Citation ("Eurosport")
PSG : Javier Pastore, le casse-tête de son entraîneur
Opérationnel, Javier Pastore n'est pas sûr d'être titularisé contre Lorient, ce vendredi. Et si c'est le cas, Laurent Blanc doit se demander où le positionner.
Entre sa cuisse qui lui pose des problèmes depuis le début de la saison, et un public parisien qui l'a pris en grippe lors de ses dernières apparitions, Javier Pastore vit un début de saison très compliqué, pour ne pas dire cauchemardesque. Pour lui, le plus difficile doit être de voir le PSG tourner à plein régime dans un 4-3-3 où il n'a jamais trouvé sa place. Ni Carlo Ancelotti, qui avait fait de ce système son premier plan de jeu, ni Laurent Blanc n'ont réussi à tirer la quintessence du jeu de l'Argentin dans ce schéma de jeu. Mais ils n'ont pas encore tout essayé. Car à défaut d'être construit pour lui, le 4-3-3 peut intégrer Javier Pastore.
Jusqu'ici, ses rares apparitions au sein du système de Laurent Blanc ont été discrètes, parfois insipides. Face à Guingamp et Valenciennes, avant sa blessure, il complétait le milieu de terrain aux côtés de Matuidi et d'un créateur (Thiago Motta contre Guingamp, Verratti à Valenciennes). Lui, qui s'était révélé à Huracan en position d'attaquant, s'est retrouvé dans un rôle à contre-emploi.
Car dans le système de jeu parisien, le poste d'axial droit, qui était le sien lors de ces deux rencontres, est celui de la deuxième rampe de lancement parisienne. Depuis la victoire à Bordeaux à la mi-septembre, le PSG s'est construit une animation se basant sur trois relanceurs : Verratti à droite, Thiago Motta dans l'axe et Thiago Silva côté gauche. Troisième homme du milieu de terrain, Matuidi est à leur service pour offrir des solutions courtes leur permettant de se démarquer, en plus d'accompagner ensuite les actions en s'infiltrant entre les lignes adverses. L'international français ne participe pas totalement au travail créatif devant déboucher sur la première passe vers l'avant.
Or pour pouvoir faire partie du trio chargé de la relance, il faut en accepter le contexte. Le ballon circule lentement, et le pressing adverse oblige parfois à des dribbles difficiles car à réaliser sans vitesse et avec un adversaire qui défend en avançant. Si Verratti excelle dans ce registre, Pastore a énormément souffert de la pression guingampaise lors de sa dernière sortie au Parc des Princes. Résultat, un déchet monstre dans ses transmissions et une sortie sous les sifflets du public.
Pressing: Verratti et Matuidi indispensables
Aujourd'hui, Pastore n'a pas les qualités pour être l'un des relanceurs du PSG, ces joueurs capables de dicter le tempo des actions. Une position reculée ne lui sied donc guère. S'il fallait toutefois le placer absolument dans l'entrejeu, il pourrait certainement reprendre le rôle de Matuidi. Laissant la relance à Thiago Motta et Verratti, l'international français excelle quand il prend les espaces et se retrouve à relayer les offensives entre les lignes adverses et dans les 30 derniers mètres.
Voir Pastore aux côtés de Thiago Motta et Verratti pour réaliser le même travail pourrait être intéressant, connaissant ses qualités techniques et sa vista dès lors qu'il doit exploiter des espaces. Néanmoins, l'Argentin n'a pas et n'aura jamais la même activité défensive que Matuidi. Une limite qui rendrait cette option ultra-offensive, et nuirait sans doute à l'équilibre de l'équipe. Or ce facteur est déterminant dans les choix de Laurent Blanc, notamment quand il s'agit de récupérer rapidement le ballon. Avec Verratti, Matuidi est indispensable aujourd'hui pour déclencher le pressing.
Dès lors, le coach parisien n'a plus beaucoup de solutions pour réintégrer Pastore dans ses plans. Défensivement parlant, un poste dans le trio d'attaque lui irait parfaitement, ces trois hommes étant la plupart du temps déchargés du travail de pressing. Seuls les joueurs de couloir doivent revenir défendre lorsque les latéraux adverses se livrent offensivement, une tâche que Pastore accomplissait déjà du temps du 4-4-2 d'Ancelotti. Si l'axe est la propriété d'Ibrahimovic, l'Argentin pourrait donc se faire une place sur l'une des ailes, particulièrement sur le côté gauche qu'il connaît bien. Mais là encore, il lui faudrait un contexte bien particulier pour exprimer pleinement ses qualités.
Revenons une nouvelle fois au match-référence du PSG cette saison face à Bordeaux. Ce jour-là, Ongenda avait passé la soirée dans un rôle de faux-ailier, repiquant dans l'axe pour s'intercaler entre la relance (Motta-Verratti-Silva) et Ibrahimovic. Face à une équipe bordelaise qui avait tenté d'aller mettre la pression sur la relance parisienne, le jeune joueur s'était régalé des espaces dans le dos des milieux adverses. Dans un registre et des conditions similaires, Pastore et sa vista pourraient devenir un atout offensif supplémentaire pour le PSG, et un second circuit en plus de celui privilégiant Ibrahimovic.
L'homme du printemps ?
Problème, rares en Ligue 1 sont les équipes qui vont tenter d'aller disputer le ballon aux créateurs parisiens cette saison. Si les milieux adverses restent en position dans leur moitié de terrain, alors il n'y aura pas d'espaces à exploiter. Pastore se retrouverait alors dans une situation similaire à celle que vit Cavani sur son aile droite : pas ailier dans l'âme, à l'inverse de Ménez, Lavezzi ou Lucas Moura, il diminuerait de fait le rendement offensif de son côté... A moins d'être associé à un latéral capable d'occuper l'aile à sa place. A ce niveau, ses apparitions pourraient être compatibles avec les prochaines de Lucas Digne, dont le temps de jeu augmente petit à petit.
Au final, l'avenir de Pastore dans le 4-3-3 parisien s'inscrit aujourd'hui en pointillés. Que ce soit aux côtés de Verratti et Thiago Motta dans le milieu à trois ou à la gauche d'Ibrahimovic en attaque, il faudra qu'il évolue dans des contextes et face à des adversaires donnés pour retrouver des conditions de jeu idéales afin d'exprimer pleinement ses qualités. Lui qui a déjà flambé en Ligue des Champions la saison dernière pourrait bien être l'homme du printemps prochain. Car face à des adversaires de son niveau, qui oseront aller le chercher très haut, le PSG aura beaucoup plus l'occasion d'exploiter la qualité de son jeu de transition. Un jeu qui a fait vaciller le Barça la saison dernière. Avec Pastore à la mène malgré sa position excentrée...
Florent TONIUTTI - Eurosport