Quelles qualités doit-on posséder pour devenir un entraineur qui gagne? (

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Un entraineur doit surtout viser la confiance. Confiance en soi, confiance des autres envers lui. C'est une sorte de contrat moral. Après je pense que c'est le travail qui vous permet de devenir meilleur, de vous améliorer. Ensuite, si vous avez la chance de diriger un groupe de bons joueurs et que vous êtes bien préparé, il vous sera plus facile de gagner... (..) mais attention, quand je dis bons joueurs, je veux parler de joueurs qui seront bons sur le terrain mais aussi en dehors, c'est très important d'associer les deux.
La manière dont vous vous exprimez sur un terrain est importante. Sur et en dehors du terrain, l'attitude générale est importante. De même sur un terrain, votre style, votre façon de jouer, votre philosophie restent et peuvent ensuite être imités. Une équipe doit ressembler à son entraîneur.
Estimez-vous appartenir à une école de pensée footballistique? Il faut se méfier de cette approche. Dans l'histoire du foot il y a eu plusieurs façons de voir le foot et souvent, cela a été soumis à des modes. J'ai toujours refusé, repoussé les extrêmes, les idées trop radicales. Je crois plus au consensus, le centrisme est plus vertueux que les radicalismes. Et je pense que dans ce métier, l'ouverture d'esprit est nécessaire. Il faut connaître les différents styles et si possible tirer le meilleur de chacun d'eux. J'ai toujours voulu que mes équipes jouent bien, mais encore faut-il définir ce qu'est le beau jeu. C'est assez subjectif non? Je recherche toujours une forme d'équilibre entre l'ordre et le talent. Entre rigueur et liberté.
J'ai moi-même beaucoup de respect pour le travail. J'aime travailler dur.
Oui, je crois que dans le foot il y a des approches différentes qui peuvent être liées à votre culture, vos origines. Le management, la façon de passer un ordre, de parler à un joueur, ne sera pas la même partout et si vous avez des joueurs culturellement différents, vous devez faire attention à ça.
La psychologie est une partie très importante du métier et s'acquiert dès la formation. (...) L'honnêteté est une qualité première. C'est la clé pour pouvoir exiger un comportement exemplaire de vos joueurs ensuite.
Transmettre est ce qu'il y a de plus compliqué, c'est évident. C'est la manière dont sera reçu le message qui déterminera si les joueurs adhèrent à votre management. C'est ce qui fait la différence entre un bon et un moins bon entraineur.
Je n'ai jamais eu de problème particulier avec la presse, j'essaie d'instaurer une relation respectueuse, je ne vois pas comment faire autrement. Après, savoir comment gérer la pression... C'est très personnel et dans un grand club on doit vivre cela calmement.
La qualité principale pour un coach sera toujours de s'adapter aux situations. Bien analyser et s'adapter.
Mes premières années ont été marqué par les difficultés écos rencontrées par les clubs espagnols. Je me souviens qu'à cette époque, j'ai commencé à voyager un peu partout pour voir, apprendre, observer ce qui se faisait ailleurs. Pas seulement en Italie mais aussi en France, aux USA, aux Pays-bas.
Quand vous arrivez à Liverpool, vous hispanisez l'effectif. Pourquoi?Peut-être par sécurité. Il m'a alors semblé normal de travailler avec des gens que je connaissais. C'était tous de bons joueurs qui ont apporté quelque chose. Ils étaient tous très bons.
A propos du kick & rush anglais?Je ne suis absolument pas réfractaire. On va dire que dans ce style je garde le côté intensité, envie. J'aime que mes équipes possèdent ces qualités, qu'elles contrôlent aussi le match, son déroulement. J'aime gagner de façon intelligente et rendre le match très difficile à mon adversaire. Le côté rationnel échappe un peu au
kick & rush.
Chelsea, MU, Arsenal jouaient un football plus européen. Mais c'est vrai qu'ailleurs... Je me suis fait avoir pas mal de fois au début en demandant un pressing haut sur la défense centrale. Mais le gars donnait au gardien qui balançait. Et comme mon bloc était haut sur le terrain, on se retrouvait à défendre en reculant. J'ai rectifié ça assez vite.
On a beaucoup parlé de bloc équipe quand on analysait les vôtresTout est question d'équilibre. Le but est de gérer au mieux l'espace, de faire en sorte que votre adversaire en soit privé et que mon équipe ailler chercher de l'espace chez lui. Pour cela, il faut selon moi que tout parte d'en bas. Ma défense doit être au point, ça c'est très important. Ensuite, je remonte sur le terrain. Et le travail, c'est ensuite de trouver les meilleures liaisons possibles entre mes lignes!
Ce qui est capital, c'est l'idée de compensation. La solidarité entre les joueurs. Un joueur doit savoir quel est son espace, son champ d'action. Et il doit également savoir quel est l'espace du joueur à côté de lui. Chaque joueur est responsable de l'autre.
Les systèmes tactiques sont variables. Avec Liverpool on jouait souvent avec des équipes en 442. Le 442 n'est selon moi efficace que si vous possédez deux bons attaquants. Moi, j'aime changer. Je veux que mon équipe soit capable de passer d'un 4231 à un 442 voire un 343. Elle doit pouvoir évoluer en cours de match. Dans un 4231, je suis convaincu que les deux joueurs devant la défense, la ligne de trois et l'attaquant, doivent être des joueurs à vocation offensive. L'un des deux devant la défense va a priori se consacrer aux taches défensives, mais l'idéal c'est d'avoir deux joueurs qui peuvent alterner et être capables de faire les deux choses pour évoluer en cours de match.
En Espagne, on dit que le système c'est la position des joueurs sur le terrain, et que la tactique c'est les mouvements des joueurs. L'occupation de l'espace est primordiale, savoir l'occuper, le gagner, le conquérir, c'est le plus important. Sans ça le système ne sert strictement à rien. Le joueur doit savoir l'occuper et doit être intelligent, car la tactique c'est la base de tout!
Mon modèle? Le Milan de Sacchi, évidemment. C'est un modèle d'équilibre.
Gerrard est indéniablement un grand joueur. Mais ce n'est pas le genre de joueur qui stabilise une équipe, ce que fera mieux un joueur comme Mascherano. Lui, ce n'est pas le genre qui vous fait gagner un match, mais il vous empêche d'en perdre beaucoup. Il a une grande intelligence tactique.
Enfin, à propos de la finale de 2005:Ce match, c'est aussi 100% de réussite. Avec mes changements (un milieu en plus à la pause avec l'entrée de Hamann), l'équipe s'améliore, c'est vrai, mais c'est l'état d'esprit qui a tout renversé. Toutes les considérations technico-tactiques ont volé en éclats. Mais si on a fait ce match de fou, c'est aussi parce qu'au début, on n'a rien fait comme il fallait.