Citation (Babou1 @ 12/05/2017 09:54)

Pourquoi caiazzo il vient ouvrir sa bouche sur le biff de la LDC ?????

Car la ligue1 réussi encore à se faire baiser, mais bon continuez à laisser Aulas négocier.
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Décryptage
La guerre éclair de SFR sur les droits télé du foot
Par Jérôme Lefilliâtre — 11 mai 2017 à 20:16
Lors de Real-Atlético, le 2 mai. Photo Enrique de la Fuente. Shot for Press. Icon Sport
L’opérateur rafle au prix fort la future exclusivité de la diffusion de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. BeIn et Canal pourront-ils s’en relever ?
La guerre éclair de SFR sur les droits télé du foot
Séisme, coup de tonnerre, tsunami. Difficile de ne pas recourir à des clichés journalistiques pour qualifier le dernier mouvement de SFR dans les médias. L’opérateur télécoms appartenant à Patrick Drahi (également propriétaire de Libération) s’est offert l’exclusivité des droits de diffusion de la Ligue des champions et la Ligue Europa de football pour la période couvrant les saisons 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021. A l’issue de la saison prochaine, SFR sera donc pendant trois ans le seul acteur à retransmettre les deux plus prestigieuses compétitions européennes (343 matchs, dont 240 le seront en intégralité), que se partagent actuellement Canal +, BeIn Sports et, à un moindre niveau, M6. Hormis la finale de la Ligue des champions, protégée par la loi, les coupes d’Europe n’auront bientôt plus aucune fenêtre de diffusion gratuite. Et pour le téléspectateur, l’arbitrage entre les différentes formules d’abonnements va devenir un peu plus compliqué encore.
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Cette double acquisition par SFR se fait à un coût très élevé, environ 370 millions d’euros par saison - «un chiffre pas invraisemblable», a seulement commenté le PDG, Michel Combes - contre 165 millions d’euros pour le contrat en vigueur. La filiale française du groupe Altice de Drahi déboursera ainsi plus d’un milliard d’euros sur trois ans pour distribuer la Ligue des champions et la Ligue Europa sur son bouquet de chaînes dédiées «SFR Sport», lancé à l’été 2016.
Pourquoi SFR investit-il dans les droits sportifs ?
La stratégie commerciale de l’opérateur repose sur un modèle de «convergence» entre les réseaux et les contenus. Pour se différencier des concurrents, notamment Orange, et recruter de nouveaux clients, il intègre à la plupart de ses offres d’abonnement à l’Internet fixe et au mobile des services de médias. C’est le cas du kiosque numérique SFR Presse, qui donne accès à 80 titres (l’Equipe,Libération,Paris Match…) ou de SFR Play, un catalogue de vidéo à la demande en illimité. Des services aussi accessibles aux non-abonnés via une application payante.
Dans ce dispositif, la pièce maîtresse est le bouquet SFR Sport (9,99 euros par mois pour les non-abonnés), qui diffuse en exclusivité depuis le début de la saison la Premier League, le palpitant championnat de foot anglais. SFR a chipé les droits, pour trois ans, à Canal + pour un montant total de 360 millions d’euros. Avec ce premier gros coup, il avait signé son entrée sur le marché fin 2015. Depuis, SFR a enrichi son portefeuille de compétitions en rachetant des droits mineurs de boxe, de ski, de rugby… Mais la Ligue des champions fait passer le bouquet dans une autre dimension. «Altice change de division», relève Combes. La qualité intrinsèque de cette joute continentale et le fait que les meilleurs clubs français y participent en font un moteur d’abonnement de premier choix, au même titre que la Ligue 1 de football (codétenue par Canal et BeIn jusqu’en 2020) et le Top 14 de rugby (sécurisé par Canal jusqu’en 2023).
S’agit-il d’un coup de folie de Patrick Drahi ?
«Les montants sont dingues», s’étouffe-t-on chez le grand concurrent dans les télécoms, Orange. «Cela n’a pas de sens», réagit, dépité, un cadre du grand rival dans les médias, Canal +. Sonnés par l’annonce, les adversaires de SFR, qui ne commentent pas davantage, pointent le prix exorbitant payé par Drahi. «Les montants sont élevés mais correspondent à la réalité du marché et à la qualité du produit», réplique Combes. Le groupe Altice, dont Drahi est l’actionnaire majoritaire, en a les moyens. Il est devenu un géant mondial aux 24 milliards d’euros de revenus l’an dernier, dont 11 milliards en France. Son résultat opérationnel, retranché des investissements d’infrastructures réseaux dits «Capex», est de l’ordre de 4,6 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour SFR. Suffisant pour couvrir les 500 millions d’euros annuels de droits sportifs que l’entreprise devra sortir à partir de 2018-2019 si son portefeuille ne bouge pas d’ici là.
Ce nouvel investissement dans le foot va considérablement amoindrir la rentabilité de l’opérateur. A vrai dire, celle-ci baisse déjà, à cause des dépenses liées aux contenus. Publiés jeudi, les résultats financiers de SFR au premier trimestre font apparaître une chute de 5,1 % de l’excédent brut d’exploitation (ou Ebitda). A 820 millions d’euros pour les trois premiers mois de 2017, il reste assez haut. Mais SFR ne pourra pas tirer sur la corde infiniment : l’entreprise, lestée d’une méga-dette de 15 milliards, doit impérativement générer du cash pour la rembourser. L’an dernier, les charges financières, supérieures à 1 milliard d’euros, ont fait plonger le résultat net dans le rouge. En cas de défaillance, la boîte ne pourra pas compter sur sa maison-mère, Altice, elle-même endettée à hauteur de 51 milliards d’euros. C’est la conséquence des rachats en série effectués par Drahi depuis trois ans.
A l’aune de cette ardoise, la diversification dans le ballon rond peut sembler risquée. Ce serait oublier que l’entreprise s’est engagée cette année dans un grand plan de départs volontaires, qui doit ramener les effectifs de 15 000 à 10 000 salariés d’ici fin 2017. Onéreuses en indemnités dans un premier temps, ces suppressions de postes permettront d’économiser 400 millions d’euros de charges récurrentes dès 2018. Soit à peu de chose près le coût du lot Ligue des champions et Ligue Europa. Tout sauf un hasard : SFR réinvestit dans le sport les économies réalisées sur la masse salariale.
Par ailleurs, l’objectif de ces ajouts de contenus est de gagner des abonnés à des forfaits fixe et mobile dont les tarifs sont en parallèle légèrement relevés. Si cette stratégie réussit, le chiffre d’affaires et la marge de SFR augmenteront mécaniquement. Pour le moment, elle ne produit pas d’effet. Au premier trimestre, l’opérateur a encore perdu des clients dans le mobile (il en conserve 14,5 millions) et dans le fixe (6,1 millions), même s’il est en train de freiner la tendance négative à l’œuvre depuis qu’il a été racheté par Drahi. «L’éventuel impact positif de la stratégie de contenus sur les évolutions de clients reste incertain», résument les analystes financiers de Raymond James Euro Equities dans une note. Chez Orange, on enfonce le clou : «Nous constatons de notre côté que les contenus ne sont pas un motif d’abonnement, contrairement à la qualité de réseau», l’un des points faibles de SFR. En clair, le succès de la méthode Drahi est encore à prouver.
Est-ce une catastrophe pour les concurrents ?
Pour Canal +, BeIn Sports et Orange, le coup de force de SFR est, au mieux, une mauvaise nouvelle. En ne leur laissant aucune miette, l’opérateur a voulu leur faire mal. Le plus gros perdant est sans doute BeIn Sports. L’antenne qatarie aux 3 millions d’abonnés sera bientôt privée de deux compétitions majeures qui remplissent sa grille des programmes. L’attractivité du bouquet de chaînes, qui a perdu 1,4 milliard d’euros depuis son lancement en juin 2012, en souffrira nécessairement. Pour BeIn, la perspective d’une hypothétique rentabilité s’éloigne un peu plus.
Quant à Canal, en chute lente mais continue depuis plusieurs années, le groupe prend une nouvelle baffe, alors qu’il assure commencer à remonter la pente. La semaine dernière, la filiale du Vivendi de Vincent Bolloré avait réussi à sécuriser les droits de la Formule 1 jusqu’en 2020. Une petite victoire qui ne suffira pas à masquer la grosse défaite de la Ligue des champions. Chez Canal, on essaie de la minimiser en rappelant que la chaîne ne diffuse actuellement que quinze matchs de cette compétition par saison. L’argument s’entend, mais ne convainc guère. D’abord, le groupe sera impacté en ricochet par l’infortune de BeIn Sports, qu’il se félicite de distribuer depuis peu dans le «pack sport» de sa nouvelle gamme tarifaire. Surtout, pour la télé de Vincent Bolloré, c’est une nouvelle déconvenue, désastreuse pour son image et appauvrissant son offre de foot, raison première d’abonnement de nombreux clients. Pas de quoi endiguer la fuite de ces derniers : au premier trimestre, Canal a encore perdu 109 000 abonnés individuels en France. Ils ne sont plus que 5,1 millions…
Fragilisés par l’offensive de SFR, Canal et BeIn n’ont-ils pas intérêt à se rapprocher ? La question d’un rachat du second par le premier s’était déjà posé début 2016. Le choix de l’inertie paraîtrait mortifère pour les deux groupes. Dans le jeu d’alliances qui promet de vite s’esquisser, il faudra compter aussi sur Orange. Avec le raid de SFR, l’opérateur leader voit son pire cauchemar se réaliser. Poussé à son insu vers les contenus, le PDG Stéphane Richard a récemment évoqué la possibilité de racheter Canal, sans avoir l’air d’y croire lui-même. Y sera-t-il contraint ? Dans ce cas, SFR pourrait peut-être être tenté de se rabattre sur BeIn Sports. «SFR est très sérieux, BeIn est en grand danger, Canal joue sa survie sur la Ligue 1 et Orange ne peut plus ne pas y aller», résume un acteur majeur des droits en France. Le champ de bataille des médias et des télécoms aura sûrement des airs de Game of Thrones dans les mois qui viennent.
Jérôme Lefilliâtre
http://www.liberation.fr/futurs/2017/05/11...du-foot_1568961