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Les pitres au piquet ?
L’éviction de Julien Cazarre du « Canal Football Club » illustre la difficulté de trouver une place à l’humour dans les émissions de foot.
DIMANCHE, les fidèles du Canal Football Club (CFC) de Canal + ne connaîtront pas les « 3 bonnes raisons de regarder... » la rencontre OM-Metz, diffusée après l’émission. La rubrique de Julien Cazarre, fausse bande-annonce du match sur des images détournées par le trublion, a rejoint la liste des séquences à but caustique – « la Fan Girl », « l’Envoyé un peu spécial» Georges Dominique… –, zappées du CFC depuis sa création en 2008. « Dans la première partie, on a déjà La Grande Surface mais c’est plus compliqué d’intégrer une pastille humoristique au coeur du CFC où on parle sérieusement de foot » , indique Karim Nedjari, directeur des magazines des Sports de Canal +. L’échec de Cazarre au CFC tranche avec le succès de L’Abonné 93 227, sa chronique potache dans J+ 1, le lundi soir sur Canal + Sport. « L’humour de Julien y est plus approprié car l’émission est dans le pas décalé, c’est un laboratoire où on dédramatise les choses en rappelant que ce n’est que du foot, poursuit Nedjari. J+1, c’est le Point-Virgule (*), les gens viennent pour rigoler ; le CFC, c’est la grand-messe, le public vient pour voir les buts. »
DIDIER ROUSTAN, LE PIONNIER
Autre grand-messe dominicale, Téléfoot sur TF1 a choisi comme espace détente le Fastfoot, un zapping d’images insolites repérées par Jérôme Vitoux et Frédéric Calenge. « Le dimanche matin, on veut apporter du sourire, explique le producteur Jérôme Saporito. Téléfoot, c’est surtout de l’image, c’est logique que la partie détente pure passe aussi par l’image. » Mais l’émission, qui avait fait des appels du pied à des humoristes pour un billet d’humeur (dont Cazarre), dispose aussi de son laboratoire : MyTELEFOOT. Cette prolongation sur le Net fait la part belle à l’humour avec les Mythos, un duo d’imitateurs ou les vannes de Tony Saint-Laurent, issu du Jamel Comedy Club. Et Saporito n’exclut pas que ces ballons d’essai passent, un jour, du Web à l’antenne.
En revanche, le Club de beIN Sports a abandonné le champ humoristique. Après une saison, il a mis au clou Objectif Ligue 1 , mini-série appliquant les codes du foot pro à une équipe de Troisième Division de District, entraînée par un José Mourinho à la petite semelle (campé par l’incontournable Cazarre). Si la chaîne ne commente pas cet arrêt, Cazarre a sa petite idée. « Je pense que les Qatariens ne comprenaient pas. Déjà que je suis en décalage avec le CFC, imaginez avec beIN Sports ! La chaîne n’a pas le background de Canal + pour se permettre de délirer sur le foot. »
L’humour permet aussi de se démarquer de la concurrence à moindre frais pour des chaînes en manque d’images. L’Équipe TV fut une pionnière en ce domaine à l’orée des années 2000 avec Enfin du Foot que Didier Roustan n’hésita pas à présenter avec un poulpe sur la tête. L’Équipe Type (L’Équipe 21, tous les jours, 18h15) s’inscrit dans cette veine. « On se veut une émission divertissante, mêlant débats et sketches » , revendique son présentateur, Jean-Christophe Drouet. Tournée en décors naturels au septième étage du siège de L’Équipe, la rubrique Au p’tit coin y joue à fond la carte de l’autodérision : Stephen Emarin propose sa relecture originale du journal aux toilettes, traquant les bon mots essaimés dans le Pastille humoristique de L’Équipe 21, la rubrique « Au p’tit coin » propose une relecture iconoclaste de « L’Équipe », signée Stephen Emarin. quotidien, ou détournant certains titres d’articles.
Paradoxalement, Vincent Couëffé, qui s’appuyait largement sur la gaudriole dans 100 % Foot sur M 6 (en 2011, il lança à la télé Julien Cazarre qui croquait un portrait désopilant de l’invité dans La Commission de discipline), s’est recentré sur l’aspect sportif dans 100 % Ligue Europa, sur W 9. «À l’époque, l’humour servait un peu de cache-misère, reconnaît-il. On avait peu d’images, on était programmé à minuit, il fallait donc apporter un ton différent pour attirer les gens. Aujourd’hui, on a les droits. La priorité c’est de montrer tous les buts.»
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« Je suis un beauf comme les autres »
Entre Julien CAZARRE et le ballon rond, c’est l’humour foot.
« POURQUOI n’intervenez-vous plus dans le “Canal Football Club” ?
– Je ne m’y sentais pas à ma place. Dans J+1, c’est plus décontracté, tu n’es pas regardé par deux millions de personnes. La même blague, tu la fais à J+1, ça passe ; tu la fais au CFC, quinze millions de mecs twittent : ‘‘ C’est un scandale, pendez-le !’’ À Canal +, ils font une émission populaire en clair avec le CFC, ce n’est pas pour se faire insulter… Moi, j’aime bien me faire insulter, mais c’est mon délire.
C’est difficile de faire de l’humour dans un magazine de foot ?
– Aujourd’hui, je ne pense pas. Pierre Ménès a apporté un vrai côté corrosif aux émissions de foot. Pendant des années, à la télé, on vendait le football comme une voiture : ‘‘Regardez mon Nice-Guingamp, il est beau !’’ Pas un mec n’osait dire : ‘‘C’est quand même une purge, ce match.’’ Aujourd’hui, on assume et on peut déconner.
Avant Canal +, vous êtes passé par M6 et beIN Sports. TF 1 vous avait aussi contacté… Comment expliquez-vous que les chaînes s’arrachent votre humour ?
– Peut-être parce qu’il y a peu d’humoristes calés sur le foot. Beaucoup n’aiment pas ce sport, donc leurs blagues ne passent pas pareil auprès des fans. Moi, je suis un ‘‘geek’’ de foot depuis que j’ai cinq ans. Si les gens se marrent, c’est parce qu’ils voient que je ne regarde pas le foot de haut, je suis un beauf comme les autres. »
c’est plus compliqué d’intégrer une pastille humoristique au coeur du CFC où on parle sérieusement de foot »Why so serious? "L'esprit canal". C'est du foot p****.... Lachez vos costards avec vos cravates skinny et arretez de vous prendre pour je sais pas quoi. Tous ces moutons qui ont Denisot en idole.