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TOUR D'ITALIE - Un Giro pour grimpeurs ? Pas si évident.
TOUR D'ITALIE - Comme souvent, le Giro avait offert un terrain de jeu conséquent aux grimpeurs avec pas moins de sept étapes de haute montagne. Pour autant, le parcours proposé n'a pas créé autant d'écarts que l'on aurait pu l'imaginer. La faute à un nivellement des favoris, à la grosse performance de Dumoulin bien sûr, mais aussi à des ascensions beaucoup moins difficiles que ces dernières années
On ne cherchera nullement à rabaisser la performance de Tom Dumoulin, impeccable tout au long des trois semaines malgré une dernière semaine plus difficile. Le Néerlandais a exploité à la perfection ses qualités, sans jamais s'affoler des accélérations de ses adversaires et de sa solitude en haute montagne. Mais force est de constater que le "papillon de Maastricht" a quand même bénéficié d'un tracé relativement favorable à son profil. Du moins, plus que ce à quoi le Giro nous avait habitué lors des précédentes éditions.
Des montées finales trop régulières
Alors, bien sûr, la montée du Blockhaus (9% de moyenne) et celle de Piancavallo (6km à 9% puis 9km à 6%) avaient bien le profil pour faire des écarts entre les favoris. Ce n'est d'ailleurs pas surprenant que ses deux étapes aient été celles où les grimpeurs se sont le plus illustrés, avec le chef d'œuvre de Quintana au Blockhaus et la – relative - défaillance de Dumoulin (1' de perdue) à Piancavallo. Malheureusement, elles étaient trop seules.
Quintana distance Nibali et Pinot lors de la 9e étape du Giro 2017, arrivant au sommet du Blockhaus.
Bien que difficiles, l'Etna (7% de moyenne), Oropa (6km "seulement" entre 7% et 9%), la montée finale de Pontives vers Ortisei (6%) et celle de Foza (7%) étaient trop régulières, presque trop roulantes pour y voir les grimpeurs faire des différences. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que Dumoulin n'a concédé que 6'' à Quintana sur l'ensemble de ces étapes (20'' de perdues dans Foza mais 14'' de gagnées à Oropa).
Les géants loin de l'arrivée
Pourtant, les organisateurs avaient bien sûr placé quelques classiques sur la route de ce 100e édition. Avec le Mortirolo (plus de 8%, max 16%) et la double ascension du Stelvio (7% et 9% de moyenne) mais aussi le Monte Grappa (25km à 6%, très irrégulier et max 11%), certains des plus grands géants d'Italie étaient présents sur le tracé en 2017. Mais pas forcément à des moments propices.
Si le Stelvio a été doublement exposé lors de la terrible étape de Bormio avec une dernière ascension dont le sommet était placé à 19,5 km de l'arrivée, les deux autres cols mythiques de ce Tour d'Italie 2017 étaient trop mal situés pour espérer jouer un rôle majeur. Alors, bien sûr, le Mortirolo jouait le rôle d'amuse-gueule monstrueux lors du 16e opus vers Bormio. Mais qu'en était-il du Monte Grappa ? Son retour, trois ans après avoir été franchi en cronoescalata par le Giro, laissait rêveur. Il n'en a rien été. Pour cela, il aurait sans doute fallu qu'il soit situé moins loin (67km) de l'arrivée… D'ici, impossible pour les leaders d'en tirer quelque chose.
Les pourcentages aux abonnés absents
Globalement, ce Tour d'Italie 2017 était loin de ses prédécesseurs en termes d'ascensions aux pourcentages terribles. Ces fameux cols qui ont fait du Giro la réputation d'être le Tour des vrais grimpeurs. Et, à l'exception donc du Stelvio voire du Blockhaus, difficile d'en trouver un où les favoris auraient pu s'expliquer. Pourtant, ce ne sont ces montées qui manquent en Italie.
On pense notamment au Monte Bondone (22,5 km très irrégulier à 6%, max 18%), arrivée d'étape en 2006 (le top 10 en 3'30''), au Monte Zoncolan (10,5 km à 11,5%, max 20%), un des cols les plus durs d'Europe, mais aussi le Plan des Corones (17km à 7,5%, max 15%) avec ses passages en terre, le Passo Giau (10km à 9%, max 10%), fatal à Valverde et Zakarin l'an dernier dans l'étape de Corvara ou encore le Val Martello (22,7 km irréguliers à 6%, max 14%), arrivée d'étape en 2014 (le top 10 en 4'48'' !). Autant de cols favorables aux purs grimpeurs que les organisateurs n'ont pas choisi de sélectionner pour cette 100e édition.
La 3e semaine de folie, la fausse bonne idée ?
Et si finalement, la - relative – déception concernant le parcours venait de la configuration et la répartition des difficultés ? Comme souvent ces dernières années sur le Tour d'Italie, les organisateurs avaient misé sur une dernière semaine absolument terrible avec de la montagne tous les jours et trois arrivées au sommet. Alors, c'est évident, les grimpeurs y sont avantagés. Mais les spécialistes de Grands Tours, comme Nairo Quintana ou Vincenzo Nibali, le sont-ils autant ? Pas vraiment.
Car la fatigue relative aux deux premières semaines de course est loin d'être aussi importante lorsque les enchaînements de cols y sont inexistants. En 2017, il a fallu attendre la 16e étape vers Bormio pour assister à une véritable succession d'ascensions. Pour le reste, que ce soit au Blockhaus, à Oropa et, à un degré moindre vu l'ascension lointaine (70km d'écart) du Portella Feminina Morta, à l'Etna, le peloton a dû affronter des montées sèches, ce qui fatigue bien moins les organismes. C'est aussi pour ça que Tom Dumoulin possédait une aussi large avance (2'41'' sur Quintana) au départ de l'étape de Bormio. C'est en partie aussi pour cela qu'il a fini en rose à Milan. Mais, après tout, les grimpeurs connaissaient le parcours avant de venir. C'était à eux de se débrouiller. Ils n'ont pas su en tirer profit, et c'est tant mieux pour le Néerlandais.
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