Ok ok.
Donc :
Citation
Angel, quel mail auriez-vous envoyé à Pastore après le récent OM-PSG (3-0), où il a été mauvais ?
AC: Sans vouloir offenser personne, je crois que Javier a besoin de plus de liberté. Il doit participer au jeu, aller où il veut. C'est un joueur qui sait très bien se situer dans l'espace. Il est toujours là où il faut et pas là où on lui dit d'être (A Pastore) Javier, tu ne peux pas rester prisonnier d'une zone. C'est pénalisant pour ton équipe. Tu es d'accord avec ça ?
JP: (Il soupire, songeur) Oui... (rires) Aujourd'hui, je joue pour le PSG et il faut que je m'adapte. Je n'ai plus la liberté d'aller où je veux sur le terrain comme à Huracan. En jouant différemment, j'ai appris des nouvelles choses, mais... C'est vrai que je ne me sens pas bien. Je n'ai pas l'impréssion de pouvoir exprimer mes qualités comme je le voudrais.
AC: (A Pastore) Lors du match contre Marseille, au bout de dix minutes de jeu, je savais instinctivement que ça allait être difficile pour toi.
JP: Je marche aussi à l'instinct pour ce genre de trucs. heureusement, il y a des fois où mes débuts de match sont décevants mais où j 'arrive à quand même hausser mon niveau de jeu. Bien évidemment, pas là, au Vélodrome....
AC: Les joueurs comme toi ou Messi ne peuvent pas sortir du terrain, même dans un mauvais match. Vous êtes capables d'inventer en une seconde une action qui peut tout changer. Ce sont des joueurs tellement sûrs de leurs forces qu'ils ne doutent jamais, même lorsqu'ils loupent quatre ou cinq actions. (A Pastore) Javier, tu connais le jeu. Moi je sais que tu peux gommer un mauvais début de match avec un éclair mais il faut te laisser sur la pelouse. Je sais aussi que tu es très doué pour aider à la récupération, C'était quelque chose que tu faisais très bien à Palerme. Ici, à Paris, je ne t'ai pas vu le faire. En ce moment, je regarde beaucoup de vidéos de notre Huracan.
JP: La nostalgie... (Il sourit)
AC: Un peu, oui.... Mais ça me permet de comprendre aussi quelques trucs (A Pastore) Dernièrement, j'ai vu une vidéo où tu avais énormément compensé les montées du latéral droit. Javier, si tu regardes bien son visage, il n'est jamais surpris par ce qui se passe sur le terrain, il sait quand il faut attaquer ou revenir épauler les défenseurs ou les milieux. Cette conscience de ce qui se joue vraiment sur le terrain, peu de joueurs l'ont. Xavi et Iniesta ont ça. Si Pastore avait de la liberté, ce serait pareil pour lui.
JP: A Palerme, je jouais comme un numéro 10. Ici je joue dans une position de deuxième attaquant. Kombouaré ne me demande pas de descendre. Il veut juste que je presse les centraux adverses.
Et à Huracan, quelles étaients les consignes concernant le travail défensif ?
JP: A Huracan ? On n'avait pas besoin de défendre, on avait toujours le ballon ! (rires) Sur la feuille de match, j'étais 10, mais sur le terrain, j'étais partout. C'est totalement différent de ce que je fais ici. Au PSG, je suis dans une zone et je n'en sors pas... C'est ce qu'on me demande de faire, donc je le fais, mais je ne me sens pas libre. Depuis que je suis ici, rares ont été les fois où j'ai pris la balle dans une zone où je sais que je peux faire mal à l'adversaire.
AC: Aucun entraineur au monde ne peut se mettre dans la tête des joueurs. Javier est capable de bouger en respectant l'équilibre du bloc-équipe. Mais il ne peut rien faire si ses coéquipiers ne bougent pas en même temps que lui et vice versa.
JP: Souvent, j'essaie de me démarquer pour ouvrir le champ à un autre coéquipier ou pour recevoir le ballon dans une zone où je peux être décisif... mais il y a aussi beaucoup de fois où je bouge et où il ne se passe rien parce que mes coéquipiers ne me suivent pas. Si je fais le pressing tout seul ou si je suis le seul à faire un appel, ça ne sert à rien. Pour l'instant, on est encore en rodage. Ca se voit dans nos mouvements. Par exemple, si on a un deux contre un à négocier et que je fais un appel à droite, j'attends de mon coéquipier qu'il fasse le même... mais à gauche. Mes débuts avec le PSG ont été très bons, mais notre manière de jouer a énormément changé depuis quelques matchs. Au début, on était beaucoup plus mobiles en phase offensive, et on arrivait à se procurer facilement des occasions. Aujourd'hui, c'est plus difficile... Menez et Néné jouent très linéaire, ils repiquent moins vers l'axe et moi je n'arrive pas à trouver d'espaces au milieu de terrain. Quelque part on est devenu prévisibles... mais je suis sûr qu'on va retrouver notre niveau du début de saison. En ce moment je joue très près de la surface de réparation... C'est une position qui m'a fait progresser face au but, mais ce n'est pas celle que je préfère. je crois que je devrais reculer un peu pour être plus influent. J'aime avoir tout le terrain dans mon champ de vision. Pour l'instant, c'est comme si je devais jouer dans deux positions différentes. Celle de meneur et celle de neuf et demi. En jouant comme ça, je ne vais pas pouvoir toujours être bon. Mais je suis là pour apprendre.
AC: Le problème c'est qu'il n'y a plus de Michel Platini en France. Ici, les équipes ne jouent plus avec des meneurs de jeu.
Javier, la L1 correspond à ce que tu attendais ?
JP: Je mentirais si je disais que je regardais beaucoup de matchs de Ligue 1 avant de venir ici ! Mais bon, disons que c'est à peu près ce que j'imaginais : un football rapide, physique, avec peu d'équipes qui jouent au ballon. Ici, on joue avec la tête baissée. Si on travaille bien, le PSG peut devenir l'équipe qui joue le meilleur Football de L1. On perdra quelques matchs, c'est sûr, mais au moins on prendra du plaisir.
T'as pris du plaisir face à Marseille ?
JP: Oh nonnnn ! Aucun... (Il sourit jaune)
AC: Une défaite, ça fait mal, mais elle passe mieux si on a l'impression d'avoir été à la hauteur. Une équipe qui joue mal perd deux fois, une équipe qui joue bien gagne deux fois.
Quelle différence y a t-il entre deux entraîneurs comme Cappa et Kombouaré ?
JP: Avec Angel, on travaillait toujours avec le ballon. Et surtout on mettait l'accent sur la mobilité, que ce soit dans les grands ou dans les petits espaces. Du milieu de terrain jusqu'aux cages adverses nous n'avions pas de position fixe. Sans mobilité, on ne bouche pas les espaces de nos adversaires et surtout on ne peut pas marquer de but.
AC: Moi, je dis que si une action a besoin d'un petit pont pour être enclenchée, alors il faut le faire. Javier par exemple, lors du match contre River dont on parlait au début, met un petit pont à son adversaire dans la surface de réparation. Parce que c'était nécessaire à ce moment-là. Mais surtout parce qu'il sait je ne vais pas lui reprocher. Donc, il fait son petit pont avec la pointe de la chaussure, pinc ! Et après il m'a donné une joie encore plus immense en feintant la sortie du gardien. Résultat : Le portier est parti à gauche et le ballon à droite. But ! Si on lui avait dit avant le match : "Joue simple et basta!", il n'aurait jamais mis ce golazo. Des joueurs comme Javier peuvent se tromper trois fois, mais à la quatrième... J'avais un joueur au Racing qui criait toujours "Joue la tranquille" ou "Assure-là" à mes autres joueurs. Il m'énervait vraiment : "Tu fais chier avec ta sécurité ! Tente un truc pour changer !" Les buts naissent de la prise de risque, l'erreur fait alors partie du jeu. Ceux qui disent le contraire tuent le football.
(...)
Javier, pourquoi tu passes autant de petits ponts ?
JP: Pas pour humilier, jamais. je le fais d'abord parce que j'aime ça et parce que je trouve ça plus facile que de dribbler. C'est plus rapide, plus efficace, tu n'as pas besoin de faire beaucoup de mouvements. En France, j'en ai fait un une fois parce que j'étais énervé, je sais plus contre qui, juste pour le geste. mais en général, ça me sort comme ça, dans le feu de l'action.
AC: L'action surgit. Quand un joueur reçoit la balle, il ne sait pas ce qu'il va faire. Il agit en fonction de ce qui apparaît. Il doit toujours avoir une action titulaire et une action remplaçante. Le petit pont avec le pointu, c'est très bon parce que la balle est devant soi et le rival croit toujours qu'elle est à lui.
JP: Ah ah, oui, il croit toujours qu'il va la prendre...
AC: ... mais là il fait tic, et hop, fini.
Voilà, voilà... Après ça reste très intéressant aussi, mais ça tourne surtout sur l'idée que se fait Cappa du jeu de Pastore, la philosophie tactique en Argentine, la façon dont il l'a lancé, etc. Désolé s'il y a quelques fautes par ci par là, je recopiais tête baissée.