Citation (Le Cyclone @ 13/11/2013 14:50)

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De rien.
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MÉNÈS, DERRIÈRE L’ÉCRAN
Le journaliste de Canal+ est devenu une personnalité du foot français, adorée ou honnie. Rencontre avec un homme assumant tout, sauf les étiquettes qu’on lui colle.
IL A DONNÉ RENDEZ-VOUS dans son appartement, à Saint-Cloud, banlieue chic de Paris. De chez lui, on pourrait voir la tour Eiffel, mais le bâtiment d’en face bouche la vue. À la place, on a le son des voitures et le reggae de la chaîne hi-fi du voisin. « Comme tu vois, c’est très ostentatoire» , glisse-t-il avec une pointe d’ironie, en montrant son trois-pièces sans luxe. Et toc pour sa réputation de bling-bling, qu’on voit aux soirées, costard et chaussures de marque, grosse montre au poignet…
Ce genre de phrases pas si innocentes, c’est un truc qui reviendra souvent au cours des deux rencontres et quatre heures de discussion avec Pierre Ménès. Elles sont malicieuses et directement destinées à tordre le cou aux ondit et aux critiques qui l’entourent. Il assure que «non» , il n’est pas dans un défi vis-à-vis de ses détracteurs, mais il se place souvent dans la peau du duelliste. Au premier rendez-vous, il se lance ainsi d’emblée dans une longue justification sans qu’on lui ait encore posé de questions sur les thèmes qu’il aborde. Ménès-qui-dézingue-tout ? « Je suis beaucoup plus proche des gens du foot que ce que le public peut croire. » Ménès-qui-la-ramène-trop ? « Je ne parle pas plus fort qu’avant, simplement, on m’écoute plus. » Ménès-le-méchant ? « Ceux qui meconnaissent savent que je suis foncièrement gentil, et plutôt sensible.»
Ce réflexe de défense est sans doute en partie lié au moment de la rencontre : deux jours après les déclarations de Patrice Évra dans Téléfoot. Dans la polémique, le consultant du Canal Football Club a été prié de s’expliquer sur son travail. Surtout, il a été confronté aux attaques. « Je me dis que c’est le prix à payer à une certaine notoriété et être un personnage clivant.» Alors, il accepte. Mais l’ouverture d’esprit a ses limites, et il n’apprécie pas toutes les étiquettes qu’on lui colle. Illustration :
«Quel bac as-tu passé ? lui demande-t-on.
– L.
– L ? a-t-on répondu (bêtement) surpris. C’est marrant…
– Pourquoi marrant ? », réplique-t-il sur un ton un peu sec, soupçonnant que ce mot insinuait qu’on ne le pensait pas raffiné, ou pas vraiment spécialiste de la langue française, en bref « beauf », comme il est parfois qualifié.
Dans ceux qui le brocardent ainsi, Ménès voit l’ombre de « l’intelligentsia» et «les journalistes qui se croient plus intelligents que les autres parce qu’ils emploient des mots compliqués». Ce sont presque les mots d’un homme politique, plaçant ses ennemis dans l’élite, se mettant implicitement du côté du « peuple ». Il a un avantage : il sait que le « peuple » du foot, s’il n’est pas toujours d’accord avec lui, le suit au moins largement. Deux millions de personnes, en moyenne, sont devant le CFC chaque dimanche soir.
Si Pierre Ménès n’est pas celui que l’on brocarde, qui est-il ? À L’Équipe, où il a passé vingt et un ans, on raconte le côté déconneur de «Pierrot» , son culot qui lui fait dire « tout à n’importe qui» , sa BMWalors qu’il n’était que pigiste, sa gentillesse, son respect pour les femmes. On parle aussi d’un type parfois hautain, aimant la lumière, de blagues misogynes. Alors ? Alors, Pierre Ménès apparaît chaleureux, nature, direct. Il est satisfait de lui-même et de sa vie, mais plein d’autodérision, aussi. «Tu crois que l’humour est contenu dans la graisse ? » interroge-t-il soudainement. « Des gens me disent de ne pas maigrir, sinon, je ne vais plus être drôle.» Au passage, on comprend que la question de son physique n’est pas un tabou et « pas un complexe» .
Ancien escrimeur dont la patte gauche agaçait ses adversaires, ce fils d’un assureur et d’une prof d’anglais a pris du poids après un accident de la circulation qui lui a cassé le fémur et le poignet, à quinze ans. Au deuxième rendez-vous, il accueille chez lui en short et tee-shirt manches longues, pieds nus. « Je ne me vois pas gros, lance-t-il. On me le rappelle souvent pourtant…» Les moqueries ne lui donnent surtout pas envie de ne plus faire de l’antenne. S’il a perdu vingt-cinq kilos depuis 2010 – « je suis passé d’obésité morbide à obésité souriante» –, ce n’est pas pour mieux apparaître, mais pour sa santé. Il a déjà eu des alertes, et il vient d’avoir cinquante ans, un âge qui, souligne-t-il, le rapproche de celui du décès de son père, à cinquante-trois ans, d’un cancer du foie. «Il m’adorait. J’aurais tellement voulu qu’il voie ça . » Lui veut voir grandir ses deux enfants.
En fait, il y a une constante chez Pierre Ménès : il est franc et s’assume tel qu’il est, même quand ça ne fait pas très tendance ou un peu flambeur. Son rapport à l’argent ? Être le journaliste sportif le mieux payé de France le flatte et il raconte spontanément sa «fierté» de s’être payé une Porsche « avec le fruit de [s]on travail. Mais je ne l’ai gardée que six mois, j’avais foutrement mal au dos là-dedans. » Son glissement vers le show-biz ? «J’appartiens déjà au show-biz, corrige-t-il. L’autre jour, j’ai envoyé un texto à Marc Lavoine (1) pour le féliciter de sa série sur TF 1.» Ses votes pour Nicolas Sarkozy dans un milieu, le journalisme, plutôt à gauche ? Il aurait préféré François Bayrou s’il ne le trouvait pas « le plus opportuniste de tous » et, surtout, il n’aime pas une certaine France intellectuelle, «on peut dire gaucho», pour la bonne raison qu’il ne « faut pas jouer les pauvres quand on est plein de sous ». Son idée de la réussite ? À l’inverse d’un courant intello qui ne lui
[...]
mimiques font son succès (ou exaspèrent) autant que ses analyses. « Faire rire» est l’un de ses bonheurs. Au Club Med, où on l’a embauché après une semaine de vacances au village de Pompadour (Corrèze), alors qu’il avait dix-sept ans, il s’est déguisé en flamant rose dans un lac du Sénégal où il a chanté Acropolis adieu de Mireille Mathieu devant plus d’un millier de personnes. « J’ai un côté formidablement cabot», revendique-t-il, à la fin d’une anecdote de son adolescence où [...]