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PSG-De Rossi, mais pour quoi faire ?
par Johann Crochet
Daniele De Rossi n’est pas vraiment heureux à Rome. Enfin, à la Roma. Pourtant, Danielino aime ce club. Profondément. Il l’a montré à de nombreuses reprises et son attachement ne peut sûrement pas être remis en cause. Non, le problème est ailleurs. Il est sur le banc. Lui qui était si proche la saison passée de Luis Enrique est aujourd’hui loin de partager toutes les idées de Zdenek Zeman. Au coeur de la mauvaise entente, le poste de De Rossi sur le terrain.
Concernant le poste de De Rossi, il y a deux écoles. Ceux qui vous diront qu’il a été formé comme interno, joueur complet du milieu de terrain et ceux qui vous rétorqueront qu’il a été très convaincant comme regista devant la défense, avec Luis Enrique. En fait, il est suffisamment polyvalent pour faire les deux. Sauf que, problème de taille, Zeman ne voit en lui qu’un interno (milieu excentré) dans un milieu à trois. Ce positionnement à la Roma ne plait pas vraiment au joueur qui a goûté avec joie au poste de milieu devant la défense l’année passée, où il appréciait d’être le joueur par qui tous les ballons passaient.
Cette saison, les rares fois où il a joué là où Zeman le voulait, il n’a clairement pas été bon : là où le jeu de Zeman demande de la spontanéité et de la rapidité d’exécution, De Rossi ralentit le jeu et touche plusieurs fois le ballon avant de le donner. En fait, depuis la saison passée, et déjà lors de la dernière saison de Ranieri au club, on peut s’apercevoir d’une chose avec le milieu de terrain romain : il a perdu toute sa fraîcheur et son naturel. En d’autres termes, il se pose beaucoup trop de questions et ne joue plus de façon instinctive mais beaucoup trop réfléchie. Résultat, il ralentit considérablement le jeu de la Roma quand il est sur le terrain et cela ne plait pas à Zeman. Les deux ne s’entendent pas très bien et De Rossi a en plus été fragilisé par ses dirigeants qui ont eu une déclaration très maladroite en expliquant que le club était prêt à écouter toute offre pour le joueur, alors que celui-ci a prolongé jusqu’en 2017, il y a seulement six mois. Il n’en fallait pas vraiment plus pour que des rumeurs de départ circulent dans la presse et étant donné la valeur du joueur, le richissime PSG a rapidement été mis dans la boucle. Cela peut-il se faire ? Oui car De Rossi se pose des questions (certains tifosi commencent à le lâcher) mais il ne faut pas sous-estimer l’amour qu’il a pour ce club.
S’il y a bien une chose qui est certaine avec Carlo Ancelotti, c’est que son PSG jouera avec un milieu à trois. C’est l’une des rares certitudes tactiques de l’entraîneur italien qui peine à trouver la bonne formule devant. S’il a confirmé ce week-end que De Rossi l’intéressait et qu’il ajouterait de la qualité au milieu de terrain parisien, l’utilisation tactique de De Rossi se pose. Où jouerait-il ? Au poste de regista, il y a déjà le jeune Marco Verratti qui a su se montrer indispensable et ne « peut » pas jouer à un autre poste. Sur un côté du milieu à trois ? Pourquoi pas, mais on en revient à ses dernières prestations à ce poste où il n’a pas brillé. Surtout, peut-il se débarrasser des réflexes du joueur qui a évolué deux ans devant la défense, dont une avec Luis Enrique, où la possession de balle stérile était une marque de fabrique. Peut-il retrouver un peu de spontanéité comme lors de ses premières années, où il n’était pas rare de le voir monter balle au pied jusqu’à la surface adverse avant de déclencher une lourde frappe ? A cette époque, il était toujours en mouvement au milieu de terrain, provoquait balle au pied, sollicitait des une-deux, prenait des intervalles, etc. Aujourd’hui, il joue en retrait et organise de loin. De trop loin. Sur le terrain, on dirait un fantôme d’un garde britannique devant Buckingham Palace : dix pas à gauche, dix à droite, et un rayon d’action de 20m de diamètre. Dernière question, la plus problématique, accepterait-il de quitter son club de toujours, pour rejoindre le PSG, et évoluer au même poste que celui réclamé par Zeman et où il ne se trouve pas à son aise ?
L’autre solution serait donc d’installer De Rossi devant la défense à la place de Verratti. Le problème est que l’ancien joueur de Pescara a su se montrer indispensable et sa première relance est excellente. Je ne doute pas du fait qu’il arrivera à gommer les quelques prises de risque inutiles qui fonctionnaient en Série B. Verratti a déjà une influence sur le jeu parisien et semble intouchable. Et puis, prendre De Rossi pour enlever Verratti ne résoudrait absolument pas le problème des deux joueurs entourant le milieu devant la défense.
Il se pose donc la question de l’utilité d’un tel recrutement au PSG. Un vrai problème de cohérence se poserait sur le terrain et recruter De Rossi pour le faire jouer à un poste qui n’est plus le sien depuis deux ans est un risque majeur. Ancelotti prendrait également le risque de tâtonner tactiquement avec le milieu romain vu la présence dans l’effectif de Verratti. Un peu comme la situation actuelle de Pastore : avec un Ibrahimovic plus numéro 10 qu’attaquant de pointe, et qui fait le boulot de l’argentin, Ancelotti se retrouve obligé de l’essayer parfois en numéro 10 où il se marche sur les pieds avec le suédois, tantôt dans le milieu à trois où il joue alors très (trop) bas, et parfois à gauche.
Si le poste visé par les dirigeants parisiens est le bon pour les prochaines périodes de mercato, je ne pense pas que De Rossi soit la cible idéale. Par ailleurs, lors des trois dernières saisons, le milieu de la Roma n’a eu que deux bonnes périodes : les cinq premiers mois de l’ère Luis Enrique et l’Euro 2012. La Roma n’est pas un exemple de stabilité mais d’autres joueurs ont su briller pendant cette période (Totti, Florenzi, Pjanic, etc). Si De Rossi ne retrouve pas son niveau d’ici janvier, un autre parallèle pourra alors être fait avec Pastore : celui d’un joueur arrivant contre un gros chèque après six mois très compliqués. Pas sûr que cela soit une idée dont il faudrait se vanter…
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