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La ligne A du RER et ses spécificités sont au coeur d'un conflit social qui s'enlise
Les usagers de la ligne A du RER vont devoir s'armer de patience pendant plusieurs jours. La grève des agents de conduite, qui a débuté jeudi 10 décembre, se poursuivra au moins jusqu'à mardi matin 15 décembre. Samedi et dimanche, les trains ne devaient circuler qu'entre 10 heures et 20 heures, à raison d'une rame sur deux sur le tronçon La Défense-Nation et une rame sur quatre en dehors de ce segment. Les Galeries Lafayette, qui reçoivent environ 200 000 clients par jour pendant cette période des fêtes, ont salué "l'initiative" de la RATP d'assurer "un service garanti (...) afin de desservir les grands magasins". Les prévisions pour lundi n'était pas encore disponibles samedi en fin de journée.
La CFDT, la CGT, FO, les Indépendants, SUD et l'UNSA avaient appelé à cesser le travail pour obtenir une prime de 120 à 150 euros par mois. A l'heure actuelle, le salaire des 550 conducteurs de la ligne A oscille entre 2 200 et 2 700 euros bruts par mois, auxquels s'ajoute une prime mensuelle de 660 euros en moyenne, d'après une porte-parole de la RATP. Vendredi, des représentants du personnel ont rencontré la direction, mais la discussion n'a permis aucune avancée.
Pourquoi le conflit ne concerne qu'une partie du réseau ? Plusieurs syndicalistes mettent en avant les "spécificités" de la ligne A, coexploitée par la RATP et la SNCF (tout comme la B, tandis que les lignes C, D et E sont gérées exclusivement par la SNCF). Sur cet axe, qui traverse l'Ile-de-France d'est en ouest, le trafic a fortement augmenté - d'environ 20 % en dix ans, d'après Philippe Martin, directeur général adjoint de la RATP, en charge des opérations transport et maintenance. Aujourd'hui, elle est l'une des plus fréquentées au monde, avec quelque 286 millions de personnes transportées en 2007.
PROBLÈME DE "SURCHARGE"
Résultat : une hausse des incidents techniques et des voyageurs à bout de nerfs qui s'invectivent, font des malaises ou s'en prennent aux salariés de la RATP, explique Thierry Babec, délégué syndical central UNSA. Outre la dégradation des conditions de travail, les conducteurs souhaitent une prise en compte de la complexité accrue de leurs tâches, liée au fait qu'ils utilisent alternativement "quatre types de matériels différents", indique Eric Nabet, de la CGT.
D'autres considérations, plus conjoncturelles, ont pu jouer dans le mouvement en cours. Secrétaire général de la CFTC-RATP, Laurent Pouille souligne que les conducteurs de la ligne B ont finalement obtenu un relèvement de leur rémunération d'environ 180 euros par mois, après plusieurs jours de grève en novembre. Le conflit avait éclaté à propos de l'entrée en vigueur de "l'interopérabilité" qui permet au RER B d'être conduit par un même agent d'un bout à l'autre de la ligne (ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent puisqu'une relève s'effectuait en gare du Nord). Voyant que leurs collègues de la ligne B avaient bénéficié d'un coup de pouce, les conducteurs de la ligne A ont voulu obtenir leur part du gâteau, estime M. Pouille.
Pour l'UNSA, les contraintes propres à la ligne A ne doivent toutefois pas faire oublier que l'ensemble du réseau du RER est confronté à des problèmes de "surcharge". La mise en place du "plan d'entreprise" s'est traduite par des suppressions de postes et d'"importants efforts de productivité" qui se sont répercutés sur le travail de tous les agents, relève M. Babec.
Aujourd'hui, la RATP considère que les revendications des grévistes ne sont pas "accessibles". Les syndicats, eux, reprochent à la direction d'être fermée au dialogue. Certains la soupçonnent même d'obéir à des consignes de fermeté dictées par le gouvernement.
Un blocage plutôt inhabituel pour cette entreprise où la conflictualité est moins importante que chez les autres transporteurs de voyageurs : d'après une porte-parole de la RATP, le nombre de jours de grève par salarié a été toujours été inférieur à celui de l'ensemble de la profession depuis six ans - excepté en 2007, à cause des arrêts de travail motivés par la réforme des régimes spéciaux de retraite. "La RATP donnait des leçons de dialogue social, elle va devoir retourner à l'école", ironise M. Babec.
Le Monde.fr
550 personnes assez confortablement payées qui bloquent et empoisonnent la vie de dizaines de milliers de personnes pour une revendication assez difficile à comprendre... Perso l'égoïsme je le vois bien d'un côté