Le ParisienCitation
Paris est vraiment sur la mauvaise pente
Amorphe et sans imagination, Paris a concédé sa quatrième défaite de la saison. Au classement, le PSG glisse à la treizième place. Il est urgent de réagir.
Tel un boxeur groggy, Antoine Kombouaré se présente face aux médias une demi-heure après le coup de sifflet final. Son équipe vient de produire le plus mauvais match de sa saison et s’est logiquement inclinée face à Marseille (1-0). L’entraîneur parisien parle gentiment, il évoque « la première mi-temps très décevante », et la seconde, « bien meilleure ».
Il regrette le manque d’impact offensif. Le ton est posé, beaucoup plus calme qu’il y a deux semaines après la défaite au Parc devant Nice. Mais cette placidité n’est qu’une façade. « Oui, je suis en colère. Il y a plusieurs façons d’être en colère. On n’est pas obligé de brailler », lâche-t-il avant de quitter l’assistance.
La victoire à Sochaux était un leurre
Dès lundi au camp des Loges, ses joueurs peuvent encore s’attendre à une belle explication de texte. L’heure est grave. Treizième de L 1, le PSG ne sait pas où s’arrêtera sa lente glissade vers le fond du classement. Cette saison, Paris a souvent manqué de réussite ou plombé de belles prestations par de stupides erreurs individuelles. Cette fois, l’entraîneur parisien n’a pas besoin de se creuser la tête pour trouver les raisons de ce quatrième revers en championnat. Marseille, loin d’être étincelant, était pourtant trop fort. De ce constat découle une évidence : l’équipe de la capitale n’est pas armée pour jouer les premiers rôles.
Le déplacement au Vélodrome était le match idéal pour se relancer. Il restera comme un révélateur des réelles carences des joueurs parisiens, dominés dans tous les secteurs, incapables de venir chatouiller Mandanda, hormis sur un bel enchaînement d’Erding en fin de première période. Paris ne s’est procuré qu’une seule occasion en quatre-vingt-dix minutes… « On n’a pas joué, on subit, on donne le ballon à l’adversaire et, dans les duels, on a mangé, résume Kombouaré. J’avais insisté sur le fait de bien défendre, mais ce n’est pas une raison pour ne pas jouer. » Le point de vue de Didier Deschamps, le coach de l’OM, n’est pas réellement différent : « Le potentiel offensif de Paris n’a pas été impressionnant, mais je pense qu’on y est pour quelque chose. »
Hier, entre Sakho et Erding, les seuls à surnager, il y avait un désert. Avec une organisation approximative, les Parisiens ont semblé perdus, sans ressources morales ou physiques. La pelouse du Vélodrome a paru gigantesque. La victoire à Sochaux était un leurre, et l’une des solutions serait sans doute de revenir au classique 4-4-2 qui a fait le bonheur de l’équipe en début de saison.
Tant pis pour Sessegnon, inexistant de toute façon. Avec quatre défaites pour autant de matchs nuls et de victoires, le bilan parisien devient critique. L’automne sera long. Et la saison du PSG pénible.
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LE MATCH
OM - PSG : 1-0 (1-0).
Spectateurs : 55 623.
Arbitre : L. Duhamel.
But : Heinze (25e).
Avertissements. OM : Valbuena (68e), Cissé (89e). PSG : Sessegnon (71e).
OM : Mandanda - Bonnart, Diawara, Heinze, Taiwo - Abriel, Mbia (Cissé, 19e), Cheyrou - Valbuena (Lucho Gonzalez, 76e), Brandao, Niang (cap.
) (Koné, 84e). Entr. : Deschamps.
PSG : Coupet - Ceará, Camara, Sakho, Armand (cap.) - Chantôme (Maurice, 79e), Clément - Jallet (Giuly, 70e), Sessegnon, Luyindula - Erding. Entr. : Kombouaré.
LE BUT
25e : Coup franc lointain de Benoît Cheyrou. Le ballon arrive au deuxième poteau, Armand se retrouve à la lutte avec Diawara et Heinze. Dans une position acrobatique et dans la confusion, l’Argentin expédie la balle de la tête hors de portée de Coupet. Au départ de l’action, un Marseillais était hors jeu.
LE FAIT DU MATCH
41e : Niang, libre de toute pression, s’avance et décoche une frappe en dehors de la surface parisienne. Coupet se détend et, main inversée, parvient à détourner le ballon sur son poteau et évite le 2-0.
LE CHIFFRE
4 C’est le bilan équilibré que pré- sente le PSG après 12 journées, avec 4 victoires, 4 nuls et désormais 4 défaites. Un bilan inquiétant si l’on considère que Paris reste sur 3 défaites (Toulouse, Nice et Marseille) pour 1 seule victoire (Sochaux) lors des 4 derniers matchs.
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Sakho trop seul
Coupet (5). Une superbe claquette sur un tir de Niang pour dévier le ballon sur son poteau (41e). Surpris et lobé sur sa ligne sur le but de Heinze. Repousse une frappe de Cheyrou (57e).
Cear á(5). Le latéral droit n’a pas été trop gêné par Niang. Son rendement offensif a été limité.
Camara (5). De retour comme titulaire en L 1 après sa phlébite au mollet gauche, le défenseur central a livré une prestation correcte. Des relances imprécises et il a parfois semblé chercher ses repères.
Sakho (6,5). Axe gauche de la défense, il a été bon. Peut-être un peu spectateur sur le but. Costaud dans les duels et vigilant.
Armand (3,5). Le capitaine a peiné en début de match face à Valbuena. Il est battu sur le but même s’il s’est retrouvé à deux contre un. Des absences étonnantes comme devant Brandao (66e).
Clément (4). Milieu récupérateur, il a peiné à exister face à l’entrejeu adversaire compact et agressif. Des choix contestables et du déchet sur ses coups de pied arrêtés.
Chantôme (4,5). Milieu récupérateur également, il avait pour consigne de sortir davantage que Clément. A tenté d’apporter le surnombre devant mais sans succès. Passif sur le but. Remplacé par Maurice (79e).
Jallet (3,5). Milieu droit, il a loupé pas mal de passes. Chargé des coups de pieds arrêtés, il n’a pas vraiment été efficace. Remplacé par Giuly (70e).
Sessegnon (3,5). Une nouvelle fois milieu offensif axial, il a été décevant. Comme face à Nice, il n’a jamais pu ou su se défaire du marquage individuel de Mbia puis Cissé. Averti (71e)
Luyindula (3). Milieu couloir gauche, il a été trop peu présent. Quelques décrochages mais si l’intention était bonne, la réalisation bien moins.
Erding (5). Aligné en pointe, il s’est souvent retrouvé tout isolé. Quand il fait un appel, il n’y a plus personne dans la surface… Discret car trop seul mais une belle frappe en pivot (38e) superbement sortie par Mandanda.
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Christophe Jallet : « Un signal d’alarme »
Titularisé à la place de Ludovic Giuly, Christophe Jallet a rendu une copie médiocre, comme l’ensemble des Parisiens. L’ex-Lorientais en convient et émet des craintes sur la situation du PSG.
Comment expliquez-vous ce mauvais match du PSG ?
Christophe Jallet. On a fait une non-1ere mi-temps. Dès le début, on les a regardés jouer et ils ont pu mettre tranquillement leur jeu en place.
Ça s’est concrétisé rapidement avec une tête de Brandao, et ensuite il y a ce coup de pied arrêté qui nous fait très mal. C’est peu dire qu’on ne s’est pas mis dans les meilleures conditions.
On a le sentiment que le PSG a manqué de motivation et d’envie...
Je ne crois pas vraiment que ce soit une question d’envie. Non, je le répète : on a vraiment eu du mal à rentrer dans ce match et cela nous a plombés le reste de la partie. C’est dommage, il y avait la place en 2 e mi-temps car Marseille n’a pas montré grand-chose.
Les mauvais résultats récents du PSG commencent-ilsàvous inhiber ?
Non, il n’y avait pas réellement de pression avant la rencontre. D’habitude, on se crée pas mal d’occasions, mais, ce soir, (hier) on n’y est pas parvenu. Il y avait trop d’imprécisions dans les passes, trop de déchet à la conclusion. On ne peut vraiment s’en prendre qu’à nous-mêmes.
Cette défaite face à l’OM est-elle plus dure à avaler que les trois autres (Monaco, Toulouse, Nice) ?
Non. On a besoin de points, donc une défaite ici ou face à Nice, ça fait ch…
S’agit-il du plus mauvais match du PSG depuis le début de la saison ?
Le plus mauvais, je ne crois pas, car il y avait une bonne équipe de Marseille en face. Il est toujours difficile de faire une analyse à chaud juste après la rencontre. En tout cas, ce n’est pas le meilleur.
Cette défaite fait-elle du mal sur le plan psychologique ?
C’est dur car on n’avance pas et on se rapproche du bas, ce qui n’est pas notre objectif. Il faut juste espérer que cette défaite servira de signal d’alarme pour nous faire réagir.
Antoine Kombouaré s’est-il exprimé après la rencontre ?
Non, le coach ne nous a pas trop parlé car il y avait des gars au contrôle antidopage, donc tous les joueurs n’étaient pas présents dans le vestiaire.
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La « tolérance zéro » a fait son effet
Des hélicoptères patrouillent dans le ciel azur d’Aubagne. La ville est en état de siège. Elle attend l’arrivée du TGV spécial transportant les quelque 700 supporteurs parisiens partis de Paris vers midi. Avant 16 heures, le quartier de la gare est bouclé. Une cinquantaine de jeunes d’un quartier de la cité de Marcel Pagnol s’y risquent, mais ils sont repoussés par les forces de l’ordre.
« Nous avons eu une quinzaine de voitures dégradées et du matériel urbain brisé par des loubards locaux », constatait un syndicaliste policier.
Aucun incident grave
A peine descendus sur le quai, les fans parisiens accompagnés par le président du PSG, Robin Leproux et le directeur général, Philippe Boindrieux, rejoignent directement la quinzaine de bus chargés de les emmener au Stade-Vélodrome. Par convoi, les cars prennent la direction de Marseille encadrés de motards et de fourgons de CRS.
Sur chacun des ponts surplombant l’autoroute A 50, qui relie Aubagne à la cité phocéenne, des policiers veillent. Le dispositif est efficace. Aucun incident grave n’est à déplorer. Quatre bus sont quand même endommagés et quelques vitres brisées.
Arrivés au parc Chanot, collé au Vélodrome, les supporteurs sont fouillés avant de filer dans leur tribune. A Marseille, un millier de CRS et gendarmes, et plus 200 policiers, ont été réquisitionnés avec pour consigne : « tolérance zéro ». Deux heures avant le début du match, premiers contacts entre Parisiens et Marseillais. Insultes et intimidations. En souvenir du match initialement programmé le 25 octobre et reporté pour cause de grippe A, des spectateurs portent des masques. Lors de ce rendez-vous manqué, Thomas Lherm, un supporteur du PSG, avait été renversé volontairement par une voiture et gravement blessé. Le chauffard a été interpellé quelques heures avant ce clasico. Hier soir, onze Marseillais avaient été interpellés pour outrages et jets de projectiles ; trois Parisiens pour ivresse et outrages. Le retour des Parisiens vers la gare d’Aubagne s’est déroulé sans trop de soucis.
Quelques projectiles ont été lancés sur le convoi parisien. Vers 1 heure, le train parisien est reparti pour arriver dans la capitale ce matin au lever du jour.