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LES MYSTERES DU CLASSEMENT FIFA
(classement juin 2006)
Même si on en parle peu, quelques commentateurs télé jugent encore utile de nous préciser le "classement FIFA" d'une équipe, un classement regroupant toutes les équipes nationales reconnues par la FIFA et par... Coca Cola.
Mais ne soyons pas stupides.
Si par exemple, on insiste lourdement sur la 4e place du Mexique, ou la 5e place des Etats-Unis, on sent bien derrière cet effet d'annonce le désir du commentateur-VRP de rendre potentiellement super passionnant un match en apparence chiant à mourir (Mexique-Iran au hasard).
Car le Mexique est-elle réellement la quatrième meilleure équipe du monde ? Et les Etats-Unis cinquième, devant la France (8e), l'Argentine (9e) et l'Angleterre (10e) ?
Pour le savoir, il faut plonger au cœur du calcul des points de ce classement.
D'abord, si on excepte la Coupe du Monde (tous les 4 ans) et la Coupe des Confédérations (tous les 2 ans), il est extrêmement rare qu'une équipe nationale se retrouve opposée à une équipe hors de son continent, et si c'est le cas, une tête de série s'arrangera bien sûr pour choisir un adversaire largement à sa portée.
Pour continuer sur l'exemple du Mexique, on peut remarquer que les deux seules fois où cette équipe a affronté des pays un peu sérieux en match amical, il s'est fait battre (1-0 contre la France en mai dernier puis 2-1 contre les Pays Bas en juin).
Alors où le Mexique a-t-il trouvé suffisamment de points pour monter à la 4e place mondiale ?
Premièrement, dans le calcul des points, seules les 8 dernières années comptent. Au jour d'aujourd'hui, le résultat obtenu lors de France 98 est donc encore utile (le Mexique se fait sortir en 8e de finale, et en 2002, pareil).
De plus, dans ces 8 années, ne sont retenus pour le classement que les 7 meilleurs matchs.
Sur cette base, les points du classements FIFA/Coca Cola sont attribués comme suit :
- Importance de l'équipe adverse
- Importance du lieu de la rencontre (domicile ou extérieur)
- Importance de la provenance de l'équipe adverse (continent, ou hors continent)
- Importance du contexte (Coupe du monde, coupe continentale ou match amical)
On comprend donc pourquoi la France et l'Argentine (sorties toutes les deux au premier tour en 2002) se retrouvent rétrogradées comme des malpropres vers la 10e place.
Certes, certes, mais alors l'Angleterre ?
Avec un quart de finale en 2002 et un 1/8 de finale en 1998, l'équipe devrait avoir engrangé assez de points pour au moins prétendre à la 5e place.
C'est oublier que l'Angleterre se fait taper lors de l’Euro 2004 par deux équipes "nulles" (d'après la FIFA), respectivement la France en match de poule et le Portugal en quart de finale, deux équipes qui, rappelez-vous, se sont faites sortir au premier tour du Mondial 2002…
Vous suivez ?
Une compétition aussi relevée que l'Euro est donc un véritable aspirateur à points FIFA pour tous ceux qui y participent, et elle est jugée sur le même plan que la Gold Cup nord-américaine, pourtant organisée tous les deux ans, et bien évidement dominée par le Mexique et les Etats-Unis.
Pour l'exemple, lors de la Gold Cup 2005, remportée par les USA, voici les adversaires hard-core que le vainqueur aura dû écarter : lors des matchs de poule, Costa Rica, Canada, Cuba, en quart de finale la Jamaïque, en demi-finale le Honduras, et enfin en finale.... le Panama.
Et voilà une cinquième place FIFA pour les USA.
C’est sûr que ça change de l’Espagne, de l’Italie, des Pays Bas, de l’Angleterre, ou encore de l’Allemagne qu’un prétendant au sacre européen devra se coltiner…
Mais revenons au cas du Mexique.
Ils remportent la Gold Cup en 2003 en se payant le luxe (ô miracle) de battre le Brésil par deux fois. Une première fois en match de poule (1-0) et enfin en finale… aux tirs aux but après un 0-0 à l’issue des prolongations. Battre un champion du monde, vous pensez bien, l’ordinateur de la FIFA s’affole, et voilà le Mexique propulsé à la 4e place. Car je vous rappelle qu’on ne retient que les 7 meilleurs matchs sur 8 ans. Autrement dit, sur les 7 meilleurs matchs du Mexique, deux sont déjà des victoires contre le vainqueur de la Coupe du Monde… et ce, même si celui-ci a préféré aligner une équipe B (Gomes, Maicon, Luisao, Alex, Adriano, Julio Baptista, Paulo Almeida, Diego, Robinho, Kaka, Ewerthon).
On pourrait pousser la démonstration encore plus loin, mais je m’arrête ici, car ce long article imbuvable pourrait finalement se résumer à ces quelques mots : la prochaine fois qu’on vous parle de classement FIFA (Coca Cola ou pas), riez au nez de celui qui le fait, car tout ça relève plus de la sinistre plaisanterie commerciale plutôt que d’un réel jugement de valeur…