La fin dans le carton


J'ai eu très peur au début de me faire chier pendant plus de 2h. Sokurov alterne entre discussions métaphysiques (le corps, l'âme, tout ça) et diatribes rébarbatives qui lassent rapidement, on a du mal à se faire à ce 4/3 par moment très déformé. Le film décolle vraiment à partir de la scène des bains (avec l'apparation de la magnifique Isolda Dychauk, déjà vu dans la série Borgia). Tout ce qui a été dit avant est alors transcendé par le cinema de Sokurov, porté par l'incroyable photo de Delbonnel et une véritable gestion de "l'arrière plan" (hallucinant tout ce qui se peut passer à l'image au delà de l'action principale).

On retrouve l'incroyable inventivité de Sono Sion, son univers féroce, avec cette descente aux enfers où sont révélées les pires perversités de l'homme. Jouant avec les couleurs et les filtres, le film verse parfois un peu trop dans la caricature et se répète dans sa narration, mais le final en forme d'apothéose finit par emporter le morceau.

On le savait déjà, mais Johnnie To est l'un des meilleurs metteurs en scène lorsqu'il s'agit d'utiliser le cadre, le rythme et l'espace pour faire ressortir ce que ressentent les personnages. Doté d'un montage astucieux, le film se révèle pourtant beaucoup moins passionnant que ce qu'il aurait du être, la faute à son univers bien trop froid et à son intrigue autour de la bourse bien trop classique. On préfère définitivement lorsque les personnages sortent les flingues.