JVNPrévu pour le début d'année prochaine, Heavy Rain a enfin laissé entrapercevoir son potentiel véritable. Surprise, il pourrait bien être pour toute une partie de joueurs en mal de nouvelles expériences le jeu le plus prometteur de 2010 !Déjà une troisième preview pour Heavy Rain… Au gré des présentations et des salons, le très ambitieux projet de David Cage nous avait donné des aperçus de ce qu’il proposerait au final. Sans renier le passé, vous pouvez oublier tout ce que nous avons pu écrire jusqu’alors. En effet, avec une version composée d’une dizaine de chapitres et non plus simplement une scène dénuée de tout contexte et un terrain de jeu optimal et non une borne échouée au cœur d’un salon bruyant, nous avons pu comprendre réellement ce qu’allait être Heavy Rain. Et le résultat est prometteur, foutrement prometteur !
You're fighting for your life inside a killer, thriller tonightEvacuons d’emblée des questions de vocabulaire et de catégorisation, Heavy Rain n’est pas un jeu d’aventure au sens traditionnel du terme. Pas question ici d’aller chercher une clé sous le postérieur d’un singe ou de combiner divers objets d’un inventaire afin d’en faire un tire-bouchon. Heavy Rain n’est pas non plus à proprement dire un jeu d’enquête puisque s’il contient bien des phases de recherche d’indices, là n’est pas le cœur du jeu. Le vague concept de film interactif s’avère bien trop restrictif pour intégrer l’espace dans lequel se situe le jeu de Quantic Dream. Dès lors, on pourrait parler d’une expérience à la croisée de différents médias mais on va finalement passer outre ce faux débat, Heavy Rain est avant tout une question d’émotions et chacun va vivre et ressentir ce jeu à sa façon.
EmotionsEmotion, le mot est lâché et il pourrait bien apparaître comme un bien grand (gros ?) mot. Mais voilà, Heavy Rain nous a permis sur cette simple preview de ressentir toute une palette d’émotions inédites dans le domaine du jeu vidéo : solitude, tristesse, remords, culpabilité, ennui, désorientation, agoraphobie,… Pour cela, Quantic Dream a fait appel à tous les ressorts à sa disposition : mise en scène, musique et travail sonore, gameplay. Le travail sur la mise en scène est le plus évident : les perspectives sont savamment étudiées, accentuant le côté cinématographique de l'oeuvre. Mais attention, tout cela n'a rien de gratuit et sur cette preview, la mise en scène était à la fois au service de l'histoire et du gameplay. C'est par exemple le cas d'une scène incroyable où le split screen est utilisé pour symboliser la coupure émotionnelle entre un père et son fils. De la même manière, la musique mais aussi les silences portent à merveille l'histoire. A ce titre, jamais un silence n'a été aussi assourdissant que dans Heavy Rain, au point d'en devenir quasiment palpable. Quant au gameplay, s'il paraîtra simpliste au premier abord, il sait aussi se montrer aussi subtil comme dans cette scène hitchcockienne où un des héros se noie dans la foule.
Rigor MortisNous n'allons ici rien vous dévoiler de l'histoire d'Heavy Rain, le seul indice que l'on vous laissera étant celui-là même qui orne la jaquette du jeu : un serial killer frappe dans l'ombre, tuant des enfants et laissant derrière lui des origami comme seule signature. On s'attardera davantage sur le travail réalisé sur la modélisation des personnages avec des visages d'une beauté parfois saisissante. Là encore, la technique se met au service de l'émotion avec une véritable direction d'acteurs, bien loin des stéréotypes du jeu vidéo avec des visages parfois fatigués sur lesquels transpirent un vécu. Tout au plus, on notera parfois une certaine rigidité dans les déplacements de certains personnages. Ces animations sont d'ailleurs plus réussies lors des séquences d'action qui vous sont parfois proposées, lors de combats où vos réflexes sont mis à contribution lors de QTE évolutifs. En effet, un raté lors de ces Quick Time Events ne sera pas sanctionné par un quelconque game over mais par une évolution en défaveur de votre personnage. Une approche simpliste d'Heavy Rain serait de voir l'étendue des possibilités qui vous sont offertes lors de toutes les séquences qui offrent des choix multiples mais cela serait un non sens. Il est bien plus intéressant de vivre son propre Heavy Rain, quitte à le comparer à la façon dont d'autres l'ont parcouru plutôt que de chercher à voir les ficelles du spectacle que vous interprétez. Heavy Rain est un jeu qui va faire parler, c'est une évidence mais c'est surtout entre les joueurs que le dialogue sera le plus intense, chacun cherchant à exprimer son ressenti.
Putain de jeuA l'heure de tirer un premier bilan, mon principal regret est d'avoir joué à Heavy Rain sur une version preview. En effet, chose rare dans le jeu vidéo, il est possible de s'approprier cette oeuvre et je n'ai nulle envie de recommencer ce jeu pour en voir une autre facette. Le rapport à l'histoire est intime et variera en fonction du vécu et de la sensibilité de chacun. David Cage est en passe de réussir son pari de ce point de vue, là où Farenheit n'avait pas tenu ses promesses. Le propos est adulte, surprenant, émouvant et ne ressemble à rien de ce qui a été réalisé dans le domaine du jeu vidéo jusqu'alors, les seules références crédibles se situant à la croisée d'autres médias : cinéma, série tv, musique, roman... Tous ces domaines où après avoir fini une oeuvre, on se surprend à penser que l'on a vécu quelque chose d'unique. Si Heavy Rain réussit tenir ses promesses en matière de scénario et sait se montrer artistiquement abouti sur toute sa durée, il sera définitivement à classer au rang des oeuvres marquantes. On pourra peut-être même parler de chef d'oeuvre, qui sait...
GamaliveTombe, tombe, tombe la pluie, tout le monde est à l'abriExclusif à la PS3, Heavy Rain est sans nul doute l’un des jeux les plus attendus de cette année 2010. Et pour avoir été particulièrement sensible, et séduit par tout ce qui a déjà été montré sur le titre, je dois avouer avoir été plutôt impatient de recevoir cette preview.
Ladite preview proposait de jouer l’intégralité du premier chapitre, qui correspond grosso modo à la première journée, et la toute première mission du second chapitre. L’occasion de découvrir les quatre personnages principaux et cette histoire qui semble bien partie pour se découper en quatre jours. Quatre jours pour trouver qui est le tueur à l’origami, quatre jours pour sauver un enfant enlevé par le tueur, quatre jours pour quatre personnages.
Heavy Rain est sans nul doute l’un des jeux les plus attendus de cette année 2010. Pas de bol. Ce n’est pas un jeu. C’est ce qui frappe le plus après avoir pris la manette entre les mains. C’est tout, sauf un jeu comme on a l’habitude d’en voir. En fait, on pourrait plus parler d’histoire interactive.
Heavy Rain va vous raconter des morceaux choisis de la vie de quatre personnes. Ce père de famille dont la vie va basculer lorsque son fils est tué, renversé par une voiture, et que son autre est enlevé par le tueur à l’origami, surnommé ainsi parce qu’il laisse des pliages dans les mains de ses victimes, tous des enfants. Cet agent du FBI qui cherche à coincer le tueur. Ce privé qui, engagé par les familles des victimes, tente de découvrir également l’identité du criminel. Et cette jeune femme, dont on apprendra plus tard qu’elle est photographe et qui va elle aussi se retrouver sur les traces du tueur.
Bien entendu, il y aura d’autres mystères qui viendront se greffer sur cette histoire.
De courts instants, mélangés les uns les autres, et qui vont converger, on se doute, vers un dénouement commun.
L’histoire débute avec Ethan Mars, le bon père de famille. Vous allez vivre un petit moment tout bête de vie quotidienne. Se lever, prendre une douche, aller aux toilettes, travailler, jouer avec ses enfants… sachant que vous pouvez faire beaucoup d’action « inutiles » comme allumer la lumière, allumer la télévision, la regarder, l’éteindre, vous accouder sur une balustrade, regarder par la fenêtre, vous faire un café… Et j’en passe. Des actions que, bien entendu, vous n’êtes pas non plus obligé de faire. Vous occupez vos instants comme bon vous semble. Jusqu’à l’arrivée d’évènements qui font avancer l’histoire. Et chaque moment passé avec un personnage est unique. Là, c’est une balade tragique dans un supermarché. Ici une étude d’une scène de crime. Là encore un interrogatoire. Ici un combat à mains nues. Là, une promenade dans un parc pour enfants…
A chaque fois, même si le jeu vous entraîne là où il veut vous entraîner, vous avez une certaine impression de liberté de vos mouvements, de vos choix, de la manière d’y parvenir. Vous pouvez par exemple interroger quelqu’un en étant compatissant, en étant plus brusque… le tout en vous déplaçant librement dans l’appartement, en jetant un œil çà et là, en jouant avec un objet en vous adossant à une commode…
Le jeu offre une liberté de mouvement et d'action assez conséquente. Dès qu’une de ces actions ou une interaction avec un objet est possible, une touche ou un mouvement de stick de la manette lui est attribué et s’affiche à l’écran. A vos d'en profiter ou non en effetuant ladite action ou pas. Car on n'est pas obligé d'ouvrir le réfrigérateur. On n'est pas obligé de prendre le crayon. Vous choisissez ce que vous voulez faire, ou non. Et si au début, on est tenté de tout essayer, on se rend compte rapidement que l'on réagit comme on réagirait en vrai dans une telle scène, donnant de l'importance à certains détails et en laissant d'autres de côté.
Lors des scènes plus rythmées, il faut enchaîner les boutons à presser, les mouvements de sticks à faire… que ce soit lors des affrontements, ou simplement pour jongler, pour pousser une balançoire, lancer un frisbee… un peu comme un Quick Time Event (QTE) serait-on tenté de dire. Oui, peut-être, mais ce serait cataloguer Heavy Rain bien vite. Et bien mal, en fait. Parce que c'est tellement plus que ça.
On se déplace avec la gâchette basse droite, on change de caméra avec la gâchette haute gauche, on choisit la direction avec le stick gauche et, grosso modo, les boutons R1, rond, carré, croix, triangle et le stick droit servent à réaliser des actions ou faire des choix. Reste à savoir : est-ce que ce n’est pas un peu gonflant au final ? Est-ce un simple QTE, un peu barbant vu qu’on n’a pas l’impression de diriger réellement les faits et l’action ? Bref, Heavy Rain ne serait-il qu’un soufflé foiré qui retombera dès que vous l’aurez entre les mains ? La question mérite d’être posée.
Et en fait, non. Alors bien entendu, il faudra que vous aimiez le genre : un thriller dont vous êtes le héros. Une sorte de Se7en, le film avec Brad Pitt, que vous allez vivre de l’intérieur. Mais à partir du moment où vous êtes plongés dans l’histoire, vous êtes transportés par un tourbillon d’émotions. Alors certes, se brosser les dents, allumer la lumière, ouvrir ou fermer une porte… c’est accessoire et n’apporte, à la base, rien au scénario. Mais cela vous permet juste de vous approprier un peu plus le personnage. De se dire « c’est mon choix, je fais ça ou ci ». Et dès lors, tout ce qui arrive vous touche encore un peu plus. Et Quantic Dream propose un jeu qui va vous trimballer par toutes sortes d’émotions, de sentiments, de sensations. De l’adrénaline, lorsque Madison, la photographe, est poursuivie par des tueurs dans son appartement. De l’adrénaline encore lorsque Scott, le détective, corrige le client un peu trop violent d’une prostituée. Du suspense lorsqu’il tente d’éviter un braquage de superette, de la tendresse lorsqu’Ethan joue avec son fils et que ce dernier le serre dans ses bras en riant. Et surtout, même en connaissant ce qui devait arriver, je dois avouer avoir été au bord des larmes lorsqu’Ethan perd son fils aîné dans un accident…
Et cette implication dans l’histoire est renforcée par le fait que si vous ratez une action (par exemple ratez le fait de rattraper le sopalin que vous faites tomber dans la supérette alors que vous tentez d’être furtif, ou encore ratez un coup pendant un combat…) ou si vous décidez de ne pas faire certaines actions (ne pas donner à manger à votre fils ou l’aider à faire ses devoirs), le jeu ne se bloque pas ou ne vous renvoie pas un message de « Vous êtes mort, recommencer ? Oui – Non » mais continue avec les implications que cela entraîne (combat plus difficile, voire perdu, ou rapport avec son fils plus tendus, par exemple). Vous pourrez donc carrément rejouer les scénettes (qui pour beaucoup sont assez courtes, donc pas lassantes à rejouer) en choisissant d’autres attitudes, d’autres façons d’aborder les problèmes… Et par-là même, donc, ce n'est pas un simple enchaînement de mouvements ou de boutons à appuyer dans un certain ordre, mais une véritable histoire, avec ses choix, ses réussites et ses loupés, ses décisions, ses sentiments.
Heavy Rain est donc une aventure riche et profonde en émotion. Une histoire interactive d’un nouveau genre. Et d’un genre plutôt passionnant.
Bien entendu, parce que ce n’est qu’une version preview, le programme était truffé de petits bugs. On notera des déplacements un peu trop rigides pour les personnages, des doublages parfois en décalage avec les mouvements de la bouche des personnages, le cri d’effroi pas du tout convainquant de Madison lorsqu’elle se réveille au tout début de la partie qui se déroulera dans son appartement, des angles de caméra pas toujours heureux…
Côté graphisme, même si la claque est moins forte que prévue en raison de déplacements rigides des personnages, c’est beau. C’est vraiment beau. C’est vraiment très très beau. Sans nul doute un des plus beaux jeux, voire en fait le plus beau jeu sur PS3. La finesse des visages n’a d’égal que la profusion de détails. A chaque lieu, on a vraiment l’impression d’être dans un vrai décor. Dans un vrai endroit. Un réalisme troublant et saisissant qui aide notamment à plonger au cœur de cette enquête.
Sur ce, vient le temps de conclure. Heavy Rain est-il promis à un bel avenir ? Je le crois. Je l’espère, surtout. Même si, je vous le répète, il ne s’agit pas d’un jeu conventionnel et qu’il faut bien garder ça en mémoire. C’est une sorte de grand film interactif dont vous êtes vraiment le héros. Pas juste un spectateur qui prend une décision par-ci, une décision par-là. Non, vous vivez pleinement l’histoire. Mais cela reste une histoire. Une histoire passionnante, avec une intensité émotionnelle telle qu’on en a rarement vu (jamais ?) dans un jeu vidéo. Et au final, parce qu’il n’y en a jamais trop ou pas assez dans chaque partie, on prend un immense plaisir à suivre les aventures de chaque personnage. On s’attache à chacun. On a le cœur lourd, le cœur léger, le cœur grave… on passe par toutes les émotions. Et j’en veux terriblement à Quantic Dream de nous avoir fourni des versions tronquées au début du deuxième chapitre, et non pas une version complète. Parce que l’attente pour savoir ce qui va désormais se passer est, aujourd’hui, intolérable. Vivement le 26 février prochain, date de sortie du jeu.
Et, pour finir tout à fait, je tiens personnellement à remercier David Cage. Grâce à lui, j'ai appris à faire des cocottes en papier. Les explications fournies dans le jeu sont très claires alors que jusqu'à aujourd'hui, toutes celles que je voyais étaient compliquées et... euh... chiantes.
Par contre, ma femme le remercie moins : désormais, des dizaines de cocottes traînent dans la maison.
En espérant qu'il y aura plein d'autres modèles proposés dans les bonus du jeu...
Le jeu me laisse pas indifférent, pas forcément en neuf mais je pense que je me le prendrais.