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Paris sort de la nuit
En remportant sa huitième Coupe de France, le PSG sauve, en grande partie, une saison bien compliquée.
Face à une équipe de Monaco trop timide, Paris, à force d’obstination et grâce à un but d’Hoarau, a remporté la huitième Coupe de France de son histoire. Cette victoire offre une grosse bouffée d’oxygène au club de la capitale qui a vécu une saison compliquée. Et lui donne le droit de participer de nouveau à une Coupe d’Europe en août prochain.
LE SACRE du PSG fut long à se dessiner, pénible même, à l’image de sa saison. Mais comme souvent depuis quelques années, c’est au Stade de France que le club de la capitale vient chercher un moment de bonheur, l’espoir d’un avenir meilleur. Hier, les Parisiens ont souvent souffert, par maladresse, par précipitation, mais ils n’ont jamais abandonné l’idée d’un titre qui ferait oublier, en partie, leur trajectoire décousue en Championnat. Le coup de poing dans le vide, au coup de sifflet final, d’Antoine Kombouaré, qui s’offre ainsi une première ligne importante à son palmarès d’entraîneur, en dit long sur la tension qui l’a habité pendant cette finale. Les sauts de vainqueur de Claude Makelele au moment du tour d’honneur, comme un benjamin qui aurait remporté un tournoi de printemps, traduisent le soulagement du capitaine parisien qui a pourtant presque tout gagné dans sa belle carrière.
Cette Coupe de France, Paris l’a désirée sans doute plus que son adversaire, pourtant dirigé par un spécialiste des finales dans cette compétition. C’était la cinquième pour Guy Lacombe et ce matin, il en a perdu plus qu’il en a soulevé. L’équilibre aurait pu être inversé si ses joueurs avaient répété les productions des tours précédents. Mais Monaco est passé à côté de son match, trop timide dans les duels, trop généreux dans les espaces offerts. Sa réaction en toute fin de prolongation prouve qu’il avait le potentiel pour inquiéter davantage le PSG. Mais pendant plus d’une heure, Clément et Makelele, dont le jeu vers l’arrière fut assez décrié cette saison pour que, lorsqu’ils évoluent vers l’avant, ce soit souligné, trouvaient systématiquement un point d’appui avec Erding et Hoarau.
On ne pouvait cependant s’empêcher de penser que le scénario de ce match avait comme un air de déjà-vu, genre redif au Stade de France pour ceux qui avaient manqué l’épisode du Parc des Princes, le 20 janvier, en championnat (1-0 pour Monaco). Des occasions parisiennes qui s’enchaînent, des frappes de Hoarau ou Erding qui rasent les montants ou Ruffier qui multiplie les arrêts décisifs, c’était sûr, Paris allait le payer…
De qui allait provenir l’erreur, cette fois, se demandait-on ? D’Edel, comme trois mois plus tôt ? Ses deux parades devant Pino (43e) puis sur le coup franc de Nenê (60e) l’ont rassuré, ainsi que ses coéquipiers. D’un défenseur parisien ? Durs sur l’homme, prenant un minimum de risques, ils n’ont perdu que très peu de duels. De qui alors ?
De l’arbitre, peut-être, qui a oublié de signaler un tacle par-derrière de Traoré sur Erding en pleine surface de réparation (53e). Le défenseur monégasque avait pourtant tout enlevé sauf le ballon. Le penalty était indiscutable, ce qui a plongé Antoine Kombouaré dans une colère noire sur son banc de touche.
Erding sur la barre
Des attaquants parisiens, aussi, qui ont bénéficié d’un nombre important de ballons à exploiter dans le dos de la défense adverse sans se montrer efficaces. L’occasion la plus flagrante est celle qui revient à Erding mais dont la balle lobée percute la barre de Ruffier (82e). Il manquait un peu de tout dans ce geste : de justesse, de réussite, de lucidité. Hoarau ne s’est d’ailleurs pas montré beaucoup plus précis, beaucoup plus efficace ou beaucoup plus lucide lorsqu’il a hérité du ballon avant d’être contré par Nenê.
Voir le milieu offensif brésilien évoluer aussi bas, aussi souvent, est assez révélateur de la production monégasque. Du déchet de Costa aux mauvais choix d’Alonso en passant par le manque de percussion de Park, pas grand-chose, dans ce Monaco-là, n’était en mesure d’inquiéter Paris. Il ressemblait bien plus à cette formation à la peine en Championnat depuis quelques semaines qu’à cette équipe redoutable capable d’éliminer successivement Lyon (2-1) et Bordeaux (2-0) en Coupe.
Finalement, non, ce match ne ressemblerait pas au dernier PSG - Monaco. Un souffle d’espoir a traversé le quart de virage de supporters monégasques à l’entrée de Maazou (86e). Le grand attaquant nigérien allait peut-être trouver la faille dans ce désert offensif. Mais le grand attaquant qui allait se mettre en évidence était réunionnais et portait le maillot du PSG. Un missile de Jallet était repoussé des poings par Ruffier directement sur la tête de Hoarau, à deux mètres. On était dans le temps additionnel de la première période de la prolongation et le buteur parisien éloignait la perspective d’une séance de tirs au but en même temps qu’il rapprochait le PSG d’une huitième Coupe de France. Lacombe lâchait sa dernière carte avec l’entrée en jeu d’un cinquième joueur offensif (Sagbo, 109e) mais cela ne fut guère suffisant pour transformer radicalement le visage de son équipe. Un dernier ballon boxé par Edel lui a rappelé qu’hier, elle avait juste moins envie que Paris. Et c’est Paris qui participera aux barrages de la Ligue Europa, à l’été prochain, pour intégrer ensuite la phase de poules.
DAMIEN DEGORRE
Hoarau, il était temps
LES JOUEURS PARISIENS. – L’attaquant n’a pas réalisé un grand match mais a marqué le but de la victoire.
L’HOMME CLÉ : HOARAU (6)
Il a presque tout raté dans cette finale. Multipliant les mauvais choix, il se dirigeait vers une note de 4. Un petit 4. Et puis il y eut cette 105e minute. Cette frappe de Jallet repoussée par Ruffier sur la tête du Réunionnais. Enfin bien placé… Il suffit d’une occasion pour être le héros d’une finale.
EDEL (7) : d’abord fébrile, le gardien se rassura juste avant la pause en repoussant un tir de Pino. On le sentit soulagé, lui qui est appelé dans les semaines à venir à retrouver le banc. Mais il resta concentré comme l’attestent les arrêts qu’il effectua ensuite.
JALLET (7) : vigilant et efficace devant Nenê, il prit beaucoup de risques offensifs.
Z. CAMARA (6) : à l’exception d’une erreur d’appréciation à la 35e, il défendit juste. Un adjectif qui ne sied pas à ses relances.
M. SAKHO (6) : propre et sûr dans les duels, il joua long à la relance, une consigne sans doute, mais fut très imprécis.
ARMAND (6) : il avait des jambes. Auteur de la première occasion du match (13e), il participa beaucoup au jeu offensif, ce que n’apprécia pas toujours son entraîneur.
GIULY (6) : une première période dynamique. Très demandeur, il fut beaucoup servi, et se montra dangereux (16e). Étonnamment remplacé par Luyindula.
MAKELELE (7) : utile à la récupération, il ne se contenta pas de passes courtes latérales. Il joua vers l’avant, et de manière précise. Comme un milieu de terrain moderne.
CLÉMENT (7) : on lui reproche souvent son manque d’impact offensif. Hier, il fut complet.
SESSEGNON (3) : très en dessous du niveau qu’il devrait avoir… Il a joué à l’envers. Et a agacé ses partenaires.
ERDING (4) : il a multiplié les bons appels mais a manqué de réalisme.
HOARAU (6) : voir ci-dessus.
Ruffier craque, Edel rassure
DEUX HOMMES DANS LE MATCH. – Le duel des gardiens a tourné en défaveur du Monégasque, qui a fini par rompre.
Son alter ego parisien n’a pas failli.
LORS DU FAMEUX PSG-Monaco du 20 janvier en Championnat (21e journée, 0-1), le gardien parisien Apoula Edel avait été réduit au chômage technique, mais il avait marqué un but grotesque contre son camp. Stéphane Ruffier, lui, avait sorti cinq ou six arrêts de grande classe. Le remplaçant de Coupet avait dû se sentir très seul quand Ruffier avait été porté en triomphe. Hier soir, les deux jeunes gardiens (23 ans) se sont retrouvés. Longtemps impérial, plus souvent sollicité qu’Edel, Ruffier a fini par s’avouer vaincu quand il n’a pu que relâcher le missile de Jallet sur la tête d’Hoarau (107e). Souvent décrié depuis qu’il est sorti de l’ombre de Coupet, à l’automne dernier, Edel, lui, a montré qu’il pouvait soutenir un grand rendez-vous.
Ruffier, combinaison verte, était devenu incertain après avoir ressenti une douleur derrière la cuisse droite, mardi dernier, avant le match avancé de Championnat contre Le Mans (1-1). Il n’était peut-être pas à 100 %, et l’alerte musculaire pouvait éventuellement le freiner dans les sorties. Mais ça ne s’est pas vu. Ce qu’on a vu encore, c’est son talent. En première période en particulier, Monaco a subi l’impact du PSG et son portier s’est illustré et battu en costaud pour préserver ses chances. Après avoir vu Pino sauver sur sa ligne une reprise de Sakho sur corner (14e), il s’est envolé sur une frappe limpide de Giuly qui filait en lucarne pour la claquer du bout des gants en corner (15e). Ruffier a ensuite fait fondre les tentatives d’Erding. On l’a vu gicler dans les pieds de l’attaquant turc (17e, 40e) avant de remporter un face-à-face en pleine surface (28e). On l’a aussi vu sermonner sa défense et envoyer Park au but sur un immense dégagement (35e). Il a souvent dégagé jusqu’à hauteur de la surface parisienne. C’est l’aspect de son jeu qu’il a le plus amélioré cette saison.
Edel, combinaison jaune, a pour sa part commencé par inquiéter. Sur les deux premiers corners monégasques (10e), il fut lourd et hésitant. Mais il s’est révélé lucide et déterminant devant le slalomeur Pino (43e). Dans un style plus imprévisible que Ruffier, on l’a aussi vu jouer les équilibristes, capable d’un arrêt réflexe étonnant, souple et génial sur sa ligne devant un Puygrenier à l’affût (60e). Ruffier, lui, s’est aussi reposé sur sa transversale, essentielle devant Erding (82e). Mais la prolongation lui fut fatale.
JOHAN RIGAUD
Le clash évité
Redoutée, la concentration de supporters du PSG n’a pas engendré d’incidents majeurs, même si les tensions subsistent.
QUELQUES FRICTIONS à la sortie du RER avant le match, un petit mouvement de foule, en première période, dans la tribune réservée aux habitués du kop de Boulogne, une dizaine d’interpellations : la guerre des tribunes parisiennes, empoisonnée par le tabassage mortel de Yann Lorence, le 28 février dernier, n’a pas donné lieu, hier, à un nouvel épisode sanglant dans les environs ou dans l’enceinte même du Stade de France.
Environ 2 000 membres des forces de l’ordre et 300 stadiers du PSG étaient mobilisés pour la sécurité de cette finale, pour laquelle 14 000 billets avaient été réservés à des supporters parisiens, dont 80 % d’ultras d’Auteuil et de Boulogne, les deux factions ennemies. Dans un stade pas entièrement plein et très sensiblement acquis à la cause parisienne, les 8 000 fans de l’ASM, parqués dans un quart de virage, ont fait figure de discrets supporters visiteurs.
À Auteuil comme à Boulogne, les leaders avaient passé, ces derniers jours, des consignes invitant à ne pas provoquer d’incidents. Une rumeur laissait néanmoins craindre un fight en plein Paris, du côté du RER Saint-Michel, où des fidèles du kop de Boulogne ont l’habitude de se réunir avant les finales au Stade de France. Aucune confrontation n’a finalement été observée. Selon des témoins, les trois cents membres de Boulogne présents sur les lieux ont hurlé à plusieurs reprises des chants rendant hommage à Julien Quemener (décédé le 23 novembre 2006) et à Yann Lorence, ainsi que des « Bleu blanc rouge, la France aux Français ! »
De leur côté, deux cents ultras d’Auteuil se sont rassemblés, en milieu d’après-midi, devant la basilique de Saint-Denis, avant de rallier le stade à pied, où ils sont arrivés assez tôt, vers 17 heures. Deux jours plus tôt, la dissolution de trois groupes – les Supras, les Authentiks, la Grinta – avait laissé planer l’hypothèse d’une protestation organisée. En dehors d’un chant insultant Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, la frange la plus virulente d’Auteuil n’a pas manifesté une colère excessive, préférant déployer des banderoles « Paname United Colors » et « Supporters parisiens contre le racisme », à côté d’un drapeau de la Jamaïque. Un créneau cosmopolite qui s’inscrit dans une volonté de politiser un peu plus l’antagonisme avec un Boulogne réputé nationaliste. La veille, des croix gammées, assorties de tags « PSG fachos », avaient été inscrites par des ultras d’Auteuil devant leurs locaux du Parc des Princes, qu’ils étaient invités à vider.
Quatre membres d’Auteuil ont été interpellés, hier, pour avoir arboré ostensiblement des signes distinctifs d’associations dissoutes. Deux autres l’ont été pour tentative d’introductions de fumigènes. Quelques-uns ont néanmoins été allumés et quelques pétards ont explosé dans le virage nord, celui réservé aux abonnés d’Auteuil, d’où quelques slogans hostiles à Boulogne ont jailli. Hier soir, les appels à la mesure ont été globalement respectés. Mais le risque de nouveaux règlements de comptes demeure : cette semaine, un habitué d’Auteuil aurait recommandé à un fast-food de la Porte de Saint-Cloud de renforcer considérablement son dispositif de sécurité, le 15 mai, jour de PSG-Montpellier. Le dernier match d’une saison sur les nerfs.
JÉRÔME TOUBOUL
LES PARISIENS À LA MAIRIE AUJOURD’HUI. – Hier soir, après la finale, les joueurs du PSG étaient conviés à une soirée organisée par le club dans les salons du Parc des Princes, où 700 personnes étaient attendues, quel que soit le résultat de la finale. Aujourd’hui, à midi, les Parisiens ont rendez-vous pour un déjeuner à la mairie de Paris, où ils doivent être reçus par Bertrand Delanoë
La Juventus à Paris
À L’OCCASION de son quarantième anniversaire, le PSG a décidé de faire renaître de ses cendres le Tournoi de Paris. Une épreuve amicale réunissant quatre clubs et qui aura lieu, le 28 juillet, au Parc des Princes.
Le club parisien vient de finaliser le plateau du tournoi. La Juventus Turin est ainsi attendu à Paris, avec le FC Porto, convié à la suite du désistement du Benfica Lisbonne. Une équipe française viendra compléter le tableau : les Girondins de Bordeaux.
Par ailleurs, le programme du tournoi Sister Cities (villes sœurs), auquel le PSG prendra part, à Chicago, à l’issue du Championnat, est désormais connu : le 19 mai, après trois jours d’escapade à New York, Paris affrontera le Chicago Fire, à 19 heures (2 heures du matin en France) ; le 22 mai, l’équipe de la capitale affrontera le vainqueur d’un match entre le Legia Varsovie ou l’Étoile Rouge Belgrade, opposés entre eux le 19 mai. Les Parisiens retourneront en France sitôt ce tournoi achevé. La reprise de l’entraînement du PSG est prévue le 1er juillet. – J. T.
L'Equipe