jour. Lié au Real jusqu’en 2015, le Portugais espère que le club espagnol va faire passer son salaire de 10 à 16 millions net annuels. Si le Real est d’accord, Ronaldo ne fera pas de vagues. Dans le cas inverse, le dossier restera à surveiller pour les rares clubs susceptibles de s’offrir ce crack. Paris figure évidemment sur cette liste. S’il devait renoncer à Ronaldo cette année, le PSG reviendrait à la charge en 2014, une échéance qui pourrait coïncider avec le départ de Zlatan Ibrahimovic.
Fabregas a été envisagé
Le meilleur joueur de L 1 laisse à nouveau planer l’hypothèse d’un départ dès cet été, un an à peine après la signature d’un contrat jusqu’en 2015. Hier, dans le contexte crispé qui entoure le banc du PSG, Ibra s’est exprimé devant les médias suédois : « J’ai une excellente relation avec Ancelotti. Je ne veux pas le voir partir. S’il part avec sept membres de son staff, cela laissera un grand vide, et son successeur devra repartir de zéro. (…) Chaque fois que j’ai dit que je resterais dans un club, j’ai fini par en partir peu après… J’envisage de rester au PSG. Mais tout peut arriver. »
La perspective de la venue de Rooney est un signal envoyé à Ibra. Celui de la volonté de son club de bâtir un groupe toujours plus compétitif. Mais il peut aussi se lire comme le message que personne n’est irremplaçable. Ibra n’ignore pas qu’à bientôt trente-deux ans (le 3 octobre) il trouvera difficilement un contrat à 14 millions d’euros nets d’impôts par an sur le marché européen, comme l’ont confirmé les contacts vains de son agent avec la Juventus.
Hier, sur beIN Sport, la chaîne dirigée par son président au PSG, Nasser al-Khelaïfi, le Suédois a aussi livré ce jugement : « Ancelotti, c’est le top mondial. En ce moment, il n’y a personne de disponible pour nous mener au plus haut niveau [international]… » Disponibles, Leonardo, Rafael Benitez ou encore Roberto Mancini apprécieront. À l’heure où le PSG marche sur des oeufs sur le dossier du futur entraîneur, le club entend frapper prochainement très fort sur le marché des transferts pour relancer l’idée d’un Paris attractif, une image malmenée par les envies madrilènes d’Ancelotti.
Le dossier Rooney s’inscrit dans cette logique au moment où Paris scrute les joueurs à la situation un peu floue. En parallèle à ses démarches pour attirer le milieu belge Alex Witsel (24 ans, sous contrat au Zénith Saint-Pétersbourg jusqu’en 2017), le PSG s’est penché récemment sur le cas de Cesc Fabregas (26 ans), le milieu polyvalent de Barcelone, où il est lié jusqu’en 2016. Paris aurait décidé de laisser de côté la piste menant à l’international espagnol. Tandis que le marché n’ouvre que le 9 juin, le PSG en est déjà un acteur majeur et sans complexe. Comme chaque été depuis deux ans.
JÉRÔME TOUBOUL
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Toujours aussi fort ?
Écarté lors des derniers matches, sifflé par une partie du public de MU, Wayne Rooney, en conflit avec Alex Ferguson, sort d’une saison difficile. Son niveau interpelle, son poids aussi…
C’ÉTAIT UNE NUIT de septembre 2004. L’une de ses froides nuits dont raffolent les Mancuniens. Old Trafford, venu épier, juger, observer Wayne Rooney, ce gamin à la gueule et au physique de boxeur recruté pour 38 millions d’euros quelques semaines plus tôt à Everton, avait vécu un rêve (6-2).
Et l’entraîneur de Fenerbahçe, Christoph Daum, avait, lui, ce soir-là, utilisé ces mots, pour décrire la prestation de celui qui, pour sa première apparition sous le maillot de MU, venait d’inscrire un incroyable triplé en C 1 : « C’est peut-être le joueur du siècle. » Plus de huit ans ont passé. Wayne Rooney est entré dans l’histoire de la Premier League en marquant 141 buts en 278 apparitions.
Mais, alors que l’attaquant, qui aura vingt-huit ans en octobre, vient de boucler sa neuvième saison à Manchester – sa onzième au plus haut niveau – que reste-t-il de celui qu’Old Trafford a longtemps érigé comme le « Pelé Blanc » ? Il y a d’abord le constat brut. L’international anglais (81 sélections, 35 buts) vient d’achever sa saison la moins aboutie depuis son arrivée à Manchester, en 2004 : douze buts en vingt-sept matches de Premier League (1). Des chiffres corrects qui masquent une impression nettement plus contrastée. Cocktail de puissance, de finesse technique et d’instinct, Rooney n’a pas perdu son état d’esprit de gagneur, mais son efficacité n’a plus grand-chose à voir avec celle qui avait fait de lui l’un des attaquants les plus craints d’Europe. Pis, dans les travées d’Old Trafford, on ne s’étonne plus de le voir faire preuve d’une chronique imprécision technique. De quoi alimenter les critiques autour de son style de vie qui convient peu à un footballeur haut niveau. C’est, en tout cas, l’avis du futur ex-entraîneur de MU, sir Alex Ferguson, qui n’a cessé de pointer du doigt, en privé, le surpoids de son attaquant. « Sans doute, en raison d’une usure mentale et de ses relations compliquées avec Ferguson, n’a-t-il pas fait tous les efforts cette saison, explique Jean-Luc Arribart, consultant pour Canal + sur le Championnat anglais. Il en ressort l’impression d’une saison mitigée. »
La rupture avec Ferguson
Alors qu’il avait toujours cherché à protéger sa pépite, Ferguson, qui avait accepté la prolongation de Rooney, à l’automne 2010, jusqu’en 2015, n’a pas caché ces derniers mois son exaspération envers son attaquant. Au point de fragiliser son statut de titulaire, comme lors du huitième de finale retour de C 1 face au Real Madrid (1-2), et de faire évoluer son rôle : « Quand on fait son bilan, il ne faut jamais oublier que, cette saison, Rooney joue à un poste plus reculé, en soutien de Van Persie. Van Persie aurait-il été aussi efficace sans Rooney ? Je n’en suis pas sûr », poursuit Arribart. Une générosité qui, visiblement, n’a pas convaincu. Sifflé par une partie des supporters mancuniens lors du défilé célébrant le titre il y a une semaine, écarté par Ferguson depuis qu’il a annoncé ses velléités de départ fin avril, Rooney, malgré l’arrivée de son ancien mentor à Everton, David Moyes (2), est bien décidé à partir.
Reste une question : l’attaquant anglais et son jeu typiquement british peut-il réussir ailleurs qu’en Premier League ? « Quand on voit sa générosité, son courage et son bagage technique, je me dis qu’avec Ibra, Matuidi et les autres il peut se régaler », conclut Arribart. – H. De., J.-M. R.
(1) Seize buts en trente-sept matches toutes compétitions confondues.
(2) Après une brouille de plusieurs années liée à un départ houleux, les deux hommes se sont réconciliés.
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ARMAND A CHOISI RENNES. – Comme annoncé hier sur lequipe.fr, le défenseur parisien Sylvain Armand (33 ans, le 1er août et sous contrat jusqu’en 2014) aurait choisi de rejoindre Rennes la saison prochaine alors que Bordeaux, Nantes et Saint-Étienne seraient aussi intéressés par sa polyvalence et son expérience. Parisien depuis 2004, Armand se serait vu proposer par le club breton un contrat de deux ans, plus une troisième année en option, pour jouer en défense centrale. Mais c’était avant la nomination de Philippe Montanier comme nouvel entraîneur, mardi. Sa venue à Rennes reste donc soumise à l’approbation du successeur de Frédéric Antonetti, sachant que le PSG pourrait libérer Armand de sa dernière année contrat pour services rendus. – B. de Li.
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Ancelotti : en stand-by jusqu’à lundi
TANDIS QUE LEONARDO est parti au Brésil, Nasser al-Khelaïfi a également quitté Paris pour quelques jours. Le président du PSG est attendu à Londres, samedi, pour assister, à la finale de la Ligue des champions entre le Bayern Munich et le Borussia Dortmund. Le lendemain, il devrait retrouver le PSG, à Lorient en clôture du Championnat. D’ici à ce weekend, le dirigeant qatarien n’a pas prévu de revoir Carlo Ancelotti, qui lui a annoncé, dimanche dernier, sa volonté de rejoindre le Real Madrid, où l’attend un contrat de trois ans. Aucune nouvelle réunion ne devrait donc avoir lieu avant lundi.
Le club espagnol n’entend pas laisser un temps infini au PSG pour débloquer le dossier. Proche du Real Madrid, le quotidien Marca affirmait, hier, que Jupp Heynckes, le futur ex-entraîneur du Bayern, aurait donné son accord au président madrilène, Florentino Pérez, pour venir sur le banc au cas où Paris retiendrait Ancelotti, sous contrat jusqu’en 2014. Mais la tendance est moins à un tel blocage qu’à une volonté des dirigeants parisiens de temporiser. Pour reprendre la main, mais aussi pour mieux soupeser les pistes de successeurs possibles (Leonardo, Benitez, Mancini, Capello). L’une d’entre elles peut même difficilement s’éclaircir avant le 30 mai : ce jour-là, Leonardo passera devant la commission de discipline de la LFP et connaîtra sa suspension pour avoir bousculé Alexandre Castro, l’arbitre de PSG-Valenciennes (1-1, le 5 mai).
Hier, l’ambiance était plus décontractée dans les salons du Parc des Princes. Un déjeuner y a réuni les salariés du PSG, les joueurs et le staff. Jean-Claude Blanc a salué les titres de champion des sections football et handball. Le directeur général du club a pris soin de ne pas faire allusion à la situation d’Ancelotti. Un peu plus tôt, à l’issue de l’entraînement, « Carletto » s’était brièvement exprimé devant les milliers d’enfants réunis par la Fondation PSG : « Je vous souhaite de pouvoir réaliser tous vos rêves. » Pendant ce temps, loin du Parc, Nasser al-Khelaïfi ne semblait pas encore pressé de lui transmettre de tels voeux. – J. T.
L'Equipe