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Paris, roi du gâchis
Dans la course à la Ligue des champions, les Parisiens ont réalisé une bien mauvaise opération en concédant le nul après avoir compté deux buts d’avance.
Il est légitime, ce matin, d’évoquer pour Paris un syndrome montpelliérain. Depuis la remontée des Héraultais en 2009, en cinq matchs toutes compétitions confondues, le PSG présente un bilan déficitaire de trois défaites et deux nuls. Le dernier en date, concédé hier soir, exhale des relents de gâchis. Fort d’un avantage de deux buts à la pause, encore rehaussé par une supériorité numérique pendant près d’une mi-temps, Paris a en effet galvaudé son acquis (2-2). Les coéquipiers de Claude Makelele cèdent ainsi du terrain dans la lutte pour les premières places, avec désormais trois points de retard sur le 4e. Ce 4e, c’est tout simplement l’OM, le prochain adversaire dimanche au Stade- Vélodrome, pour un clasico aux allures de quitte ou double pour les hommes de Kombouaré.
Quelque chose semble s’être cassé
Ce résultat nul rappelle avec acuité les difficultés récurrentes rencontrées par les Parisiens à domicile, où ils ont abandonné déjà seize points en 14 matchs. Rappeler ces rencontres au cours desquelles ce scénario s’est répété ressemblerait à une litanie. La contre-performance parisienne est difficilement explicable. La fatigue ne peut pas justifier, à elle seule, cette disparition collective des radars en seconde période. Sept des onze titulaires au coup d’envoi n’ont pas joué jeudi à Benfica en Ligue Europa. Une nouvelle fois, le manque de réalisme sera pointé du doigt à l’heure de l’analyse. A la pause, avec un peu plus d’efficacité, le PSG aurait dû mener de trois ou quatre buts, à l’image de l’immanquable raté de Giuly seul dans les 6 m (29e). En seconde période, Paris a craqué défensivement. Sakho a par deux fois laissé trop d’espace à Giroud (47e, 59e).
Pourtant, tout avait bien commencé. Comme il aime le faire, le club de la capitale s’était assuré le monopole du jeu dès les premières minutes : pressing haut, agressivité dans les duels et de la présence offensive. Très vite, il a donc pris le large au tableau d’affichage avec un brin de réussite. Sur le premier but d’Hoarau (11e), l’arbitre remet le ballon à Makelele avant le centre décisif deNene. Sur le second, au terme d’un beau mouvement collectif, Yangambiwa marque contre son camp. On jouait alors la 13eminute.On connaît la suite. «On s’est aperçu qu’en seconde mi-temps les Parisiens piochaient, observe René Girard, le coach héraultais. Ils ont beaucoup de matchs, c’est un championnat éprouvant. »Hier soir, Paris a laissé filer davantage que deux points et ses rêves de Ligue des champions. Quelque chose semble en effet s’être cassé au sein d’un groupe où apparaissent les premières lézardes.
PSG - MONTPELLIER 2-2 (2-0)
Spectateurs : 23 605.
Arbitre : M. Buquet
Buts. PSG : Hoarau (11e), Yangambiwa (13e c.s.c.);Montpellier : Giroud (47e, 59e)
Avertissements. PSG : Makelele (52e), Armand (64e), Jallet (80e) ; Montpellier : Belhanda (13e), Jeunechamp (31e), El Kaoutari (40e)
Expulsion. Jeunechamp (48e)
PSG : Edel - Jallet, Armand, Sakho, Tiéné - Giuly,Makelele (cap.),Clément (Bodmer, 77e) Nene (Maurice, 81e) - Hoarau, Erding (Bahebeck, 77e). Entr. : A. Kombouaré.
Montpellier : Jourdren - Bocaly, Yangambiwa, El Kaoutari, Jeunechamp - Marveaux, Pitau (cap.) - Utaka, Belhanda, Camara (Stambouli, 54e) - Giroud (Saihi, 78e). Entr. : R. Girard.
LES BUTS
11e. Makelele exploite un ballon de Montpellier involontairement contré par l'arbitre et alerte Nene sur la gauche. Le Brésilien ajuste son centre pour Hoarau seul devant le but qui bat Jourdren d'une tête piquée. 1-0.
13e. Giuly récupère un ballon aux quarante mètres. Le milieu exécute un une-deux avec Erding et centre au premier poteau. Erding reprend mais loupe un peu sa reprise. Yangambiwa marque du tibia contre son camp. 2-0.
47e. Coup-franc de Belhanda dans la surface parisienne, Giroud s'élève et dévie le ballon dans la lucarne d'Edel.
59e. Corner de Montpellier boxé par Edel. Pitau récupère aux 30 mètres et alerte immédiatement Giroud dans la surface. D'un contrôle orienté, l'attaquant héraultais se met en position et décoche une frappe croisée dans le petit filet d'Edel.
LE FAIT DU MATCH
29e. Giuly rate l'immanquable. Seul face aux buts, il expédie un centre de Erding dans les nuages et prive le PSG d'un 3-0 qui aurait sûrement permis de tuer le match.
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Erding-Hoarau, le duo reconstitué
Ils avaient fait le boulot, comme on dit. Propre, efficace, rapide surtout. Suffisamment pour penser plier le match avant le quart d’heure de jeu. Guillaume Hoarau et Mevlut Erding, duo reconstitué pour accueillir Montpellier, ont vite placé Paris sur orbite, trop vite peut-être avant le relâchement coupable des Parisiens après la pause. Un centre limpide de Nene a permis au Réunionnais d’inscrire son huitième but de la saison en L 1 d’une tête placée (1-0, 11e).
Même si le second but ne sera pas comptabilisé comme son septième, Erding mériterait de se le voir accorder pour son implication sur l’action : une-deux avec Giuly dont le centre tendu est effleuré par Erding… sur la jambe de Yang-Mbiwa, qui trompe Jourdren (2-0, 13e).
Le Turc avait plus à prouver...
Voilà pour les faits. Derrière, on trouve de nombreux motifs de satisfaction dans la réussite du tandem. Surtout à l’aube de ce sprint final où l’expérience pourrait être plus utile que la fougue de la belle jeunesse parisienne. Dernièrement, Antoine Kombouaré a beaucoup fait jouer Luyindula et sorti de sa réserve de prometteurs produits du centre de formation comme Kebano et Behabeck, sauveurs du club en Coupe de France face au Mans (2-0 a.p.). On a vu Maurice aussi, ou Makonda grappiller du temps de jeu. Alors ça doit soulager Kombouaré et ses deux joueurs les plus efficaces de les voir décisifs et pleins d’envie.
Guillaume Hoarau voit plus rarement qu’Erding sa place menacée; ses déviations de la tête, son rôle de pivot, qu’il a encore parfaitement rempli hier, sont trop précieux. Plus en électron libre qui gravite autour de la tour parisienne, Erding avait plus à prouver. Il s’est démené devant par d’incessants appels et quelques occasions, même non converties (29e, 45e). Avec les espaces délivrés par leurs buts précoces, le Turc s’est régalé, même si le dernier geste ou l’avant-dernier n’ont pas été toujours très précis. C’était la troisième fois cette saison que les deux joueurs trouvaient de concert le chemin des filets après Caen et Marseille. Sûr qu’ils aimeraient bien remettre ça dans une semaine au Vélodrome.
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Antoine Kombouaré : « On est tombés dans le piège »
L’entraîneur parisien dresse un bilan sans complaisance de la contre-performance de son équipe.
Ce nul équivaut-il à une défaite ?
Antoine Kombouaré. Ce sont deux points de perdus. On est évidemment très déçus. Notre entame catastrophique de seconde période nous coûte ce résultat. On concède le premier but trop rapidement et le doute s’installe. Ensuite, on devient fébriles, on se met en difficulté.
Est-ce un problème physique lié à l’accumulation des matchs ?
Non, on a fini celui-là très fort. J’ai dit à mes joueurs à la pause qu’il allait falloir se méfier. Montpellier a fait une très mauvaise première période et nous avons été très bons. Alors je savais que notre adversaire allait nous proposer un tout autre visage. J’avais raison et on n’a pas été capables de garder notre but inviolé.
L’expulsion de Jeunechamp aurait pourtant dû vous offrir des espaces, des occasions...
C’est vrai, mais on s’est trop précipités, on a voulu trop vite aller de l’avant. On est aussi tombés dans le piège de la provocation. Notre force à nous, c’est de jouer, et on est sortis de ce qu’on sait faire.
Dans quel état d’esprit allez-vous aborder le match retour jeudi face à Benfica ?
C’est une autre compétition, très importante. On veut aller chercher notre qualification. Il faudra être solide, montrer qu’on a un gros moral, un secteur dans lequel on a été déficients ce soir. On doit jouer, marquer et arracher cette qualification.
Comme contre Benfica, vos joueurs ont réalisé une belle première période avant de s’effondrer.
Il y a des similitudes, oui. Comme cette très belle entame, avec deux buts ce soir avant la fin du premier quart d’heure. On a peut-être pensé que le plus dur était fait.
Dimanche prochain, il y a ce choc au Vélodrome. Le résultat nul de ce soir vous condamne presque à ne pas en revenir bredouille.
Chaque chose en son temps. On va d’abord récupérer, reprendre des forces et jouer ce match contre Benfica. Puis on essaiera d’aller grappiller à Marseille les points perdus ce soir.
Un jeune supporteur parisien s’est brûlé deux doigts, visiblement en allumant un pétard, hier après midi lors de la manifestation organisée à Paris à l’appel du collectif Liberté pour les abonnés pour protester contre la loi de sécurité intérieure 2 et contre le plan Leproux. Le cortège a défilé du Panthéon, où deux gerbes de fleurs ont été déposées, à la Bastille. Entre 300 et 400 manifestants selon la police y ont participé, près de 1 000 pour les organisateurs.
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Les Notes
Edel: 5
Une première mi-temps pleine d'à-propos avec notamment beaucoup de tranchant dans ses sorties aériennes. Lâché par sa défense sur les deux buts, il n'est pas vraiment responsable.
Armand: 4
Un gros match avec des interventions décisives pendant une mi-temps et puis lui aussi s'est essouflé à l'unisson de son équipe. L'accumulation des matchs s'est faite ressentir.
Jallet: 4
Un peu moins percutant qu'à son habitude. Pris par Camara, il a semblé moins fringant que d'ordinaire.
Sakho: 3
En cause sur les deux buts montpellierains après une première mi-temps très solide. Ce n'était pas le Sakho des grands soirs malgré un sauvetage (74e). Il en faudra plus pour justifier sa récente prolongation.
Tiéné: 4
Un bonne entame mais ensuite trop d'erreurs qui ne lui sont pas coutumières. Lui non plus n'était pas dans le rythme.
Clément: 4
Un manque de rythme bien compréhensible mais qui a pénalisé le PSG. Il a souffert la comparaison avec Chantôme dans son apport offensif. Vraiment trop juste. Remplacé par Bodmer (77e)
Giuly: 4
Beaucoup de gaz d'entrée de jeu et un ballon de récupération qui amène le second but. Mais il rate l'immanquable à la demi heure de jeu alors que Paris aurait pu tuer le match.
Makélélé: 4
C'est lui qui alerte Nene sur le premier but. Un match en père peinard où il s'est attaché à jouer le rôle de sentinelle devant sa défense et puis tout a dérapé. On comptait sur lui pour replacer son équipe. En vain.
Nenê: 4
On n'oublie pas sa passe décisive sur le premier but. Mais en dehors de ce geste de classe - le copier-coller de Nice - que de balles perdues et de mauvais choix. Et force est de reconnaître qu'il ne marque plus. Remplacé par Maurice (81e).
Erding: 4
L'attaquant parisien est apparu transformé en première mi-temps. Beaucoup plus tranchant et inspiré que lors de ses derniers matchs, ses appels et son travail sur les côtés ont déboussolé la défense héraultaise. Malheureusement lui aussi a sombré au retour des vestiaires. Remplacé par Bahebeck (77e) qui a failli donner la victoire dans les arrêts de jeu.
Hoarau: 4
Un but et beaucoup de travail de déviation dos au but. Il rate le but de la victoire à la 60e. Doit faire beaucoup plus.