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CE SOIR, ILS FRÉQUENTENT LE MÊME MONDE
Tout ou presque oppose le PSG version Qatar, leader du Championnat, et Montpellier, son étonnant et solide dauphin. Pourtant, leur duel offre un vrai choc à la L 1. Et un premier test pour Carlo Ancelotti, l’entraîneur parisien.
L'effet de surprise passé, Montpellier poursuit sa quête d'une place sur le podium d'ici à la fin de la saison. Collé à un point du PSG, leader, le club de Louis Nicollin débarque dans la capitale avec l'intention de lui jouer un mauvais tour et de surprendre Carlo Ancelotti, toujours invaincu avec Paris
Les montants investis par le Paris des Qatariens sur le marché des transferts, l'été dernier puis en janvier, auraient pu diffuser un considérable ennui sur le Championnat de France, écraser la concurrence et tout suspense. Cent quatre millions d'euros et demi (85 + 19.5) étalés sur deux mercatos représentent près de neuf fois plus de ce que Montpellier a dépensé depuis son retour dans l'élite, en juin 2009 (environ 12 M€). Et pourtant, à trois mois du terme de la saison, le club de l'Hérault apparait comme l'adversaire le plus redoutable du moment, celui qui peut faire vaciller le nouveau riche de la L1. Le choc de la vingt-quatrième journée s'annonce ainsi comme un test et un espoir.
Le test, même s'il réfute l'idée, c'est Carlo Ancelotti qui y sera soumis. Jusqu'à présent, son bilan est flatteur, mais ses opposants n'avaient rien de terreurs. Cette fois, il affronte une équipe qui a remporté tous ses matchs en 2012 et s'appuie sur le meilleur buteur du Championnat, Olivier Giroud, en état de grâce. L’espoir, c’est Montpellier qui le porte. Il est la preuve que Paris, en dépit de son énorme surface économique, n’éteindra pas encore la Ligue 1 avant la fin de l’hiver. Un point seulement sépare les deux équipes, et il dit toute l’ambition qui anime les joueurs de René Girard au moment d’investir le Parc des Princes.
Paradoxe: le meilleur attaquant ne joue pas à Paris...
Au pied de l'inattendu évènement, les deux clubs ne sont pourtant pas voisins dans leurs moyens ni leur impatiences. Le PSG, pas pressé d'entrer dans l'ère du fair-play financier, s'imagine déjà un destin continental et un titre de champion ne constituerait qu'une étape vers la reine des compétitions européennes. Montpellier, treizième budget francais avec 36 M€, craindrait presque d'y participer à la lecture de l'interview de Louis Nicollin, dans ces colonnes, hier. L'un ne rêve que d'attitude quand l'autre annonce qu'il est sujet au vertige. Aucun, cependant, n'exprime de complexe par rapport à l'autre. Ni de supériorité pour le PSG. « Montpellier est une très bonne équipe, avec une très bonne organisation. Plus que la pression, nous devons être heureux de participer à un match aussi important », soulignait Carlo Ancelotti hier. Ni d'infériorité pour le MHSC: « On a du respect, mais respecter quelqu'un c'est lui montrer ce qu'on est capables de faire », prévenait René Girard avant-hier.
Alors ce soir, on va voir. On va voir si Paris est capable d'élever son niveau selon son adversaire ou si la faible marge de manoeuvre affichée sur des équipes comme Brest, l’Evian-TG ou Nice est révélatrice de son véritable niveau. On verra aussi si les jeunes Montpelliérains sont à la hauteur des convoitises dont ils sont l’objet. Giroud, Belhanda, Saihi, Yanga-Mbiwa signent déjà une saison pleine, à laquelle un succès au Parc donnerait un autre relief. Paris est le favori de cette rencontre, mais une victoire de Montpellier chasserait définitivement les doutes qui l’escortent sur sa capacité à durer dans les hautes sphères du Championnat.
Ancelotti, qui a rappelé hier combien il trouvait « fantastique » Olivier Giroud, aimerait sans doute pouvoir s’appuyer sur un avant-centre aussi performant. L’entraîneur parisien regrette le manque d’efficacité offensive de son équipe depuis le début de l’année et sait qu’elle doit s’améliorer dans ce domaine. L’incertitude qui l’animait hier sur la titularisation de Kevin Gameiro témoigne de la confiance qu’il accorde à l’international français… Aujourd’hui, pour marquer plus, l’Italien est disposé à aligner moins d’attaquants « purs » , voire aucun, comme face à Toulouse (3-1, le 14 janvier). La titularisation de Gameiro, ce soir, dépendra de l’état de forme de Javier Pastore. Si l’Argentin est complètement rétabli, il jouera. Montpellier lui réussit plutôt bien. À l’aller, à l’occasion d’un 3-0 un poil trompeur, il avait signé un doublé.
DAMIEN DEGORRE
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Le « déstabilisateur » et le « costaud »
Claude Puel, ancien entraîneur de Lille et de Lyon, analyse le jeu de Nene et de Belhanda, les milieux
offensifs de Paris et de Montpellier.«
NENE ET BELHANDA évoluent dans la même zone, mais ils n’ont pas du tout les mêmes caractéristiques.
NENE est d’abord un déstabilisateur de défense. Le nouvel équilibre tactique du PSG lui permet d’exposer toutes ses qualités : avant, il était un peu cloisonné sur le côté gauche, alors que, là, il balaie toute la largeur du terrain, y compris à droite, où il peut rentrer sur son pied gauche. Il provoque beaucoup, dans tous les sens du terme : balle au pied ou quand il joue la faute, même s’il s’est un peu calmé de ce côté-là. Il se jette un peu moins... Mais, comme il dézone et qu’il aime bien voyager, il faut qu’à la perte du ballon d’autres compensent dans le replacement, car lui n’a pas un registre de milieu. Après, même s’il a progressé dans le volume de jeu et la régularité, il a encore une bonne marge de progression dans la finition. Il gâche encore pas mal d’occasions parce qu’il n’a pas toujours la sérénité nécessaire dans les un contre un. Avec Pastore, ils ont des registres qui peuvent être complémentaires, mais ce sera le rôle de Carlo Ancelotti de les faire cohabiter. Car Pastore est à l’aise si ça joue simple autour de lui. Il a besoin de ses partenaires pour trouver du liant. Nene, lui, aime bien les ballons, et, s’il joue derrière Gameiro, Gameiro n’en aura pas beaucoup...
BELHANDA est moins dans la percussion, ses statistiques sont moins parlantes dans le domaine offensif, mais c’est parce qu’il est davantage un relayeur, également capable de partir de loin. D’ailleurs, c’est un milieu défensif à la base. Il est puissant, très costaud dans les duels, avec un centre de gravité assez bas. Lui, il solidifie l’ensemble de Montpellier en amenant de la densité physique au milieu. En restant dans l’axe, il est créatif, en étant capable de faire des différences et de donner de bons ballons, mais il ne rechigne pas non plus au travail défensif. Comme Xavi ou Iniesta au Barça, il a cette faculté à se transformer en morpion à la perte du ballon. Cela dit, même s’il percute, il ne va pas toujours au bout des actions. Peut-être est-il encore un peu trop altruiste, même s’il a tiré le penalty l’autre jour (à la place de Giroud, qui souhaitait le tirer, contre L’AC Ajaccio, 3-0, le 11 février)... En tout cas, s’il a une progression linéaire, on peut le retrouver dans un très grand club. » – J.-B. R.
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« LA L1, ça va me plaire »
Alex, le nouveau défenseur central du PSG, pense qu'il va prendre plaisir à disputer les duels dans un Championnat « engagé ».
Voici un défenseur central qui a signé, le 27 janvier, à un poste où il n'était pas écrit que le PSG chercherait à recruter pendant le mercato. A vingt-neuf ans, Alex, transféré de Chelsea (où il évoluait depuis 2007) pour 5 M€ et deux saisons et demie, espère élargir son temps de jeu, lui qui n'a disputé que six matches lors des quatres derniers mois, dont la première mi-temps du PSG à Nice (0-0), dimanche dernier. Zen et souriant, le Brésilien a accepté de répondre à L'Equipe, avant un choc dont il ignore les détails mais qu'il devine capital.
« Montpellier, ca vous dit quoi?
– (il sourit.) Rien du tout. Sincèrement, je ne connais pas du tout cette équipe. Je suis arrivé en France il y a à peine deux semaines, et je dois déjà surtout bien apprendre à connaitre ma propre équipe. Mais rassurez-vous, j'ai bien compris l'importance de ce match face au rival...
– Vous connaissez quand même le nom d'un joueur de Montpellier?
– Non, vraiment pas.
– Sachez que vous serez face au meilleur buteur de la L1, qui s'appelle...
– ...
– Olivier Giroud.
– (il sourit.) Giroud? Giroud, O.K., je retiens ce nom.
– Comment vous sentez-vous physiquement?
– De mieux en mieux. A Nice, mise à part une petite douleur à l'adducteur droit, je me suis senti bien. D'ici trois à quatre rencontres, j'aurai retrouvé 100% de ma condition physique.
– Comment vous êtes-vous retrouvé hors des plans d'André Villas-Boas, l'entraineur de Chelsea?
– C'est très étrange. J'avais disputé les deux premiers matches de la saison, puis je suis sorti de l'équipe et je n'y suis jamais vraiment revenu. Je n'aimais pas spécialement son football et ca devait être réciproque. J'ai fini par demander à partir. Il n'y a pas eu de conflit avec l'entraineur, mais la rupture était la meilleure solution.
– Avec quel entraineur avez-vous ressenti le meilleur feeling au cours de votre carrière?
– Il y en a deux, Carlo Ancelotti et Guus Hiddink. La présence d'Ancelotti, ici, a compté. C'est un technicien qui m'a toujours mis en confiance. Grace à Hiddink, j'ai passé trois années fructueuses au PSV Eindhoven (1). A cette époque, Ancelotti me suivait alors qu'il entrainait l'AC Milan. Finalement on s'est retrouvés à Chelsea (2009-2011), où on a vécu des moments fantastiques en accomplissant le doublé Championnat-Cup (2010). Il parle de facon très directe, comme Hiddink, dans un autre style.
– Pourquoi les fans du PSV vous avaient-ils surnommé "le Tank"? Un tank, c'est puissant... et lent à la fois.
– (il rit.) Je pense qu'ils ont surtout fait référence à ma force physique. Je suis arrivé là-bas plein de fougue, et mon engagement sur le terrain m'a valu rapidement l'affection du public. Un jour j'ai donné une interview et le photographe avait eu l’idée de me placer dans un tank. Ensuite, c’était parti : les gens m’appelaient le Tank !
– À Eindhoven, vous avez aussi appris l’art du coup franc auprès de Ronald Koeman.
– Oui. A l'entrainement, tous les joueurs le regardaient poser le ballon, puis observaient sa facon de le frapper. Plusieurs fois, on a discuté de sa technique sur coup franc. Pour un jeune joueur, c'était fantastique d'avoir un ancien qui vous transmette son savoir-faire.
– Vous avez débuté à Santos (2002-2004) avec Robinho, Diego...
– (il coupe.) Et Nene! On a du jouer à peine neuf mois ensemble, mais c’était toujours un plaisir de regarder Robinho et Nene. C’était souvent soit l’un, soit l’autre qui jouait. Celui qui patientait sur le banc n’avait qu’une hâte : entrer et marquer.
– Quelles chances vous accordez-vous de disputer la prochaine Coupe du monde, en 2014, dans votre pays (2) ?
– La Seleçao compte actuellement de grands défenseurs, comme Thiago Silva (AC Milan), le meilleur axial du monde à mes yeux. Les choses vont dépendre en partie de moi, de mes prestations au PSG. Il y a un an et demi, j’ai eu un problème sérieux à un genou et cela m’a laissé longtemps hors des terrains à Chelsea. Quand vous êtes absent, vu le potentiel de talents au Brésil, il est évident que d’autres prennent les places vacantes. Après, c’est à vous de vous battre pour revenir. Mais je garde l’espoir de disputer la Coupe du monde. En 2014, j’aurai trente-deux ans, un bel âge à mon poste…
– Comment, au pays des cracks offensifs, décide-t-on de devenir défenseur ?
– (Il sourit.) Attention, à la base au Brésil, tout le monde rêve de marquer des buts. On veut tous jouer attaquant. Moi- même, c’était mon envie première. Après, tu deviens lucide. Tu te rends compte que tu n’as pas les qualités pour jouer comme Ronaldo ou Ronaldinho. Alors, tu recules d’un cran. Et si ça ne va toujours pas, tu recules en défense ! (Il rit.) C’est toujours mieux que de finir gardien de but !
– Dans une interview à France Football, Ceara s’est demandé si les nouvelles recrues venaient vraiment pour s’identifier au maillot du PSG. Qu’en pensez-vous ?
– Je crois sincèrement au projet qu’on m’a présenté. Quelque chose est en train de grandir ici. J’ai compris que cette ville avait besoin d’un grand club pour disputer la Ligue des champions et y nourrir des ambitions. Quand j’arrive dans un club, c’est pour y respecter les supporters, l’histoire, le palmarès. Oui, aujourd’hui, le PSG paie cher pour avoir des joueurs qu’il n’aurait pas eus avant. Alors, en retour, il faut tout donner, chaque jour, pour rendre honneur à ce maillot en gagnant des titres.
– La L 1 étant réputée très physique, vous allez vous régaler ici…
– Oui, ici, je vais continuer à être un tank ! (Il rit.) La L 1, ça va me plaire. Lors du match à Nice, je me suis aperçu que c’était un Championnat très engagé. Il y a de l’intensité physique, il faut être fort dans les duels. Tout ce que j’aime. L’évolution du football a durci les contacts. Aujourd’hui, si tu ne mets pas de force dans ton jeu, c’est difficile. En fait, j’ai beaucoup appris au PSV Eindhoven. Au Brésil, il n’y avait pas cette notion de combat qui existe en Europe. Aux Pays-bas, j’ai compris que le beau jeu n’était pas prioritaire, qu’il fallait mélanger puissance et intelligence. »
JEROME TOUBOUL
(1) Alex a évolué de 2004 à 2007 dans le club néerlandais. Les deux premières saisons, il évoluait sous les ordres de Guus Hiddink ; la dernière, sous ceux de Ronald Koeman.
(2) La dernière des 17 sélections d’Alex remonte au 14 octobre 2009, face au Venezuela (0-0).
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42/47
Depuis son retour dans l’élite en 2009-2010, Montpellier a gagné plus de matches que le PSG en Ligue 1, soit 47 contre 42 pour les Parisiens. Son ratio de points par match (1,67) est également meilleur que le PSG (1,59) sur cette période.
2
Le PSG n'a gagné que 2 de ses 10 derniers matches face à Montpellier au Parc des Princes en Ligue 1, subissant 4 défaites et 4 nuls. La dernière victoire parisienne à domicile remonte au 7 février 2004 (6-1)
45
Montpellier a marqué 45 buts face au PSG en Ligue 1, plus que contre n’importe quel autre adversaire dans l’élite. Montpellier est la meilleure attaque de L1 (45 buts marqués), tandis que le PSG est la meilleure défense (19 buts encaissés).
12
Montpellier a marqué 12 buts depuis l’extérieur de la surface, record en Ligue 1 cette saison. Le PSG n’en a marqué qu’un seul, total le plus faible du Championnat.
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LE MATCH ALLER
Il n’y avait pas trois buts d’écart (ah bon?
)
LE SCORE du match aller entre le Paris-SG et Montpellier, le 24 septembre dernier, à la Mosson, ne dit rien de la physionomie de la première manche entre le leader et son dauphin. 3-0 ? Vraiment ? Cinq mois plus tard, on se demande encore comment les joueurs de René Girard avaient pu perdre ce match dans de telles proportions. Durant vingt minutes, les vingt premières, ils avaient offert un spectacle rare en L 1, portés par un jeu collectif franchement impressionnant, articulé autour de Younès Belhanda, irrésistible dans les intervalles. Il avait ainsi fallu un immense Sirigu, auteur d’une double parade exceptionnelle face à Utaka et Giroud (3e), pour qu’ils n’ouvrent pas très vite la marque. Mais, à l’issue de cette entame, Montpellier avait connu une coupure de courant fatale.
Le PSG marqua trois buts : par Gameiro (1-0, 39e) – par ailleurs malheureux sur deux contres avortés pour des hors-jeu inexistants, mais aussi maladroit à plusieurs reprises – et Pastore, invisible avant, entre et après son doublé. Deux buts, l’un somptueux, d’une reprise de volée à la réception d’un long ballon de Tiéné (2-0, 43e), l’autre grâce au coup de main de Jourdren, auteur d’une grosse erreur de jugement de trajectoire devant l’Argentin (3-0, 80e). Les deux premiers buts avaient sanctionné la naïveté défensive des Montpelliérains. Ce soir-là, ils avaient laissé bien trop d’espaces dans le dos de leur charnière centrale. Mais ils auraient encore pu marquer, ils auraientmêmedû marquer, par l’intermédiaire de Giroud : auteur d’un raté juste avant la pause, l’attaquant vit ensuite sa tête repoussée par Sirigu (52e) puis inscrivit un but refusé injustement pour une position de hors-jeu (90e). À l’époque, Paris défendait encore trop souvent à sept, mais Pastore marchait sur l’eau et Blaise Matuidi avait rayonnéaumilieu. Paris a bien changé depuis. – S. Ta.
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PARIS-SG
Avec Gameiro?Carlo Ancelotti n'a pas fait de mise en place, hier, lors de la dernière séance à huis clos, ni révélé son onze de départ, comme il avait pris l'habitude de le faire. Si Pastore s'est entrainé normalement, l'entraineur italien pourrait éviter de prendre le risque de le titulariser après un mois d'absence (mollet): « Je vais décider demain (aujourd'hui) pour voir s'il commence ou pas. Le plus important, c'est qu'il s'entraine sans problème. » Ce fut le cas mais, conformément à l'opposition de la veille, Ancelotti pourrait plutot opter pour une titularisation de Gameiro. Bodmer et Jallet (cuisse) étant absents, Matuidi et Bisevac devraient être alignés, respectivement au milieu et comme latéral droit. - D. D.
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Girard, droit dans ses bottes
Technicien intègre mais pragmatique, qui ne conçoit pas le jeu sans l’engagement, l’entraîneur de Montpellier réussit sur le tard, à cinquante-sept ans.
IL Y A FORCÉMENT un malentendu. Joueur, René Girard n’était pas seulement le milieu rugueux du grand Bordeaux (1980- 1988). Entraîneur, il ne se réduit pas à cet individu sanguin qui éructe parfois, en survêtement, près de son banc (1). Quatre ans après avoir été écarté de l’équipe de France Espoirs, le technicien de Montpellier connaît son plus grand succès, et une belle revanche.
Montpellier, où Louis Nicollin l’a recruté en 2009 et où il est sous contrat jusqu’en 2013, est aussi le premier club professionnel qui lui a permis de s’installer (2), alors qu’il avait dû parer au plus pressé, à Nîmes (janvier-juin 1992 et octobre 1994-janvier 1995) et à Strasbourg (janvier-juin 1998). Cette fois, Girard, cinquante-sept ans, est au bon endroit, au bon moment. « Dans un club qui lui ressemble, avec des gens de caractère, où il peut faire passer son message », estime Frédéric Arpinon, son joueur à Nîmes et à Strasbourg.
Son message ? « C’est un meneur d’hommes », juge le Lillois Rio Mavuba, ancien capitaine des Espoirs. « Quelqu’un de droit », ajoute le Lorientais Julien Quercia, un autre ex-Bleuet. « J’ai aimé sa façon de faire, très humaine, mais dure aussi, parfois », se rappelle Jean-Luc Dogon, qui fut son joueur à Strasbourg. « Sur les horaires d’entraînement, mais aussi les boucles d’oreilles, des trucs comme ça, il ne faisait pas de cadeau, rigole Jérémy Gavanon, ancien gardien des Espoirs, actuellement à Cannes (CFA). Celui qui se loupait repartait directement au vestiaire. » « C’est quelqu’un d’entier, qui dit parfois les choses sans prendre de pincettes, raconte Lilian Compan, qui avait préféré quitter Montpellier en 2010, après une saison avec Girard. Il y a des moments où on s’est pris la tête, mais, quand j’ai dû partir, nous avons eu une discussion personnelle et j’ai découvert un homme qui avait du coeur. »
À côté de sa rectitude morale, ses principes de technicien paraissent, du coup, un peu plus flous. « Il n’aimait pas trop prendre de buts, relate Gavanon. Il voulait que ça rentre un peu dedans, mais en laissant beaucoup de liberté aux joueurs offensifs. » Le Niçois Didier Digard, passé aussi chez les Espoirs, complète : « Il me faisait jouer derrière et il voulait des relances propres. Quand je vois qu’il a pris Hilton, je ne suis pas étonné. Aujourd’hui, Montpellier est l’une des équipes qui joue le mieux en L 1. » « Tactiquement, il n’y avait pas de travail particulier, explique Xavier Collin, qui a quitté le club enfin desaison dernière. Mais il a réussi à transmettre la gagne qu’il a en lui. C’est aussi un entraîneur qui sait bien faire jouer son équipe. »
« Je suis un manuel, un ouvrier du foot »
À la Direction technique nationale (DTN), où son ancien entraîneur à Bordeaux, Aimé Jacquet, l’avait recruté après la Coupe du monde 1998, Girard a pu se doter d’un bagage solide. « Je suis un manuel, un ouvrier du foot et il a vraiment fallu que je me replonge dans les bouquins, l’informatique » , disait- il, en juillet 2002, alors qu’il venait de se porter candidat à la succession de Roger Lemerre, dont il était l’adjoint chez les Bleus. À Clairefontaine, Girard est intervenu devant plusieurs promotions d’entraîneurs. « Il était chaleureux, jamais donneur de leçons, se remémore Francis De Taddeo, ex-entraîneur de Metz. René est pragmatique. Il ne va pas vous endormir avec de grandes théories. Le problème, c’est que les gens voient toujours le milieu défensif de Bordeaux. Mais, sur le plan du jeu, c’est du haut de gamme. » Girard parle et écoute, que ce soit avec les entraîneurs ou ses joueurs. Comme dans cette scène étonnante du documentaire les Yeux dans les Bleus 3, consacré au Mondial 2002, où il demande des conseils sur le Sénégal à Djibril Cissé, à quelques jours du match (0-1), en donnant l’impression de connaître assez peu son futur adversaire.
Avec les Espoirs (2004-2008), ses résultats restent moyens, en dépit d’une demi-finale au Championnat d’Europe 2006. Après la nomination de Gérard Houllier comme DTN, et en accord avec Raymond Domenech, il doit faire de la place à Érick Mombaerts, en avril 2008, avant même la fin des qualifications de l’euro. « On a eu du mal à l’accepter, surtout la manière » , explique Philippe Bergeroo, aujourd’hui entraîneur des moins de 20 ans. Ni Houllier ni Jean-pierre Escalettes, alors président de la FFF, n’ont souhaité justifier cet épisode. « Je n’ai pas trop compris, ou j’ai trop compris, ironise Jean Gallice, un autre ancien collègue. Il y avait plus de raisons politiques que techniques. » Girard, qui se voit alors proposer les moins de 18 ans, refuse tout net. Il a bien fait. « Son équipe est à son image, d’une conscience et d’une méticulosité à toute épreuve, apprécie Roger Lemerre. Il ne transgresse jamais la règle. La rigueur et l’honnêteté intellectuelle, c’est René Girard. » Et les résultats, maintenant.
LIONEL DANGOUMAU
(1) Depuis qu’il entraîne Montpellier, René Girard a déjà été suspendu trois fois par la commission de discipline (cinq matches ferme).
(2) Il a aussi entraîné Pau, en CFA (juillet 1996-décembre 1997).
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Des ultras de Montpellier sous haute surveillance
POUR LE CHOC DE CE SOIR, qualifié d’ « assez sensible », la préfecture de police de Paris a prévu de déployer un dispositif « sérieux ». Huit compagnies de CRS seront disposées autour du Parc des Princes. Elles seront appuyées par douze cavaliers de la garde républicaine, des policiers en civil et des stadiers, soit un total de huit cents personnes pour un match qui se disputera à guichets fermés, devant un peu plus de 44 000 spectateurs. Plus de 400 supporters de Montpellier ont prévu de se rendre à Paris. Parmi eux, 150 fans de catégorie B, considérés comme étant susceptibles de troubler l’ordre public. En février 2011, le groupe d’ultras de la Butte Paillade avait notamment été suspendu quatre mois à la suite « d’actes répétés et dégradations de biens ou de violences sur des personnes ».
Quarante-cinq supporters montpelliérains sont à ce jour frappés d’une interdiction de stade. « Il y a actuellement 361 interdits de stade en France », rappelle le commissaire Antoine Boutonnet, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme.
Impliqué dans des incidents lors du 16e de finale de Coupe de France entre Tours (L 2) et Montpellier (0-1, le 23 janvier), le président de la Butte Paillade est notamment sous le coup d’une interdiction de stade de dix-huit mois, dont il a interjeté appel.
Malgré des tensions, il n’y a pas vraiment de contentieux historiques entre les supporters des deux camps. Un fan parisien avait cependant perdu un oeil, lors d’une bagarre en marge d’un déplacement du PSG dans l’Hérault (1-1), le 8 août 2009.
Lors du PSG-Montpellier de la saison dernière (2-2, le 13 mars 2011), les ultras montpelliérains étaient parvenus à dissimuler du chlorate agricole dans leurs chaussettes et à l’introduire dans la tribune du Parc des Princes réservée aux visiteurs. Après avoir répandu le chlorate sur le sol, ils y avaient mis le feu, ce qui avait dégagé une fumée aussi épaisse que celle produite par des fumigènes. Ce soir, les fans de Montpellier seront donc soumis à une fouille très minutieuse.
Certains se déplaceront par leurs propres moyens, d’autres prendront place dans deux bus et quatre minibus, pris en charge par la police dès leur sortie d’autoroute. Ils seront également escortés après le match pour quitter la périphérie parisienne. – E. C., J. T.
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Chapron au sifflet
LA DIRECTION NATIONALE de l’arbitrage a désigné Tony Chapron (39 ans) pour diriger le choc entre les deux premiers du Championnat. Depuis le match Brest-Auxerre (1-0) du 17 décembre dernier, cadre de l’affaire Chafni (*), l’arbitre n’a officié qu’une fois en L 1, lors de Caen-Rennes (0-2), le 14 janvier. Par ailleurs, Tony Chapron réussit modérément au PSG. Depuis 2005, il a arbitré huit fois ce club. Bilan pour les Parisiens : un nul, cinq défaites et deux victoires…, la dernière en avril 2006 contre Bordeaux, au Parc (3-1). Depuis, ils ont perdu quatre fois et fait un match nul.
(*) Le joueur d’Auxerre avait accusé l’un des assistants de Chapron, Johann Perruaux, de lui avoir dit : « Dégage, l’Arabe. » Les deux hommes avaient ensuite retiré leurs plaintes devant la justice pénale (Chafni pour insulte raciste, Perruaux pour diffamation) avant d’être sanctionnés respectivement de quatre et deux matches de suspension par la commission de discipline de la LFP.
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Une pelouse neuve pour le choc
La pelouse du Parc des Princes a été entièrement changée cette semaine. Hier, le PSG a également annoncé d’autres nouveautés autour du match face à Montpellier : l’installation d’une arche aux couleurs des clubs à l’entrée des joueurs ou encore, vingt minutes avant le coup d’envoi, le lancement d’une voile rouge et bleu. Portée par un ballon gonflable, cette voile effectuera un tour de l’enceinte.
« LOULOU » FERA LE DÉPLACEMENT. – Louis Nicollin (68 ans) fait « de moins en moins » de déplacements avec son club. Le dernier remonte au 21 décembre 2011, mais l’avion privé du président montpelliérain n’avait pu se poser à Annecy, en raison du mauvais temps. Son équipe avait encaissé quatre buts face à l’Evian-TG (2-4). Superstitieux, « Loulou » a malgré tout décidé de se rendre au Parc des Princes. Il doit atterrir à l’aéroport du Bourget en fin de journée et repartir juste après le match.
DOUILLET DANS LA CORBEILLE. – Le PSG n’attend pas une pluie de VIP, ce soir, au Parc des Princes, pour le choc au sommet de la 24e journée. Parmi les quelques personnalités prévues, on peut relever le nom de David Douillet, le ministre des Sports, qui assistera au match dans la corbeille, aux côtés notamment de Jean-Claude Blanc, le directeur général du PSG, et du directeur sportif parisien, Leonardo. Alain Boghossian, adjoint du sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, assistera également au match.
BISEVAC RÉCOMPENSÉ. – Elu par les internautes, Milan Bisevac, le défenseur serbe du PSG, se verra remettre sur la pelouse du Parc des Princes, avant le coup d’envoi, son Trophée UNFP-RMC- L’équipe du meilleur joueur de L 1 du mois de janvier.
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