Citation (Lucas_Mourad @ 04/05/2018 13:52)

Effectivement, je suis surpris qu'il soit issu d'une université saoudienne vu comment il perçoit de la bonne manière la psychologie des Occidentaux pour bien communiquer auprès d'eux. Il a dû beaucoup traîné au sein des compounds de Aramco quand il était bloqué au pays

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Après concernant le wahhabisme, je vois ça davantage comme un moyen de s'approprier une culture spécifique pour un pays qui n'en a pas. C'est un peu un socle culturel commun que s'est donné une tribu pour se donner une identité et combattre les autres courants musulmans du coin à l'époque.
Pour le projet théologique, je suis d'accord pour dire qu'eux-mêmes appliquent la maxime "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" mais il est clair pour moi qu'ils ont toujours voulu diffuser leur culture, et donc doctrine, dans le Monde.
En témoigne le fait que la Belgique leur a gracieusement concédé la manière de gérer la mosquée de Bruxelles en 1970 contre du pétrole à moitié-prix avant de leur retirer le privilège... 45 ans plus tard après les attentats de Bruxelles. S'ils financent le déploiement de la doctrine, c'est qu'ils ont bien un projet

Le projet c'est de projeter leur influence, c'est un peu leur "soft power" à eux. Ils ont 0 culture, donc leurs leviers pour s'assurer une reconnaissance, un statut, une influence, sont limités en nombre.
Je n'en vois meme que deux : le pétrole et les finances qui vont avec, et l'Islam dont ils sont le berceau ( +les lieux saints depuis le depart des hachémites). La politique tres volontariste du Prince vise d'ailleurs plus à ouvrir de nouvelles voies dans ce domaine (Arabie touristique, forcement souriante et accueillante sur les zones qui seront concernées, etc.) qu'à faire rentrer des devises.
Difficile a priori de capitaliser politiquement sur l'Islam sunnite, puisqu'il n'y a pas de clergé, pas "d'appareil" susceptible de faire montre de connivence et d'alliances, de se faire la main invisible du politique. Problème résolu en interne avec le wahhabisme, qui a offert un cadre (tres) rigide, incorruptible par des forces étrangères et renforcé depuis par un appareil "éducatif" sur mesure.
A l'international, le vivier de paumés qui cherchent un lampion à suivre a été un terreau fertile, que ce soit les laissés pour compte du nationalisme arabe dans les pays musulmans ou les moins favorisés des banlieues d'Europe de l'ouest.
En Europe, le recrutement différe d'ailleurs des autres courants de l'Islam politique : les Frères musulmans par exemple, ennemis a abattre des Saoud, sans parler d'auditoire "haut de gamme", cherchent à recruter puis imposer des relais d'opinion, visibles et audibles, avec un intello propre sur lui comme Ramadan en tete de gondole, alors que les relais salafistes des wahhabites visent beaucoup plus la masse "bas de gamme" peu ou pas éduquée. Pas d’ingénieur ou de licencié en lettres modernes dans les auteurs d'attentats, juste des enfants de l’échec scolaire, des petits trafiquants minables...