Justement au sujet des jeunes, j’ai voulu en savoir plus sur ce fameux projet 611 cité par Nicolas Vilas dans le portrait de Anturo Henrique il y a quelques jours.
Babou, Brafon corrigez moi si j’ai compris de travers, j’ai lu pas mal d’articles en portugais sur le sujet et traduit via google donc voilà quoi …
Le projet "Visao 611" concernait la formation du FC Porto, 611 : 6 c’est 2006 l’année de lancement et 11 l’année de fin du projet.
Soit 5 ans le temps estimé d’une bonne formation d’un jeune, repéré à 15 ans et apte à l’équipe pro à 20 ans.
Le projet a été critiqué car les résultats n’étaient pas visibles en 2011 mais c’est plutôt entre 2014 et maintenant qu’ont vu éclore des jeunes talents du centre de formation en pro. Il était attendu 5 à 6 joueurs dans le groupe de l’équipe pro pour la saison 2011/2012, seul un avait le niveau (Kadu) en 2011.
Après avoir eu des succès sportifs en coupe d’europe (UEFA et C1) sous la houlette de Mourinho et financiers (plus values), la direction du club en 2004 (saison blanche au niveau national) prend conscience qu’il sera difficile de maintenir le niveau de l’équipe en gardant la même politique de recrutement et que le club ne profitait pas assez de sa formation.
Le coût du nouveau stade Dragao (100 millions) pour l’époque ainsi que les tensions avec la mairie renforce la décision de s’appuyer sur sa formation mais aussi l’optique de générer des profits sur la vente des joueurs.
L’idée d’Antero Henrique et de Pinto da Costa était également d’anticiper des probables règles de l’UEFA dans les années à venir, craignant de se voir imposer la présence sur le terrain 3 ou 4 joueurs nationaux formés au club pour les coupes d’Europe. Au passage Henrique très attaché à l’identité et valeurs du club (« Somos Porto » pour les connaisseurs) constate que les joueurs dénichés au 4 coins du monde, ne sont pas tant que ça attachés au club et qu’ils peuvent partir très facilement.
L’anticipation et la planification sont les 2 mots clés du projet pour Henrique, il s’inspire de l’école Hollandaise et par la qualité de la formation allemande qui commence à s’imposer au niveau européen chez les jeunes.
Henrique est méticuleux et apprécie maitriser les projets dans leur globalité, il va alors en faire une priorité pour le club et communiquer largement sur le sujet.
La base de « Vision 611 » est donc un changement complet dans la façon de travailler la formation du club à tous les niveaux, du travail sur le terrain à la gestion des personnes, des infrastructures et des équipements.
Des modifications, des révolutions pour certains, ont été mises en œuvre dans divers domaines, en particulier dans la relation avec les écoles et le centre de formation, la coordination pour la détection, le suivi psychologique et médical des jeunes. Des éducateurs étrangers sont recrutés pour leur savoir faire.
Je suis pas sûr d’avoir bien compris mais visiblement le programme du projet passait par trois axes :
Recrutement – Amélioration du réseau de détection en l’élargissant au niveau national et aux marchés alternatifs sur le modèle des joueurs seniors.
Développement (Coordonné par Luis Castro) – Amélioration de la formation des jeunes sur le plan tactique (Prise de décision individuelle), technique et physique, faire jouer toutes les équipes de la même façon quelque soit l’âge, recruter des formateurs compétents et pas forcement portugais pour combler les manques locaux (Wil Coort, Pepijn Ljinders).
Revenu (?) – Si le joueur est au niveau, il intègre le groupe pro et sa valeur marchande augmente, mais sinon il est vendu rapidement pour assurer le financement de la formation des autres jeunes.
Finalement les résultats n’ont pas été à la hauteur des supporters et observateurs, alors que le club est aujourd'hui l’un des plus titré en catégorie de jeune, c’est le Sporting qui est considéré comme le meilleur formateur du Portugal car les jeunes arrivent à monter régulièrement en équipe pro et Benfica qui vend le mieux ses jeunes.
De ce que j’ai lu voici ce qui n’aurait pas fonctionné :
Avoir communiqué en grande pompe sur une date (2011) pour fournir des jeunes talents prêt à jouer dans le groupe de l’équipe pro, alors que le club partait de loin.
La coordination du projet confié à Luis Castro, inconnu et placé par Pinto da Costa, rapidement remplacé plus tard par Pablo Sanz Iniesta, ex Barça, proche de Lopetegui, mais dont les objectifs n'étaient plus les mêmes.
Le recrutement pour les équipes de jeunes de joueurs étrangers, et logiquement le refus des meilleurs joueurs locaux d’intégrer le centre de formation.
Les départs d’éléments clés dans le staff initial travaillant sur la détection et la formation ont été compensé par d’autres techniciens pourtant compétents, mais n’ayant pas la culture du club, ni l’ambition du projet initial, ce qui a empêché une identification suffisante des jeunes et surtout un gros frein au projet.
La pression des résultats sur les équipes A et réserve empêchant de faire confiance aux jeunes, et l’obligation de faire jouer des joueurs étrangers recrutés dans l’optique de plus values avec pression d'agents (Mendes et le fils du président lui même agent).
La décision de ne pas continuer la stratégie à tous les niveaux particulièrement pour l’équipe B qui n’a pas pu jouer son rôle d’antichambre pour les pros.
Les luttes de pouvoirs au sein du FCP et une mise à l’écart progressive d’Henrique des décisions stratégiques du club.
Antero Henrique a reconnu qu’il était difficile de s’appuyer sur sa formation, car les résultats primaient sur le reste, il a regretté de ne pas avoir pu disposer des bonnes compétences à des postes clés et d’avoir sous estimé le temps nécessaire pour voir les résultats. C’est l’un des gros regrets de son passage au FC Porto. Il estime qu’on lui a mis des bâtons dans les roues et que les intérêts de certains, contraires à ceux du club ont été privilégié.
Désolé du pavé mais je pense que cette expérience est intéressante pour nous, aujourd'hui on a un gros souci de post formation alors que la formation est excellente, Henrique doit savoir ce qui n'a pas fonctionné à Porto et pourrait justement améliorer ce cas chez nous.
L'idée du club satellite au Portugal n'est peut être pas ressorti ces derniers jours par hasard.