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Épidémie de coronavirus : et si les bonnes nouvelles venaient de Chine ?
Les autorités chinoises ont annoncé la réouverture de lieux publics et la fermeture d’hôpitaux de campagne, alors que le nombre de nouveaux cas est en forte diminution dans le pays.
Par Ronan Tésorière
Le 9 mars 2020 à 17h51
« Le jour que tout le monde attend ne devrait plus être si loin que ça ». Devant la presse, Ding Xiangyang, secrétaire général adjoint du gouvernement chinois, veut croire que le plus dur est derrière son pays. Alors que l'Europe et le reste du monde voient la crise du coronavirus prendre une ampleur sans précédent, l'empire du Milieu semble lui voir le début de la fin de l'épidémie approcher.
Depuis plusieurs semaines, l'inversion de la courbe statistique est impressionnante dans le pays au 1,4 milliard d'habitants qui n'a vu que 47 nouveaux cas apparaître dimanche après un pic extraordinaire à 15 133 cas le 13 février dernier. Le coronavirus a encore tué 22 personnes dans le pays, selon le bilan journalier fourni lundi par les autorités, mais c'est le chiffre le plus bas communiqué depuis le 27 janvier.
Reprise des activités en cours
À Wuhan (centre), la ville de 11 millions d'habitants au cœur de l'épidémie, plusieurs signes laissent espérer une fin progressive des mesures de quarantaine imposées depuis le 23 janvier dernier.
Témoin du recul de la maladie à Wuhan, 14 des 16 hôpitaux de campagne ouverts pour les patients contaminés ont déjà été fermés, rapporte l'agence officielle Chine nouvelle. Ces établissements ont traité des milliers de patients installés dans des usines, des installations sportives ou encore un parc d'expositions convertis en hôpitaux. Les deux derniers doivent même fermer leurs portes ce mardi.
Autre « bonne nouvelle », l'aéroport de la ville, pas encore opérationnel, a vu certains de ses responsables reprendre le travail, mais sans préciser quand les vols pourraient reprendre. Les employés de tous les aéroports de la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale, ont d'ailleurs reçu l'ordre de retourner au travail dès jeudi.
Une stratégie payante
La réussite de la stratégie chinoise dans la gestion du virus a d'ailleurs été soulignée par l'OMS ce week-end. « Ils ont réussi à changer le cours d'une épidémie, sans vaccin, ce qui est extraordinaire », a souligné le Dr Bruce Aylward, conseiller principal du directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, à son retour de Chine. Malgré l'ampleur de la crise et la viralité du Covid-19, les Chinois, en appliquant une stratégie de confinement rapide de quelques grandes villes, et en revenant à des politiques de santé publique basiques, ont endigué la propagation. « C'est le message que nous avons vu en Chine - et l'une des grandes surprises » a souligné le scientifique de l'OMS. Résultat : plus de 70 % des malades en Chine ont guéri, selon les déclarations de l'organisme mondial ce lundi.
Un succès souligné par Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l'Inserm. « C'est plutôt positif », valide la virologue au Parisien. « Ils continuent d'identifier tous les cas, font toujours des suivis précis des contacts. Ces chiffres sont le résultat de cette politique et de traçage et d'isolement des cas confirmés. Mais il ne faut pas être trop naïf et se dire que c'est fait. Il faut attendre que la tendance se confirme », tempère l'ex-membre de l'OMS. La scientifique rappelle aussi que les méthodes utilisées par le régime de Xi Jinping, parfois extrêmes, ne sont pas forcément applicables en France.
Risque de crise économique ou sociale
Mais côté Chinois, l'aspect économique de la crise du coronavirus n'a pas été négligé, bien au contraire. « C'est une question d'analyse du risque et du bénéfice. C'est bien sûr une crise sanitaire majeure, mais ils ne peuvent pas continuer à laisser le pays à l'arrêt. Cela basculerait en crise économique mais surtout en crise sociale », continue Marie-Paule Kieny. Face au risque de crise politique, « ils relâchent donc un peu la pression et si ça se passe bien, ils vont continuer », conclut la chercheuse.
Dans ce contexte d'optimisme, à Shanghai, à l'est du pays, Disneyland a partiellement rouvert lundi. Le parc d'attractions, proprement dit, reste fermé, mais « un nombre limité » de boutiques, de restaurants et un hôtel reprennent leurs activités à l'entour, a expliqué le groupe américain. Le géant suédois de l'ameublement Ikea a pour sa part annoncé pendant le week-end avoir désormais rouvert plus de la moitié de la trentaine de magasins qu'il compte en Chine.
Ironie tragique : Pékin qui compte toute de même 3119 morts sur plus de 80 700 personnes contaminées, redoute maintenant une contagion « importée ». Quatre nouveaux cas de contamination venus de l'étranger se sont ajoutés lundi à un précédent total de 63 cas en provenance notamment d'Italie ou d'Iran.