Citation
Du danger de porter le « mankini » de Borat dans les rues du Kazakhstan en 2017
Plus de dix ans après sa sortie, le pays d’Asie centrale doit encore, de temps à autre, gérer les conséquences du film de Sacha Baron-Cohen.
LE MONDE | 22.11.2017 à 15h49 • Mis à jour le 22.11.2017 à 17h18 |
Par Luc Vinogradoff
L’histoire est apparue sur le site d’information kazakh InformBuro avant d’être reprise par l’agence Associated Press, qui a assuré sa présence sur les « unes » de sites anglo-saxons à travers le monde – et puis ici, sur Big Browser.
Les héros de cette histoire sont six touristes tchèques, venus passer quelques jours à Astana, la capitale kazakhe. Ils ont été arrêtés par la police alors qu’ils étaient presque nus devant un panneau « I love Astana », avec pour seuls habits un mankini vert fluo et des perruques noires. La photo de l’incident a été prise au moment des préparatifs sur l’immense esplanade, juste avant l’arrestation. Sous le ciel gris, il n’y avait personne pour regarder les simili-Borats, à part les policiers.

Le groupe de touristes tchèques en train de revêtir leur « mankini », à Astana le 15 novembre.
Le « maillot de bain » microscopique est familier de ceux qui ont vu le film Borat : leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan. C’est un des costumes portés par l’acteur britannique Sacha Baron-Cohen, qui joue un journaliste kazakh épuisant à regarder.
Plus de dix ans après la sortie de ce faux documentaire au succès mondial, le Kazakhstan traîne encore comme un boulet ces blagues et caricatures extrêmes d’un pays dégénéré, que le film a popularisées. Elles ne font toujours pas rire les policiers kazakhs. Chaque faux Borat tchèque a été emmené au poste et a reçu une amende de 22 500 tenge (58 euros) pour « actes de hooliganisme mineurs ».
« Great success »
Comme le Kazakhstan, Sacha Baron-Cohen traîne aussi derrière lui le personnage qu’il a imaginé il y a une décennie. Il a fait beaucoup de choses depuis mais, pour certains, il sera toujours Borat Sagdiyev, à qui on demande de dire « great success » dans la rue. Mais il a un peu plus d’humour que les policiers kazakhs, puisqu’il a écrit un message sur Facebook pour dire qu’il paierait les amendes de ses imitateurs. Il faut que les personnes concernées le contactent à l’adresse arrestedforwearingyourmankini@gmail.com. (« arrêtépouravoirportévotremankini@gmail.com »).
Sans juger de l’humour ou du manque d’humour des uns et des autres, cet incident nous rappelle que la résonance culturelle de ce film porte encore, même après une décennie. Et que le Kazakhstan a toujours un rapport compliqué avec lui.
A sa sortie, le Kazakhstan avait mal pris sa caricature, d’autant que rien de ce qui était montré dans le film n’était réel. Les scènes filmées dans un village arriéré, censées être filmées au Kazakhstan, l’étaient, en fait, en Roumanie. La langue parlée par Borat était un mélange d’hébreu et de polonais.
Les autorités kazakhes ont bien pris soin de le répéter dans des campagnes de publicité dans les journaux américains, en menaçant d’interdire la diffusion du film. Plus tard, elles reconnaîtront que, malgré des blagues douteuses sur l’inceste ou à propos d’animaux vivant dans le salon, Borat aura contribué à attirer les touristes, même s’ils ne sont là que pour répliquer des scènes débiles d’un film qui n’a rien à voir avec eux.
Plus de dix ans après sa sortie, le pays d’Asie centrale doit encore, de temps à autre, gérer les conséquences du film de Sacha Baron-Cohen.
LE MONDE | 22.11.2017 à 15h49 • Mis à jour le 22.11.2017 à 17h18 |
Par Luc Vinogradoff
L’histoire est apparue sur le site d’information kazakh InformBuro avant d’être reprise par l’agence Associated Press, qui a assuré sa présence sur les « unes » de sites anglo-saxons à travers le monde – et puis ici, sur Big Browser.
Les héros de cette histoire sont six touristes tchèques, venus passer quelques jours à Astana, la capitale kazakhe. Ils ont été arrêtés par la police alors qu’ils étaient presque nus devant un panneau « I love Astana », avec pour seuls habits un mankini vert fluo et des perruques noires. La photo de l’incident a été prise au moment des préparatifs sur l’immense esplanade, juste avant l’arrestation. Sous le ciel gris, il n’y avait personne pour regarder les simili-Borats, à part les policiers.

Le groupe de touristes tchèques en train de revêtir leur « mankini », à Astana le 15 novembre.
Le « maillot de bain » microscopique est familier de ceux qui ont vu le film Borat : leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan. C’est un des costumes portés par l’acteur britannique Sacha Baron-Cohen, qui joue un journaliste kazakh épuisant à regarder.
Plus de dix ans après la sortie de ce faux documentaire au succès mondial, le Kazakhstan traîne encore comme un boulet ces blagues et caricatures extrêmes d’un pays dégénéré, que le film a popularisées. Elles ne font toujours pas rire les policiers kazakhs. Chaque faux Borat tchèque a été emmené au poste et a reçu une amende de 22 500 tenge (58 euros) pour « actes de hooliganisme mineurs ».
« Great success »
Comme le Kazakhstan, Sacha Baron-Cohen traîne aussi derrière lui le personnage qu’il a imaginé il y a une décennie. Il a fait beaucoup de choses depuis mais, pour certains, il sera toujours Borat Sagdiyev, à qui on demande de dire « great success » dans la rue. Mais il a un peu plus d’humour que les policiers kazakhs, puisqu’il a écrit un message sur Facebook pour dire qu’il paierait les amendes de ses imitateurs. Il faut que les personnes concernées le contactent à l’adresse arrestedforwearingyourmankini@gmail.com. (« arrêtépouravoirportévotremankini@gmail.com »).
Sans juger de l’humour ou du manque d’humour des uns et des autres, cet incident nous rappelle que la résonance culturelle de ce film porte encore, même après une décennie. Et que le Kazakhstan a toujours un rapport compliqué avec lui.
A sa sortie, le Kazakhstan avait mal pris sa caricature, d’autant que rien de ce qui était montré dans le film n’était réel. Les scènes filmées dans un village arriéré, censées être filmées au Kazakhstan, l’étaient, en fait, en Roumanie. La langue parlée par Borat était un mélange d’hébreu et de polonais.
Les autorités kazakhes ont bien pris soin de le répéter dans des campagnes de publicité dans les journaux américains, en menaçant d’interdire la diffusion du film. Plus tard, elles reconnaîtront que, malgré des blagues douteuses sur l’inceste ou à propos d’animaux vivant dans le salon, Borat aura contribué à attirer les touristes, même s’ils ne sont là que pour répliquer des scènes débiles d’un film qui n’a rien à voir avec eux.