Citation
Blanc, l’autre « président »
Nommé en novembre, le nouveau directeur général du PSG doit permettre au club de la capitale de s’adapter au futur fair-play financier voulu par L’UEFA.
ET SI LE VRAI PATRON, C’ÉTAIT LUI ? C’est vrai, Jean-Claude Blanc, le nouveau directeur général du PSG, ne se mêle pas de la politique sportive du club, ce qui pourrait nourrir une certaine frustration quand on a été le président de la Juventus Turin (1), mais il n’a pas vraiment le temps pour ça. Parce que d’ici à un an, selon la volonté de Michel Platini, le patron de L’UEFA, le football européen entrera dans l’ère du fair-play financier ; d’ici à deux ans, les premières sanctions pourraient être prises pour les clubs ne le respectant pas ; et d’ici à trois, elles seront – théoriquement – appliquées (2). À ce moment-là, les budgets devront être équilibrés et les dépenses coller aux recettes, sans apports financiers supplémentaires de l’actionnaire. La mission de Jean-Claude Blanc : faire en sorte que, dans les trois ou quatre ans à venir, Paris génère autant de ressources qu’il en dépense, notamment sur le marché des transferts. Depuis sa nomination, en novembre dernier, Blanc (49 ans) s’active donc sur plusieurs fronts et gère tous les dossiers majeurs du PSG. Celui du stade, surtout, noircit une bonne partie de son emploi du temps. C’est aussi celui qui, à la fois, soulève le plus de passions et devra lever le maximum de fonds. « Il y a une option privilégiée, c’est le Parc des Princes, explique-t-il. C’est un stade qui a l’avantage d’être en ville mais, pour inconvénient majeur, sa difficulté à faire progresser sa capacité au-delà de 50 000 places de qualité. Cette option n’est pas validée aujourd’hui. Il faut que tous les acteurs de ce dossier, la ville de Paris, Colony Capital et Vinci aident le PSG (3). »
« Il faudrait faire du Parc des Princes un lieu majeur du football européen »
L’idée du nouveau DG consiste ainsi à s’appuyer sur un stade qui génèrerait une activité commerciale substantielle, à l’image du Juventus Stadium, inauguré en septembre dernier, dont il fut la tête pensante : « Il faudrait faire du Parc des Princes un lieu majeur du foot européen. » Ce ne serait pas le cas avant 2015, dans l’hypothèse de travaux de rénovation ou de reconstruction. D’ici là, le PSG doit trouver des ressources et devrait s’appuyer sur le Stade de France, même si les négociations avec le consortium qui gère l’enceinte dionysienne sont toujours en cours. C’est à Blanc, en concertation avec Nasser al-Khelaïfi, le président du club parisien, que reviendra le dernier mot : « C’est un dossier important car il est très structurant pour le club, emblématique de ses ambitions au niveau international. »
Son côté diplomate, ouvert au dialogue, loué par les salariés du club, et son expérience dans le management, que ce soit chez Amaury Sport Organisation (1994-2000), à la Fédération française de tennis (2001-2006) ou à la Juventus, l’installent comme une figure respectée. « Il a un très bon contact, assure Alain Cayzac, l’ancien président du PSG (juin 2006-avril 2008), qui l’a connu chez Aso. Aujourd’hui, il tient à Paris le rôle d’un président sans la partie sportive, qui est déléguée à “Léo”. D’ailleurs, je crois que c’est ce dernier qui a suggéré son nom aux actionnaires. »
Entre les deux, la relation semble « coulisser » comme une charnière centrale parfaitement complice. Si Blanc effectue « les grands déplacements » de l’équipe et rend parfois une visite de courtoisie aux joueurs au Camp des Loges, il ne met jamais un pied dans le vestiaire au Parc. Au siège, il occupe l’ancien bureau dévolu aux présidents, Leonardo celui d’à côté, mais seule une vitre les sépare. Le premier n’oriente pas les choix du second mais l’assiste dans les négociations financières sur certains transferts. « Quand un dirigeant de club français m’appelle en direct, je le bascule tout droit chez “Léo”, prévient-il. Moi, je suis plus en soutien. Mais tous les deux, on parle de tout. »
Des abonnements en hausse de 30 % la saison prochaine
En revanche, son avis compte au moins autant sur les dossiers partagés, comme celui du futur centre d’entraînement, qu’il veut « dédié à la performance », ou lorsqu’il s’agit des tournées estivales du PSG, qui doivent être sources de revenus. Blanc rêve aussi d’un PSG aux capacités d’accueil améliorées, où le public, familial, arriverait encore plus tôt au stade pour… consommer encore plus. Il pense aussi à l’image du club et a déjà prévenu certains représentants des anciennes associations de supporters, qu’il a rencontrés une fois : « On ne bougera pas d’un millimètre par rapport au plan de sécurité adopté (4). »
Coincé entre la pression d’un fair-play financier de plus en plus concret et celle d’un actionnaire (Qatar Sports Investments) qui rêve de Ligue des champions, Blanc réfléchit à un nouveau merchandising, impulse la stratégie marketing. Il n’a pas le temps et ne le prend pas. La campagne de réabonnements pour la saison prochaine a déjà commencé, avec une hausse des tarifs de 30 %. « On est en contact régulier avec la DNCG, et les équipes de L’UEFA, qui gère le fair-play financier, annonce-t-il. On essaie de transformer en cinq ans un club qui se situait dans la première moitié de tableau de L 1 en l’un des meilleurs clubs européens. Il faut que le fair-play financier tienne compte de cet effort plutôt atypique. »
DAMIEN DEGORRE
(1) Administrateur délégué et directeur général du club piémontais de 2006 à 2011, Blanc a également cumulé les fonctions de président d’octobre 2009 à avril 2010.
(2) Elles pourraient aller de la simple amende à l’exclusion des compétitions européennes.
(3) Le club parisien est associé à Colony Capital et Vinci pour l’obtention d’un bail emphytéotique auprès de la ville de Paris, propriétaire du stade à 100 %.
(4) Mis en place en août 2010 par l’ancien président Robin Leproux (septembre 2009-juillet 2011), ce plan a notamment instauré le principe du placement aléatoire des abonnés.
Nommé en novembre, le nouveau directeur général du PSG doit permettre au club de la capitale de s’adapter au futur fair-play financier voulu par L’UEFA.
ET SI LE VRAI PATRON, C’ÉTAIT LUI ? C’est vrai, Jean-Claude Blanc, le nouveau directeur général du PSG, ne se mêle pas de la politique sportive du club, ce qui pourrait nourrir une certaine frustration quand on a été le président de la Juventus Turin (1), mais il n’a pas vraiment le temps pour ça. Parce que d’ici à un an, selon la volonté de Michel Platini, le patron de L’UEFA, le football européen entrera dans l’ère du fair-play financier ; d’ici à deux ans, les premières sanctions pourraient être prises pour les clubs ne le respectant pas ; et d’ici à trois, elles seront – théoriquement – appliquées (2). À ce moment-là, les budgets devront être équilibrés et les dépenses coller aux recettes, sans apports financiers supplémentaires de l’actionnaire. La mission de Jean-Claude Blanc : faire en sorte que, dans les trois ou quatre ans à venir, Paris génère autant de ressources qu’il en dépense, notamment sur le marché des transferts. Depuis sa nomination, en novembre dernier, Blanc (49 ans) s’active donc sur plusieurs fronts et gère tous les dossiers majeurs du PSG. Celui du stade, surtout, noircit une bonne partie de son emploi du temps. C’est aussi celui qui, à la fois, soulève le plus de passions et devra lever le maximum de fonds. « Il y a une option privilégiée, c’est le Parc des Princes, explique-t-il. C’est un stade qui a l’avantage d’être en ville mais, pour inconvénient majeur, sa difficulté à faire progresser sa capacité au-delà de 50 000 places de qualité. Cette option n’est pas validée aujourd’hui. Il faut que tous les acteurs de ce dossier, la ville de Paris, Colony Capital et Vinci aident le PSG (3). »
« Il faudrait faire du Parc des Princes un lieu majeur du football européen »
L’idée du nouveau DG consiste ainsi à s’appuyer sur un stade qui génèrerait une activité commerciale substantielle, à l’image du Juventus Stadium, inauguré en septembre dernier, dont il fut la tête pensante : « Il faudrait faire du Parc des Princes un lieu majeur du foot européen. » Ce ne serait pas le cas avant 2015, dans l’hypothèse de travaux de rénovation ou de reconstruction. D’ici là, le PSG doit trouver des ressources et devrait s’appuyer sur le Stade de France, même si les négociations avec le consortium qui gère l’enceinte dionysienne sont toujours en cours. C’est à Blanc, en concertation avec Nasser al-Khelaïfi, le président du club parisien, que reviendra le dernier mot : « C’est un dossier important car il est très structurant pour le club, emblématique de ses ambitions au niveau international. »
Son côté diplomate, ouvert au dialogue, loué par les salariés du club, et son expérience dans le management, que ce soit chez Amaury Sport Organisation (1994-2000), à la Fédération française de tennis (2001-2006) ou à la Juventus, l’installent comme une figure respectée. « Il a un très bon contact, assure Alain Cayzac, l’ancien président du PSG (juin 2006-avril 2008), qui l’a connu chez Aso. Aujourd’hui, il tient à Paris le rôle d’un président sans la partie sportive, qui est déléguée à “Léo”. D’ailleurs, je crois que c’est ce dernier qui a suggéré son nom aux actionnaires. »
Entre les deux, la relation semble « coulisser » comme une charnière centrale parfaitement complice. Si Blanc effectue « les grands déplacements » de l’équipe et rend parfois une visite de courtoisie aux joueurs au Camp des Loges, il ne met jamais un pied dans le vestiaire au Parc. Au siège, il occupe l’ancien bureau dévolu aux présidents, Leonardo celui d’à côté, mais seule une vitre les sépare. Le premier n’oriente pas les choix du second mais l’assiste dans les négociations financières sur certains transferts. « Quand un dirigeant de club français m’appelle en direct, je le bascule tout droit chez “Léo”, prévient-il. Moi, je suis plus en soutien. Mais tous les deux, on parle de tout. »
Des abonnements en hausse de 30 % la saison prochaine
En revanche, son avis compte au moins autant sur les dossiers partagés, comme celui du futur centre d’entraînement, qu’il veut « dédié à la performance », ou lorsqu’il s’agit des tournées estivales du PSG, qui doivent être sources de revenus. Blanc rêve aussi d’un PSG aux capacités d’accueil améliorées, où le public, familial, arriverait encore plus tôt au stade pour… consommer encore plus. Il pense aussi à l’image du club et a déjà prévenu certains représentants des anciennes associations de supporters, qu’il a rencontrés une fois : « On ne bougera pas d’un millimètre par rapport au plan de sécurité adopté (4). »
Coincé entre la pression d’un fair-play financier de plus en plus concret et celle d’un actionnaire (Qatar Sports Investments) qui rêve de Ligue des champions, Blanc réfléchit à un nouveau merchandising, impulse la stratégie marketing. Il n’a pas le temps et ne le prend pas. La campagne de réabonnements pour la saison prochaine a déjà commencé, avec une hausse des tarifs de 30 %. « On est en contact régulier avec la DNCG, et les équipes de L’UEFA, qui gère le fair-play financier, annonce-t-il. On essaie de transformer en cinq ans un club qui se situait dans la première moitié de tableau de L 1 en l’un des meilleurs clubs européens. Il faut que le fair-play financier tienne compte de cet effort plutôt atypique. »
DAMIEN DEGORRE
(1) Administrateur délégué et directeur général du club piémontais de 2006 à 2011, Blanc a également cumulé les fonctions de président d’octobre 2009 à avril 2010.
(2) Elles pourraient aller de la simple amende à l’exclusion des compétitions européennes.
(3) Le club parisien est associé à Colony Capital et Vinci pour l’obtention d’un bail emphytéotique auprès de la ville de Paris, propriétaire du stade à 100 %.
(4) Mis en place en août 2010 par l’ancien président Robin Leproux (septembre 2009-juillet 2011), ce plan a notamment instauré le principe du placement aléatoire des abonnés.
L'Equipe