Citation
On me dit arrogant, je suis tout le contraire
Jérémy Ménez, l'attaquant des Bleus et du Paris-SG, parle de son image d'homme distant. Et de sa capacité à prendre des risques pour faire la différence.
Le rendez vous avait été fixé dans une pizzéria proche du Camp des Loges début mai. Jérémy Ménez s'y est rendu accompagné d'Emilie Nefnaf, une ancienne gagnant de l'émission Secret Story, dont il partage la vie. En guise de plat, le milieu offensif du PSG et des Bleus a simplement demandé... un café. Mais il lui restait un peu d'appetét pour évoquer sa trajectoire, celle d'un joueur techniquement surdoué, devenu pro à seize ans et qui a fini par se tailler une place au sein des vingt-trois Français présents en Ukraine.
Le match face à la Bosnie (1-1, le 10 octobre 2011) est-il celui qui vous a libéré en équipe de France ?
Disons que je suis un joueur qui a besoin de sentir la confiance de ses coéquipiers et de son entraineur. Laurent Blanc m'avait dit :"Lâche-toin joue comme tu le fais à Paris." J'ai alors commencé à jouer de façon lpus naturelle. En sélection, au début, c'est dur de se lâcher. Mais mon jeu, si ne me lâche pas, il ne rime à rien.
Votre génération, celle de 1987 - comme Benzema, Nasri et Ben Arfa, suscite-t-elle trop d'attentes ?
Non. On sait ce qu'on est capable de faire. Ca fait un peu drôle de se retrouver à l'Euro avec les A, parmi ces joueurs que je côtoie depuis neuf ans. Malgré tout ce qui s'est dit sur les uns et les autres, on est toujours la...
En Italie, vous vous sentiez très loin de l'équipe de France ?
J'ai toujours su que les sélectionneurs suivaient ce que je pouvais réaliser à Rome. Avant de me donner ma première sélection en Norvège (1-2, le 11 août 2010), Laurent Blanc était venu m'observer au Tournoi de Paris, au Parc des Princes. J'avais pris un cou, j'étais sorti sur blessure et il était venu me demander si ça allait. Dans ces cas la, même si tu as mal, tu dis que c'est pas trop grave (Il sourit)
A seize ans, vous deveniez le plus jeune footballeur français à avoir signé en professionnel. Avez-vous le sentiment qu'on a toujours beaucoup attendu de vous ?
Peut-être. Mais je pense que les gens m'ont plus souvent jugé sur mon image que sur mes performances. On me dit arrogant, nonchalant, alors que je suis tout le contraire. J'ai toujours eu un côté un peu fermé, un peu timide. Mais c'est aussi ce qui m'a permis de réussir dans le monde du foot, notamment quand je suis passé en Italie.
Vous ne ressentez jamais l'envie de réduire la distance avec le public ?
C'est toujours bien de se sentir aimé, mais on ne peut obliger les gens à nous aimer. Notre façon d'être peut déplaire, mais je ne suis pas non plus du genre à faire des grands discours démagos juste pour me rendre populaire. Je ne suis pas quelqu'un de faux. C'est juste que je n'aime pas parler de moi. J'ai été éduqué d'une façon très simple et je préfère passer incognito.
Avant de signer en Italie, vous auriez pu vous envoler très tôt vers l'Angleterre, à quinze ans, à Manchester, où Sir Alex Ferguson vous avait invité...
C'était un vrai plaisir. Manchester, je les voyais à la télé. C'est un grand entraîneur, des grands joueurs, et j'étais flatté que ce club s'intéresse à moi. Dans le bureau de M. Ferguson, avec mon frère, on a beaucoup parlé, il m'a expliqué ce qu'il voulait faire avec moi, mais c'était trop tôt pour s'expatrier. Bon, j'ai quand même hésité, c'est vrai. tu te dis que c'est peut-être aujourd'hui ou jamais. Mais dans ces moments la, il faut rester calme. Ca faisait trois ans seulement que j'étais à Sochaux et je n'étais pas forcément pressé de partir.
Comment s'est passé votre séjour à Manchester ?
MU nous avait acheté trois billets d'avion, pour mon frère, mon agent et moi, de Sochaux à Manchester, via Paris. Arrivés à l'aeroport, une voiture nous attendait et nous a emmenés au centre d'entrainement, qu'on a visité. Je me souviens que les joueurs de l'équipe première sortaient justement d'une séance et j'ai croisé Mikaël Silvestre. Après, on avait rendez-vous avec Ferguson. J'étais un peu impressionné? C'est Ferguson quand même, un entraîneur si titré... J'avoue que je n'avais pas trop parlé, j'écoutais plutôt ce qu'il me disait. Il m'avait expliqué ce qu'il attendait de moi, il m'avait aussi parlé des conditions salariales. C'est un mec franc, il ne te raconte pas des bobards pour te faire venir.
A l'époque, Manchester vous proposait un salaire plutôt élevé pour une jeune de quinze ans. Que vous ont dit vos parents sur le moment ?
Mes parents n'étaient pas habitués à ce milieu-là. Mon père, il travaille à France-Télécom et ma mère est aide laborantine dans un lycée. Ils ont divorcé quand j'étais assez jeune, mais je suis toujours resté proche des deux. Ils ne m'ont jamais imposé une décision et ils ne le feront jamais. D'une, ça ne sert à rien. De deux, c'est mon métier, ma passion, et c'est à moi de choisir ce qui est le mieux pour moi.
Au centre de formation, est-ce le mental qui fait la différence entre ceux qui percent et les autres ?
Oui, le mental, c'est important. Mais il faut aussi un peu de chance, être la au bon moment. Je pense avoir choisi le bon club, avec des bons formateurs, comme Philippe Anziani ou Lean-Luc Ruty. A Sochaux, j'ai aussi rencontré les bonnes personnes pour m'entourer. Quand je suis entré dans le montre professionnel, j'étais hebergé par une dame, Mme Véron. C'était la secrétaire du centre de formation. C'est grâce à elle que j'y suis resté parce que j'aurais pu m'en faire virer... J'étais un peu turbulent.
Etait-ce une obsession de devenir professionnel ?
Les choses n'ont pas eu le temps de virer à l'obsession puisque je suis passé pro très jeune. Si je n'avais pas signé pro à seize ans, peut-être que je me serais davantage posé la question. Mais c'est vrai qu'au tout début, le monde des professionnels me semblait inaccessible. Et puis, petit à petit, j'étais surclassé et je me disais : pourquoi pas moi ?
Apprenti footballeur, vous aviez une référence ?
Zidane. J'aimais bien aussi Ronaldo, le Brésilien. Mais ma référence absolue, ca restera Zidane.
Votre premier entraineur en pro était Guy Lacombe. Quelle importance a-t-il eu dans votre éclosion ?
Comme il le dit souvent, il était venu me voit jouer en CFA, un match au cours duquel je n'avais pas été bon. Il avait eu le sentiment que je m'ennuyais et il avait décidé de me prendre directement avec les pros. A partir de ce moment la, je n'en suis plus sorti. C'est un entraineur qui a l'oeil.
On a l'impression que vous ne doutez jamais de vous.
Si, ca m'arrive, attention ! Après, il y a des gens qui vont le montrer et d'autres, non. Moi, je ne le montre pas et je ne doute jamais très longtemps.
C'est une règle non écrite, dans le foot, de ne pas afficher ses doutes ?
Qui, il faut être très discret dans ses attitures. En match, si tu as un doute, il ne faut pas le montrer, sinon l'adversaire va le voir et appuyer la ou ça fait mal. Cacher mes doutes ne me demande pas un effort particulier : je suis très heureux dans ma vie mais je ne souris pas, c'est ma nature. Les gens pensent que je suis froit. C'est juste que je n'ai pas ce besoin de montrer mon bonheur sur mon visage.
Parfois, après plusieurs dribbles ratés, vous êtes sifflé par le public. Mais vous recommencez...
Oui, parce que c'est mon jeu qui veut ça. C'est mon caractère. A mon poste, tu dois provoquer. Sur dix provocations, tu ne vas pas tout réussir, c'est impossible. Tu ne joues quand meme pas contre des plots. Quand tu manques un dribble, il faut se dire que le prochain fera la différence. Savoir insister, j'ai appris ça en Italie, quand Claudio Ranieri me disait :"Ne t'inquiètes pas, il suffit que ça passe une fois et c'est bon" Alors tu répètes les gestes. Et, à un moment donné, ça passe, c'est obligé.
Un joueur offensif doit intégrer une part d'échec dans son jeu ?
C'est ça. On est préparé à l'échec, on sait qu'on ne va pas réussir toutes nos initiatives. Personnellement, je le vis très bien. Après, il y a des questions de mentalité. En France, si un joueur n'est pas bon en première période, il risque d'être sorti à la mi-temps ou au début de la deuxième. En Italie, les entraîneurs savent que tu peux manquer mais ils te laissent ta chance de faire la différence jusqu'au bout. Ancelotti appartient à cette culture.
Pourquoi est-ce si dur pour les jeunes joueurs français de s'imposer en Italie ?
Pour résumer, quand tu arrives la-bas, il y a les Italiens et les autres. Toi, tu es le Français, tu n'es pas italien... En France, c'est un peu l'inverse : les joueurs étrangers sont peut-être plus aimés que les Français. Après, ça n'empêche pas que les joueurs italiens sont super cool. Mais quand tu es étranger, tu ressens la différence. C'est à toi de t'intégrer, de faire les efforts. Par exemple, il est évident que c'est à toi de parler italien. A Paris, parfois, on se demande si ce n'est pas nous d'apprendre les langues étrangères pour communiquer avec les autres joueurs !
Que cherchez vous encore à améliorer dans votre jeu ?
Mon jeu de tête. C'est une catastrophe. Et je dois devenir plus tueur devant le but.
Qui sont vos amis dans le football ?
Karim (Benzema), Franck (Ribery), Mathieu Bodmer, notamment. Je reste surtout en contact avec mes amis d'enfance de Vitry-sur-Seine, c'est important. Ca me fait du bien d'être avec eux, parce que je sais qu'ils ne voient pas en moi le footballeur, mais le pote avec qui ils ont grandi.
Quand vous aviez marqué vos premiers buts avec Sochaux, vous aviez remercié Dieu.
Je ne suis pas pratiquant. Mais je pense que Die existe et qu'il est conscient de ce que tu fais de bien ou de mal. Moi, je n'ai pas toujours fait des choses irréprochables, mais j'ai toujours été quelqu'un de bien, au fond de moi. C'est peut-être pour ça que j'ai été récompensé.
Jérémy Ménez, l'attaquant des Bleus et du Paris-SG, parle de son image d'homme distant. Et de sa capacité à prendre des risques pour faire la différence.
Le rendez vous avait été fixé dans une pizzéria proche du Camp des Loges début mai. Jérémy Ménez s'y est rendu accompagné d'Emilie Nefnaf, une ancienne gagnant de l'émission Secret Story, dont il partage la vie. En guise de plat, le milieu offensif du PSG et des Bleus a simplement demandé... un café. Mais il lui restait un peu d'appetét pour évoquer sa trajectoire, celle d'un joueur techniquement surdoué, devenu pro à seize ans et qui a fini par se tailler une place au sein des vingt-trois Français présents en Ukraine.
Le match face à la Bosnie (1-1, le 10 octobre 2011) est-il celui qui vous a libéré en équipe de France ?
Disons que je suis un joueur qui a besoin de sentir la confiance de ses coéquipiers et de son entraineur. Laurent Blanc m'avait dit :"Lâche-toin joue comme tu le fais à Paris." J'ai alors commencé à jouer de façon lpus naturelle. En sélection, au début, c'est dur de se lâcher. Mais mon jeu, si ne me lâche pas, il ne rime à rien.
Votre génération, celle de 1987 - comme Benzema, Nasri et Ben Arfa, suscite-t-elle trop d'attentes ?
Non. On sait ce qu'on est capable de faire. Ca fait un peu drôle de se retrouver à l'Euro avec les A, parmi ces joueurs que je côtoie depuis neuf ans. Malgré tout ce qui s'est dit sur les uns et les autres, on est toujours la...
En Italie, vous vous sentiez très loin de l'équipe de France ?
J'ai toujours su que les sélectionneurs suivaient ce que je pouvais réaliser à Rome. Avant de me donner ma première sélection en Norvège (1-2, le 11 août 2010), Laurent Blanc était venu m'observer au Tournoi de Paris, au Parc des Princes. J'avais pris un cou, j'étais sorti sur blessure et il était venu me demander si ça allait. Dans ces cas la, même si tu as mal, tu dis que c'est pas trop grave (Il sourit)
A seize ans, vous deveniez le plus jeune footballeur français à avoir signé en professionnel. Avez-vous le sentiment qu'on a toujours beaucoup attendu de vous ?
Peut-être. Mais je pense que les gens m'ont plus souvent jugé sur mon image que sur mes performances. On me dit arrogant, nonchalant, alors que je suis tout le contraire. J'ai toujours eu un côté un peu fermé, un peu timide. Mais c'est aussi ce qui m'a permis de réussir dans le monde du foot, notamment quand je suis passé en Italie.
Vous ne ressentez jamais l'envie de réduire la distance avec le public ?
C'est toujours bien de se sentir aimé, mais on ne peut obliger les gens à nous aimer. Notre façon d'être peut déplaire, mais je ne suis pas non plus du genre à faire des grands discours démagos juste pour me rendre populaire. Je ne suis pas quelqu'un de faux. C'est juste que je n'aime pas parler de moi. J'ai été éduqué d'une façon très simple et je préfère passer incognito.
Avant de signer en Italie, vous auriez pu vous envoler très tôt vers l'Angleterre, à quinze ans, à Manchester, où Sir Alex Ferguson vous avait invité...
C'était un vrai plaisir. Manchester, je les voyais à la télé. C'est un grand entraîneur, des grands joueurs, et j'étais flatté que ce club s'intéresse à moi. Dans le bureau de M. Ferguson, avec mon frère, on a beaucoup parlé, il m'a expliqué ce qu'il voulait faire avec moi, mais c'était trop tôt pour s'expatrier. Bon, j'ai quand même hésité, c'est vrai. tu te dis que c'est peut-être aujourd'hui ou jamais. Mais dans ces moments la, il faut rester calme. Ca faisait trois ans seulement que j'étais à Sochaux et je n'étais pas forcément pressé de partir.
Comment s'est passé votre séjour à Manchester ?
MU nous avait acheté trois billets d'avion, pour mon frère, mon agent et moi, de Sochaux à Manchester, via Paris. Arrivés à l'aeroport, une voiture nous attendait et nous a emmenés au centre d'entrainement, qu'on a visité. Je me souviens que les joueurs de l'équipe première sortaient justement d'une séance et j'ai croisé Mikaël Silvestre. Après, on avait rendez-vous avec Ferguson. J'étais un peu impressionné? C'est Ferguson quand même, un entraîneur si titré... J'avoue que je n'avais pas trop parlé, j'écoutais plutôt ce qu'il me disait. Il m'avait expliqué ce qu'il attendait de moi, il m'avait aussi parlé des conditions salariales. C'est un mec franc, il ne te raconte pas des bobards pour te faire venir.
A l'époque, Manchester vous proposait un salaire plutôt élevé pour une jeune de quinze ans. Que vous ont dit vos parents sur le moment ?
Mes parents n'étaient pas habitués à ce milieu-là. Mon père, il travaille à France-Télécom et ma mère est aide laborantine dans un lycée. Ils ont divorcé quand j'étais assez jeune, mais je suis toujours resté proche des deux. Ils ne m'ont jamais imposé une décision et ils ne le feront jamais. D'une, ça ne sert à rien. De deux, c'est mon métier, ma passion, et c'est à moi de choisir ce qui est le mieux pour moi.
Au centre de formation, est-ce le mental qui fait la différence entre ceux qui percent et les autres ?
Oui, le mental, c'est important. Mais il faut aussi un peu de chance, être la au bon moment. Je pense avoir choisi le bon club, avec des bons formateurs, comme Philippe Anziani ou Lean-Luc Ruty. A Sochaux, j'ai aussi rencontré les bonnes personnes pour m'entourer. Quand je suis entré dans le montre professionnel, j'étais hebergé par une dame, Mme Véron. C'était la secrétaire du centre de formation. C'est grâce à elle que j'y suis resté parce que j'aurais pu m'en faire virer... J'étais un peu turbulent.
Etait-ce une obsession de devenir professionnel ?
Les choses n'ont pas eu le temps de virer à l'obsession puisque je suis passé pro très jeune. Si je n'avais pas signé pro à seize ans, peut-être que je me serais davantage posé la question. Mais c'est vrai qu'au tout début, le monde des professionnels me semblait inaccessible. Et puis, petit à petit, j'étais surclassé et je me disais : pourquoi pas moi ?
Apprenti footballeur, vous aviez une référence ?
Zidane. J'aimais bien aussi Ronaldo, le Brésilien. Mais ma référence absolue, ca restera Zidane.
Votre premier entraineur en pro était Guy Lacombe. Quelle importance a-t-il eu dans votre éclosion ?
Comme il le dit souvent, il était venu me voit jouer en CFA, un match au cours duquel je n'avais pas été bon. Il avait eu le sentiment que je m'ennuyais et il avait décidé de me prendre directement avec les pros. A partir de ce moment la, je n'en suis plus sorti. C'est un entraineur qui a l'oeil.
On a l'impression que vous ne doutez jamais de vous.
Si, ca m'arrive, attention ! Après, il y a des gens qui vont le montrer et d'autres, non. Moi, je ne le montre pas et je ne doute jamais très longtemps.
C'est une règle non écrite, dans le foot, de ne pas afficher ses doutes ?
Qui, il faut être très discret dans ses attitures. En match, si tu as un doute, il ne faut pas le montrer, sinon l'adversaire va le voir et appuyer la ou ça fait mal. Cacher mes doutes ne me demande pas un effort particulier : je suis très heureux dans ma vie mais je ne souris pas, c'est ma nature. Les gens pensent que je suis froit. C'est juste que je n'ai pas ce besoin de montrer mon bonheur sur mon visage.
Parfois, après plusieurs dribbles ratés, vous êtes sifflé par le public. Mais vous recommencez...
Oui, parce que c'est mon jeu qui veut ça. C'est mon caractère. A mon poste, tu dois provoquer. Sur dix provocations, tu ne vas pas tout réussir, c'est impossible. Tu ne joues quand meme pas contre des plots. Quand tu manques un dribble, il faut se dire que le prochain fera la différence. Savoir insister, j'ai appris ça en Italie, quand Claudio Ranieri me disait :"Ne t'inquiètes pas, il suffit que ça passe une fois et c'est bon" Alors tu répètes les gestes. Et, à un moment donné, ça passe, c'est obligé.
Un joueur offensif doit intégrer une part d'échec dans son jeu ?
C'est ça. On est préparé à l'échec, on sait qu'on ne va pas réussir toutes nos initiatives. Personnellement, je le vis très bien. Après, il y a des questions de mentalité. En France, si un joueur n'est pas bon en première période, il risque d'être sorti à la mi-temps ou au début de la deuxième. En Italie, les entraîneurs savent que tu peux manquer mais ils te laissent ta chance de faire la différence jusqu'au bout. Ancelotti appartient à cette culture.
Pourquoi est-ce si dur pour les jeunes joueurs français de s'imposer en Italie ?
Pour résumer, quand tu arrives la-bas, il y a les Italiens et les autres. Toi, tu es le Français, tu n'es pas italien... En France, c'est un peu l'inverse : les joueurs étrangers sont peut-être plus aimés que les Français. Après, ça n'empêche pas que les joueurs italiens sont super cool. Mais quand tu es étranger, tu ressens la différence. C'est à toi de t'intégrer, de faire les efforts. Par exemple, il est évident que c'est à toi de parler italien. A Paris, parfois, on se demande si ce n'est pas nous d'apprendre les langues étrangères pour communiquer avec les autres joueurs !
Que cherchez vous encore à améliorer dans votre jeu ?
Mon jeu de tête. C'est une catastrophe. Et je dois devenir plus tueur devant le but.
Qui sont vos amis dans le football ?
Karim (Benzema), Franck (Ribery), Mathieu Bodmer, notamment. Je reste surtout en contact avec mes amis d'enfance de Vitry-sur-Seine, c'est important. Ca me fait du bien d'être avec eux, parce que je sais qu'ils ne voient pas en moi le footballeur, mais le pote avec qui ils ont grandi.
Quand vous aviez marqué vos premiers buts avec Sochaux, vous aviez remercié Dieu.
Je ne suis pas pratiquant. Mais je pense que Die existe et qu'il est conscient de ce que tu fais de bien ou de mal. Moi, je n'ai pas toujours fait des choses irréprochables, mais j'ai toujours été quelqu'un de bien, au fond de moi. C'est peut-être pour ça que j'ai été récompensé.
L'Equipe papier.