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La saison s’éveille en Chine
Le PSG, dans la représentation, et Guingamp, dans la discrétion, préparent le Trophée des champions à Pékin, ville peu portée sur le football.
AVOUONS-LE d’emblée, les artères embrumées et polluées de la capitale chinoise, sous une chaleur écrasante, ne font guère état de ce Trophée des champions. Pékin, qui tarde à s’éveiller au football, ne s’est pas pris de passion pour ce Paris-SG - Guingamp, qui ouvrira la saison française, demain, au stade des Ouvriers (*). Les quelques affiches annonçant l’événement ne sont visibles que dans les endroits directement concernés par ce match, qui s’inscrit dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Les deux équipes sont arrivées sur place mercredi, mais les Parisiens s’étaient déjà accoutumés au climat et au décalage horaire (six heures de plus) puisqu’ils venaient de vivre quatre jours à Hongkong dans le cadre de leur première tournée en Asie.
À PÉKIN, LA FERVEUR SE FAIT ATTENDRE
« C’est l’un de nos nombreux points communs avec le PSG » , en a souri hier Bertrand Desplat, le président de l’En Avant. Ambiance, parfois très chaude.
Le contraste entre Pékin et Hongkong, région administrative spéciale de la République populaire de Chine, sise à trois heures d’avion de la capitale, ne fut pas seulement architectural. Quasi anonymes ces dernières heures, les Parisiens avaient commencé leur périple plus au sud dans une ferveur autre, forts de plus d’un million de fans sur les réseaux sociaux Sina Weibo et Tencent Weibo.
Alors qu’une trentaine de supporters les attendaient à l’hôtel à leur arrivée à Pékin, d’abord pour Zlatan Ibrahimovic et, plus surprenant, pour David Luiz (absent), ils étaient près de trois fois plus à Hongkong. Le Suédois a provoqué une micro-émeute à son passage, signant quelques autographes et sa biographie à un admirateur. Les maillots de la saison dernière se mélangeaient à ceux de la précédente, quand David Beckham évoluait encore au club.
Si c’est la star anglaise qui a permis de faire connaître le PSG en Extrême-Orient, c’est bien le maillot d’Ibra, floqué en cantonais, qui a été adjugé à 6 000 € lors d’un dîner de charité. Mais le temps fort de la présence parisienne dans la mégapole financière fut l’entraînement public au Hongkong Stadium, devant un millier de personnes admises sur invitation, qui assistèrent au but extraordinaire de l’attaquant, d’une aile de pigeon acrobatique.
De leur côté, les Guingampais n’ont pas été vraiment importunés par les sollicitations, n’ayant d’ailleurs pas besoin, eux, d’avoir recours à une société montant ces différents types de manifestations promotionnelles. Une certaine intimité, pour ne pas dire une réelle indifférence, a accompagné leurs premiers pas en Chine.
LE FRANÇAIS GENTIL ET LE CHINOIS « MÉCHANT »
Ils ont pu s’en rendre compte devant leur hôtel, mercredi, deux heures après leur arrivée, simplement rejoints par Jérémy Le Troadec. Ce supporter passionné de vingt-cinq ans, aux couleurs de l’En Avant, venait de rallier Pékin, depuis la petite ville des Côtes-d’Armor, en vingt-sept jours, utilisant une vieille Peugeot 205 puis le Transsibérien.
À défaut de lieu approprié à proximité, Jocelyn Gourvennec avait décidé d’organiser un léger footing et quelques exercices d’étirement sur la dalle en béton devant l’établissement, au milieu de badauds et spectateurs incrédules. L’entraîneur avait ainsi bravé l’interdiction locale de tout type de rassemblement public sans autorisation préalable. Sans aucun problème.
Toujours sous une couche de pollution épaisse malgré l’heure matinale, la séance du lendemain fut beaucoup plus classique dans le vieillissant stade des Ouvriers, au coeur de la capitale chinoise. Dans la touffeur de saison, propice au rayonnement des libellules, les Bretons ont abandonné le béton pour une surface certes moyenne, mais engazonnée, celle-là, et un vestiaire qui mériterait des douches plus chaudes et des peintures plus vives.
Ils étaient tous présents, même les blessés et les suspendus. Il ne manquait finalement que le gardien Guy-Roland Ndy Assembé, pourtant en photo sur les affiches officielles de ce Trophée des champions. Pas si étonnant, finalement, quand on sait que l’international camerounais ne fait plus partie de l’effectif...
Mais cette bévue apparaît bien fade au regard de l’incident qui s’était produit quelques minutes plus tôt, sur cette même pelouse. Alors que l’entraînement des Parisiens touchait à sa fin, un responsable du stade estima qu’ils avaient dépassé l’horaire autorisé et le fit savoir de vive voix et de manière peu diplomatique. « You were late (« Vous étiez en retard !) » , hurla-t-il notamment à l’encontre des derniers présents, alors que les Guingampais avaient entamé leur échauffement dans les couloirs.
Le préparateur physique du PSG, Philippe Lambert, lui répondit de manière tout aussi élégante, lui assénant un « Ferme-la ! » , joignant le geste à la parole. Heureusement, l’épisode fut clos avec le sourire quand Thiago Motta, trempé de sueur, vint enlacer notre homme un long moment et que Marco Verratti lâcha un « Ma, tranquile! » se passant de traduction.
DESPLAT : « CHINOIS, REGARDEZ GUINGAMP »
Les Parisiens quittèrent alors la pelouse, au bord de laquelle les observait un certain Pascal Gentil. Le champion français de taekwondo, âgé de quarante et un ans, vit à Pékin depuis 2009. Il travaille pour Veolia Environnemental et, parlant désormais le mandarin, s’entraîne avec le Chinois Liu Xiaobo, troisième de la catégorie poids lourds aux JO de Londres, en 2012. « Le sport a une énorme valeur dans la culture chinoise, explique Gentil. Ils se sont mis au foot en s’attaquant dur à la formation. Ils copient ce que font les grands clubs. D’ailleurs, en langue chinoise, apprendre est égal à copier. »
C’est aussi le sentiment d’Alain Perrin, sélectionneur de la Chine depuis mars, présent à l’ambassade de France, hier après-midi. Une conférence de presse y était organisée pour présenter les enjeux de ce Trophée des champions, délocalisé pour la première fois en Asie. « On est ici pour faire connaître et aimer le football français, et non pour l’argent » , a rappelé Frédéric Thiriez, le président de la LFP, organisatrice de l’événement avec la société United Vansen Sports, présidée par Wang Hui.
Aux côtés de Frédéric Longuépée, directeur général adjoint du PSG, de Sylvie Bermann, Madame l’ambassadeur, mais aussi devant Basile Boli, dans la région pour affaires, le président de l’En Avant a aussi tenu à faire passer un message à la Chine du football. « C’est un peu particulier pour une ville de 7 300 habitants d’être présente dans une ville de 16 millions (18, même !), a souligné Desplat, qui avait eu la mauvaise surprise de se voir dérober son portable, tout comme le maire de la ville bretonne Philippe Le Goff, la veille au soir. Mais j’ai envie de dire aux Chinois de regarder Guingamp et de voir comment, par la volonté et beaucoup de travail, il est possible de renverser des montagnes. »
Ce matin, c’est le Parisien Edinson Cavani qui tentera d’en renverser une. L’attaquant uruguayen affronte au tennis de table la légende Wang Hao, double champion olympique et sept fois champion du monde, lors d’une exhibition organisée par l’un des sponsors parisiens, Huawei, le géant des smartphones chinois.
Hier soir, au sein des luxueuses Galeries Lafayette, une boutique éphémère du PSG a été inaugurée en présence de Marquinhos, Gregory Van der Wiel et Nicolas Douchez. Les trois joueurs se sont pliés à des dédicaces et ont disputé une partie de baby-foot avec quelques-unes des 300 personnes de passage, dont un étudiant chinois avec un maillot au nom de Blaise Matuidi. Dans la matinée, les Parisiens avaient animé un entraînement dans une école. Ce vendredi matin, les Guingampais auront aussi droit à leur bain de foule, puisqu’ils s’offrent une balade culturelle à la Cité interdite. Il sera temps, ensuite, de ne rien s’interdire sur le terrain.
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Avec Cavani sur le banc ?
LE PSG est encore loin d’être au complet. Blaise Matuidi et Yohan Cabaye viennent seulement de reprendre l’entraînement, au Camp des Loges, quand Thiago Silva, le capitaine, David Luiz, la recrue star, Maxwell, le latéral gauche, et Ezequiel Lavezzi, l’attaquant argentin, sont toujours en vacances. L’équipe qui affrontera Guingamp devrait malgré tout avoir de l’allure, notamment grâce au retour des Italiens. Verratti et Motta devraient jouer d’entrée avec Pastore au milieu, Adrien Rabiot étant forfait (cheville). Le doute subsiste devant pour savoir qui épaulera Ibrahimovic. Cavani devrait jouer, mais son retour tout récent ne lui garantit pas une place de titulaire. Lucas, vraisemblablement remis (cheville), pourrait débuter côté droit et laisser l’aile gauche à Jean-Christophe Bahebeck, auteur de cinq buts en cinq matches lors de la préparation.
L’équipe probable : Sirigu – Van der Wiel, Marquinhos, Z. Camara, Digne – Verratti, Thiago Motta, Pastore – Lucas, Ibrahimovic (cap.), Bahebeck ou Cavani.
L'Equipe