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Coronavirus. Une entreprise bretonne met au point un test « ultra-rapide » de détection du Covid-19
NG Biotech, une entreprise bretonne implantée à Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine), a mis au point un test « ultra-rapide » de l’infection de Covid-19, réalisé à partir d’une goutte de sang. Elle espère le commercialiser à grande échelle. Entretien.
L’entreprise bretonne NG Biotech a développé un nouveau test sérologique. « Ce test sur bandelette permettra, à partir d’une goutte de sang, d’identifier, en 15 minutes, les anticorps spécifiques produits par l’organisme », en cas d’infection au virus SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. « Il s’agit du premier test sanguin ultra-rapide fabriqué et cliniquement validé en France », comme le décrit le Dr Alain Calvo, directeur du développement chez NG Biotech.
Ce test ultra-rapide, de quoi s’agit-il ?
Il ne s’agit pas d’une innovation. Mais notre test rapide se démarque par sa simplicité d’utilisation. Il suffit d’une goutte de sang au bout du doigt. Comme pour un test de grossesse, sauf que cette fois-ci, le principe est appliqué dans le cadre d’une crise sanitaire inédite, pour lequel il a fallu rapidement s’adapter.
Présentez-nous NG Biotech…
NG Biotech est une entreprise française, avec Milovan Stankov Poges à sa tête, son PDG fondateur. Elle dispose d’une équipe de recherche pointue, d’un site de production à Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine), près de Rennes. Nous avons une longue expérience dans le test rapide. Il donne une autre dimension au diagnostic. Il peut être réalisé en dehors du laboratoire classique et permet de transférer les résultats en temps réel.
Comment fonctionne-t-il ?
Actuellement, le test PCR permet de détecter le virus, mais il demande du temps et coûte cher. Plus de 50 € l’unité. Nous proposons une solution complémentaire : le test sérologique. Il permet de détecter la présence d’anticorps dans le sang, en quelques minutes. Ces derniers apparaissent après l’infection, car notre système immunitaire se met en action. Et cela fonctionne que l’on ait été malade ou non : les cas asymptomatiques, même s’ils ne présentent pas les symptômes du Covid-19, produisent quand même des anticorps.
Quelles utilisations concrètes ?
Ce test peut se révéler très utile pour les personnels soignants, les personnes à risques. Il permet aussi de localiser très rapidement des porteurs sains qui peuvent infecter d’autres personnes autour d’eux. Dans le futur, il sera très important de connaître le statut immunitaire de la population, pour dresser un état des lieux, mettre en place les outils nécessaires en cas de nouvelle apparition de l’épidémie.
D’autres concurrents sur les rangs ?
Nous sommes fiers d’être une société française, bretonne. Nous sommes une petite structure, très réactive. De grandes sociétés vont arriver avec des tests sérologiques, mais elles n’ont pas toutes une plateforme de production en France.
Le test a-t-il été validé par les autorités sanitaires ?
Le test est marqué CE. Il s’agit d’une auto-validation qui permet de le commercialiser. Il a été surtout évalué par des centres hospitaliers ainsi que par l’Institut Pasteur. En quelques semaines, nous avons su mettre en place la faisabilité d’un test entre les mains d’urgentistes. Dorénavant, ce test est commercialisable, validé et largement diffusé en communication auprès de la communauté scientifique.
Qui a passé commande ?
Au départ, il n’y a pas eu de commande. Olivier Véran, le ministre de la Santé, a annoncé qu’il comptait commander 2 millions de tests de sérologie, pour une mise à disposition plus importante. Pour l’instant, nous sommes en négociation avec le ministère. Notamment pour fixer le prix. Nous avons bon espoir d’aboutir rapidement.
Comment le test sera-t-il diffusé ?
Actuellement, il faut traiter l’urgence. La priorité est de mettre ce type de test entre les mains du corps médical soignant, dans les hôpitaux. On peut aussi imaginer son déploiement, dans un second temps, dans les laboratoires. Pourquoi pas un test grand public à l’avenir ? Mais ce n’est pas l’objectif premier. On aurait d’ailleurs du mal à suivre au niveau de la production.
Quelles sont vos capacités de production ?
Notre effectif actuel totalise une quarantaine de personnes. Nous sommes en mesure de produire entre 50 000 et 70 000 tests dès ce mois d’avril. Nous nous sommes penchés sur une projection, pour monter en puissance rapidement. Nous pouvons atteindre une capacité de 300 000 à 500 000 tests par mois en mai. Puis monter à un million de tests en juillet. Pour cela, il faudra nous aider, nous accompagner pour recruter et étendre notre site de production en Bretagne.
Proposé à Véran il y a déjà 3 semaines.