«Duchaussoy, Le Graët, vice-présidents»
Eric Thomas, candidat à la présidence de la FFF, reproche à ses adversaires, Noël Le Graët et Fernand Duchaussoy, de ne présenter aucun projet concret. On lui a donc posé des questions très concrètes, pour vérifier s'il était vraiment meilleurs qu'eux dans ce domaine.
«Eric Thomas, si vous êtes président de la Fédération le 18 juin, qui en sera le directeur général?
Et bien, euh, je ne connais pas Alain Resplandy-Bernard, l'actuel DG, même si je l'ai eu une ou deux fois au téléphone, mais je n'ai aucune raison de ne pas lui maintenir ma confiance. Je continuerai avec l'équipe en place. La seule personne que je licencierai pour faute lourde, c'est André Prévosto (Directeur général adjoint en charge de la Ligue amateur). Il a eu un blâme à l'automne 2010 pour comportement déloyal envers Jacques Lambert (l'ancien DG) et là, il n'a pas informé son président de l'existence de l'enregistrement de la réunion sur l'affaire des quotas. C'est cumulatif et, à mon sens, une faute lourde. J'aurais aussi mis à pied le DTN, François Blaquart, et j'aurais sanctionné Mohamed Belkacemi car ce qu'il a fait en enregistrant la réunion est à mon sens illégal.
Qui sera Directeur technique national?
François Blaquart. Sa nomination a été la première bonne nouvelle depuis très longtemps à la Fédération. Il a un vrai projet sportif et éducatif. Mais il ne faut pas le laisser seul. Le président doit s'intéresser à la DTN plus qu'il ne le fait aujourd'hui en ayant un point de rencontre avec la DTN et le sélectionneur au moins une fois par trimestre.
Qui dirigera la LFA (ligue du football amateur)?
Bonne question. Ce que je sais, c'est que l'Association du football amateur (AFA) que je préside, avec son statut loi 1901, a plus d'autonomie et d'existence légale que la LFA.
Avec ce genre de phrases, vous allez effrayer les amateurs : ils ne risquent pas de vous donner leur voix.
Il faut dire les choses, non ? Là, personne ne dit rien ! La Fédération a confisqué le pouvoir et les professionnels ont confisqué la Fédération.
Réformer la réforme
Les professionnels, c'est vaste... Qui exactement?
Ceux du club France qui étaient censés être en Afrique du Sud. Le Graët, Martel, Aulas... Ils n'ont rien assumé. Les conséquences, c'est le foot amateur qui les a payées avec la réforme qui offre une minorité de blocage aux professionnels (37% des suffrages contre 25% auparavant).
Vous réformerez donc la réforme?
Elle a des mérites. Notamment d'inviter à plus de transparence. Mais il en faut plus. Pourquoi ne publie-t-on pas le budget de la FFF? On ne sait pas à quoi servent les 200 millions d'euros annuels, où vont les 40 millions alloués au monde amateur. L'an dernier, 35 postes ont été créés à la Fédération. Je ne dis pas qu'ils ne servent à rien, mais les mêmes qui annoncent la rigueur gestionnaire sont ceux qui ont créé ces 35 postes! Monsieur Désumer, en tant que trésorier, l'a validé et maintenant, il fait campagne pour le candidat d'en face (Noël Le Graët).
Et vous, que créerez-vous?
Vingt-deux postes: dans chaque Ligue, la FFF paiera un référent qui sera l'interlocuteur des clubs.
Que devient la Fondation du football?
Je la mets davantage en valeur. Je lui donne un rôle moteur. Des gens ont pris des initiatives magnifiques et il faut les laisser faire, ne pas vouloir tout faire, mais faire mal. Simplement, j'inverse le processus. Aujourd'hui, la Fondation finance des projets réalisés. Moi, je propose que les clubs candidats soumettent un projet, que la dotation de la Fondation permette de le réaliser et que l'argent dépensé soit ensuite justifié.
Une fois élu, quel est votre premier geste?
Je propose à Fernand Duchaussoy et Noël Le Graët, ainsi que leurs équipes, de bosser avec moi.
Attendez : vous les fracassez, mais vous les faites bosser avec vous?
Je leur propose un poste de vice-président. Ils n'accepteront pas, mais moi je veux rassembler la famille.
Ça ne vous coûte rien de proposer puisque vous annoncez déjà qu'ils refuseront. C'est fort, ça!
Ce sera leur responsabilité. Qu'est-ce qui les intéresse? Etre président ou travailler pour l'avenir du foot français?
En fait, vous êtes élu, et après, vous vous planquez derrière eux en les nommant?
On n'a pas le bilan catastrophique des deux sortants, car ils sont tous les deux sortants. Moi, je compte exercer ma responsabilité et mettre en place mon projet. Il ne faut pas se résigner et aujourd'hui, la Fédération est résignée. Qu'avons-nous comme grand projet? L'Euro 2016? ça concerne neuf stades! Et le foot amateur? Moi, je souhaite lui donner des outils pour travailler. 1000 terrains synthétiques sur quatre exercices budgétaires.
Et à part ça?
Je crée un observatoire des pratiques du foot, qui évoluent beaucoup et dont on doit tenir compte. Et je mets en place un conseil des partenaires avec le ministre des Sports, les représentants des collectivités locales et les partenaires historiques et nouveaux comme Nike. Je leur donne au moins une voix consultative. Aujourd'hui, ils ont juste le droit de payer et de subir. »
Propos recueillis par Fabrice JOUHAUD
L'Equipe.fr