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Moteurs dans les vélos : un agent de coureurs accuse
Un agent de coureurs belge affirme que l'existence des moteurs dans le cyclisme existe depuis bien longtemps et que l'UCI, la fédération internationale, est au courant.
L’enquête sur les moteurs électriques de Stade 2, dimanche dernier, et du journal italien «Corriere della Sera», continue de faire du bruit. Le Belge Vincent Wathelet, producteur de courses à la télé, mais aussi agent de coureurs comme Philippe Gilbert ou Arnaud Démare s’est ainsi longuement confié à nos confrères de la RTBF.
Il assure notamment que Stefano Varjas, l’ingénieur hongrois qui a conçu les moteurs miniatures, avait il y a quelques années « approché un des coureurs » dont il est « très proche en lui disant qu’il avait perdu de nombreuses courses par rapport à des concurrents qui utilisaient des vélos électriques »
Scandalisé par l’inertie de l’UCI, la Fédération internationale, sur ce phénomène qui existait déjà avant 2010 (année des succès troublants de Cancellara sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix), Wathelet assure qu’il s’est plaint à de nombreuses reprises auprès des instances dirigeantes.
« J’ai dit que les contrôles étaient insuffisants, que le scanner de l’UCI était un jouet qui ne permettait vraiment pas de pouvoir contrôler efficacement. »
Il va ensuite plus loin. Extraits :
- « Lors du dernier Tour de France, j’étais scandalisé de m’apercevoir que certaines équipes, et non des moindres, enlevaient les roues à peine la ligne franchie et ensuite, sur les home-trainers, ils utilisaient les vélos sans les roues. C’est assez incompréhensible pour moi. J’ai alerté les autorités, j’ai alerté beaucoup de monde mais malheureusement il faut toujours attendre qu’une personne soit prise vraiment sur le fait pour qu’il y ait une réelle réaction. »
- « Le vrai problème, c’est qu’en apprenant tout ça, vous êtes d’abord horrifiés, moi le premier. Parce que pour moi c’est pire que n’importe quelle tricherie. Le dopage médical, que je n’approuve pas, est déjà répréhensible et heureusement quasiment jugulé mais par contre le dopage mécanique, c’est encore plus scandaleux parce que c’est de la triche à l’état pur. Et encore beaucoup plus grave. Des coureurs dits « sains » trichent en fait totalement parce qu’ils utilisent des matériaux interdits et ils le font consciemment. »
- « C’est tellement sophistiqué que pour l’UCI ce n’est pas simple. Comme beaucoup de gens, ils y croyaient sans trop y croire même si ils savaient que ça existait. Dans le monde du sport et principalement le cyclisme, il y a souvent une sorte d’omerta. (...) Au niveau du dopage mécanique, le nœud, c’est qu’il faut mettre des gros moyens en œuvre pour pouvoir coincer les coureurs. Il faut des commissions rogatoires pour démonter des vélos. Ce n’est pas très simple d’un point de vue juridique. »
- «Pour repérer les tricheurs, il faut regarder les performances et aussi les paramètres physiques. Quand vous constatez un rythme de pédalage incroyable dans une pente à fort dénivelé avec des battements cardiaques bas, selon moi, c’est clair qu’il y a tricherie. C’est une règle de trois : les battements du cœur, le rythme de pédalage et la déclivité. Mais comme je le disais, ce n’est pas suffisant. Il faut aussi que, dans ce cas-là, toute la machine juridique se mette en marche pour que le vélo soit saisi, que les vélos de réserve soient saisis, que l’on ne donne pas la possibilité aux mécanos de s’approcher des vélos. Il faut surtout qu’à l’avenir on interdise dans le règlement les changements de vélos sauf pour des raisons mécaniques graves.»
Enfin, si Vincent Wathelet affirme que « les caméras thermiques sont le seul moyen de pouvoir démontrer qu’effectivement un vélo délivre une source d’énergie anormale, qui n’est pas un frottement, qui provient d’une utilisation de batteries », l’UCI compte rester fidèle à ses méthodes. Dans un communiqué, la Fédération a ainsi indiqué : « Nous avons essayé l’imagerie thermique, les rayons X ou les tests par ultrasons mais les tests de résonance magnétique sont la meilleure méthode, de loin la plus efficace, fiable et précise. Nous utilisons un logiciel que nous avons développé avec une société spécialisée. Le scan est fait avec une tablette et permet à un opérateur de tester le cadre et les roues d’un vélo en moins d’une minute. Nous avons testé les vélos à de nombreuses courses cette année (par exemple, 216 à Tour des Flandres, 224 à Paris-Roubaix) et nous continuerons ces tests à grande échelle dans toutes les disciplines tout au long de l’année. La coopération des équipes et des coureurs lors de ces tests a été excellente ».
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