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Le PSG tente le coup du siecle
L’opération est difficile mais le champion de France a décidé de tenter sa chance : il a entamé des démarches pour attirer Lionel Messi à Paris la saison prochaine.
AVEC LUI, tout ne serait qu’accélération. Accélération du jeu et accélération du temps pour un club obsédé par ses conquêtes européennes et la gloire mondiale s’y rattacherait. En recrutant David Beckham, l’hiver dernier, le PSG avait tourné vers Paris des projecteurs jusque-là indifférents aux ambitions de Qatar Sports Investments (QSI). En arrachant Lionel Messi au FC Barcelone, le club capterait une lumière médiatique inégalable. Et il atteindrait des sphères sportives vertigineuses avec ce dribbleur et ce buteur stratosphérique, qui fêtera ses vingt-sept ans le 24 juin, au coeur de la Coupe du monde. Depuis son arrivée à la tête du PSG, en juin 2011, QSI rêve à voix basse de recruter le crack de Rosario. Désormais, le club de la capitale se sent suffisamment fort pour se lancer dans une opération qui pourrait déboucher sur le plus grand transfert de l’histoire. À ce stade, Paris n’a aucune garantie que le quadruple Ballon d’Or figurera dans son effectif à partir de l’été prochain. Mais il pose ses jalons en coulisses. Au cas où…
CONSULTÉS, IBRA ET THIAGO SILVA SONT POUR
Comme souvent depuis son accession à la présidence du club, Nasser Al-Khelaïfi apparaît en première ligne sur cette opération « galactique ». En août 2012, il avait initié le dossier Cristiano Ronaldo lors d’une rencontre à Monaco avec Jorge Mendes, l’agent du Portugais. Les contacts s’étaient même poursuivis jusqu’à l’été suivant avant que le joueur ne prolonge de trois ans au Real Madrid, jusqu’en 2018. Plus récemment, c’est Jorge Messi, le père du joueur, que le patron du PSG et de QSI est allé sonder directement. En parallèle, le club a missionné un intermédiaire chargé d’assurer le suivi relationnel auprès du clan Messi. Au cas où la porte d’un transfert s’entrouvre, Paris veut afficher une longueur d’avance sur la concurrence éventuelle. Pour avoir Messi, sous contrat jusqu’en 2018, il faudra sans doute verser au Barça le montant de sa clause libératoire : 250 M€. Un tarif a priori accessible aux seuls PSG et Manchester City… ou au Bayern Munich de Josep Guardiola, s’il est pris d’un coup de folie.
Sur ce dossier, le PSG avance à pas comptés. Al-Khelaïfi s’efforce toujours d’apparaître comme extrêmement courtois vis-à-vis des autres clubs. Son amitié avec Sandro Rosell était une raison supplémentaire de ne pas froisser l’orgueil du grand FC Barcelone. Après la démission du président du club catalan (voir page 20), rien ne dit que l’opération sera pour autant facilitée pour le PSG. Suite au scandale autour du transfert de Neymar, undépart de Messi n’apparaîtrait pas comme le moyen le plus sûr de restaurer la crédibilité des dirigeants du club auprès des socios. À moins que les finances vacillantes du Barça ne viennent peser d’un poids capital dans la balance : en 2012, sans la situation économique fragilisée de l’AC Milan, Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva ne seraient sans doute pas venus au PSG.
Un an et demi après leur arrivée, ces joueurs sont régulièrement consultés par Al-Khelaïfi. Au sujet de Messi, leur avis plus que favorable fait peu de doute. Le 30 décembre, à Doha, Ibrahimovic avait confirmé cette température bienveillante, lui qui a parfois affirmé que ses difficultés au Barça, en 2009-2010, résultaient d’une relation compliquée avec Guardiola, et non d’un litige quelconque avec Messi. « Au sujet de son avenir, seul Messi a la réponse, avait lâché le Suédois, pendant le stage de reprise. S’il est vraiment sur le marché, il n’y a pas qu’un seul club qui voudra l’avoir, mais le monde entier. Le PSG veut “rêver plus grand”. Mais si vous prenez Messi, ce rêve devient réalité : vous devenez plus grand…»
MESSI PEUT-IL ENVISAGER DE VENIR À PARIS ?
À écouter son père, toute porte est fermée… pour le moment (lire par ailleurs). Sur le modèle d’une méthode rôdée par les grands clubs espagnols, le PSG passerait un cap sensible dans les tractations si le joueur se positionnait clairement en faveur d’un transfert. En coulisses, Cristiano Ronaldo s’était montré réceptif à l’intérêt parisien. Pour éviter les vagues, Messi, lui, peut difficilement envoyer un tel signal avant la fin de la saison. En privé, le joueur a déjà émis, ces dernières semaines, l’hypothèse de quitter un jour un club qu’il fréquente depuis l’âge de treize ans.
Mais, sur l’échelle des intentions réelles, il reste difficile de placer le curseur entre un désir de découvrir un nouvel environnement et une volonté de revaloriser à nouveau son contrat. Avec ses 16 M€ net annuels, Messi possède un salaire fixe à mi-chemin entre celui de Ronaldo (17 M€) et celui d’Ibrahimovic (15 M€ net). Conscient de sa valeur, l’Argentin pense mériter plus, quitte à laisser transparaître un malaise lorsqu’il s’en prend au vice-président du Barça (lire par ailleurs).
S’il devait partir, Paris serait-il un choix prioritaire ? Même si le PSG doit prendre garde à ne pas sortir des équilibres imposés par le fair-play financier de l’UEFA, il peut proposer à Messi un salaire supérieur à ce qu’il perçoit en Espagne. Ce volet contractuel mis à part, il resterait encore à convaincre le joueur de venir en L 1, moins attractive que la Premier League. Ou à résister à la tentation de rejouer un jour sous les ordres de Guardiola, au Bayern. Au final, il ne faut pas exclure que la piste PSG profite surtout au joueur pour revaloriser son contrat actuel. Comme pour Ronaldo – et d’autres joueurs – avant lui…
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« Je ne sais pas de quoi demain sera fait… »
JORGE MESSI, le père et conseiller de la star argentine, répète que son fils est sous contrat au Barça. Sans trop s’avancer sur son avenir à long terme.
« COMMENT RÉAGISSEZ VOUS à l’intérêt du PSG pour votre fils ?
– J’ai eu vent de ces bruits et je ne sais pas d’où ça sort. Pour le moment, il n’y a rien. Il n’y a pas matière à parler de ce sujet. Lionel est un joueur de Barcelone, où il possède encore un contrat qui s’étale sur plusieurs années (jusqu’au 30 juin 2018).
Peut-on imaginer un jour voir Lionel Messi porter le maillot du club parisien ?
– C’est un honneur de savoir que le PSG peut penser à lui. Mais, je le répète, ce n’est pas un sujet sur lequel nous souhaitons développer une réflexion aujourd’hui. La seule réalité, c’est son contrat avec le Barça.
La situation délicate que traverse le FC Barcelone, dont le président, Sandro Rosell, vient de démissionner, peut-elle influer sur votre réflexion ?
– Ma réflexion, c’est que Leo est sous contrat avec Barcelone, et ce pour plusieurs saisons. Je ne sais pas de quoi on parle quand on évoque son transfert ici ou là. On ne veut penser à rien, ni à Paris ni à une autre équipe.
Pouvez-vous assurer que Messi jouera encore au Barça la saison prochaine ?
– Il est sous contrat. Après, dans le football, vous savez bien qu’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Seul Dieu le sait… »
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Le Barça n’envisage pas son départ
Malgré les tensions des dernières semaines, le club catalan et Lionel Messi considèrent que leurs destins sont liés.
ILS PARAISSENT inséparables. Meilleur buteur de l’histoire du club à vingt-six ans, Lionel Messi incarne le FC Barcelone actuel autant, sinon davantage, que ses symboles catalans, Carles Puyol ou Xavi. Pour ses socios et ses supporters, qui l’adulent, comme pour ses dirigeants, conscients de sa valeur sportive, sans égal sur le marché, le transfert de l’Argentin est inenvisageable, même si celui-ci a un prix, fixé par la clause de départ de son contrat : 250 M€. Pour l’activer, il faudrait cependant que le joueur ouvre la porte à une telle éventualité. Et, jusqu’à présent, il n’a jamais mis la main sur la poignée, publiquement du moins. Arrivé à l’âge de treize ans, Messi est attaché au club qui l’a fait grandir. Au sens figuré comme au sens propre, puisque les dirigeants de l’époque avaient accepté de payer à la « Puce » le traitement nécessaire à sa croissance.
BIENTÔT UN NOUVEAU CONTRAT ?
« Je l’ai toujours dit et je le répète encore, expliquait l’Argentin, le 8 janvier, sur Barça TV, alors qu’il venait d’effectuer son retour, après sa blessure à la cuisse gauche. Mon souhait et ma volonté sont de terminer ma carrière ici, au Barça. Tant que les gens m’aimeront et le voudront, ce sera aussi le cas pour moi. » Une manière de placer la balle dans le camp de la direction du club, alors qu’elle prépare une nouvelle prolongation de contrat pour sa star, liée au Barça jusqu’en 2018 depuis la dernière signature entre les deux parties, le 7 février 2013. Les discussions n’ont pas très bien commencé puisque Javier Faus, vice-président chargé des questions économiques et stratégiques, avait déclaré, le 10 décembre dernier, qu’il ne voyait « pas de raison pour améliorer le contrat » d’un joueur qui venait d’être augmenté moins d’un an auparavant. La réponse cinglante de Messi, dix jours plus tard, a provoqué des remous au sein du club. « M. Faus est une personne qui ne connaît rien au football» ,avait-il lancé.
Puisque Sandro Rosell, qui anégocié directement avec Jorge Messi, le père du joueur, le dernier contrat, vient de démissionner, son successeur, Josep Maria Bartomeu, se retrouve en première ligne. Lundi dernier, Faus a mangé son chapeau et expliqué que « le meilleur joueur du monde mérite la meilleure rétribution du monde», mais le Barça ne se retrouve pas vraiment en position de force. Le nouveau contrat de Cristiano Ronaldo, qui touche 17 M€ net par an au Real Madrid, soit 1 M€ de plus que Messi, oblige déjà le club catalan à surenchérir. Mais les émoluments exorbitants versés par le Barça à Neymar et à la société de son père, dont les détails ont été révélés dans la presse après l’ouverture de l’enquête judiciaire sur son transfert (*), seront un autre moyen de pression entre les mains du clan Messi. Même si le Brésilien est déjà considéré comme la deuxième star du Barça, le club ne peut plus se permettre le moindre signe de défiance à l’égard du quadruple Ballon d’Or (2009-2012), qui reste son meilleur actif.
L'Equipe