La couleur rouge est la couleur de l'oriflamme. Selon Colette Beaune, le don divin de l'oriflamme à Clovis est mentionné pour la première fois dans une oraison funèbre[1] de 1350 puis repris dans une Chronique universelle du début du XVe siècle[2].
En réalité, l'oriflamme était originairement la bannière de l'abbaye de Saint-Denis ; les comtes du Vexin la portaient à la guerre comme avoués de cette abbaye prestigieuse fondée par Dagobert Ier. Quand en 1077, Philippe Ier eut réuni le Vexin français au domaine royal, il hérita aussi du droit de porter l'oriflamme qui par la suite figura a côté de la propre bannière de France. « Usurpé » par les prétendants anglais au trône de France, le port de l'oriflamme est abandonné par Charles VII au profit de l'étendard de Saint Michel[3], et cessa par la suite d’apparaître exclusivement.
En janvier 1188, lors d'une entrevue près de Gisors, l'archevêque latin de Tyr s'adressa à Philippe Auguste de France, Henri II d'Angleterre et Philippe Ier comte de Flandre, et les convainquit de participer à une nouvelle croisade pour secourir la Terre sainte ; il fut convenu que les Français arboreraient une croix rouge sur fond blanc, les Anglais une croix blanche sur fond rouge, et les Flamands une croix verte sur fond blanc. À la fin du XIVe siècle au plus tard, l'usage changea dans le cadre de la guerre de Cent Ans, quand les Anglais s'approprièrent la croix rouge (en partie pour renforcer leurs prétentions au trône de France) et que les Français choisirent eux d'arborer la croix blanche (rappelant la vassalité du roi d'Angleterre).
Le rouge fleurdelysé d'or a été choisi comme étendard des galères royales alors que les vaisseaux royaux arboraient le blanc fleurdelysé d'argent.
Bleu [modifier]
La couleur bleue est vraisemblablement d'abord celle des armoiries, qui n'apparaissent dans l'usage militaire qu'au XIIe siècle[4]. La couleur d'azur est connue comme celle des armes des branches cadettes de la famille royale, en particulier celles de Raoul Ier de Vermandois, « échiqueté d'or et d'azur »[5], entre 1135 et 1145. À la fin du XIIe siècle, l'azur, couleur du ciel et symbole de grandeur spirituelle, apparaît sur un nombre croissant de blasons et donne son aspect au blason royal, à trois fleurs de lys d'or sur fond d'azur[6].
Raoul Ier de Vermandois
Rois de France avant 1376
Rois de France après 1376
Information icon.svg Armoiries des capétiens
Pour donner à cette couleur d'azur une vénérable antiquité, quelques auteurs sous l'ancien régime ont avancé qu'elle correspondait à la couleur du manteau (la chape) de Martin de Tours, utilisée comme palladium par Clovis[7]. Toutefois, si l'utilisation de cette relique par les rois mérovingiens lors des guerres est mentionnée par divers auteurs d'époque carolingienne[8], aucune source directe (antérieure au XIIe siècle) ne précise la couleur de ce vêtement[9].
En tout cas, le bleu est adopté comme couleur des rois de France quand se développe l'héraldique au XIIe siècle.
Blanc [modifier]
Le blanc symbolise la pureté et la lumière, il est de ce fait une couleur noble et sacrée, angélique et céleste. C'est aussi la couleur naturelle des lis bien que le blason royal les porte d'or. Ce n'est pourtant que depuis 1300 que cette couleur a commencé à s'imposer comme symbole du royaume : on la porte d'abord en bande ou en croix latine, comme lors des guerres de Flandre[10]. Ainsi, au début de la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304, les chevaliers français se ceignent d’écharpes blanches de rencontre comme signe de ralliement juste avant la bataille. Puis la croix blanche s'impose devant la bande blanche comme marque d'opposition à la croix rouge de la couronne d'Angleterre : Jean Ier d'Armagnac, en 1355, exige de ses soldats de porter une croix blanche sur la frontière de Guyenne[11].
Dans la guerre civile de 1407-1419 pour le contrôle de Paris, les Bourguignons avaient pour signe de reconnaissance l'écharpe et la croix de saint André rouges face aux Armagnacs qui avaient repris l'écharpe blanche parfois portée par le roi et ses hommes lors des guerres[12]. Durant l'été 1417, devant la menace des troupes anglaises d'Henry V qui combattaient avec l'emblème de la croix rouge, les habitants d'Orléans se préparèrent à défendre leur ville et ceux en état de prendre les armes reçurent l'ordre de porter notamment une heuque (tunique) bleue marquée sur la poitrine d'une croix blanche[13]. En 1418, le dernier fils de Charles VI, devenu le dauphin l'année précédente, adopta sur ses étendards l'image de saint Michel armé terrassant le dragon et fit de l'archange le protecteur de la France[12]. L'emblème des combattants français fut donc appelé la croix blanche de saint Michel (symbole de lumière opposé au rouge sang) et, réciproquement, l'archange fut représenté avec cette croix[14]. Sur les tuniques et les étendards, la croix blanche devint pour plus d'un siècle le symbole de l'armée française ; elle fut maintenue sur les drapeaux des régiments jusqu'en 1792.
Bataille de Poitiers (1356) : Français portant la croix rouge.
Bourguignons portant la croix de saint André à Paris en 1418.
Siège de Paris (1429) : Français portant la croix blanche.
Siège de Rouen (1449) : étendards français.
Pavillon de la marine marchande du XVIIe siècle à 1790.
Exemple de drapeau d'un régiment de troupes de ligne, tous ont pour point commun la croix blanche.
Exemple de drapeau d'un régiment.
Drapeau de la Compagnies franches de la marine.
Le Drapeau du Québec fut influencé par le pavillon qu'arborait le navire de Samuel de Champlain, soit une croix blanche sur fond bleu. Les fleurs de lys apparurent plus tard avec le Régiment de Carignan-Salières. Le drapeau actuel de Lévis fut le drapeau du régiment du Général Lévis durant la Guerre de Sept Ans en Amérique.
Drapeau du régiment du Général Lévis et de la ville de Lévis
Drapeau des Canadiens catholiques.
Drapeau de Carillon (1902).
Drapeau du Québec (1948).
Le blanc était la couleur de la bannière de Jeanne d'Arc qui portait les initiales de la Vierge. C'est lorsque Louis XIII décida de consacrer son royaume à Dieu sous la protection de Marie (vœu du 10 février 1638) que la couleur blanche fut généralisée comme couleur du royaume (le bleu à trois fleurs de lys d'or restait la marque personnelle des souverains et de leur famille). Le roi de France pour marquer sa présence sur un champ de bataille faisait flotter une étoffe blanche, depuis la bataille de Fleurus en 1690, remplaçant l'étoffe rouge de Saint Denis du début de la royauté ainsi que la croix rouge des croisades et la croix blanche des français loyalistes et de Charles VII.
Le bleu, couleur des armes du roi, s'impose comme couleur de fond pour la croix blanche. Cependant le blanc de la croix constitue le symbole de l'autorité du roi sur la France. À partir de 1638, les vaisseaux de guerre français arborent un drapeau blanc sans aucun motif. Les autres navires de guerre, les galères arborent le rouge. Les navires de commerce ont comme obligation de porter un pavillon bleu à la croix blanche, surnommé alors « ancien pavillon de France ». Le blanc a été de 1638 à 1790 la couleur du drapeau royal[15] et du pavillon des vaisseaux de la Marine royale. De 1814 à 1830, il a de nouveau été la couleur des drapeaux de l'armée et de la marine royales[16].
Drapeau de la France avant 1638.
Drapeau du Royaume de France, utilisé à partir du règne de Louis XIV.
Pavillon de la marine de guerre et des troupes navales française du XVIIe siècle à 1790.
Étendard arboré en présence de membres de la famille royale. En présence du roi, le drapeau blanc est utilisé.
Drapeau de la Nouvelle-France.
Exemple de drapeau royaliste utilisé pendant la Révolution.
Drapeau vendéen.
Le drapeau blanc est de nouveau utilisé lors des deux Restauration de 1814 à 1830.
Naissance du drapeau : l'association des trois couleurs [modifier]
Durant l'Ancien Régime [modifier]
Sacre de Philippe-Auguste, des Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, qui retracent l'histoire des roi de France. Les enliminures ont une bordure tricolore.
De nombreux manuscrits comportent des miniatures avec un encadrement tricolore, caractéristique des productions de l'Île-de-France du XIVe siècle. Les trois couleurs associées sont par ailleurs les couleurs du roi de France depuis le Moyen Âge.
Une caractéristique des productions de l'Île-de-France du XIVe siècle [modifier]
Le parchemin Les Décades de Tite-Live[17], traduit par Pierre Bersuire et illustré par l'atelier du « Maître des boqueteaux » au milieu du XIVe siècle raconte l'histoire de Rome. Il s'agit de la traduction de Tite-Live que Jean le Bon confia à Bersuire, prieur de Saint-Eloi de Paris, et qu'il exécuta de 1352 à 1359. Le manuscrit comporte 109 miniatures dont l'encadrement tricolore caractérise les productions de l'Île-de-France du XIVe siècle. Elles se raccordent plus ou moins bien au texte et représentent en fait un tableau de la société française de cette époque. En effet, les types de vêtements et d'armures sont caractéristiques du règne de Charles V (1364-1380).
Les couleurs du roi de France depuis le Moyen Âge [modifier]
Les armoiries du Royaume de France utilisées jusqu'à la Révolution, sur lesquelles figurait l'écusson de Navarre depuis que Henri IV, roi de Navarre devint roi de France.
Depuis Henri IV (1589-1610), le personnel domestique placé sous l'autorité du roi de France était habillé d'une livrée blanche ornée de bleu et de rouge. Les Gardes-Françaises, créés pour assurer la sécurité du roi, avaient en effet adopté les trois couleurs sur leur uniforme et l'emblème de leur régiment. Elles les conservent après la Révolution, en devenant la Garde nationale.
Henri IV avait même recommandé les trois couleurs (bleu, blanc, rouge) aux ambassadeurs des Provinces-Unies, indépendantes de fraîche date, qui en ont fait leur drapeau. Le rouge fut toutefois initialement remplacé par l'orangé, couleur de la Maison d'Orange, avant de réapparaître parmi les couleurs néerlandaises.
À partir de Henri IV, chaque souverain de la dynastie des Bourbons se titrait «Roi de France et de Navarre» et utilisait un écu mi-partie bleu et rouge aux armes des deux royaumes.
Les couleurs de Paris [modifier]
Au milieu du XIVe siècle, Étienne Marcel (riche drapier devenu prévôt des marchands de Paris) adopta comme couleurs le bleu et le rouge, qui devinrent alors la marque de ses partisans et de l'Échevinage[18]. Maître de la capitale, il profita de la captivité du roi Jean le Bon pour tenter d'imposer des réformes au dauphin Charles de manière unilatérale. Le 22 février 1358, il prit d'assaut le Palais royal de l'île de la Cité avec ses hommes, qui massacrèrent deux maréchaux du dauphin sous les yeux de celui-ci ; Marcel mit alors son chaperon bleu et rouge sur la tête du jeune régent devenu son otage. Après la mort du prévôt, le bleu et le rouge se confondirent avec les couleurs du blason parisien modifié par le roi (le chef fleurdelysé placé définitivement au-dessus de la nef d'argent à partir du sceau de 1426)[18].
Massacre des conseillers du dauphin par les émeutiers parisiens portant le chaperon bleu et rouge.
Enluminure du blason de Paris (XVIe siècle).
Les couleurs d'Outre-Atlantique et d'Outre-Manche [modifier]
À la fin du XVIIIe siècle, les soldats britanniques et les miliciens américains portaient une cocarde noire, notamment contre les défenseurs français du Canada durant la Guerre de Sept Ans. Avec la Déclaration d'Indépendance des États-Unis, les insurgés gardèrent la même cocarde, mais à l'arrivée en 1780 des troupes de Rochambeau utilisant la cocarde blanche, il fut convenu avec Washington que les troupes alliées porteraient une « union cockade » noire et blanche.
Selon Michel Pastoureau, jusqu'en 1789, le bleu et rouge ne représentait que marginalement la ville de Paris, pour laquelle on utilisait beaucoup plus le rouge et tanné (rouge-marron). La combinaison du bleu du blanc et du rouge avait connu un regain de faveur depuis que la France avait aidé les États-Unis à obtenir leur indépendance (les couleurs de la nouvelle nation reprenant celles de la Grande-Bretagne). À partir des années 1770 en France et en Europe, tous les sympathisants de la cause des libertés arborèrent du tricolore, tout comme à la cour.
Un siècle plus tard, les insignes des avions britanniques sont copiés sur les cocardes françaises (en inversant les couleurs), tandis que les drapeaux de New-York et de certains États s'inspireront du tricolore de l'Hexagone.
Pour autant, la naissance du drapeau français reste un sujet mal étudié et controversé[19].
Drapeau du Royaume-Uni, en vigueur de 1606 à 1800.
Pavillon de la Compagnie anglaise des Indes orientales.
Grand Union Flag, considéré comme le premier drapeau national des États-Unis, datant de 1775.
1re version du drapeau des États-Unis, appelé le Stars and Stripes, datant de 1777.
Monarchie constitutionnelle, République, 1er Empire [modifier]
Les cocardes révolutionnaires [modifier]
Article détaillé : Cocarde tricolore.
Bonnet phrygien arborant la cocarde tricolore
Fusilier de la Garde nationale, 1791
Drapeau de la ville de Paris.
La Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, au Champ-de-Mars
Le dimanche 12 juillet 1789, dans les jardins du Palais-Royal, Camille Desmoulins prit une feuille verte et la plaça à son chapeau. Il incita la foule à en faire autant : ce geste signifiait une mobilisation générale. Rapidement, on s'aperçut que le vert était la couleur du très impopulaire comte d'Artois (futur Charles X) et on s'empressa de remplacer les cocardes vertes par des cocardes de différentes couleurs, souvent blanches ou rouges. Après la prise de la Bastille, les cocardes bleu et rouge devinrent populaires parce qu'elles étaient celles de la garde municipale parisienne. On a dit aussi que deux Gardes-Françaises avaient été portés en triomphe dans tout Paris pour avoir été les premiers à pénétrer dans la Bastille : leur uniforme était tricolore.
Durant la Révolution, les combattants de Paris arboraient donc une cocarde bleu et rouge, couleurs de la ville. Quelques jours après la prise de la Bastille, La Fayette eut l'idée d'intégrer le blanc (symbole à l'époque du royaume de France) dans cette cocarde qui remporta tout de suite un vif succès. Il est possible que La Fayette, qui venait de combattre aux côtés des insurgés américains, vit dans les trois couleurs une réminiscence de la cocarde américaine avec laquelle il avait combattu. Le vendredi 17 juillet 1789, Louis XVI se rendit à l’Hôtel de ville de Paris où il reçut la cocarde tricolore au milieu de la Révolution en armes. Il est possible que l'association du bleu-rouge et du blanc signifiait, en ce jour, la reconnaissance par le roi de la garde municipale parisienne comme unité officiellement reconnue des forces armées de la France.
Les couleurs bleu, blanc, rouge étaient depuis longtemps employées ensemble ou séparément comme symbole de l'autorité de l'État en France. Mais une cocarde n'était qu'un signe d'appartenance à une unité militaire : ce n'était pas encore un emblème national.
Dans les textes de 1789, le blanc n'est pas désigné comme couleur du roi mais comme couleur de la France ou du royaume. Ce n’est que plus tard que cette couleur a été désignée comme couleurs du roi (la couleur du royaume étant celle du roi). Ce n'est aussi que bien plus tard qu'apparut la légende de l'association de la couleur du roi avec celles de Paris. La preuve en est que la République, en 1792, ne songea même pas à supprimer le blanc des trois couleurs.
L'Assemblée nationale dans son décret du 20 mars 1790 décida que "lorsque les officiers municipaux seront en fonction, ils porteront pour marque distinctive une écharpe aux trois couleurs de la nation : bleu, rouge et blanc"[20].
Les bannières tricolores [modifier]
La cocarde donna spontanément naissance à des drapeaux tricolores, le plus souvent à bandes horizontales, comme ceux blanc-rouge-bleu installés au-dessus de la tribune de la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790.
Les deux premiers pavillons de marine tricolores [modifier]
Autoportrait de Jacques-Louis David (1794) — Musée du Louvre, Paris.
En 1765, les armateurs civils avaient obtenu officiellement le droit de faire flotter sur leurs bateaux le pavillon blanc du roi (celui des vaisseaux de guerre) au lieu de leurs nombreux drapeaux bleu et blanc ; ainsi pour la première fois dans l'histoire, tous les bâtiments d'un même pays — qu'ils soient marchands ou militaires — purent arborer un même pavillon national[21].
En octobre 1790, l'assemblée constituante se pencha sur la nécessité ou non de créer un nouveau pavillon national. Les traditionnalistes voulaient conserver le pavillon blanc ancré dans l'histoire de la marine et refusaient de copier le drapeau néerlandais. Le baron Jacques-Francois de Menou (futur général Abdallah Menou) défendit lui l'idée d'adopter un nouveau pavillon tricolore, et le marquis de Mirabeau appuya par principe le choix de ce qui était considéré comme les nouvelles couleurs nationales et celles de la liberté. Le 21 octobre, l'Assemblée décida que le pavillon national serait blanc avec un quartier tricolore (les détails furent renvoyés au comité de marine). L'ordonnance du 24 octobre 1790 créait : 1°) un pavillon de beaupré (pour les cérémonies officielles, à l'avant des navires de guerre) à trois bandes verticales rouge blanche et bleue, 2°) un pavillon ordinaire de poupe; ce dernier était blanc, couleur de la France, et il portait un canton à trois bandes verticales rouge, blanche et bleue. Le canton rectangulaire était entouré d'un liseré blanc à l'intérieur et bordé à l'extérieur d'un liseré bleu à la hampe et rouge vers la partie flottante; ce second liseré était destiné à séparer les deux parties blanches du pavillon[21]. C'est le premier emblème national tricolore.
C'est pour un second pavillon national tricolore adopté le 15 février 1794 (27 pluviôse an II) que la disposition actuelle « bleu au mât, blanc au centre, et rouge flottant » a été imaginée. L'idée est due au peintre Jacques-Louis David. Ce changement de pavillon, qui devint effectif sur les vaisseaux à partir du 20 mai 1794 (1er prairial an II), avait été opéré à la demande des marins de la marine de guerre. Ils menaçaient en effet de se révolter parce que le pavillon national de 1790 accordait trop de place à l'uniforme de leurs officiers (le blanc) et trop peu au leur (la tenue bleue à ceinture rouge). La couleur blanche n'est pas encore associée au roi[précision nécessaire] : si cela avait été le cas, elle aurait complètement disparue des emblèmes républicains non seulement en 1794, mais fort probablement dès septembre 1792.
Pavillon de beaupré adopté par l'Assemblée constituante, le 24 octobre 1790
1er pavillon national adopté par l'Assemblée constituante, le 24 octobre 1790
2nd pavillon national adopté par la Convention, le 15 février 1794
Le pavillon de marine fut ensuite adopté comme drapeau national ; il était installé au Palais des Tuileries quand le Premier Consul Bonaparte y prit résidence le 19 février 1800[22].
Les drapeaux militaires et l'uniformisation napoléonienne [modifier]
La Distribution des Aigles (1810), Jacques-Louis David
Les drapeaux de l'armée de terre dès 1791, comme ceux de la garde nationale à partir de 1789 (offerts par les quartiers de Paris), portent les trois couleurs, mais de diverses façons fantaisistes selon l'usage de l'époque. Ainsi, à la bataille du Pont d'Arcole, Napoléon Bonaparte brandit un étendard blanc ayant un faisceau du licteur doré au centre, et quatre losanges bleus et rouges dans les angles. Cette variété est conforme à la tradition des drapeaux. Elle est visible dès les origines (une cocarde, dont les couleurs étaient diversement superposées et non accolées dans un ordre uniforme).
Sous Napoléon Ier, les drapeaux des régiments avaient souvent une croix blanche cantonnée de rouge, de bleu ou de vert. Les dessins variaient d'un régiment à l'autre.
Une première uniformisation des drapeaux régimentaires date de 1804 : carré blanc sur la pointe au centre et triangles alternés bleus et rouges dans les coins, inscriptions dorées au centre. Ils portait le nom d'aigles, par référence à celles imitées de l'Empire romain qui couronnaient la hampe.
Le dessin à bandes verticales des pavillons est adopté pour les drapeaux de l'armée de terre en 1812, avec inscriptions dorées sur le blanc.
Comment s'est imposée la bannière tricolore [modifier]
Armoiries de la France sous le régime de la Monarchie de Juillet
La Restauration rétablit en 1814 le drapeau blanc. Louis-Philippe, qui a combattu à Valmy et à Jemmapes, restaure en 1830 sous la Monarchie de Juillet le drapeau tricolore. La hampe s'orne d'un coq.
La Révolution de 1848 pencha un moment pour le drapeau rouge, en référence au drapeau rouge arboré par la garde nationale en cas d’instauration de la loi martiale, invention de la Révolution française. Le drapeau rouge signe de la loi martiale fut utilisé le 17 juillet 1791 quand la Garde nationale ouvrit le feu sur une manifestation au Champ de Mars. Le drapeau symbole de la répression du peuple insurgé est repris par celui-ci comme emblème. Cette inversion de sens du drapeau rouge relève d’un processus classique de la création et de l’appropriation des symboles. Le groupe ou la population en question prend comme emblème le symbole même de sa répression. Le drapeau rouge a par la suite été choisi par les résistants au coup d’État de 1851, puis par la Commune de Paris en 1871 et par les bolchéviques lors de la révolution de 1917.
Cependant, le poète Lamartine (né le jour de l'adoption du nouveau pavillon) impose le drapeau tricolore comme drapeau de la Seconde République issue de la Révolution de 1848. Dans une harangue à la foule en 1848, le poète défendit le drapeau bleu-blanc-rouge, arguant qu'il « a fait le tour du monde avec la République et l'Empire, alors que le drapeau rouge n'a fait que le tour du Champ-de-Mars dans le sang du peuple ». Le coq ornant la hampe est abandonné pour le fer de lance, toujours repris depuis.
En 1873, le retour à la royauté échoua à cause du refus intransigeant du prétendant légitimiste au trône de France, Henri d'Artois, comte de Chambord, d’accepter le drapeau tricolore. Il exigeait au contraire le retour au drapeau blanc de l’Ancien Régime. Par le manifeste du drapeau blanc du 5 juillet 1871 réitéré par lettre le 23 octobre 1873, il refuse d'abandonner le drapeau blanc pour le drapeau tricolore, héritage de la Révolution, ruinant les espoirs d'une restauration monarchique rapide (« Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d'Henri IV »). Charles Maurras écrira plus tard : « il a été prêtre et pape de la royauté plutôt que roi. »
En Vendée, pays de tradition royaliste (légitimiste), il fallut attendre 1916 pour que le drapeau tricolore fût admis dans l'enceinte des églises (voir Union sacrée et Claire Ferchaud).