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PSG : et si Leonardo avait raison ?
LIGUE 1 - La déclaration de Leonardo, censée expliquer la défaite de son PSG à Reims samedi, a ému de nombreux acteurs du Championnat de France. Parce qu'il n'y a que la vérité qui blesse ?
"On a peut-être une équipe faite pour l'Europe, basée sur le talent, la qualité de passes, pas pour ce genre de matches." La petite phrase de Leonardo, lâchée quelques minutes après la défaite (1-0) du PSG à Reims, a mis le feu aux poudres. Passé un court temps de stupeur, les acteurs et les suiveurs du foot français lui sont tombés dessus en nombre pour le taxer d'arrogance, voire de mépris. Certains y ont vu une maladresse liée à une sortie totalement improvisée. D'autres le signe que le directeur sportif brésilien serait en conflit avec sa direction, et préparerait ainsi son départ en anticipant son échec à la fin de la saison. Mais qu'a-t-il dit de si choquant ?
"C'est un manque de respect, tonnait le milieu valenciennois, José Saez, dans les colonnes du Parisien. Tenir ce genre de propos, c'est petit. Dire qu'on est taillés pour l'Europe, c'est bien beau, mais Paris n'est pas encore le Real. Être un grand d'Europe, ça passe d'abord par un palmarès en France." Le Qatar, qui a placé le titre de champion de France au rang de priorité absolue, ne dit d'ailleurs pas autre chose. Mais Leonardo a-t-il dit le contraire ? "Nous devons apprendre à gagner ce type de matches qui laisse l'impression que c'est le riche qui affronte le pauvre. Cela crée un climat particulier. Il faut que Paris apprenne à maîtriser ce contexte. C'est même fondamental."
"Un fossé financier"
En d'autres termes, le PSG se doit d'assumer sa supériorité supposée. "Ça me fait penser à la bagarre entre l'ours et le crocodile. Dans l'eau, c'est le crocodile qui est le plus fort. Dans la jungle, c'est l'ours. C'est la vie, c'est ainsi, disait encore le Brésilien samedi. Quand les conditions sont favorables à l'adversaire, eh bien il gagne. Reims a gagné. Et quand quelqu'un gagne, c'est que, quelque part, il était le plus fort." Voilà pour les soupçons d'arrogance. Non, Leonardo ne pense pas que Reims a volé sa victoire. Il estime juste que le PSG aurait dû gagner. Sans doute au même titre que Pierre Ménes et Jean-Michel Larqué, qui n'ont pourtant pas manqué de déverser leur fiel.
Le président de Valenciennes, Raymond Legrand, qui assure qu'il aurait été "vexé" si de tels propos avaient visé son équipe, donne, malgré lui, une autre clé pour comprendre Leonardo, lâchant : "On a autant de mérite à jouer en L1 que le PSG, voire plus parce qu'on rame pour survivre financièrement. Ça doit stimuler toutes les équipes. Il y a un fossé financier, il ne faut pas qu'il y ait une rupture totale entre le PSG et les autres." Une déclaration qui rejoint celle du Brésilien sur "le riche qui affronte le pauvre". Certes, le directeur sportif a dénigré récemment le retard pris par la France sur ses voisins européens. Mais le "fossé" dont il rêve n'existerait qu'au classement...
"C'est du combat"
Il est donc non seulement dans son bon droit, mais il ne fait surtout pas preuve de condescendance vis-à-vis de la Ligue 1, bien au contraire. Pour le président du LOSC Michel Seydoux, Leonardo "a voulu faire un compliment à son équipe sans se rendre compte qu'il était en train de dénigrer le Championnat". Sauf que c'est bien mal connaître le Brésilien, très habile dans l'art de communiquer. Lequel a tenu le même discours qu'en zone mixte quelques minutes plus tard face aux caméras de Canal+, après l'avoir livré aux joueurs dans le vestiaire. La preuve qu'il sait ce qu'il dit, et n'ignore pas à quel moment il le fait.
Les chiffres ne mentent pas : quatre des cinq défaites du PSG cette saison étaient avant ou après un match européen. Le déplacement à Reims, trois jours avant la réception de Valence, n'échappe pas à la règle, ce qui a fait dire à Leonardo : "C'est du combat. Et nous n'avons pas la clé pour gagner ce genre de matches. Cette défaite était prévisible." Le directeur sportif met ainsi gentiment la pression sur ses hommes pour mercredi, comme pour les punir, mais les avertit surtout pour la suite du Championnat. Une manière efficace, aussi, d'aimanter toutes les critiques pour préserver ses joueurs. Ce qui s'appelle faire d'une pierre trois coups. Ou rester lucide dans les moments chauds.
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