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ICI, L’AIR EST PLUS CHAUD
Souverain de moins en moins contesté en France, le PSG va mesurer son influence européenne en se frottant une première fois à Valence.
Privé de Thiago Silva, Thiago Motta et d’un certain David Beckham, le PSG de Zlatan Ibrahimovic tentera ce soir, à Mestalla, de se rapprocher des quarts de finale de la C 1, en attendant le choc retour, le 6 mars au Parc des Princes. Sur le papier, le PSG est donné favori mais il va se confronter à un niveau d’opposition qu’il croise rarement en L 1, celui d’un Valence CF qui reprend du volume dans le jeu et qui n’a perdu qu’une fois face à un adversaire français en dix-huit soirées européennes.
VALENCE – (ESP) de notre envoyé spécial
À DEUX PAS DU BAR OUVERT il y a plus de vingt ans par « Manolo El del Bombo », le supporter emblématique de la sélection espagnole, Mestalla dressait ses murs vieillis, hier, sous une douceur légèrement ventée. Ce soir, au bout de l’avenida de Suecia (l’avenue de Suède), Zlatan Ibrahimovic et son PSG s’avanceront vers un événement rare pour le club parisien, la première manche d’une confrontation à élimination directe en Ligue des champions.
Depuis la demi-finale de C 1 perdue face à l’AC Milan (0-1, 0-2), en avril 1995, Paris n’a plus abordé rendez vous si haut perché (*). Quelque part, le PSG peut s’estimer redevable envers cette épreuve : sans le coup de fouet suscité par la venue de Porto (2-1, le 4 décembre), trois jours après le tremblement de terre d’une défaite à Nice (1-2), le destin de cette équipe, invaincue depuis (11 victoires, 2 nuls toutes compétitions confondues), s’apprêtait à basculer sous une lumière plus ombrageuse.
Si Paris n’avait pas battu son rival portugais, arrachant alors la première place du groupe et le 8e de finale retour qui va avec, Carlo Ancelotti se serait peut-être rendu à Mestalla aujourd’hui, mais plus sûrement comme consultant d’une chaîne italienne. L’entraîneur parisien, à l’avenir incertain, est un survivant. Unhommeplacé depuis la crise de novembre face à une pression du résultat plus aiguë. Le titre de champion en fait partie, une place en quarts de finale de la C 1, également, depuis ce tirage au sort qui laisse penser, vu de France et de Doha, que le Valence CF est un opposant que le PSG devrait logiquement balayer.
Des raisons de se méfier
Malgré son sursaut récent en Liga, le club d’Adil Rami semble porté par un souffle moins ravageur qu’au début du siècle, lorsqu’il avait enchaîné deux finales de C 1 (2000 et 2001). Passé son âge d’or, Valence accumulera encore deux quarts de finale de C1 (2003, 2007), une victoire en Coupe de l’UEFA (2004, contre l’OM 2-0) et une demi-finale de Ligue Europa, la saison dernière. Une forme de constance plutôt rare dans l’Hexagone.
Les Parisiens doivent s’en convaincre: s’ils semblent glisser sur une dynamique irrésistible en L 1, Valence n’est sans doute pas un endroit où ils gagneront sans même l’avoir trop cherché, comme à Bordeaux (1-0, le 20 janvier) ou contre Lille (1-0, le 27) dans une période récente. Sur le papier, l’effectif du surendetté club espagnol est moins clinquant que celui du nouveau riche parisien. Mais avec Soldado, Banega et Feghouli, Valence possède le matériel pour créer des déséquilibres, sans parler du Brésilien Jonas, dont les trois buts avaient mis Lille à terre lors de la première phase (2-0, le 2 octobre; 1-0, le 5 décembre).
Pour Paris, il y a des raisons de se méfier. Parce que son adversaire est également sorti de sa crise. Et parce que des vents favorables ont toujours jalonné son histoire face aux clubs français: une seule défaite face à Nantes (1-2, le 9 avril 1980, en Coupe des Coupes) pour quatre nuls et treize victoires, dont six lors... des six matches de C 1 qui l’ont déjà opposé à des équipes tricolores.
Hier, Ezequiel Lavezzi disait s’attendre à « un pressing très fort (des Espagnols) dans les premières minutes » . Un scénario que Paris devra appréhender sans ses deux plus grands experts ès duels, Thiago Silva et Thiago Motta, blessés. « Une équipe est grande, aussi, quand elle sait vivre sans des joueurs aussi importants que Silva et Motta », a soufflé Ancelotti, un peu plus tard. L’entraîneur du PSG « ne pense pas que ce sera un match physique » . Il voit en Valence un rival aussi adroit que son équipe dans la possession du ballon. Et de souligner : « On a beaucoup de joueurs rapides pour évoluer en contre-attaque, mais notre objectif, c’est de jouer au foot, pas seulement de procéder par contres. On veut mélanger la maîtrise du ballon avec une capacité à défendre. Il faut qu’on ait la volonté de contrôler et de gagner le match, comme contre Porto chez nous. Je pense qu’on va jouer un beau football à Valence. » Ancelotti parle d’esthétique, mais un Italien n’oubliera jamais qu’un match aller sert surtout à en sortir en ballottage favorable. Surtout quand, au retour, un David Beckham pourrait aider à finir le travail.
(*) Après sa demi-finale en 1995, le PSG avait buté sur les phases de groupes en 1997-1998, en 2000-2001 et en 2004-2005.
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Sakho, toujours debout
Titulaire en sélection depuis l’arrivée de Didier Deschamps, le défenseur central de vingt-deux ans s’accroche à son poste au PSG. Et à ses certitudes.
CHEZ LUI, LE MENTAL n’est pas qu’un mot. Mamadou Sakho aurait pu s’éteindre sous l’effet de sa précocité et de la nouvelle concurrence au PSG ou, plus récemment, se noyer sous le flot de critiques subies sur Internet pour ne pas s’être rendu à l’inhumation de Nick Broad. Mais le défenseur central reste debout, même par vent de face, même lorsque la vérité à son sujet est parcellaire. Et ce soir, à Valence, il va disputer, à vingt-deux ans, son premier huitième de finale de Ligue des champions.
À vingt-quatre heures près, Sakho aurait pu regarder le match devant sa télé. Hier matin, il n’était pas dans l’avion affrété par le club mais auprès de sa compagne, sur le point d’accoucher. « Il sera là demain (aujourd’hui) et il jouera » , garantissait Carlo Ancelotti lors de la conférence de presse, quelques heures avant que le joueur n’arrive, en fin de soirée, à l’hôtel de son équipe. La petite Aïda fut néanmoins, bien malgré elle, à l’origine d’une controverse dans laquelle fut plongé son père quelques jours plus tôt.
Affecté par le décès accidentel de Nick Broad (le 18 janvier), le nutritionniste du PSG, Sakho ne s’était pas rendu à son enterrement, à Londres, après avoir pourtant annoncé la présence de toute l’équipe. Le lundi 28 janvier au matin, seulement trois joueurs avaient effectué le déplacement (Camara, Le Crom et Aréola). Et le soir, plusieurs absents, dont Sakho, se retrouvaient à un concert des Enfoirés. Les photos publiées ensuite par le jeune défenseur sur son site Internet avaient alors déclenché la colère de quelques supporters.
Libéré d’un poids sans le capitanat
C’est là l’erreur de l’international français (12 sélections). Parce que le matin, Sakho était bien présent au rendez- vous, au Camp des Loges, pour rendre hommage à un membre du staff dont il s’était rapproché depuis le début de saison. Mais juste avant de prendre la direction du Bourget, où un avion attendait la délégation parisienne, un coup de fil de son épouse enceinte, sujette à de violentes contractions, l’avait contraint à rentrer chez lui pour la conduire à la maternité. Ses dirigeants avaient compris l’inquiétude du joueur et l’avaient invité à rejoindre sa femme. Ils savaient sa sincérité lorsqu’il se disait touché par la mort de Broad. Ils l’avaient vu, les larmes aux yeux, à la mitemps de Bordeaux-PSG (0-1, le 20 janvier), trois jours après l’accident. Ils avaient su, aussi, qu’il s’était rendu à son chevet, à l’hôpital.
Parce qu’avec Sakho rien n’est feint. Lorsqu’il a eu vent, début octobre, des déclarations de Thiago Silva affichant ses préférences pour Alex, il a changé de place dans le vestiaire pour ne pas être assis à côté de l’ancien Milanais. Et lorsqu’il affirme qu’il ne se sent pas dans la peau d’un numéro 3 au PSG, il diffuse un message sans ambiguïté auprès de Carlo Ancelotti. Qui apprécie le comportement de son défenseur : « Mamadou a bien compris que si tu veux jouer avec beaucoup d’ambitions, tu dois savoir gérer la concurrence. Il l’a très bien fait, a énormément travaillé et n’a jamais donné de signes de relâchement. » Et s’il lui a retiré le capitanat, le technicien italien a sans doute libéré Sakho d’un poids. « Cette année, contrairement à la saison passée, à chaque fois qu’il a joué, il a été constant dans ses performances, ajoute Ancelotti. Pour moi, il n’y a pas de numéro 1, 2 ou 3 en charnière. L’absence de Thiago Silva (cuisse) ne m’inquiète pas parce que Sakho me donne beaucoup de confiance. » Didier Deschamps, qui l’a toujours titularisé en équipe de France depuis sa prise de fonction, l’été dernier, pourrait formuler le même avis. Souvent irréprochable en sélection, Sakho ne compte plus lâcher sa place jusqu’à la Coupe du monde 2014. Mais pour y parvenir, il doit jouer et pas seulement quand Thiago Silva est blessé. À Paris ou ailleurs…
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Talentueux mais trop jeune ?
Avec Blaise Matuidi et Marco Verratti, novices en Ligue des champions, le milieu de terrain parisien est l’un des moins expérimentés des seize équipes en lice.
UN AN PLUS TÔT, lorsqu’il a recruté Thiago Motta dans les derniers jours du mercato d’hiver, Leonardo, le directeur sportif parisien, avouait se projeter vers la prochaine Ligue des champions. Avec l’international italien de trente ans aux quarante-sept matches de C 1, le PSG pourrait s’appuyer sur un joueur aguerri aux bagarres de milieu de semaine. Seulement, à cause d’une blessure au dos puis une autre aux ischio-jambiers, l’ancien Intériste ( 2009- janvier 2012) n’a participé à aucun match européen cette saison. Et pour plonger dans le bain des huitièmes, ce soir à Valence, l’entraîneur Carlo Ancelotti doit s’appuyer sur le duo Blaise Matuidi - Marco Verratti. Le premier, vingt-cinq ans, découvre la C 1 avec Paris après avoir connu la Ligue Europa à Saint-Étienne (13 matches, 2008-2009) quand le second, vingt ans, évoluait encoreen D2 italienne la saison passée sous les couleurs de Pescara.
L’inexpérience dans ce secteur de jeu, à ce stade de la compétition, peut-elle constituer un inconvénient ? À Porto (0-1, le 3 octobre), Matuidi et Verratti étaient titulaires, dans un système en 4-3-3, et avaient signé une prestation inégale. Ils ne s’étaient pas économisés à la récupération mais ils avaient aussi connu un déchet assez important dans leurs relances et perdu quelques ballons dans des zones dangereuses. Surtout Verratti… Quatre mois et demi plus tard, ces deux-là ne sont plus tout à fait les mêmes, peut-être. Le Français est devenu indiscutable chez les Bleus (10 sélections) quand l’Italien fait tout doucement son trou avec la Nazionale (3 sélections, 1 but).
Ancelotti : « Sur le terrain, ils ne seront pas surpris »
Mais « l’inexpérience en Ligue des champions peut faire la différence, estime Bixente Lizarazu. Lorsqu’on entre dans la phase à élimination directe, il n’y a plus de droit à l’erreur et la pression devient plus forte. C’est là que le vécu est important. Même si j’ai le souvenir d’Owen Hargreaves qui, à vingt ans, avait réalisé une finale énorme au milieu, en 2001, avec le Bayern Munich (1-1 contre Valence, 5-4 aux t.a.b.). Il était bien encadré et il fallait lui parler. » De la même manière, Matuidi et Verratti compteront sur les plus anciens du groupe pour leur dispenser des conseils, leur éviter de se disperser et leur permettre de faire face aux écueils qui les guettent. À Matuidi, qui promet de « compenser » cette inexpérience par « l’envie et le plaisir d’être là », et ajoute qu’ils vont « se transcender », Lizarazu répond, en pensant surtout à Verratti : « Attention de ne pas être trop fougueux et de ne pas prendre un carton jaune trop vite. »
Si tel était le cas, l’ancien joueur de Pescara, comme Matuidi, serait d’ailleurs suspendu pour le match retour. Le travail de prévention en amont a déjà été effectué par Carlo Ancelotti, qui assure : « Ils vont savoir ce qu’ils doivent faire pendant les séances d’entraînement. Je ne veux pas qu’ils soient surpris par quelque chose sur le terrain et ils ne le seront pas. » En écho, Verratti affirme : « On a fait des matches et beaucoup d’entraînements dans notre système. On ne part pas dans l’inconnu. On a des repères. Et puis, à côté, il y a Matuidi et il court pour deux. » L’Italien, face à une équipe comme Valence qui presse très haut, devra malgré tout gommer les erreurs commises à Porto etnotamment libérer le ballon plus vite. « Mais je pense qu’il ne va pas recommencer », souriait Ancelotti, dimanche midi.
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Ancelotti brouille les pistes
C’EST DEVENU UNE HABITUDE cette saison lors des déplacements du PSG en Ligue des champions. Quand toutes les autres équipes laissent leur séance accessible auxmédias un seul quart d’heure réglementaire, Carlo Ancelotti ouvre l’intégralité de l’entraînement. Peut-être parce qu’il n’a pas grand-chose à cacher. Encore une fois, l’entraîneur italien a mélangé les équipes lors de la mise en place effectuée sur une moitié de terrain. Hier, Ibrahimovic, en grande forme, et Lavezzi figuraient chacun dans une équipe. Le Suédois était associé à Ménez quand l’Argentin évoluait aux côtés de Gameiro. La veille, au Camp des Loges, les deux premiers portaient pourtant lamême chasuble, avec Pastore et Lucas sur les côtés. À la récupération, Ancelotti devrait aligner Matuidi et Verratti qui étaient adversaires hier soir. Enfin, en défense centrale, il fera confiance au duo Alex et Sakho même si le jeune Français, devenu papa dans la journée, n’a rejoint ses coéquipiers que versminuit etn’a donc pas participé à la dernière séance. – D. D.
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Jonas en balance
CONTRAINT de se passer de Cissokho (entorse de la cheville droite), Valverde fera reculer Guardado dans le couloir gauche. Mais il a laissé entendre, hier en conférence de presse, que ses joueurs devraient « accepter de se sacrifier pour bloquer la vitesse des attaquants parisiens » en citant par exemple le nom de Ménez. Issu du centre de formation, le jeune Bernat, jugé plus agressif, pourrait avoir la préférence de son entraîneur, au détriment du Brésilien Jonas. La titularisation du défenseur central Victor Ruiz en milieu récupérateur avait été une réussite contre le FC Barcelone de Messi et Fabregas (1-1, le 3 février) et devrait donc être reconduite. – G. R.
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150 SUPPORTERS PARISIENS SANS BILLET À VALENCE ? – Quatre cent cinquante supporters du PSG disposant de billets devraient assister au match ce soir. Ce contingent ne devrait pas poser de problèmes mais les forces de l’ordre espagnoles, en coordination avec la brigade anti-hooligans du commissaire Antoine Boutonnet et le service de sécurité du PSG sont en alerte. Cent à cent cinquante supporters sans billet, issus des tribunes Auteuil et Boulogne du Parc des Princes, pourraient se rendre à Valence. Les autorités craignent des débordements et des affrontements aux abords du stade en marge de la rencontre. Hier soir, aucun incident notable n’a été constaté en marge de l’entraînement du PSG au stade de Mestalla ou en ville. – A. C.
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Nick Broad ne sera pas remplacé
LE TRAGIQUE DÉCÈS de Nick Broad (38 ans) à la suite d’un accident de la circulation, le 18 janvier dernier, a laissé un grand vide au PSG. Un vide d’abord affectif mais également professionnel. Le nutritionniste et « performance manager » avait réussi à optimiser le potentiel athlétique des joueurs parisiens. « Sans lui le travail va être plus difficile, confie Carlo Ancelotti. C’était un professionnel fantastique. Aujourd’hui il n’y a personne que l’on puisse mettre à sa place. Il avait mis en place au Camp des Loges toute une technologie. Si on la changeait, on perdrait tous les acquis que nous avons. C’est impossible. » Ancelotti ne tiendrait par ailleurs pas rigueur à ses joueurs de ne pas avoir assisté aux obsèques de son ami à Londres, le 28 janvier. « Ce n’était pas un problème, précise l’entraîneur du PSG. Avant Londres, le corps de Nick est resté à Saint-Germain trois jours. Tous les joueurs l’ont vu. On leur avait simplement donné la possibilité d’y aller en plus, s’ils le voulaient. » – A. C., D. D.
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AFFAIRE OUADDOU : QSI RÉAGIT. – Dans l’interview d’Abdeslam Ouaddou, samedi dernier, dans L’Équipe, dans laquelle le défenseur marocain évoquait son litige financier avec le club qatarien de Lekhwiya, il était mentionné que ce club appartenait au cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, également propriétaire du PSG à travers Qatar Sports Investments (QSI). Le porte-parole en France de ce fonds a tenu à préciser, hier, que « QSI n’a strictement rien à voir avec ce litige et, d’une façon générale, n’intervient pas dans les affaires du football au Qatar ».
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Beckham arrive !
APRÈS UN WEEK-END prolongé aux États-Unis où il a rejoint sa femme, Victoria, pour assister à la Fashion Week de New York, David Beckham est attendu à Valence, aujourd’hui, comme convenu (lire L’Équipe du 8 février), pour assister au match de son nouveau club. En dépit des fortes chutes de neige et du blizzard qui sévissent sur la côte est des États-Unis, l’avion du milieu anglais a pu décoller hier. Attendu en Espagne entre 12 et 13 heures, Beckham découvrira, pour la première fois depuis l’officialisation de sa signature à Paris pour cinq mois, ses coéquipiers à leur hôtel, situé à quelques mètres du stade Mestalla, mais ne jouera pas (même s’il est inscrit sur les listes en Ligue des champions). Hier, les journalistes espagnols n’ont pas attendu son arrivée pour interroger Carlo Ancelotti et Ezequiel Lavezzi, invités en conférence de presse, au sujet du « Spice Boy ». Si l’entraîneur italien s’est contenté de confirmer la venue de celui qu’il a déjà dirigé à l’AC Milan en 2009, l’attaquant international argentin avait presque hâte de le rencontrer : « C’est un joueur important qui arrive et je ne crois pas que ce soit une opération commerciale comme je l’ai lu ou entendu. De toute façon, il y a un staff technique qui est là pour prendre les décisions et nous, les joueurs, on l’accueillera à bras ouverts. » Les deux cent cinquante journalistes accrédités pour la rencontre aussi… – D. D, A. C.
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Aller-retour express pour Nasser
NASSER AL-KHELAÏFI effectuera un aller-retour express entre Doha et Valence à l’occasion du huitième de finale aller du PSG. Le président du club parisien, qui dirige également la Fédération de tennis du Qatar, assiste en ce moment à l’Open de tennis féminin de Doha. Demain soir, de retour dans l’émirat, il est d’ailleurs attendu à une grande soirée de gala organisée dans le cadre de ce tournoi. – J. T.
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Valverde en noir et blanc
L’ENTRAÎNEUR de Valence, Ernesto Valverde, a passé la moitié de sa vie avec un ballon dans les pieds et l’autre moitié avec un appareil photo entre les mains. Le foot est sa profession, la photo une passion. Son premier Leica, il se l’est offert avec son premier salaire de footballeur au Deportivo Alavés. Par la suite, il a suivi les cours de l’Institut des études photographiques de Catalogne et a toujours cru qu’il en ferait son métier, après sa carrière de joueur. Mais le ballon a battu la photo, et le noir et blanc la couleur : « Le mystère, c’est de voir la réalité en couleur et les photos en noir et blanc. » Son premier ouvrage, « Medio Tiempo » rassemble des images représentant huit années de sa vie, de Bilbao à Barcelone, de Villarreal à Athènes (où il entraîna l’Olympiakos à deux reprises). Exposé au Pays basque et en Grèce, Valverde a décidé que les bénéficesde son livre reviendraientà des personnes en difficulté économique en Espagne et en Grèce. – G. R.
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11 250
C’EST LE NOMBRE de « socios » (les abonnés) que le Valence CF a perdu ces trois dernières saisons. Il reste néanmoins 32 000 fidèles au club. Manuel Llorente, le président, a expliqué cette désaffection par les effets de la crise (le chômage atteint 25 % dans la province valenciane) et des tarifs trop élevés (de 20 à 60 euros la place). – G. R.
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Valence se souvient d’Alain Roche
ALAIN ROCHE sera présent, ce soir, au stade Mestalla, pour assister au match entre deux de ses anciennes équipes. L’ex-responsable du recrutement du PSG, remercié l’été dernier par le club de la capitale, a été invité par… Valence dont il a porté les couleurs entre 1998 et 2000. – D. D.
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L’arbitre est un coiffeur
M. PAOLOTAG LIAVENTO, âgé de quarante ans, est un coiffeur professionnel, qui a son salon dans la ville de Terni. Quand il n’officie pas, l’arbitre italien siffle en Serie A depuis la saison 2003-2004. Il n’a jamais dirigé le Paris-SG mais trois autres équipes françaises: Arsenal-Marseille (0-0, le 1er novembre 2011), Lyon-APOEL Nicosie (1-0, le 14 février 2012) et Anderlecht-Bordeaux (2-1, le 13 février 2008). – G. R.
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Ibra, on l’écoute
L’attaquant suédois n’est pas seulement la star du PSG. Il oriente aussi ses coéquipiers au quotidien, notamment les plus jeunes.
SON IMAGE, celle d’un buteur génial mais égoïste, râleur et capricieux comme une rock star, Zlatan Ibrahimovic peut l’entretenir et en jouer. Elle masque cependant une autre facette de sa personnalité. Depuis son arrivée au Paris-SG, en juillet 2012, le Suédois se révèle beaucoup plus sociable que misanthrope et ses relations avec ses coéquipiers sont positives et constructives. Certes, Ibra exige du respect et il est chatouilleux. Nene, parti cet hiver à Al-Gharafa (Qatar), l’a appris à ses dépens fin août, après un tacle trop appuyé sur lui à l’entraînement. Mais Ibrahimovic participe réellement et activement à la vie du groupe. « C’est un super chambreur », raconte Blaise Matuidi. Audelà de ses impressionnantes statistiques avec le club parisien (21 buts, 6 passes décisives en 21 matches de L 1, 2 buts et 4 passes décisives en C1), l’attaquant (31 ans) joue un rôle de conseiller auprès de ses partenaires. « C’est un vrai et bon professionnel, atteste Carlo Ancelotti, son entraîneur. Suivre son exemple ne peut qu’aider les autres à progresser. Il peut être agressif dans ses conseils, mais c’est toujours de manière positive. Il n’a pas forcément une manière calme de parler, mais son intention est toujours bonne. Il incarne une motivation et une envie de gagner qui apportent beaucoup au groupe. »
Matuidi : « Il me dit toujours de jouer plus vite vers l’avant. Il m’a aidé à progresser »
Ibra joue aussi les relais pour le technicien italien, qui échange beaucoup avec son avant-centre. « Par principe, j’aime que les joueurs parlent entre eux et se conseillent, explique Ancelotti. Et ceux qui le savent doivent aider les autres à ma place. Ibra le fait très bien, et c’est important. » Le Suédois, qui se sait respecté pour son talent et son palmarès (*), est aussi exigeant avec lui- même qu’avec ses coéquipiers. Il se comporte comme un professeur ou un mentor, en particulier avec les plus jeunes. « C’est un râleur sur le terrain, mais c’est surtout un super conseiller, poursuit Matuidi (25 ans). Moi, il me dit toujours de jouer plus vite vers l’avant. Il m’a vraiment aidé à progresser. Il n’est pas avec nous comme on le décrit. Il est proche. » Ibra a aussi ses chouchous. « Non, ça dépend si je lui fais une bonne passe ou pas, sourit Marco Verratti (20 ans). Et, si elle n’est pas bonne, il peut se fâcher. Mais il m’aide beaucoup dans mon jeu. C’est un grand joueur qui donne le maximum. Jouer avec lui ne peut être qu’un avantage. » « Il n’est pas agressif, estime, à son tour, Salvatore Sirigu. C’est un bon garçon et l’un des plus grands attaquants du monde, qui fait profiter de son immense expérience. Il est essentiel pour nous. » Ce rôle qu’il occupe dans l’intimité du vestiaire, Ibrahimovic ne s’en vante pas. Le 29 janvier, lors d’une opération de communication organisée par son équipementier à Paris, l’animatrice du show l’avait ainsi interrogé : « Aidez-vous les jeunes comme Van der Wiel (25 ans), qui est là aujourd’hui avec vous ? » Face aux médias, Ibra avait répondu par un « non » grave et sérieux. Aussitôt après, sans s’étendre, il avait affiché un sourire qui signifiait évidemment le contraire.
ALEXANDRE CHAMORET
(*) Notamment sept titres de champion avec l’Ajax Amsterdam, Barcelone, l’Inter Milan et l’AC Milan.
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Soldado se lèvera du pied droit
Le meilleur attaquant de Valence, qui voue une grande admiration à Ronaldo, côtoyé au Real, est un dur à cuire qui ne cache pas sa superstition.
IL A PRIS UN AIR fataliste, le regard rivé sur la pointe de ses chaussures, comme un acteur qui prend la pose, avant de lancer : « Pour tout le monde, Paris est le grand favori. Économiquement, c’est le riche contre le pauvre (*). Mais aujourd’hui, mentalement, personne ne nous est supérieur. Je ne sais pas s’ils le savent. » Roberto Soldado, enfant de Valence, enrôlé à quatorze ans par Vicente Del Bosque au centre de formation du Real Madrid où il a passé cinq ans sans s’imposer (2002-2006 et 2007-2008), incarne les valeurs d’un « club de la terre et du peuple. C’est ma vision des choses, affirme-t-il. Pour pouvoir venir à Mestalla, il y a des supporters qui vont se priver de manger deux ou trois fois dans la semaine. Ça te responsabilise ».
Le meilleur attaquant de Valence, vingt-sept ans et dix-sept buts cette saison (toutes compétitions confondues), n’est pas un habitué des grandes phrases : « Avec la langue, on ne gagne jamais rien. Moi, je suis plutôt partisan de la devise “travailler plus et parler moins”. » Le meilleur buteur espagnol la saison dernière (27 réalisations, toutes compétitions confondues), qui avait vu l’Euro 2012 lui passer sous le nez, s’est remis au boulot avec une motivation accrue. « Sur un terrain, je ne quitte jamais le ballon des yeux. Le temps de réaction devant le but doit être celui d’un coureur de 100 m. La plupart de mes buts, je les marque comme ça. À l’instinct, au premier poteau et sans contrôle. » Soldado ne se plaint pas de son rendement mais il se veut « perfectionniste » et se compare à l’une de ses idoles : « Une année, Hugo Sanchez en avait marqué trente-huit comme cela, au premier “toque”, tous dans la même saison. »
« Le plus dur que j’aie croisé, c’est Terry. Mais comme j’ai un sale caractère… »
Il raconte aussi sans se faire prier qu’enfant il avait choisi d’être gardien de but : « Mais mon père m’a dit : “Mets-toi en 9, c’est là où est l’argent.” » Il espérait que ça se passe autrement au Real : « J’ai une Liga à mon palmarès (2007-2008) avec juste cinq matches. Schuster, l’entraîneur, ne m’encadrait pas. » Soldado durant cet apprentissage interminable, aura au moins « le bonheur de côtoyer [s] a grande idole, Ronaldo. J’ai passé trois ans dans le même vestiaire, trois ans à l’observer avec mes yeux d’ado. Il ne courait pas beaucoup à l’entraînement. En match, un jour, le potentiomètre a indiqué que Casillas avait couru plus que lui. Mais Ronaldo, c’était une occasion, un but ».
Le capitaine de Valence n’a pas tout à fait le même tempérament que le Brésilien : « Il faut que je bouge, que je me dépense, que je me frotte avec les défenseurs. Le plus dur que j’aie croisé, c’est John Terry. Il sait tout ce qu’il faut faire pour faire exploser un attaquant. Mais comme moi j’ai aussi un sale caractère… » De son face-à-face avec le Brésilien Alex, qu’il n’a « jamais vu », il se limite à dire : « S’il joue à Paris, il doit être bon. Mais il est comme les autres et à Mestalla il va souffrir. » Soldado compte juste sur sa jambe droite, ce soir : « Je suis terriblement superstitieux. Le jour du match, je commence tout par la droite. La jambe du pantalon, la manche du pull, la chaussure. Je trouve ça logique de donner priorité à ma jambe droite. Ce n’est pas avec la gauche que je suis arrivé où je suis. Alors si je me lève du pied droit… »
GUY ROGER
(*) La dette du club espagnol est estimée à 350 M ; il a été placé sous le contrôle de la Generalitat, le gouvernement régional de la communauté de Valence.
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Quel travail de fourmi !
Deux mois ont suffi à Ernesto Valverde, le nouvel entraîneur de Valence, pour en faire une équipe équilibrée et ambitieuse.
PERSONNE N’AURAIT parié sur une réussite aussi fulgurante. En un temps record, Ernesto Valverde, quarante-neuf ans, qui a fait de l’Olympiakos le meilleur club de Grèce deux années de rang (champion en 2011 et doublé Coupe et Championnat en 2012), a stoppé net la crise sportive qui minait Valence. On lui avait décrit le vestiaire tel un poulailler, parlé de clans, d’ego ingérables et tout ce qu’il a trouvé à dire, en nous ouvrant la porte de son bureau de Paterna, le centre d’entraînement du Valence CF, c’est que « tout cela était démesuré, exagéré, loin de la réalité ».
Valverde, ancien attaquant de poche des années 1980, qui a passé la moitié de sa vie au Pays basque où il a hérité du surnom de « Txingurri », la Fourmi, sans doute à cause de sa petite taille (1,72 m), a eu la chance un jour de croiser Johan Cruyff et de porter le maillot du Barça (1988-1990). Une expérience qui l’a marqué à vie et conduit à n’aimer que « ce football tourné vers l’attaque. Je n’ai rien changé en devenant entraîneur ».
Dans sa carrière sur le banc, entamée en 2003 à l’Athletic Bilbao, « jamais avant Valence, affirme-t-il, je n’avais accepté de prendre une équipe en cours de saison, à plus forte raison en crise ».
Pressing, initiative et souplesse
Deux mois ont passé, et le club valencian, douzième à son arrivée début décembre 2012, est remonté à la 5e place, à deux points d’une qualification en Ligue des champions. Le bilan du « Txingurri » en Liga ? Six victoires, un nul et deux défaites. Même le lourd échec face au Real Madrid, à Mestalla (0-5, le 20 janvier) ne l’a pas déstabilisé : « C’est comme un accident de la route. Tu es distrait quelques secondes et tu fais cinq tonneaux. Madrid nous aplanté quatre buts en douze minutes ( de la 33e à la 45e). J’ai vu et revu ce match, je reste convaincu de la thèse de l’accident bête. »
Depuis, Valence a rejoué trois fois et n’a pas perdu. « L’essentiel était de retrouver tout de suite la confiance. Nous y avons beaucoup travaillé. Onn’arrive pas en Ligue des champions avec des doutes. »
Qu’a donc apporté Valverde à un Valence au bord de l’implosion ? « Ma proposition tourne toujours autour du ballon, des espaces à réduire, du pressing dans la moitié de terrain adverse. C’est un risque mais je suis prêt à l’assumer. Ça nous oblige à jouer avec une défense avancée. On l’a payé cher contre le Real mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter. J’aime avoir l’initiative, en attaque comme en défense. » Gaizka Mendieta, l’ancien capitaine et milieu de terrain de Valence durant neuf saisons (1992-2001), approuve : « Valverde a donné l’équilibre indispensable à cette équipe pour être là où elle doit être, en Ligue des champions. Qui aurait pensé qu’on bousculerait le Barça (1-1, le 2 février) ? Sauf que les matches, il faut les jouer. Avec cet état d’esprit, Valence va en surprendre quelques-uns. »
Cette mentalité, David Albelda, vétéran (35 ans) et emblème du club, peut en parler : « Tout le monde veut plaire à l’entraîneur. Ceux qui jouent pour garder sa confiance, les autres pour gagner leur place. » Valverde, lui, observe, écoute mais préfère responsabiliser au lieu de sanctionner. Deux exemples illustrent sa méthode. Le premier concerne Ever Banega auquel il a confié le rôle de milieu relayeur, à la Xavi, au Barça. La semaine dernière, l’Argentin est arrivé en retard à l’entraînement après avoir passé la nuit dehors, mais Valverde ne l’a pas puni. Ses mots, un peu durs, ont suffi et l’Argentin a marqué un but précieux contre Barcelone. Le deuxième concerne Sofiane Feghouli. Après un mois d’absence pour cause de CAN, il aurait pu exiger que le milieu de terrain algérien rentre tout de suite à Valence et se mette au boulot. Il a préféré accorder au joueur quelques jours de vacances supplémentaires à Paris : « Il saurame le rendre, glisse-t-il. Pour progresser, il va devoir travailler plus. C’est le moment. »
Les dirigeants de Valence sont tous fous de celui qui a ramené la paix dans les rangs mais n’a signé que pour six mois. Valverde n’a qu’un mot à dire et son contrat sera prolongé jusqu’en 2015.
GUY ROGER
L'Equipe