Citation (Le Parisien)
PSG : Thiago Silva, capitaine mal aimé
Le capitaine du PSG, Thiago Silva, est une personnalité controversée.
L’international brésilien du PSG ne rassemblera jamais l’unanimité sur son nom. Sa personnalité clivante divise même à l’intérieur du vestiaire parisien.
Contesté souvent, admiré par moments, Thiago Silva résiste encore et toujours à l’usure du temps. Voilà en effet plus de cinq ans et 208 matchs que le Brésilien enserre le brassard de capitaine du PSG autour de son bras gauche avant chaque coup d’envoi. Un bail sans discontinuer depuis novembre 2012 qui doit d’ailleurs lui offrir dans les prochaines semaines le record du nombre de capitanats dans l’histoire du club, propriété à ce jour de Dominique Bathenay (220 brassards entre 1979 et 1985).
Cette longévité pourrait inspirer le respect. Elle est pourtant accueillie avec une certaine réserve, dans l’intimité du camp des Loges comme à l’extérieur du club. « Thiago Silva est un très bon joueur mais je mets en doute ses capacités de leader de son équipe », souffle Bathenay depuis son poste d’observateur. A l’intérieur du club, d’autres reproches, plus précis, circulent à son sujet : une personnalité introvertie et peu fédératrice, un profil d’intriguant proche du pouvoir et une fragilité émotionnelle qui pose une limite dans les très grands rendez-vous.
Unai Emery l’a appris à ses dépens lors du match retour contre le FC Barcelone (6-1). Délibérément ou paralysé par la peur, Silva avait alors bafoué les consignes de l’entraîneur espagnol en faisant outrageusement reculer le bloc défensif. Un sérieux coup de canif dans le contrat de confiance entre le coach et son capitaine qui a bien failli avoir des conséquences en fin de saison. Sous l’impulsion d’Emery, le PSG a ainsi envisagé un changement de capitanat, au profit de Cavani ou de Marquinhos, tout en travaillant sur le recrutement d’une alternative en défense centrale.
Un pouvoir considérable
L’arrivée de Pepe, l’ex-défenseur central du Real Madrid, était à l’étude. Finalement, aucune de ces deux pistes n’a été finalisée. A-t-il été protégé par son président Nasser Al-Khelaïfi ? Thiago Silva a en tout cas sauvé son poste de titulaire comme de capitaine. Ensuite, de l’eau a coulé sous les ponts. Les arrivées conjointes de Dani Alves et de Neymar ont d’abord redonné un pouvoir considérable à la communauté brésilienne du PSG. Dans le même temps, Thiago Silva, 33 ans, a redoré son blason au fil de performances haut-de-gamme, en Ligue 1 comme en Ligue des champions.
Il s’est aussi illustré en s’interposant entre Cavani et Neymar, mi-septembre, lors de la prise de bec entre les deux attaquants après l’affaire du pénalty. Mais un match en demi-teinte sur le terrain du Bayern Munich début décembre (défaite 3-1), ponctuée d’une sortie sur blessure, a nourri à l’inverse sa réputation d’homme fragile, dès lors qu’il croise la route de très grands attaquants. « Thiago Silva est pour moi le meilleur défenseur central du monde, l’a défendu ensuite Unai Emery. Il a encore plus d’envie que l’année dernière. Son capitanat lui offre un statut à part, auprès du vestiaire et auprès de moi ».
Proche de Nasser Al-Khelaïfi
Un statut dont justement il use et abuse selon ses détracteurs. Passe encore sa grande proximité avec le président Nasser Al-Khelaïfi. Elle s’est construite au fil du temps, dans les coulisses de l’ère Ibrahimovic. Les deux hommes, d’un naturel plutôt calme et pondéré, s’apprécient et se parlent régulièrement. Mais jusqu’où s’étend l’influence du Brésilien auprès du dirigeant qatarien ? A-t-il eu par exemple la peau de David Luiz comme il avait eu celle de Mamadou Sakho quelques années plus tôt ? A sa décharge, ses prises de paroles publiques, sur ces deux sujets comme sur tant d’autres, ont le mérite d’être limpides. Avec lui, pas de robinet d’eau tiède.
Sa dernière « révélation » en date ? L’envie de départ de Javier Pastore, cet hiver, contrariée par ses dirigeants. En disant sans doute la vérité, Thiago Silva a aussi brisé l’omerta sacrée du vestiaire. « Certains capitaines sont aimés, d’autres sont respectés. Thiago, ce n’est ni l’un ni l’autre », tranche un ancien Parisien, sous couvert d’anonymat. La double confrontation à venir contre le Real Madrid, ses duels en altitude et la fièvre qui l’entoure, lui offre la possibilité de regagner le terrain perdu. Dans le coeur des supporteurs comme de ses coéquipiers.
Jamais déçu par Le Parisien, qui cherchera toujours à nous chier dans les bottes avant un match important pour le club...