A cause de sa bourde contre Lyon il y a dix jours, Kevin Trapp a perdu le soutien du public du Parc des Princes, qui a applaudi chaleureusement Salvatore Sirigu mercredi dernier contre Saint-Etienne. Les supporters parisiens ont-ils raison de préférer l'Italien à l'Allemand ? Réponse en statistiques. (Spoiler : un des deux gardiens est largement supérieur à l'autre...)Kevin Trapp a vécu une fin d’année 2015 difficile au Parc des Princes. L’Allemand a été chambré lors de son dernier match à domicile, contre l’OL en Ligue 1, suite à son erreur face à Jordan Ferri. Titulaire trois jours plus tard en Coupe de la Ligue contre Saint-Etienne, toujours au Parc, Salvatore Sirigu a eu droit à des applaudissements nourris de la part du public parisien, qui s’est extasié à chacune de ses interventions, même les plus aisées.
Dans le duel entre les deux gardiens, les supporters du PSG ont clairement pris fait et cause pour l’Italien. Ont-ils raison de préférer l’ancien titulaire au nouveau, acheté 9,5 millions d’euros à l’Eintracht Francfort cet été ? Afin de répondre à cette question et de savoir qui de Sirigu ou de Trapp était le plus fort, nous avons comparé leurs performances en 2015. Les six premiers mois de l’année pour Sirigu, les six derniers pour Trapp.
Kevin Trapp commet plus de boulettes...Le public parisien reproche à l’Allemand ses nombreuses boulettes depuis le début de la saison. Il en est déjà à quatre, en vingt-quatre matches toutes compétitions confondues. Trois en Ligue 1 et une en Ligue des champions. Si sa dernière, la faute de main sur une frappe lointaine de Jordan Ferri, n’a pas eu de conséquence sur le résultat (le PSG s’est imposé 5-1 contre l’OL), les trois autres ont été plus fâcheuses. Il a fait perdre deux points au PSG contre Bordeaux le 11 septembre (2-2), avec sa faute de main - déjà - sur une tête de Saivet, alors que le ballon lui venait quasiment dessus, et sa relance contrée par Khazri.
Il a surtout coûté au club parisien sa première place dans le groupe A en Ligue des champions, avec une sortie hésitante contre le Real Madrid le 3 novembre (0-1) dont a profité Nacho. A sa décharge, on peut arguer que la seule défaite du PSG cette saison aurait pu être évitée si les attaquants n’avaient pas été aussi maladroits pendant ce match, largement dominé par les joueurs de Laurent Blanc.
Depuis le début de la saison, Kevin Trapp n’a encaissé que neuf buts en dix-huit matches de Ligue 1. Un total qui pourrait être encore plus faible sans ses trois erreurs...
Salvatore Sirigu, lui, en avait pris plus du double. Et en jouant moins : vingt-trois en seize rencontres ! Il faut dire que le nombre d’arrêts par match et le pourcentage de tirs cadrés arrêtés est largement à l’avantage du titulaire actuel. Quand Sirigu en faisait 1,8 par match et arrêtait 65,1% des frappes adverses, Trapp en effectue 2,5 et, surtout, arrête 83,3% des tentatives adverses ! Les deux hommes ont pourtant subi quasiment autant de tirs cadrés par match (3 pour l’Allemand, 2,7 pour l’Italien). L’ancien joueur de Francfort a également réussi deux fois plus de clean sheets que son concurrent. Il a gardé sa cage inviolée à dix reprises.

En Ligue des champions, c’est un gouffre qui sépare les deux hommes. S’ils effectuent à peu près autant d’arrêts par match (3,3 pour Trapp ; 2,8 pour Sirigu), l’ancien de Francfort a arrêté quasiment toutes les frappes cadrées lors des matches de groupe : 95,2 %. De quoi aider à comprendre pourquoi il figure dans l’équipe type des phases de groupes de C1 selon l’UEFA.
Salvatore Sirigu, lui, n’en a détourné que 57,9% en huitièmes contre Chelsea et en quarts de finale contre le FC Barcelone, alors qu’il a subi moins de tirs que son concurrent : 9,8 en moyenne contre 13,2 pour Trapp. Vous voulez encore une preuve de la supériorité de l’Allemand en C1 ? 71,4% des frappes cadrées ont été déclenchées à l'intérieur de la surface (15/21), contre 63% pour Salvatore Sirigu (12/19).

Autre point fort de Kevin Trapp : les penalties. Il n’a encaissé aucun des trois auxquels il a fait face en Ligue 1 et en Ligue des champions. Il a détourné ceux d’Abdelaziz Barrada (OM) et Andy Delort (Caen) et a vu celui de Marcus Rosenberg (Malmö) terminer sa course sur son poteau droit. Salvatore Sirigu a encaissé le seul penalty auquel il a fait face, toutes compétitions confondues avec Paris. C'était le 11 mars contre Chelsea, en huitièmes de finale retour de Ligue des champions (2-2 a.p).
Il faut relativiser ces chiffres. Et ce, pour deux raisons : la première concerne la Ligue des champions. Comme nous l’avons écrit plus haut, l’adversité n’était pas la même. Salvatore Sirigu a pris cinq buts contre le Barça (1-3, 0-2), la meilleure équipe européenne la saison dernière. Kevin Trapp, lui, en a pris deux contre le Real Madrid (1-1, 0-1), une formation (un peu) moins impressionnante offensivement.
La deuxième concerne la Ligue 1. Depuis le début de la saison, Kevin Trapp a la chance d’avoir une défense centrale monstrueuse, avec un Thiago Silva de retour à son meilleur niveau. Résultat : les attaquants tirent de loin. 50% des tirs cadrés subis par l’actuel titulaire viennent de l’extérieur de la surface (27/54). Pour Salvatore Sirigu, 63% des tirs étaient effectués dans les 16,5m...
Le PSG a recruté Kevin Trapp cet été parce qu’il voulait un gardien avec un jeu différent de celui de Salvatore Sirigu. Alors que l’Italien avait tendance à rester sur sa ligne et ne participait quasiment pas au jeu, l’Allemand est beaucoup plus impliqué. Il évolue plus haut que son concurrent et propose des solutions à ses partenaires grâce à la qualité de son jeu au pied. Il touche d’ailleurs davantage de ballons par match, que ce soit en Championnat (30,1 contre 27,5) ou en Ligue des champions (34,7 à 29). Kevin Trapp effectue également plus de passes (21,4 en L1 et 22,3 en C1) que Salvatore Sirigu (19,2 en L1 et 17,5 en C1, soit cinq de moins !).

Et, c’est certainement le plus important pour le staff parisien : Kevin Trapp écrase son concurrent dans la précision de son jeu au pied. En Ligue des champions, son pourcentage de passes réussies est de 75,4%. Celui de Sirigu? 52,9%. En Ligue 1, l’Allemand est encore plus précis : il a réussi près de 80% de ses passes (79,4%). L’Italien était à 64,8%. «Un choix a été fait de prendre un gardien avec un autre jeu. Pour moi, il est payant. Il faut voir comment le jeu du PSG a évolué par son placement, sa technique, qui permettent au bloc de jouer haut et favorisent le pressing. Sirigu est un bon gardien mais, à très haut niveau, ses lacunes sont une limite», résumait parfaitement Bernard Lama dans notre quotidien le 16 décembre. Les chiffres donnent raison à l’ancien gardien du PSG.