Citation
« Je donnerais mon sang »
DIEGO LUGANO, le défenseur uruguayen parti en idole de Fenerbahçe, compte marquer l’histoire du PSG.
Sur sa peau, trois tatouages : les prénoms de ses trois enfants. Sur son visage, une pommette rougie et suturée, stigmate d’un coup de coude reçu lors de PSG – Red Bull Salzbourg (3-1), jeudi en Ligue Europa. Le lendemain, Diego Lugano s’assoit au Camp des Loges pour sa première interview avec L’Equipe. Il sourit : « Le prochain entretien, je vous promets de le faire en français. » Pendant trente minutes, modeste et sûr de ses forces à la fois, le nouveau défenseur central du PSG, sous contrat jusqu’en 2014, va parler de lui. De son passé et de ses rêves.
D’où vous vient cette âme de guerrier des terrains ?
C’est en moi depuis toujours. Je crois que, quand on vient d’Uruguay, c’est dans les gênes. Nous sommes très imprégnés de la tradition de notre football, très fiers de nos quinze Copas America, de nos deux Coupes du monde (1930, 1950), de nos deux titres aux Jeux Olympiques (1924, 1928). Cette grande histoire vous oblige à être très professionnel, très investi dans ce que vous faites, en club comme en sélection. Chaque jour, dans ma tête, je pense aux ambitions du PSG.
Quelle enfance avez-vous connue ?
J’ai grandi dans une petite ville (Canelones), dans une famille de la classe moyenne sud-américaine. Mon père a longtemps joué au foot. Il était semi-professionnel. C’était un défenseur avec un caractère très fort et très droit. Il travaillait à côté – pour Coca-Cola – afin d’assurer un niveau de vie correct à la famille. Ma mère, elle, travaille depuis trente ans pour l’Institut national des orphelins. Je n’ai manqué de rien à la maison. J’ai reçu une bonne éducation, et mes parents m’accordaient beaucoup de temps libre pour m’amuser.
Voulaient-ils vous voir devenir footballeur ?
Non, ils préféraient que j’étudie, comme mes trois sœurs. L’une est avocate, l’autre écrivaine, et la dernière, qui a vingt-cinq ans, passe un diplôme de communication. Moi, je suis entré à l’université d’économie de Montevideo. Mais, à vingt ans, il a fallu choisir et je me suis consacré exclusivement au football.
Jeune, aviez-vous une idole ?
Enzo Francescoli. Mais bon, il ne jouait pas vraiment à mon poste ! Dans mon rôle, j’appréciais beaucoup Paolo Montero et Hugo De Leon (*).
A trente ans, vous n’aviez jamais joué dans un grand Championnat européen. Comment l’expliquez-vous ?
Fenerbahçe est un très grand club, qui compte vingt-cinq millions de supporters à travers la Turquie… L’engouement est merveilleux, et vivre à Istanbul était très agréable. Et puis soyons honnête, j’avais un très beau contrat là-bas et, pendant toutes ces années, je n’ai pas reçu de meilleure proposition financière.
Vous attendiez-vous à être porté en triomphe à l’aéroport par les supporters de Fenerbahçe, avant d’embarquer pour Paris ?
(Il sourit.) Non, pas du tout. Je ne sais même pas comment ils ont passé la douane ! Et vous savez quoi ? A l’arrivée, à Paris, j’ai débarqué tranquillement de l’avion, et, quand je suis arrivé au terminal, il y avait encore soixante supporters de Fenerbahçe ! (Il rit.) Ils ont commencé à chanter en poussant mes bagages jusqu’au taxi ! Incroyable !
Quelle image aviez-vous du PSG avant d’y signer ?
L’image d’un grand club français, avec un potentiel énorme qu’il reste à exploiter. C’est ça qui est magnifique, se dire qu’il y a encore tellement de choses à gagner pour faire grandir ce club. Dix-sept ans sans être champion, c’est très long. C’est dire à quel point y parvenir serait excitant.
Vous êtes capitaine de l’Uruguay. Serez-vous un jour celui du PSG ?
Je ne suis pas venu ici pour être le chef de quiconque, mais pour gagner des titres. Je donnerais mon sang pour y arriver. Jusqu’à aujourd’hui, tout se passe très bien. Mes coéquipiers me traitent comme si j’étais ici depuis dix ans. C’est un bon groupe, très mûr, conscient des objectifs. En serai-je le capitaine un jour ? Bien sûr, c’est un rêve. Mais mon ambition majeure est surtout de rendre au club la confiance qu’il m’a accordée en me recrutant.
Paris peut-il être champion dès cette saison ?
L’objectif principal, c’est une place en Ligue des champions. Ce n’est pas arrivé depuis 2004. Après, il faut toujours être porté par un rêve. Et ce rêve, c’est d’être champion et de gagner – pourquoi pas ? – la Ligue Europa. Pour atteindre les sommets, il vaut mieux regarder vers le haut.
Quels seront vos rivaux pour le titre ?
Lyon, Lille et Marseille, même si l’OM a mal débuté. Et puis il faut tenir compte de Montpellier. Cette équipe possède de vraies forces. A mes yeux, c’est un ennemi direct.
Quel regard portez-vous sur le jeu actuel du PSG ?
Paris a vraiment des joueurs de grand talent. C’est une chance pour nous, alors profitons de Pastore, Ménez, Nene, Gameiro… Mais le football, comme la vie, c’est une histoire d’équilibre. On ne pourra pas être champions sans équilibre. Je parle ici de tactique, mais aussi de gestion des émotions. Notre équipe peut encore améliorer son équilibre global. C’est même une obligation. En tant que défenseur, j’y vois un point crucial. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a neuf recrues à intégrer. Cette équipe ne se fera pas en un mois.
L’intimidation fait-elle partie de votre jeu ?
Non. Je parle peu aux adversaires. La clé pour gagner les duels, c’est l’impact physique, la concentration et la communication avec les coéquipiers. Je n’ai pas besoin d’être violent verbalement ou physiquement pour m’imposer.
Est-il vrai qu’en sélection certains de vos coéquipiers vous vouvoient ?
Oui. Pas tous, mais la plupart d’entre eux, jeunes comme anciens. Ils me disent « vous » ou « capitaine ». C’est une marque de respect et d’affection à la fois. En Amérique du Sud, le vouvoiement implique moins de distance qu’en Europe.
Votre compatriote Diego Forlan aurait-il pu signer au PSG ?
Oui, mais il avait déjà un contrat avec l’Inter Milan. Il a préféré le respecter »
DAMIEN DEGORRE et JEROME TOUBOUL
(*) Paulo Montero (40 ans) a notamment joué à la Juventus entre 1996 et 2005. Hugo De Leon (53 ans) fut le capitaine de la Celeste entre 1979 et 1990
DIEGO LUGANO, le défenseur uruguayen parti en idole de Fenerbahçe, compte marquer l’histoire du PSG.
Sur sa peau, trois tatouages : les prénoms de ses trois enfants. Sur son visage, une pommette rougie et suturée, stigmate d’un coup de coude reçu lors de PSG – Red Bull Salzbourg (3-1), jeudi en Ligue Europa. Le lendemain, Diego Lugano s’assoit au Camp des Loges pour sa première interview avec L’Equipe. Il sourit : « Le prochain entretien, je vous promets de le faire en français. » Pendant trente minutes, modeste et sûr de ses forces à la fois, le nouveau défenseur central du PSG, sous contrat jusqu’en 2014, va parler de lui. De son passé et de ses rêves.
D’où vous vient cette âme de guerrier des terrains ?
C’est en moi depuis toujours. Je crois que, quand on vient d’Uruguay, c’est dans les gênes. Nous sommes très imprégnés de la tradition de notre football, très fiers de nos quinze Copas America, de nos deux Coupes du monde (1930, 1950), de nos deux titres aux Jeux Olympiques (1924, 1928). Cette grande histoire vous oblige à être très professionnel, très investi dans ce que vous faites, en club comme en sélection. Chaque jour, dans ma tête, je pense aux ambitions du PSG.
Quelle enfance avez-vous connue ?
J’ai grandi dans une petite ville (Canelones), dans une famille de la classe moyenne sud-américaine. Mon père a longtemps joué au foot. Il était semi-professionnel. C’était un défenseur avec un caractère très fort et très droit. Il travaillait à côté – pour Coca-Cola – afin d’assurer un niveau de vie correct à la famille. Ma mère, elle, travaille depuis trente ans pour l’Institut national des orphelins. Je n’ai manqué de rien à la maison. J’ai reçu une bonne éducation, et mes parents m’accordaient beaucoup de temps libre pour m’amuser.
Voulaient-ils vous voir devenir footballeur ?
Non, ils préféraient que j’étudie, comme mes trois sœurs. L’une est avocate, l’autre écrivaine, et la dernière, qui a vingt-cinq ans, passe un diplôme de communication. Moi, je suis entré à l’université d’économie de Montevideo. Mais, à vingt ans, il a fallu choisir et je me suis consacré exclusivement au football.
Jeune, aviez-vous une idole ?
Enzo Francescoli. Mais bon, il ne jouait pas vraiment à mon poste ! Dans mon rôle, j’appréciais beaucoup Paolo Montero et Hugo De Leon (*).
A trente ans, vous n’aviez jamais joué dans un grand Championnat européen. Comment l’expliquez-vous ?
Fenerbahçe est un très grand club, qui compte vingt-cinq millions de supporters à travers la Turquie… L’engouement est merveilleux, et vivre à Istanbul était très agréable. Et puis soyons honnête, j’avais un très beau contrat là-bas et, pendant toutes ces années, je n’ai pas reçu de meilleure proposition financière.
Vous attendiez-vous à être porté en triomphe à l’aéroport par les supporters de Fenerbahçe, avant d’embarquer pour Paris ?
(Il sourit.) Non, pas du tout. Je ne sais même pas comment ils ont passé la douane ! Et vous savez quoi ? A l’arrivée, à Paris, j’ai débarqué tranquillement de l’avion, et, quand je suis arrivé au terminal, il y avait encore soixante supporters de Fenerbahçe ! (Il rit.) Ils ont commencé à chanter en poussant mes bagages jusqu’au taxi ! Incroyable !
Quelle image aviez-vous du PSG avant d’y signer ?
L’image d’un grand club français, avec un potentiel énorme qu’il reste à exploiter. C’est ça qui est magnifique, se dire qu’il y a encore tellement de choses à gagner pour faire grandir ce club. Dix-sept ans sans être champion, c’est très long. C’est dire à quel point y parvenir serait excitant.
Vous êtes capitaine de l’Uruguay. Serez-vous un jour celui du PSG ?
Je ne suis pas venu ici pour être le chef de quiconque, mais pour gagner des titres. Je donnerais mon sang pour y arriver. Jusqu’à aujourd’hui, tout se passe très bien. Mes coéquipiers me traitent comme si j’étais ici depuis dix ans. C’est un bon groupe, très mûr, conscient des objectifs. En serai-je le capitaine un jour ? Bien sûr, c’est un rêve. Mais mon ambition majeure est surtout de rendre au club la confiance qu’il m’a accordée en me recrutant.
Paris peut-il être champion dès cette saison ?
L’objectif principal, c’est une place en Ligue des champions. Ce n’est pas arrivé depuis 2004. Après, il faut toujours être porté par un rêve. Et ce rêve, c’est d’être champion et de gagner – pourquoi pas ? – la Ligue Europa. Pour atteindre les sommets, il vaut mieux regarder vers le haut.
Quels seront vos rivaux pour le titre ?
Lyon, Lille et Marseille, même si l’OM a mal débuté. Et puis il faut tenir compte de Montpellier. Cette équipe possède de vraies forces. A mes yeux, c’est un ennemi direct.
Quel regard portez-vous sur le jeu actuel du PSG ?
Paris a vraiment des joueurs de grand talent. C’est une chance pour nous, alors profitons de Pastore, Ménez, Nene, Gameiro… Mais le football, comme la vie, c’est une histoire d’équilibre. On ne pourra pas être champions sans équilibre. Je parle ici de tactique, mais aussi de gestion des émotions. Notre équipe peut encore améliorer son équilibre global. C’est même une obligation. En tant que défenseur, j’y vois un point crucial. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a neuf recrues à intégrer. Cette équipe ne se fera pas en un mois.
L’intimidation fait-elle partie de votre jeu ?
Non. Je parle peu aux adversaires. La clé pour gagner les duels, c’est l’impact physique, la concentration et la communication avec les coéquipiers. Je n’ai pas besoin d’être violent verbalement ou physiquement pour m’imposer.
Est-il vrai qu’en sélection certains de vos coéquipiers vous vouvoient ?
Oui. Pas tous, mais la plupart d’entre eux, jeunes comme anciens. Ils me disent « vous » ou « capitaine ». C’est une marque de respect et d’affection à la fois. En Amérique du Sud, le vouvoiement implique moins de distance qu’en Europe.
Votre compatriote Diego Forlan aurait-il pu signer au PSG ?
Oui, mais il avait déjà un contrat avec l’Inter Milan. Il a préféré le respecter »
DAMIEN DEGORRE et JEROME TOUBOUL
(*) Paulo Montero (40 ans) a notamment joué à la Juventus entre 1996 et 2005. Hugo De Leon (53 ans) fut le capitaine de la Celeste entre 1979 et 1990
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Beckham : « C’est plaisant d’être desiré »
INEVITABLEMENT, la conférence de presse d’Antoine Kombouaré, hier, était l’occasion de revenir sur « la porte ouverte » par Leonardo à une arrivée de David Beckham, en fin de contrat au Los Angeles Galaxy dans deux mois. « Je ne commente pas les histoires de transfert », a réagi l’entraîneur du PSG. Même si elles peuvent un peu perturber des joueurs en place ? « J’ai prévenu depuis un moment les joueurs : « On est entrés dans une nouvelle ère, beaucoup de choses seront dites. N’en tenez pas compte et restez concentrés. » » Interrogé hier par Sky Sports, le milieu anglais a répondu : « J’ai beaucoup d’amis dans des clubs en Angleterre et en Europe, donc je suis constamment en contact avec eux, et j’ai entendu les rumeurs concernant les clubs européens qui me veulent. C’est plaisant, et spécialement à trente-six ans, de se sentir désiré par plusieurs grosses équipes et plusieurs grands entraineurs. »
Côté terrain, Kombouaré a estimé, hier, que le PSG actuel était « moins offensif que la saison dernière. » Ajoutant : « L’équipe actuelle attaque moins, mais elle a plus de talent. Pour moi, les histoires autour d’un équilibre à trouver entre attaque et défense sont un faux débat. » Un débat qu’il a quand même un peu nourri : « Avec de nouveaux joueurs et un nouveau système (4-2-3-1 au lieu du 4-4-2), la notion de bloc est encore plus importante aujourd’hui, notamment à la perte du ballon. Tout le monde s’est excité après notre victoire contre Salzbourg (3-1, jeudi dernier). Moi, plein de choses ne m’ont pas plu. On doit prendre garde à la facilité, au relâchement. » Pendant que le PSG visera une septième victoire d’affilée, L1 et Ligue Europa confondues, Sissoko reprendra la compétition aujourd’hui mais avec l’équipe réserve, en CFA, face à Ivry. – J.T.
INEVITABLEMENT, la conférence de presse d’Antoine Kombouaré, hier, était l’occasion de revenir sur « la porte ouverte » par Leonardo à une arrivée de David Beckham, en fin de contrat au Los Angeles Galaxy dans deux mois. « Je ne commente pas les histoires de transfert », a réagi l’entraîneur du PSG. Même si elles peuvent un peu perturber des joueurs en place ? « J’ai prévenu depuis un moment les joueurs : « On est entrés dans une nouvelle ère, beaucoup de choses seront dites. N’en tenez pas compte et restez concentrés. » » Interrogé hier par Sky Sports, le milieu anglais a répondu : « J’ai beaucoup d’amis dans des clubs en Angleterre et en Europe, donc je suis constamment en contact avec eux, et j’ai entendu les rumeurs concernant les clubs européens qui me veulent. C’est plaisant, et spécialement à trente-six ans, de se sentir désiré par plusieurs grosses équipes et plusieurs grands entraineurs. »
Côté terrain, Kombouaré a estimé, hier, que le PSG actuel était « moins offensif que la saison dernière. » Ajoutant : « L’équipe actuelle attaque moins, mais elle a plus de talent. Pour moi, les histoires autour d’un équilibre à trouver entre attaque et défense sont un faux débat. » Un débat qu’il a quand même un peu nourri : « Avec de nouveaux joueurs et un nouveau système (4-2-3-1 au lieu du 4-4-2), la notion de bloc est encore plus importante aujourd’hui, notamment à la perte du ballon. Tout le monde s’est excité après notre victoire contre Salzbourg (3-1, jeudi dernier). Moi, plein de choses ne m’ont pas plu. On doit prendre garde à la facilité, au relâchement. » Pendant que le PSG visera une septième victoire d’affilée, L1 et Ligue Europa confondues, Sissoko reprendra la compétition aujourd’hui mais avec l’équipe réserve, en CFA, face à Ivry. – J.T.