Le ParisienCitation
Pour le PSG, ce n’est pas le moment de faiblir
Septième du classement ce matin, invaincu en championnat depuis six semaines, brillant en Ligue Europa, le club parisien doit franchir l’obstacle brestois pour envoyer un signal fort à la concurrence.
Hier matin, la neige tombée en abondance sur le camp des Loges a obligé Antoine Kombouaré à réviser le programme de la séance d’entraînement. Mais en ce moment, même quand les éléments extérieurs se déchaînent, rien ne contrarie le PSG. « On a essayé de bosser, on a fait un peu de tout, on a beaucoup rigolé aussi », confie l’entraîneur parisien.
Paris ne craint pas l’hiver. Au gré de ses performances enthousiasmantes en Coupe d’Europe — la dernière face à Séville jeudi (4-2) n’est pas la moindre —, l’équipe de la capitale se gonfle de confiance et d’allégresse. Contrairement à une idée reçue, voir Paris aussi fringant en automne n’est pas exceptionnel. Avec 24 points en 15 matchs, l’équipe de la capitale fait aussi bien qu’en 2002, mais moins bien qu’en 2008 (26 points), 2005 et 2003 (27). Et, hormis en 2003-2004, Paris a toujours terminé le championnat au-delà de la 5e place…
Alors, malgré les leçons du passé, pourquoi ce PSG suscite-t-il autant d’espoir ? Sans doute parce que derrière les chiffres se profile une notion beaucoup plus subjective : la beauté du jeu. Nene et ses partenaires réconcilient Paris avec le football. Il faut en effet remonter aux années 1990 pour retrouver le souvenir d’un groupe aussi conquérant. Par définition, ce qui est beau est fragile. Et il suffirait d’une (nouvelle) boulette d’Edel, d’un coup de mou de Nene pour voir l’équipe parisienne rentrer dans le rang.
Kombouaré, lui, se méfie surtout des adversaires. « Au Parc, ils sont toujours hypermotivés, ce ne sont pas les mêmes joueurs, souligne-t-il. Regardez Caen! Avant de venir au Parc, les Caennais en avaient pris cinq à domicile. Chez nous, ils font un très bon match et, une semaine plus tard, ils perdent 3-0 devant Sochaux… »
Les Parisiens auront donc à l’œil cette surprenante formation brestoise qui les précède d’une petite longueur au classement (25 points contre 24). « Ils ont gagné quatre de leurs huit matchs à l’extérieur, note Kombouaré. C’est la meilleure défense de L 1 (NDLR : 11 buts encaissés). Ils jouent sur la dynamique de la montée, ils sont hypersoudés et viennent chez nous l’esprit libéré. Il faudra faire un très grand match, sinon on va tomber de très haut. » Dans un championnat aussi serré, le droit à l’erreur est infime. Mais, étant donné son état de forme du moment, Paris doit profiter d’un mois de décembre clément (il rencontrera ensuite Valenciennes, Monaco puis Nancy) pour conforter son rang et entretenir sa réputation.
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Erding encore ménagé
Mevlut Erding, insuffisamment remis d’une élongation à la cuisse droite, n’a pas été retenu dans le groupe. « Il est trop juste et on ne veut pas prendre de risque, explique Antoine Kombouaré. Cela va beaucoup mieux mais il n’est pas prêt pour faire un match. » L’entraîneur parisien a deux options : soit le remplacer poste pour poste par Luyindula, soit reconduire l’organisation en 4-2-3-1 très convaincante face à Séville.
Dans ce schéma, Bodmer évolue derrière Hoarau. Après une semaine où il a suscité de nombreux débats, Edel sera une fois de plus titulaire. « Il y a toujours de la concurrence et s’il fait des mauvais matchs, Greg (Coupet) est là pour le suppléer, assure Kombouaré. Les cartes sont redistribuées à chaque match. »
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Christophe Jallet : « Les gens me reconnaissent un peu plus »
Avant de rejoindre ses partenaires, hier en fin d’après-midi, pour la traditionnelle mise au vert, Christophe Jallet, 27 ans, s’est confié. Il parle de la réception de Brest, évoque la bonne série de son club et sa passion pour la… cuisine.
Que retenez-vous de la séance d’hier sous la neige ?
Christophe Jallet. Ce n’est pas l’idéal, mais c’était quand même plaisant.
On a couru, on a fait des jeux à la main et on a conclu par une opposition. Même si on a fini avec les orteils gelés, on a pu casser nos habitudes.
Vous restez sur un succès contre Séville. Situez-vous le déclic de votre saison lors du match aller en Andalousie (1-0) ?
C’est en effet le point de départ de notre saison. C’était le premier match européen pour plusieurs d’entre nous. On a vu qu’on pouvait rivaliser avec une grande équipe européenne sans prendre de buts. Ce qu’on a fait après a prouvé que notre victoire là-bas n’était pas un hold-up. Une petite voix nous dit qu’on fait quelque chose de bien.
Etes-vous surpris par la réussite de Brest ?
Brest est bien organisé avec un bloc compact. Il y a un gros collectif avec beaucoup de cœur. Ce sera un adversaire dur à battre, d’autant qu’il va sans doute jouer en contre.
A quoi attribuez-vous votre réussite actuelle au PSG, où vous êtes arrivé avec un statut de doublure ?
Ce que j’ai vécu en passant de Lorient au PSG, c’est ce que j’avais connu en passant de Niort à Lorient. Personne ne m’attendait. Je m’inspire de ce qu’a fait Laurent Bonnart à Marseille. Il a joué en Ligue des champions et a même parfois été capitaine de l’OM alors qu’il venait du Mans.
Le regard du grand public a-t-il changé depuis que vous êtes à Paris ?
Oui, les gens me reconnaissent un peu plus, mais je ne suis pas devenu un demi-dieu. Je reste le même. Les gens m’encouragent et me parlent de l’équipe de France. L’an dernier, alors que ça ne marchait pas aussi bien, c’était un peu plus négatif. Mais avec moi, les fans étaient plus indulgents qu’avec d’autres.
Que faites-vous de vos journées sans football ?
Je m’occupe de ma femme et de ma fille. Et j’ai des passions comme le golf, le vin et la cuisine.
Quelle recette maîtrisez-vous le mieux ?
Le risotto aux champignons et chorizo. J’ai une palette tactile interactive qui met à jour régulièrement des recettes. Dès que je peux, je prépare donc un plat.
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Chantôme l’anti-bling-bling
En quittant le camp des Loges, avant-hier, à l’issue de la séance d’entraînement, Clément Chantôme a croisé certains de ses partenaires en pâmoison devant une BMW dernier cri. Le milieu de 23 ans est monté dans la petite Seat qu’il possède, depuis quelques années, sans même un regard pour l’énorme bolide allemand.
« Il est comme ça, témoigne sa mère Marie-Claude. Les voitures, ça ne l’intéresse pas. Le seul gros plaisir qu’il s’est autorisé, depuis qu’il est devenu footballeur, c’est une maison. » La demeure, située dans les environs de Saint-Germain (Yvelines) en impose avec ses hectares et les biches qui batifolent aux alentours. Mais l’inventaire s’arrête là.
Avec Chantôme, on est à mille lieues de Knysna et de l’image du footballeur arrogant et irréfléchi. Il a beau crever l’écran en ce moment avec le PSG, le banlieusard aux faux airs d’Andreï Archavine (Arsenal) dégage une forme de simplicité bien loin des canons en vogue dans le milieu. On ne remarque, chez lui, aucun signe ostentatoire de richesse ou de frime. Pas de coupé sport, pas de vacances à Miami ou de sacs de luxe pour transporter ses effets personnels. « C’est vrai que je ne l’imagine pas faire le tour de la Méditerranée sur un yacht, confie son agent, Stéphane Courbis, à ses côtés depuis trois ans. C’est l’antithèse du footballeur bling-bling. Mais attention, ce n’est pas une posture, il est vraiment comme ça ».
Le week-end quand il n’est pas retenu par le Championnat de Ligue 1, Chantôme se rend régulièrement au Mée (Seine-et-Marne) pour voir jouer son ancienne équipe, pensionnaire de Division d’Honneur. « En général, il se met derrière les buts avec son père et parfois son frère. Si vous ne savez pas qu’il est là, vous ne le remarquez même pas. Il n’est pas du genre à parader dans les tribunes », raconte un habitué du stade Pierre-de-Coubertin. Issu de la classe moyenne avec un père ingénieur et une mère au foyer, il retourne souvent à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) où résident ses parents… et son chien. « C’est moi qui le lui garde donc, dès qu’il peut, Clément vient aussi voir son labrador. Ou alors il nous invite dans sa maison, même si ce n’est pas le roi des fourneaux », rigole sa mère. L’environnement familial est le socle sur lequel s’appuie Chantôme pour garder les pieds sur terre. S’il n’est pas marié — « il dit qu’il est trop jeune », rapporte sa mère — le Parisien est très entouré. A côté des siens et de son agent, on trouve son ami Jérôme, rencontré au centre de formation, et Serge Kotchounian, l’agent d’images qui gère les intérêts d’Arsène Wenger ou de Lilian Thuram. « Clément est malin. Dans tout ce qu’il entreprend, commente Sammy Traoré. Il n’est pas dans le paraître et ne se prend pas la tête avec les fringues, c’est vrai. Mais pour sa voiture, il est sponsorisé par Seat. Quant à son caractère, on le croit timide, mais c’est l’un des plus gros moqueurs du vestiaire. »
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Son profil plaît à Blanc
Titulaire à part entière à Paris, Clément Chantôme est sûrement, avec Nene, le joueur dont les performances suscitent actuellement le plus d’éloges. Capable de jouer comme récupérateur, mais aussi doté d’une belle technique l’autorisant à se projeter rapidement vers l’avant, son profil ne laisse pas insensible le staff de l’équipe de France.
Laurent Blanc, présent avec son staff lors du dernier clasico PSG - OM, a apprécié la prestation du milieu Parisien. Le sélectionneur des Bleus juge Chantôme perfectible, même s’il a franchi plusieurs paliers depuis le début de la saison. Blanc est aussi intéressé par son état d’esprit, qui semble épouser les contours de son projet. En concurrence avec des joueurs comme le Lillois Yohan Cabaye ou le Toulousain Moussa Sissoko, Chantôme pourrait être bientôt appelé chez les Bleus (il n’a jamais été préconvoqué). « Pour lui, c’est un rêve et un objectif, explique son agent, Stéphane Courbis. Mais il sait aussi que tout cela est très fragile. On a oublié que, cet été, il a failli quitter Paris où on ne comptait plus sur lui. »