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PARIS, MARIAGE BLANC
Le PSG va officialiser, en début de semaine, la nomination de Laurent Blanc au poste d’entraîneur. Une arrivée qui ouvre à Paris un cycle inattendu. Et a priori d’une durée de un an.
Après avoir rêvé aux plus grands noms de managers du football européen pour succéder à Carlo Ancelotti, le PSG s’apprête à annoncer un accord avec Laurent Blanc, une option que le club parisien excluait encore totalement en début de semaine. Libre depuis la fin de son contrat comme sélectionneur de l’équipe de France, au lendemain de l’Euro 2012, l’ancien international doit signer pour deux ans, mais la deuxième saison pourra faire l’objet d’une résiliation à l’amiable.
TOUT RAMÈNE décidément Laurent Blanc à Clairefontaine. L’an passé, au début du mois de juin, il avait alors quitté le Centre technique national pour s’envoler avec les Bleus vers l’Ukraine et un Euro 2012 qui s’achèvera dans la grisaille d’un quart de finale perdu face à l’Espagne (0-2). Le 1er juillet prochain, c’est au « Château » que l’ancien défenseur champion du monde (1998) et d’Europe (2000) accueillera une partie de l’effectif parisien – les joueurs non concernés par les matches internationaux de juin –, alors que le Camp des Loges devrait rester en travaux jusqu’en août.
C’est mardi, au plus tard mercredi, que le PSG devrait officialiser l’arrivée du « Président ». Ce délai ne signifie pas que surviendra, dans l’intervalle, un énième rebondissement dans le feuilleton de l’après-Ancelotti. Un feuilleton entamé le 19 mai, le jour où l’Italien annonçait à Nasser al-Khelaïfi, le président du club, et à Leonardo, le directeur sportif – qui le savait déjà – qu’il entendait rejoindre le Real Madrid.
« L’affaire va se conclure, c’est une certitude, mais il reste quelques détails à régler » , confiait, hier, un proche des négociations. Dans la journée, Leonardo a rencontré Jean-Pierre Bernès. Le Brésilien et l’agent de Blanc ont rapidement évolué vers un terrain d’entente sur les conditions d’un contrat de deux ans, dont la dimension financière serait sensiblement inférieure à celle d’Ancelotti, qui percevait 600 000 € nets d’impôt par mois au PSG.
Rentré à Doha, Nasser al-Khelaïfi n’a même pas pris part aux négociations
Sans banc depuis un an, et pressé d’en retrouver un, Blanc (47 ans) n’était pas en position d’imposer des conditions trop lourdes au PSG. Ni sur le salaire, ni sur le recrutement – qui avait été un terrain de crispations entre Leonardo et Ancelotti –, ni sur la durée du contrat. Le bail qui lui a été soumis permet au club de la capitale d’y mettre un terme à l’amiable dès l’été 2014. Dans un an, le club de Qatar Sports Investments entend toujours recruter un manager au CV plus épais, à commencer par Arsène Wenger, dont le contrat arrivera alors à échéance à Arsenal, comme celui de Fabio Capello… Mardi dernier, avant que la Fédération de Russie n’oppose un veto rigide à son départ, l’Italien s’apprêtait à signer un contrat de deux ans, assorti d’une troisième saison en option…
Dans les mois à venir, Nasser al-Khelaïfi pourrait aussi réactiver la piste menant à André Villas-Boas. En début de semaine, le président du PSG était rentré précipitamment de Doha, pour mener des discussions approfondies avec le manager portugais de Tottenham. Hier, le patron de QSI a regagné le Qatar sans avoir pris part aux négociations sur le contrat de Blanc, qu’il a fini par avaliser, exaspéré par la pile d’échecs accumulés depuis un mois (Wenger, Mourinho, Benitez, Mancini, Pellegrini, Hiddink, Laudrup, Villas-Boas, Capello, Rijkaard).
Blanc va devoir convaincre, en interne comme auprès de l’environnement du club, parce que son aura, après avoir culminé lors du titre bordelais en 2009, est aujourd’hui écornée. Chez les Girondins comme chez les Bleus, à chaque fois que les résultats et l’atmosphère ont décliné, le Gardois n’est jamais apparu en mesure de reprendre le contrôle des événements. Son Euro ukrainien reste assombri par une difficulté à tenir le groupe d’une main ferme et une gestion défaillante des matches contre la Suède (0-2) et l’Espagne.
Si le vécu de « Lolo » en Serie A pourrait lui servir dans l’approche d’un groupe à la culture italienne très marquée, il reste à mesurer son habileté à gérer non plus un vestiaire majoritairement (ou uniquement) français, mais une mosaïque internationale de joueurs, dont les deux figures majeures – Ibrahimovic et Thiago Silva – vivent dans une dimension stratosphérique. Autre question : son pedigree d’entraîneur freinera-t-il – ou pas – les pistes menant à des cibles de classe mondiale (Ronaldo, Rooney, Cavani, Daniel Alves…), soucieuses de contrats en or massif, mais aussi de la crédibilité sportive d’un club ? En se rapprochant de Laurent Blanc, le PSG prend le risque de donner, dans le monde, l’image d’un club qui clame « rêver plus grand » et qui, dans le même temps, se tourne par défaut vers un coach que l’Europe ne s’arrachait pas vraiment. Le temps, désormais, sera le juge de cette alliance inattendue. Pour dissiper les interrogations qui enveloppent son arrivée dans le très particulier contexte parisien, Blanc aura besoin de résultats. Et de séduire en imposant un jeu porté par l’avant. Rien ne dit que sa venue sera vouée à l’échec. Mais si l’affaire devait mal tourner, Leonardo devra se tenir prêt à prendre le banc, une fois sa suspension purgée.
JÉRÔME TOUBOUL
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Boghossian et Barthez dans le staff ?
DEPUIS LEUR EXPÉRIENCE COMMUNE sur le banc des Girondins (2007-2010), poursuivie à la tête de l’équipe de France (juillet 2010-juin 2012), le nom de JeanLouis Gasset (59 ans) est automatiquement accolé à celui de Laurent Blanc. L’ancien entraîneur de Montpellier, de Caen et d’Istres – qui avait été l’adjoint de Luis Fernandez au PSG (décembre 2000-juin 2003) – figurera assurément dans le staff que dirigera l’ancien sélectionneur des Bleus. Un staff où on pourrait retrouver une ancienne figure des champions du monde 1998, Alain Boghossian, lui aussi sans travail depuis l’Euro 2012 et la fin de ses fonctions d’adjoint de Laurent Blanc.
Après avoir récemment prolongé jusqu’en 2015 (avec option pour une saison supplémentaire), Claude Makelele est un autre ancien international attendu aux côtés du « Président ».
Du staff déjà en place, Blanc pourrait conserver deux Italiens : le préparateur physique Giovanni Mauri, qui avait annoncé dans L’Équipe, le 29mai, sa volonté d’aller au bout de son contrat en 2014, malgré le départ attendu de son vieux complice, Carlo Ancelotti, au Real Madrid ; l’entraîneur adjoint Angelo Castellazzi, considéré comme un proche de Leonardo, qui l’avait fait venir à Paris avant la signature d’Ancelotti. À noter que l’entraîneur des gardiens, Gilles Bourges, vient de voir son contrat prolongé jusqu’en 2014 par une clause automatique liée à la qualification duPSGpour la prochaine Ligue des champions. En interne, cependant, sa relation avec Salvatore Sirigu n’est pas décrite comme étant toujours très fluide. Dans ce contexte, Laurent Blanc pourrait être tenté de faire appel à Fabien Barthez, qui est intervenu ponctuellement pendant son mandat à la tête des Bleus. – J. T. (avec H. De.)
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Son agent est en conflit avec celui d’Ibra…
Jean-Pierre Bernès, le conseiller de Laurent Blanc, a assigné en justice Mino Raiola, celui de l’international suédois et de plusieurs joueurs parisiens. Il lui reproche de lui avoir « volé » le milieu Blaise Matuidi, également poursuivi dans cette affaire.
AVEC L’ARRIVÉE prévue au PSG de Laurent Blanc, Jean-Pierre Bernès reprend un peu la main dans la guerre froide que le plus important des agents français se livre avec Mino Raiola. À la suite de la prise de pouvoir des propriétaires qatariens et de Leonardo dans le club de la capitale, il y a deux ans, le fantasque agent de Zlatan Ibrahimovic, de Maxwell et de Grégory Van der Wiel a joué de son influence et progressivement gagné des parts de marché en France, un pays où il ne disposait jusqu’alors d’aucun joueur sous contrat. Récemment, il a ainsi soufflé Étienne Capoue (24 ans), le milieu de Toulouse et des Bleus, à Stéphane Courbis. Mais il a aussi su séduire Blaise Matuidi (26 ans), semble-t-il, qui était pourtant lié par mandat avec Bernès jusqu’au 30 juin. Le milieu international (14 sélections) a dénoncé son contrat avec l’agent français, basé à Cassis, en mars dernier, mais Bernès n’a pas laissé l’affaire sans suite. Il a répliqué devant le tribunal de grande instance de Paris, où il a assigné le joueur et Raiola, auxquels il réclame respectivement 3,5 et 5 M€. L’affaire s’annonce compliquée pour Me Brusa, l’avocat de Bernès. Car l’agent italo-néerlandais, licencié aux Pays-Bas et résident à Monaco depuis 1996, ne signe que très rarement des contrats avec ses joueurs. Ces relations tendues entre les deux agents peuventelles avoir des répercussions sur l’effectif parisien, et notamment affecter les rapports entre Blanc, fidèle à Bernès, et le milieu international ? La situation s’annonce, en tout cas, cocasse.
ALEXANDRE CHAMORET
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1
Laurent Blanc n’avait dirigé, hormis l’équipe de France, qu’un seul club : Bordeaux.
Carlo Ancelotti, pour sa part, avait déjà entraîné cinq équipes avant d’arriver à la tête du club parisien la Reggiana (D 2, 1995-1996), Parme (1996-1998), la Juventus (février 1999-2001), l’AC Milan (novembre 2001-2009) et Chelsea (2009-2011).
1 bis
En trois saisons avec Bordeaux (2007-2010), Laurent Blanc a gagné tous les trophées nationaux possibles, sauf un : la Coupe de France.
Le Gardois a en effet été champion de France (2009) et a remporté la Coupe de la Ligue (2009) comme le Trophée des champions (2008, 2009). Pour son premier match de compétition officielle avec le PSG, champion en titre, Blanc pourrait remporter pour la troisième fois le Trophée des champions en disposant de… Bordeaux, vainqueur de la Coupe de France.
16
C’est le nombre de matches dirigés par Laurent Blanc en Ligue des champions (10 victoires, 2 nuls, 4 défaites), l’objectif avoué des propriétaires qatariens du PSG. Son expérience dans cette compétition, où il s’était hissé en quarts avec Bordeaux en 2010 (1-3, 1-0 contre l’OL), est bien moindre que celle de Carlo Ancelotti qui y a officié à 123 reprises !
23
C’est le nombre de matches d’affilée durant lesquels l’équipe de France n’a pas perdu avec Laurent Blanc comme sélectionneur (de septembre 2010 à juin 2012). Cette série d’invincibilité est la deuxième plus longue dans l’histoire des Bleus, après celle de trente matches établie ar Aimé Jacquet (entre 1994 et 1996).
57 %
C’est le pourcentage de matches gagnés en L 1 par Laurent Blanc en tant qu’entraîneur.
Son bilan en Championnat avec Bordeaux, en 114 matches, est de 65 victoires pour 24 nuls et 25 défaites. À titre de comparaison, celui de Carlo Ancelotti avec le PSG s’élève à 63 % (36 victoires, 14 nuls et 7 défaites en 57 rencontres).
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Les vacances du « Président »
Laurent Blanc a passé une année sabbatique divertissante tournée vers un seul objectif : trouver un club important.
UNE VIE D’OISIVETÉ et de loisirs n’était, a priori, pas le but ultime de Laurent Blanc (47 ans), après son départ de l’équipe de France, le 30 juin 2012. C’est en tout cas le message qu’avait fait passer l’ex-sélectionneur de l’équipe de France (20102012) dans nos colonnes, le 8 mai dernier, lors de l’une de ses deux apparitions médiatiques de l’année. Une déclaration d’amour à son sport mais surtout un appel à candidature : « Je ne vais pas être faux cul : le football me manque, il me manque vraiment. Après, pour ce qui est de l’environnement du football, je ne peux pas en dire autant. Je suis attentif à tout, je regarde beaucoup de matches, je regarde, bien sûr, tout ce qui se passe autour des matches. Et pfff…, le match me manque, le football me manque, le jeu me manque, les joueurs me manquent aussi, mais tout ce bruit autour, non. » Presque un an jour pour jour après avoir quitté ses fonctions chez les Bleus, le voeu du « Président » s’apprête à être exaucé par les dirigeants du PSG, malgré un CV loin d’être en première position sur la pile du bureau du président Nasser al-Khelaïfi. Une aubaine pour celui dont l’année fut aussi riche qu’éclectique.
Ferrari, golf et matches caritatifs
D’abord, l’ancien défenseur international en a profité pour s’occuper de sa famille au Bouscat, dans la banlieue huppée de Bordeaux. Il a aussi pu assouvir sa passion de toujours pour le golf. Plus original, on l’a également vu copilote de son ami Fabien Barthez, à bord d’une Ferrari F 458, à Nogaro, le 11 février dernier, lors d’une séance d’essais pour l’équipe Sofrev-ASP, avec laquelle court l’ex-gardien des Bleus, en GT Tour.
Il a également continué de fréquenter assidûment les hôtels parisiens Bristol et Hyatt, où il a ses habitudes, pour des dîners d’affaires ou entres amis, notamment en compagnie d’une partie des champions du monde 1998. Il a aussi disputé de nombreux matches caritatifs. Un emploi du temps qui lui faisait déclarer, toujours dans cette même interview : « Bref, j’ai eu beaucoup de loisirs. J’en ai bien profité mais ça me suffit. » L’ancien entraîneur des Girondins, champion de France et vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2009, quart-finaliste de la Ligue des champions en 2010, n’a jamais perdu de vue cette priorité de prendre les rênes d’un grand club. Philippe Bergeroo, sélectionneur de l’équipe de France des moins de 18 ans, témoigne : « Pour avoir discuté avec lui ces derniers mois, il a eu beaucoup de demandes variées. mais il ne voulait pas jouer au pompier et reprendre un club en cours de saison. Il voulait repartir sur un projet solide. » Blanc a d’ailleurs entretenu son anglais (il a joué à Manchester United de 2001 à 2003) en prenant des cours intensifs. Une démarche qui en disait long sur sa détermination à retrouver un poste et qui sera forcément utile bien que le vestiaire parisien résonne d’accents beaucoup plus latins.
RENAUD BOUREL (avec A. C.)
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Dilettante, vraiment ?
Malgré des résultats à Bordeaux et avec les Bleus, l’ancien défenseur, à qui son manque d’implication est parfois reproché, a eu du mal à trouver un poste cet été.
ENFIN, la porte s’est entrouverte... Que devait penser Laurent Blanc quand son nom n’apparaissait pas dans des listes de clubs en quête d’entraîneurs ou quand il a vu Rudi Garcia s’asseoir sur le banc de l’AS Rome ?
D’où provenaient ces difficultés alors que son bref passé d’entraîneur dit beaucoup d’un début de réussite professionnelle , En trois saisons à Bordeaux (2007-2010), il a décroché un Championnat (2009), une Coupe de la Ligue (2009) et un quart de finale de Ligue des champions (2010) après être sorti en tête d’un groupe comprenant la Juventus et le Bayern. Les derniers mois d’une chute girondine (*), même vertigineuse, peuvent-ils effacer tout ça ? Il a ensuite redonné le sourire à une équipe de France qui sortait du traumatisme de Knysna en la qualifiant pour l’Euro 2012 en Ukraine et en Pologne.
Après deux défaites d’entrée, liées aussi aux absences de certains joueurs sanctionnés à la suite des événements en Afrique du Sud, il a enchaîné une série de 23 matches sans revers avant d’être battu par la Suède (0-2) lors de l’Euro 2012, peut-être son plus gros échec à la tête de la sélection. L’élimination en quarts de finale contre l’Espagne (0-2), future championne d’Europe, n’étant pas vraiment infamante. « L’homme m’a plu, son adjoint (Jean-Louis Gasset) aussi. Blanc inspire la confiance. Il est posé, calme, sûr de lui. C’est un homme de dialogue mais qui sait être ferme », affirme Jean-Louis Triaud, le président de Bordeaux.
Blanc (47 ans) traîne pourtant une image de dilettante. À Bordeaux, il avait banni le décrassage, s’octroyait parfois deux ou trois jours off après un match. Il n’était pas nécessairement le premier arrivé et rarement le dernier parti. En bleu, le président de la FFF Noël Le Graët lui reprochait de ne pas être joignable. Sous-entendu : il était trop peu présent et pas assez travailleur. Dominique Dropsy, son ami et adjoint comme entraîneur des gardiens aux Girondins, s’insurge :« Mais non ! Avec Jean-Louis Gasset, ils bossaient. Laurent connaît parfaitement le foot et il insistait sur le jeu. Pendant les mi-temps, il savait trouver les ajustements. Il avait des analyses justes et ne laissait rien au hasard. C’est l’un des plus grands entraîneurs que j’ai connus. »
Un de ses formateurs : « S’il était resté en équipe de France, il aurait fait le ménage. »
Pourquoi donc ce décalage entre des résultats probants et une image froissée ? Florian Marange, son ancien joueur (2007-2009), décrypte un fonctionnement qui laisse une grande place à son adjoint. Voilà peut-être un début de réponse. « Il est davantage un manager à l’anglaise. Il planifie les séances avec Jean-Louis Gasset mais c’est Gasset qui les anime, explique le défenseur bordelais. Sur le terrain, Blanc intervient seulement ponctuellement pour corriger quelques détails. À la vidéo, c’est Gasset qui parle davantage. À la causerie, Blanc donnait généralement l’équipe et quelques consignes mais Jean-Louis parlait aussi beaucoup plus que lui. En fait, Blanc, c’est le cerveau, et Gasset, les jambes. »
Jean-Pierre Karaquillo, directeur du centre de droit et d’économie du sport de Limoges, où Blanc a étudié (diplôme de manager sportif entre 2003 et 2005), dépeint un autre personnage, tout en nuance. Ses propos ont du poids pour comprendre le développement personnel du « Président. » « Ànotre première rencontre, il m’a dit : “Je ne veux pas être entraîneur mais manager.” Il a un peu évolué dans sa manière de voir, notamment en discutant avec Wenger. Il a payé son manque de communication avec l’environnement proche, c’est-à-dire les dirigeants. Mais ces histoires de téléphone, ce sont des prétextes. On peut aussi lui reprocher le fait d’avoir donné sa confiance à des gens qui ne la méritaient pas. Mais il ne juge jamais sur des réputations. Il a tiré les leçons de son passage à la tête de l’équipe de France et de l’Euro. S’il était resté, il aurait fait le ménage. »
Triaud, qui l’a côtoyé au quotidien, déchire aussi cette réputation d’un Blanc peu enclin à s’investir. Il assure même : « Président d’un autre club, je prends Laurent Blanc sans aucune inquiétude, sans stress, à l’aise et détendu. Il savait ce qu’il voulait. Je ne l’ai jamais vu tâtonner.»
Un tour à la DTN confirme les impressions générales. Philippe Bergeroo, ancien entraîneur du PSG (mars 1999-décembre 2000), a formé Laurent Blanc pour le diplôme d’entraîneur professionnel. Il raconte un homme investi dans son travail et comprend mal ces reproches sur son manque de poigne lors de la phase finale de l’Euro en Pologne et en Ukraine avec des jeunes (Ben Arfa, Ménez, M’vila…). Bergeroo, qui s’occupe de la sélection des moins de 18 ans, rappelle la difficulté de gérer les nouvelles générations. Il souligne surtout : « Les stars respectent le passé de grand joueur des entraîneurs. » Donc Ibra et les autres devraient le respecter. Blanc a aujourd’hui une magnifique occasion de faire taire les sceptiques.
BAPTISTE CHAUMIER et HERVÉ PENOT (avec L.L.)
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Il s’est déjà frotté à « Leo » …
LYON, STADE DE GERLAND, 3 JUIN 1997. – Devant Zinédine Zidane, Laurent Blanc tente de chiper le ballon à Leonardo lors du Tournoi de France (1-1), un an avant le triomphe des Bleus à la Coupe du monde face au Brésil (3-0). Si Blanc, suspendu, a raté cette finale, « Leo », lui, avait été remplacé à la pause par Denilson. Le futur entraîneur et le directeur sportif du Paris-SG se sont aussi affrontés en Serie A : le défenseur français portait alors les couleurs de l’Inter (1999-2001) et le milieu brésilien celles de l’AC Milan (1997-2001).
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Lizarazu : « La chance tourne ! »
Bixente LIZARAZU (champion du monde et d’Europe avec Laurent Blanc) : « La chance tourne ! En juillet 2012, alors qu’il aurait mérité de continuer sa mission de sélectionneur des Bleus, cela ne s’était pas fait pour diverses raisons. Là, il n’était pas forcément en tête de liste et il a finalement cette formidable opportunité de pouvoir entraîner le PSG (sa nomination devrait être officialisée en début de semaine). À lui de la saisir. Je neme fais pas trop de soucis pour lui au niveau de la gestion d’un effectif plein de stars. Son immense vécu de joueur, au Barça, à Manchester United ou à l’Inter, ce n’est pas rien ! La plus grosse difficulté, à Paris, sera plutôt de gérer ce qui se passe au-dessus, avec Leonardo (le directeur sportif) et, surtout, les dirigeants qatariens. On l’a bien vu pour Carlo Ancelotti. Sur le plan du jeu, avec cette très grande pression, il aura forcément moins de temps qu’à Bordeaux pour mettre en place ses idées. Il devra faire preuve d’un certain pragmatisme. N’oublions pas qu’Ancelotti avait mis un an pour trouver la bonne formule... »
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Le Graët : « C’est un recrutement qualitatif »
DANS NOS COLONNES, le 11 juin, Noël Le Graët, qui s’était séparé de Laurent Blanc dans le sillage de l’Euro 2012, avait indiqué : « Je serai soulagé le jour où il trouvera un club. » Hier, le président de la FFF a donc réagi positivement au nouveau challenge de l’ancien technicien bordelais. « Il a bien fait d’attendre. C’est une belle opportunité pour lui. Tous les entraîneurs feraient la queue pour être à sa place et diriger une grande équipe dans un grand club. C’est un recrutement qualitatif pour le PSG. Et puis, avoir un entraîneur français à la tête du PSG, c’est une bonne chose pour l’image aussi. »
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Ancelotti n’a plus qu’à signer
ANNONCÉE depuis plusieurs semaines, la venue de Carlo Ancelotti (54 ans) au Real Madrid n’est plus qu’une question d’heures. Et même si le dossier a traîné en longueur, personne au sein du club vice-champion d’Espagne n’a douté que les difficultés du PSG à trouver un entraîneur puissent perturber son dénouement. L’arrivée prévue de Laurent Blanc à Paris soulage toutefois ceux qui commençaient à trouver le temps long. Les Merengues reprendront l’entraînement le 15 juillet et ne pas pouvoir annoncer le nom du nouveau technicien avant la fin du mois de juin aurait constitué un problème.
Le Real attend maintenant de pouvoir finaliser l’accord verbal que les deux présidents, Florentino Pérez et Nasser al-Khelaïfi, ont passé la semaine dernière au téléphone. Jusqu’à présent, les négociations se sont déroulées dans une grande sérénité. Madrid va donc verser 4,5 M€ au PSG pour racheter la dernière année de contrat d’Ancelotti, et une partie de cette somme correspondrait à la recette de deux matches amicaux opposants les deux clubs. D’ailleurs, fruit du hasard, une première rencontre avait déjà été programmée il y a longtemps, le 27 juillet, à Göteborg (Suède). Même si le Real va annoncer très vite l’arrivée de « Carletto » sur son banc, le contrat ne sera signé que le 3 juillet. Àpartir de cette date, la charge fiscale sur le salaire de l’Italien passera de 52 % à 24 % (voir L’Équipe du 19 juin). – F. He.
l'Equipe