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Déjà au coeur de l'affaire Armstrong-US Postal, le Docteur Michele Ferrari risque encore très gros, suite aux révélations faites par la Gazzetta dello Sport ce jeudi. Cette fois-ci, ce n'est plus réellement le septuple vainqueur du Tour et l'équipe américaine qui sont concernés, mais le médecin transalpin est lui dans de beaux draps. Le papier rose italien titre son corpulent article du jour "Le Système Ferrari", et il y a de quoi dire. Tout d'abord, et pour situer la chose, la Gazzetta affirme sans exagération qu'il s'agit de "la plus grande enquête de dopage dans l'histoire du sport, bien au-delà de l'Opération Puerto". Cette enquête, elle n'est inconnue de personne, puisqu'elle découle directement de celle de Padoue et de son procureur, Benedetto Roberti. Cela fait deux ans qu'elle dure, et un résultat est sur le point d'aboutir concrètement. La Gazzetta en dévoile les grandes lignes dans son édition du jour.
Après plus de deux ans d'enquête donc, ayant permis de réunir plusieurs milliers de documents, rapports, écoutes téléphoniques, perquisitions, relevés banquaires, ou autres, un vaste réseau d'évasion fiscale, de financement de dopage, de contrebande mais aussi de blanchiment d'argent a été mis en lumière. Tout ce réseau était coordonné par le "Docteur" Michele Ferrari, au-dessus de la pyramide, aidé par son fils, Stefano Ferrari ainsi que l'agent Raimondo Scimone, deux dirigeants des banques de Locarno et de Neuchâtel ainsi que de l'avocat suisse Rocco Taminelli. Ce système de fraude aurait impliqué une vingtaine de coureurs et athlètes, et tout autant d'équipes professionnelles. Si l'on en croit la Gazzetta dello Sport, le chiffre d'affaire résultant de ce réseau de grande ampleur atteindrait les 30 millions d'euros. Rien que ça. Tout cela découlant de contrats et de paiements totalement secrets.
Au-delà de son rôle désormais connu de docteur pratiquant le dopage, Michele Ferrari était également, en quelques sortes, un mafieux. Ce réseau permettait notamment aux coureurs d'éviter de payer des impôts trop élevés. Pour ce faire, l'argent n'était pas versé sur leurs comptes italiens, mais sur des comptes à Gibraltar, à Monte Carlo, en Suisse ou encore en Amérique du Sud ! Les coureurs signaient alors de faux et illégaux contrats d'images, dont l'UCI n'avait pas connaissance, et qui leur permettaient donc de blanchir l'argent. La compagnie T&F Sport Management, basée à Monte Carlo, aurait alors permis aux coureurs et aux personnes concernées de valider les faux contrats d'image. Ainsi, impôsés à un taux très bas, les clients pouvaient alors payer le Dr Ferrari pour ses services.
Plus stupéfiant encore, certaines des clauses conclues entre les coureurs et les organisateurs du réseau. Selon les enquêteurs, un partenariat transnational enrichi par le dopage aurait été mis en place, et Michele Ferrari et ses associés proposaient à leurs clients un "pack de services complet" (all-included), comprenant l'élaboration des contrats, l'entraînement, l'approvisionnement en produits dopants mais aussi l'assistance juridique en cas de contrôle positif ou de procédure disciplinaire. La Gazzetta révèle que le but de ce système était "d'augmenter artificiellement la performance des athlètes, afin que leur engagement reste en vigueur et permette ainsi l'augmentation des honoraires des professionnels qui se consacraient à leurs soins."
A noter que la ville de Saint-Moritz, en Suisse, aurait été une base primordiale pour le docteur Ferrari dans la construction de ce réseau, puisqu'il y aurait vu passer nombre d'athlètes et de coureurs, à qui il fournissait ses produits et expliquait les démarches à entreprendre pour blanchir l'argent. Quoiqu'il en soit, les pratiques dopantes ajoutées aux différentes fraudes fiscales consolident l'idée selon laquelle le monde du cyclisme, et du sport en général, est sous "la menace d'un tsunami" selon le quotidien italien. Un tsunami qui devrait intervenir à la fin du mois, date approximative de la conclusion du dossier.
Dans ce dossier, quelques noms, mais aussi quelques équipes sont citées. Ainsi, on retrouve des comptes banquaires liés aux noms de Michele Scarponi, Denis Menchov, Alexander Kolobnev, Vladimir Gusev, Vladimir Karpets, Mikhail Ignatiev, Eugeni Petrov ou encore Alberto Ongarato. Mais des équipes entières comme celles d'Astana et de RadioSchack sont aussi citées. Par ailleurs, entre 2008 et 2011, une vingtaine d'autres équipes auraient également bénéficié de ce système de blanchiment d'argent, d'évasion fiscale, via signatures de faux contrats : Liquigas, Lampre, Colnago, Geox, Androni, Katusha, Quick Step, Farnese Vini, Acqua&Sapone, Astana, Radio-Shack, Vacansoleil, Isd, Csf, Lpr, Diquigiovanni, Tinkoff, Rabobank, Gerolsteiner ou encore Milram.
A noter que le concernant, Ferrari aurait blanchi l'argent à l'aide de son site internet, 53x12.com. Enfin, pour résumer, le sulfureux docteur italien est sous le coup d'une procédure pour "association de malfaiteurs, contrebande, vente, administration et utilisation de produits dopants, évasion fiscale et blanchiment d'argent." Difficile de voir comment il pourrait, cette fois, s'en tirer. Rappelons qu'en 2006, Ferrari avait été acquitté en appel.