Citation
Le fossé se creuse entre le PSG et ses supporteurs
A nouveau décevant cette saison, le PSG fait moins recette et doit aussi gérer des conflits internes entre supporteurs. Le club menace de suspendre les déplacements.
Les dirigeants du PSG durcissent le ton. Pas sur la situation sportive du club, pourtant médiocre, mais sur le comportement de ses supporteurs les plus déviants. Depuis deux mois, les éléments les plus violents des tribunes Boulogne et Auteuil se font la guerre. Face à ces tensions exacerbées, le pire serait à craindre. Pour tenter d’endiguer cette situation, Paris menace de ne plus organiser les déplacements de ses supporteurs en province.
Le voyage à Lyon, le 31 janvier, fera figure de test de la dernière chance.
Une histoire qui se répète
Si la situation sportive du PSG (désormais 11e du Championnat de France et qui reste sur deux défaites et une élimination en Coupe de la Ligue) faisait l’objet d’autant d’attention, les vrais aficionados du club se réjouiraient sans doute. Mais, sur ce plan, Paris donne l’impression de s’enfoncer dans la médiocrité sans que personne ne s’en indigne. Dans un passé pas si lointain, l’état d’urgence aurait déjà été décrété. Mais aujourd’hui, à 24 heures d’un 16e de finale de Coupe de France contre Evian (3 e division), le PSG coule des jours presque tranquilles.
L’indifférence gagne du terrain. Certains joueurs offrent un visage résigné. Antoine Kombouaré, l’entraîneur du club, n’a toujours pas trouvé la clé. Le président Robin Leproux n’est entré en fonction qu’en septembre dernier. Il est sans doute trop tôt pour que son discours se traduise dans les faits. Quant à l’actionnaire, le fonds d’investissement américain Colony Capital, il semble se préoccuper davantage de son projet immobilier pour le Parc des Princes que des résultats de l’équipe.
A chaque début d’exercice, les discours ont beau être ambitieux, la réalité n’évolue guère. Même les supporteurs n’y croient plus. Désabusés et lassés que l’histoire se répète, certains préfèrent quitter le navire. Le désamour entre le PSG et les Franciliens n’a jamais été si fort. « Je peux comprendre l’agacement des gens car le PSG est un grand club. C’est à nous redorer ce blason, il y a de l’attente », admet d’ailleurs Guillaume Hoarau, l’attaquant vedette des Parisiens.
Sylvie De Macedo
Citation
« Il y a un désamour certain »
PASCAL BONIFACE, chercheur passionné de football
Auteur de nombreux ouvrages sur le sport, Pascal Boniface a également dirigé un groupe de travail sur le rôle du football dans la société pour le compte de la Fédération française (FFF).
Que vous inspirent les incidents entre supporteurs des tribunes Auteuil et Boulogne ?
Pascal Boniface. Le ridicule est déjà atteint lorsque des supporteurs de deux clubs s’affrontent.
On y ajoute l’inacceptable lorsque ce sont ceux d’un même club qui se font la guerre, le tout sur fond d’opposition politique.
Il faudrait élargir les interdictions de stade, car cette poignée d’individus ternit l’image du PSG.
Cette image est déjà bien mal en point…
En effet. Paris a une image négative pour trois raisons. Il y a cette frange de supporteurs qui véhicule des idées racistes et/ou se montre violente. Le club a aussi des résultats en dents de scie et n’a pas fait de coup d’éclat en championnat et en Coupe d’Europe depuis plusieurs saisons. Enfin, le propriétaire du club (NDLR : Colony Capital) donne le sentiment d’être davantage préoccupé par l’immobilier que par le sportif.
Comprenez-vous le manque de popularité du PSG en Ile-de-France ?
Les mauvais résultats sportifs et les problèmes récurrents dans les tribunes ont lassé et déçu certains fans. Aujourd’hui, il y a un désamour certain. Mais il ne faudrait pas grand-chose pour que cela bascule dans l’autre sens. Jouer les premiers rôles rendrait certainement le club plus populaire.
A vos yeux, le PSG est-il encore un grand club ?
Au regard de son palmarès, oui. Mais, depuis quelques saisons, il est dans un entre-deux. En termes de supporteurs, d’impact médiatique et de réseaux, le PSG est potentiellement un grand club, mais cette image d’insécurité et d’instabilité sportive le dessert.
Propos recueillis par S.D.M.
Citation
La situation est explosive dans les tribunes
Depuis plus d’un mois, les tensions sont très vives entre le kop de Boulogne et celui d’Auteuil. Mercredi, lors de la défaite contre Monaco, ces deux tribunes de supporteurs se sont copieusement insultées. Quatre jours plus tôt, à Lille, une violente bagarre avait éclaté à l’intérieur même du stade entre des membres de ces deux camps.
Les hostilités ont en fait débuté dès le 5 décembre, lors du déplacement du PSG à Bordeaux. Ce soir-là, un membre de la première heure du kop de Boulogne a été pris à partie par des abonnés d’Auteuil. S’estimant « humiliés », les membres de Boulogne ont voulu prendre leur revanche. Le retour de bâton s’est ainsi produit à Lille le week-end dernier.
La guerre des tribunes aurait alors pu prendre fin. Mais le mal est bien plus profond. « Il y a une forte radicalisation d’une poignée d’individus de Boulogne et d’Auteuil, liée à l’émergence d’une nouvelle génération de supporteurs, très politisée, décrypte un spécialiste de la violence dans les stades. Il n’est pas à exclure que, par esprit de groupe, cet antagonisme gagne l’ensemble des kops. »
Le pire est à craindre
Deux groupuscules qui se revendiquent d’extrême droite, d’une vingtaine de membres chacun, ont en effet émergé à Boulogne. Ces derniers s’opposent notamment à la Kassoss Team, un nouveau groupe de jeunes supporteurs installés dans le virage Auteuil et issus en majorité des banlieues parisiennes. « La situation est explosive, signale le spécialiste. Chaque provocation de l’une ou de l’autre tribune pourra déboucher sur des affrontements, en province mais peut-être aussi à Paris, autour du Parc des Princes. Sans une intervention musclée des pouvoirs publics, le pire est à craindre. »
Sylvie De Macedo (avec Ch.B.)
Citation
ILS ONT TOURNÉ LE DOS AU PSG
« J’ai la nostalgie des années Raï »
FREDERIC BOSSE, 43 ans, éditeur
« J’aime ce club, mais je n’ai pas mis les pieds au Parc cette saison. Aujourd’hui, j’ai moins envie de voir jouer les Parisiens. Cette équipe n’est pas attrayante : c’est un mélange de joueurs, certes célèbres mais en fin de carrière, et de jeunes qui se croient arrivés. Entre des vieilles jambes et des grosses têtes, ça ne fait pas une vraie équipe.
J’ai la nostalgie des années Raï ou Ginola quand les grands joueurs étaient en pleine forme. Et je ne comprends toujours pas pourquoi le club n’a pas su mener à maturité la génération Anelka. Aujourd’hui, il n’y a que des bagarres internes.
Et Colony, l’actionnaire principal, se moque complètement du foot. Il ne pense qu’à l’immobilier. Je suis toujours supporteur de ce club, mais je ne m’en vante pas vraiment. Aimer le PSG, ce n’est pas vraiment tendance (rires) ! »
Propos recueillis par Ch.B.
« Un manque d’ambition »
FRANÇOIS BERLAND, 27 ans, étudiant
« J’ai été une fois au Parc cette année, face à Auxerre. Malgré la victoire (1-0), c’était un match ennuyant. Cela fait vingt ans que je supporte le PSG et je n’ai jamais vu une équipe aussi mauvaise. Malgré des joueurs prometteurs comme Jérémy Clément ou Christophe Jallet, ce groupe est incapable de jouer le haut de tableau.
Cela dure depuis quelques années et personne ne réagit. L’équipe ne mouille pas le maillot et les dirigeants manquent d’ambition : ils ne sont pas là pour le foot, mais bien pour le fric. Et vu le spectacle proposé, les supporteurs n’ont pas envie de dépenser 35 € pour un jeu aussi pauvre. Le club fête ses 40 ans cette année et, pour moi qui ai connu la grande époque de Weah et Ginola, je peux vous assurer que ce sera un triste anniversaire… »
Propos recueillis par Fazila Mohamed Bilal
« Je ne prends plus de plaisir »
MOUSSA KONATÉ, 22 ans, étudiant
« Je suis supporteur du PSG depuis 1998. J’assistais de temps en temps à des matchs. C’était la grande époque, celle de stars comme Okocha ou Ronaldinho. Mais depuis un an, je n’ai plus mis les pieds au Parc des Princes. Ce club a trop changé. C’est désormais un petit club de milieu de tableau. L’investissement financier ou le niveau des joueurs n’est pas à la hauteur.
Il n’y a plus de grands noms du football, ou alors en fin de carrière comme Makelele. Non seulement on n’est pas aussi bons que les cadors de la L 1 (Bordeaux, Lyon, Marseille), mais on n’est même pas capables de battre Toulouse ou Lille. C’est triste. Je continue à suivre l’actualité du PSG, mais les résultats, bons ou mauvais, ne me touchent même plus. Je ne prends plus plaisir à regarder les matchs. Bref, ce club ne me fait plus rêver. »
Propos recueillis par S.D.M.
Leparisien.fr
Citation
Hoarau : «On a fait les cons»
Avant la réception d'Evian en Coupe de France (dimanche), Guillaume Hoarau a cru bon faire une petite mise au point. «On ne peut pas continuer comme ça, on a fait les cons, on va relever la tête», a indiqué vendredi le Parisien, deux jours après la défaite du PSG au Parc mercredi contre Monaco (1-0). «Il reste trois mois et demi, j'ai envie de jouer au football, d'amener un peu fraîcheur, si on s'amuse, ça va bien se passer», a expliqué l'attaquant revenu de blessure mercredi, après avoir été touché le 18 octobre. «C'était long, ça fait trois mois. Non (en fait) ça plus pour moi, car en fin d'année dernière j'étais aussi blessé, alors si on cumule, c'est comme si j'avais été arrêté six mois, c'était difficile», a confié le Réunionnais.
Hoarau est entré en fin de match mercredi et dit avoir vécu un «ascenseur émotionnel» entre le bonheur de retrouver le terrain et l'amertume de la défaite. «On peut penser qu'on est devenu une équipe un peu banale, car tous les ans c'est la même chose, tant mieux : ceux qui pensent ça, on n'a rien à faire avec eux, a-t-il poursuivi. Avec une bonne série, rien n'est perdu. Lille a mis du temps à se mettre en route», a-t-il estimé.
«Edel, on ne va pas lui taper dessus»
«Je peux comprendre l'agacement des gens, car le PSG est un grand club. C'est à nous de redorer ce blason, il y a de l'attente», a-t-il admis. «Le PSG, on en parle tout le temps, tous les jours, c'est le club de la capitale. Il faut laisser le temps au temps. Le coach n'a pas eu tous les joueurs qu'il voulait ensemble (en raison des blessures, ndlr), sans dénigrer ceux qui ont été là». A propos du but gag d'Edel contre son camp mercredi, Hoarau a déclaré : «On ne va pas lui taper dessus, le mettre dans un coin». «Edel, il est réfléchi posé, il a quand même un vécu, ça n'a pas été toujours facile pour lui, ce n'est qu'une étape, ça fait partie de la vie d'un gardien, il le sait et les attaquants (du PSG) ont manqué des occasions», a-t-il souligné. (avec AFP)
lequipe.fr